Enfance et citoyenneté. Bilan historiographique et perspectives de recherches sur l éducation et l enseignement pendant la période révolutionnaire - article ; n°1 ; vol.45, pg 3-42
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Enfance et citoyenneté. Bilan historiographique et perspectives de recherches sur l'éducation et l'enseignement pendant la période révolutionnaire - article ; n°1 ; vol.45, pg 3-42

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Description

Histoire de l'éducation - Année 1990 - Volume 45 - Numéro 1 - Pages 3-42
40 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Dominique Julia
Enfance et citoyenneté. Bilan historiographique et perspectives
de recherches sur l'éducation et l'enseignement pendant la
période révolutionnaire
In: Histoire de l'éducation, N. 45, 1990. pp. 3-42.
Citer ce document / Cite this document :
Julia Dominique. Enfance et citoyenneté. Bilan historiographique et perspectives de recherches sur l'éducation et
l'enseignement pendant la période révolutionnaire. In: Histoire de l'éducation, N. 45, 1990. pp. 3-42.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hedu_0221-6280_1990_num_45_1_1700ENFANCE ET CITOYENNETE
Bilan historiographique et perspectives de recherches
sur l'éducation et l'enseignement
pendant la période révolutionnaire
par Dominique JULIA
Rendre compte des publications récentes qui ont trait à l'éduca
tion pendant la Révolution française est prématuré puisque nombre
des publications apportées par le flot du bicentenaire sont encore
sous presse (1). Autant dire que le bilan proposé est partiel, d'autant
plus partiel que nous sommes loin d'avoir pu avoir entre les mains
l'ensemble des publications étrangères consacrées au sujet que nous
nous proposons de traiter. Fallait-il pour autant abandonner toute
esquisse, fût-elle provisoire ? En fait, la rubrique des comptes ren
dus de cette revue viendra ultérieurement combler les lacunes manif
estes de cet article. Chaque fois que les secteurs étudiés l'exigeaient,
nous sommes remontés à une dizaine d'années en arrière, voire
plus, pour mesurer les évolutions de l'historiographie.
Un premier constat doit être fait : si la thématique de l'éducation
pendant la période révolutionnaire a fait l'objet de nombreuses
recherches au cours des dernières années, nous ne disposons pas en
langue française de bonne synthèse récente. En revanche, les Anglo-
saxons disposent d'une excellente introduction avec l'ouvrage de
Robert R. Palmer, The Improvement of Humanity, paru à Princeton
en 1985 (2). Bien informé, cet ouvrage d'un grand historien améri-
1" (1)février Les 1989 actes sont du parus colloque trop qui tard s'est pour tenu que à nous la Sorbonne puissions les en rendre 30, 31 compte janvier ici et
(L'Enfant, la Famille et la Révolution française, sous la direction de Marie-Françoise
Lévy, Paris, Éditions Olivier Orban, 1990, 492 p.). Ceux du colloque Jean-Jacques
Rousseau, « Emile » et la Révolution, qui s'est tenu du 27 septembre au 4 octobre 1989
à Montmorency, ne sont pas encore parus.
(2) R. R. Palmer : The Improvement of Humanity, Education and the French Revol
ution. Princeton, Princeton University Press, 1985.
Histoire de l'éducation - n° 45, janvier 1990
Service d'histoire de l'éducation
I.N.R.P. 29, rue d'Ulm - 75005 Paris 4 Dominique JULIA
cain de la Révolution française a l'avantage de présenter de manière
claire et sous une forme ramassée (moins de 350 pages) l'ensemble
des plans et des réalisations scolaires de la Révolution française.
Surtout, il sait mettre en perspective l'uvre éducative de la Révolut
ion, en traçant initialement un tableau des réalités scolaires de
l'Ancien Régime comme des débats sur l'éducation nationale
depuis 1760, et en prolongeant son étude jusqu'à la remise en ordre
napoléonienne. Les plans d'éducation sont replacés dans l'ensem
ble de leur contexte qui dépasse les seules assemblées parlement
aires pour aller jusqu'aux sections sans-culottes (pp. 155-160).
Robert R. Palmer rétablit de manière neuve leur complexe genèse
(ainsi, pour l'important plan présenté par les délégués du départe
ment de Paris à la Convention le 15 septembre 1793, pp. 160-170), et
ne néglige pas la période du Directoire, analysant aussi bien les
