En France, département et unité rurale : L exemple des Côtes-du-Nord. Les temps de la diversité (Deuxième partie)  - article ; n°3 ; vol.87, pg 533-563
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En France, département et unité rurale : L'exemple des Côtes-du-Nord. Les temps de la diversité (Deuxième partie) - article ; n°3 ; vol.87, pg 533-563

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Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest - Année 1980 - Volume 87 - Numéro 3 - Pages 533-563
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Publié le 01 janvier 1980
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Langue Français
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A. Guellec
En France, département et unité rurale : L'exemple des Côtes-
du-Nord. Les temps de la diversité (Deuxième partie)
In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 87, numéro 3, 1980. pp. 533-563.
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Guellec A. En France, département et unité rurale : L'exemple des Côtes-du-Nord. Les temps de la diversité (Deuxième partie) .
In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 87, numéro 3, 1980. pp. 533-563.
doi : 10.3406/abpo.1980.3020
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0399-0826_1980_num_87_3_3020En France,
département et unité rurale :
L'exemple des Côtes-du-Nord.
Les temps de la diversité
(Deuxième partie)
par A. GUELLEC
Le département des Côtes-du-Nord a réuni des ensembles natur
els très différents et des hommes qui traditionnellement avaient
été séparés par la langue et les habitudes. Au xix* siècle la dispari
tion des industries rurales et l'exode ont accentué cette opposition.
Dans cette évolution les chances sont du côté de l'armor (1). Il
s'ensuit une géographie de lai juxtaposition que nous présentons
ici.
C. — LA JUXTAPOSITION DES DIVERS PAYS
AU XIXe SIÈCLE
ET DANS LA PREMIÈRE MOITIÉ DU XXe SIÈCLE
1. L'opposition armor-argoat dans la géographie traditionnelle
Déjà à la fin du xvnr siècle, les érudits soulignaient l'opposition
entre l'armor et l'argoat (2).
(1) Voir dans Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest la première partie
de cet article (pp. 107-142).
(2) Ogée rapporte ces notes d'un de ses correspondants : « Que ceux qui
désespèrent du terrain et du colon du terroir se promènent sur la côte et
dans les environs de Saint-Brieuc. Les plaines de Caen, la campagne de Neu-
bourg, le pays de Caux, les bords de la Loire, l'Isle de France, la Beauce, la
Picardie, l'Artois, la Flandre, la Lorraine ne nous ont pas offert de plus grands
miracles en agriculture. Un moine comparait la presqu'île de Bretagne à la
couronne de sa tonsure ; et nous, officier de cavalerie, après avoir reconnu
ses bords garnis et son milieu presque vide, l'avons comparée au fer à cheval »...
Ogée, Dictionnaire historique et géographique de ta province de Bretagne,
Vatar, Nantes, MDCCLXXVIII, t. I, CCLXX p. + 252 p. ; note a), p. XV. 534 ANNALES DE BRETAGNE
Dans la première partie du xix* siècle ce thème de l'opposition
entre la côte et l'intérieur revient fréquemment sous la plume
des témoins du temps (3).
Il faut les visions grandioses et prophétiques de Michelet — dont
la Bretagne aurait constitué pourtant le seul terrain d'expériment
ation — <4) pour ne pas faire de distinction entre la côte et
l'intérieur dans la « pauvre vieille province », pour ne voir que le
« génie d'indomptable résistance (5) des hommes et de la nature
« atroce » (6) sur la côte (de Brest), même si les landes se parent
de « \bruyères rosés et de diverses plantes jaunes » (7) et les
campagnes de la « neige de sarrasin » (8).
L'Annuaire dinannais pour 1834 évoque les « immenses bruyères
ou .landes » de l'arrondissement de Loudéac qui « lui donnent
l'aspect le plus triste et le plus misérable » (9).
Habasque dans ses trois volumes des « Notions historiques,
géographiques, statistiques et agronomiques sur le littoral des Côtes-
du-Nord » si précieux pour notre tableau de la vie rurale dans le
premier tiers du xix* siècle, pense que « le département peut être
divisé en deux grandes régions » (10).
Au cours du xix* siècle les enquêtes officielles comme les témoi
gnages des particuliers égrennent leur chapelet d'observations sur
l'armor riche et l'argoat pauvre, comme s'il y avait là une vérité
fondamentale et inéluctable dont il convient de bien se convaincre
avant tout. En 1843 « Messieurs les Inspecteurs généraux de l'agri-
(3) Janin (J.), La Bretagne, pp. 574-575, E. Bourdin, Paris, 1844, 628 p. :
« Dans le département des Côtes-du-Nord, plus vous approchez de la mer et
plus vous rencontrez un pays florissant, une population nombreuse et riche ;
au contraire, avancez dans les terres, la désolation commence ; la pauvreté,
la misère, l'isolement. La vie est auprès du rivage : le flot voyageur et fécond
jette le mouvement et la fortune sur ses bords ; plus loin, c'est le désert,
c'est l'abandon. A peine avez-vous passé Pédernec (le village des quatre dou
leurs) et la montagne de Bré... qui domine tout le pays de Tréguier de son
dôme nuageux, que déjà la stérilité commence. »
(4) Où il fait un voyage en 1831.
(5), (6), (7), (8) Michelet, Tableau de la France, éd. Société « Les Belles
Lettres », Paris, 1934, pp. 8, 11 et 15.
(9) Annuaire dinannais, année 1834, 3e année, Huart, Dinan, 300 p. (plus sup
pléments), p. 83. Il renchérit, ajoutant : « Les hauteurs du Mené composent
un vaste plateau de landes. Sur tous les déserts du Mené, c'est-à-dire pour
6 ou 7 000 hectares, que voit-on ? De rares et grêles troupeaux de moutons qui
ne trouvent pas dans ces steppes une nourriture suffisante et y contractent le
germe de fréquentes maladies ; des bestiaux maigres, sans vigueur, qui rentrent
à l'étable transis de froid et mal repus. »
(10). Habasque, op. cit., t. III, pp. 5 et 6. « L'une, que nous appellerons
"littorale", dit-il, à cause de son voisinage de la mer. C'est celle qui se trouve
comprise entre la Manche et une ligne qui passerait par Dinan, Guingamp,
Belle-Isle. Elle a quatre, cinq, six lieues de largeur en suivant les sinuosités
de ce rivage, sur toute la longueur des Côtes-du-Nord, de l'est à l'ouest. Elle
est riche, industrieuse, peuplée et civilisée. L'autre région embrasse le surplus
du département. Naguère inculte et sauvage dans quelques parties... » '
ANNALES DE BRETAGNE 535
culture » considèrent qu'au point de vue purement agricole, le
département des Côtes-du-Nord se divise en deux parties bien dis
tinctes, le littoral et l'intérieur » (11).
L'Enquête agricole de 1866 pour la région bretonne (12) tente
d'affiner cette description bi-partite en distinguant trois zones dans
le département : le littoral où pénètrent les amendements soit
20 à 24 kilomètres des côtes, la zone intermédiaire susceptible de
profiter de ces mêmes amendements et la zone intérieure où ils
n'arrivent jamais. Gaultier du Mottay (13) dans sa « géographie
départementale des Côtes-du-Nord » fait bien la différence entre
trois parties, une littorale, une intermédiaire et une du « midi ».
En nous appuyant sur sa définition de la fertilité nous avons pu, par
commune, dessiner ces trois bandes à travers le département.
La petite Géographie du département des Côtes-du-Nord, d'A.
Joanne, publiée en 1878 ne fait que deux parts : celle du littoral
« riche, industrieux, peuplé et civilisé » et une « autre agricole ou
pastorale, longtemps inculte et sauvage... » (14). L'étude plus nourr
ie de J. Rigaud (15) n'échappe pas à une présentation en trois
tableaux : le littoral défini comme situé au nord de la ligne de
chemin de fer Paris-Brest, pays du froment, du trèfle, du lin et de
la pomme de terre (culture très rémunératrice à l'époque) ; la
montagne avec lande, seigle et blé noir ; le centre, faisant tran
sition.
La question serait de savoir où finit la zone littorale, et où
commence l'intermédiaire ou la centrale, dans ce département « de
(11) Ils expliquent : « Le littoral, riche de ses ports, de son commerce, des
engrais marins et calcaires, a fertilisé son sol et mérité, à bon droit, le nom
de ceinture dorée. L'intérieur, dépourvu d'engrais marins, manquant de l'amen
dement calcaire, miné par la décadence de l'industrie linière, qui formait
autrefois pour lui son commerce florissant, décimé dans sa population par
l'émigration d'une partie de ses ouvriers, privé longtemps de communications,
sous l'influence d'un climat plus âpre, sur un sol montagneux et appauvri de
longue main, sans capitaux, est resté stationnaire, avec ses landes, sa culture
mis

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