débats parlementaires que les écoles centrales et le rôle du Conseil
d'instruction publique mis en place par François de Neufchâteau.
Pour qui veut prendre une vue d'ensemble des problèmes éducatifs
sous la Révolution française, ce livre, bien informé de la bibliogra
phie anglo-saxonne et est un guide sûr. On en est que plus
étonné de voir le récent Dictionnaire critique de la Révolution fran
çaise publié sous la direction de F. Furet et M. Ozouf, qui a par
ailleurs beaucoup de qualités, n'avoir aucune entrée ni à « Instruc
tion publique », ni à « Éducation nationale » et n'aborder les thèmes
qui s'y réfèrent que par la rubrique « Régénération » (1).
I. LES PLANS D'EDUCATION
Le fait n'étonnera pas. Ce sont les plans d'éducation de la Révol
ution qui continuent à susciter la plus abondante littérature. À
cette focalisation de la recherche, on peut voir un double motif:
d'une part, les projets, par leur aspect systématique, sont au cur thématique centrale de la Révolution française : la formation
de l'homme nouveau (2); d'autre part la raison est tout aussi
(1) F. Furet, M. Ozouf: Dictionnaire critique de la Révolution française. Paris,
Flammarion, 1988 ; article « Régénération » rédigé par Mona Ozouf.
Je m'abstiens naturellement de commenter ici les articles relatifs à ces mêmes thèmes
que j'ai rédigés pour l'État de la France pendant la Révolution, 1789-1799, sous la
direction de M. Vovelle, Paris, Éditions La Découverte, 1988 et pour le Dictionnaire
historique de la Révolution française, sous la direction de A. Soboul et J.R. Suratteau,
Paris, Presses Universitaires de France, 1989.
(2) Au moment où nous corrigeons les épreuves de cet article, paraît le livre très
suggestif de M. Ozouf : L'Homme régénéré. Essais sur la Révolution française, Paris, Enfance et citoyenneté 5
prégnante mais sans doute moins glorieuse ils sont certainement
plus faciles d'accès que les archives, surtout depuis les publications
erudites faites à la fin du siècle dernier, dans la vague du premier
centenaire, par James Guillaume. Pour mettre en perspective l'or
iginalité des propositions révolutionnaires, on doit désormais se
reporter au livre d'H. Chisick qui a analysé l'ensemble des textes
relatifs à l'éducation des classes inférieures des années 1740 à 1789.
L'auteur qui a établi une conjoncture de la production éditoriale
sur ce thème, souligne ajuste titre les limites dans lesquelles s'inscrit
la pensée des Lumières concernant une éducation populaire : une
instruction de base est nécessaire mais le peuple n'est pas fait pour
accéder au collège et s'appliquer au latin ( 1). Le succès du thème de
l'éducation chez les auteurs s'explique par le fait que celle-ci est
pensée comme l'agent d'un changement graduel et pacifique qui ne
bouleverse pourtant pas les structures politiques et sociales de
l'Ancien Régime. Dans ce contexte, la réflexion des physiocrates
sur l'instruction publique n'en apparaît que plus originale et plus
avancée (2). Liée à leurs théories économiques et à leur conception
politique qui entend substituer l'objectivité de la loi à la souverai
neté du monarque absolu, l'instruction publique apparaît à la fois
comme le corollaire de la liberté personnelle reconnue à chaque
individu à qui doit être donné le moyen de développer ses capacités,
et comme l'instrument privilégié de formation d'une opinion publi
que responsable, capable de résister à l'arbitraire du pouvoir politi
que. S'appuyant sur des textes précis, Manuela Albertone reconsti
tue pour chaque membre du groupe physiocratique, de Mirabeau et
Quesnay à Le Mercier de la Rivière et Le Trosne, une sorte de
biographie intellectuelle qui retrace l'évolution de sa pensée vis-à-
vis de l'éducation. Le chapitre consacré à Dupont de Nemours
montre que les physiocrates n'ont pas seulement été des théoriciens
Gallimard, 1989. Sans jamais aborder directement les contenus pédagogiques propos
és par les réformateurs de l'instruction publique pendant la période révolution
naire, l'auteur met au cur de sa réflexion le projet central de la Révolution qui vise à
produire et à maîtriser de bout en bout le social par la création de Yhomme nouveau.

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