Espace, temps, comportements - article ; n°1 ; vol.41, pg 133-158
27 pages
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Description

Communications - Année 1985 - Volume 41 - Numéro 1 - Pages 133-158
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Gaston Richard
Espace, temps, comportements
In: Communications, 41, 1985. pp. 133-158.
Citer ce document / Cite this document :
Richard Gaston. Espace, temps, comportements. In: Communications, 41, 1985. pp. 133-158.
doi : 10.3406/comm.1985.1613
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1985_num_41_1_1613Gaston Richard
Espace ■ temps
comportements *
II est impossible de réfléchir sur le temps et le
mystère de la création du monde sans une
accablante prise de conscience des limites de
Inintelligence humaine.
A.N. Whttehead
Tous les organismes vivants montrent une tendance permanente à
élargir l'aire géographique dont dispose l'espèce à laquelle ils appartien
nent et ils n'utilisent pas alors seulement des modes rapides de
dispersion comme la marche, la course, le saut, le vol, la nage. Le
drageonnement des plantes vivaces, la dérive de certaines graines au
moindre souffle de vent, le transit intestinal de beaucoup d'autres en
sont des exemples. Force est alors de considérer que la mobilité n'est pas
uniquement constituée d'espace parcouru, mais aussi d'une autre
qualité du mouvement qui, à cet espace, allie ce que nous nommons la
vitesse, laquelle nécessite l'intervention d'un concept supplémentaire :
celui de Temps.
Si nous ajoutons à cela que le concept de mobilité d'un organisme ne
peut se dissocier totalement de celui de croissance de cet (la
conjonction des deux phénomènes est particulièrement remarquable
chez les végétaux) et de celui d'expansion-transformation de son
espèce ; si nous ajoutons encore que les environnements abiotiques et
biotiques rétroagissent toujours sur l'expansion de la matière vivante,
nous pouvons saisir la complexité du problème que nous osons affronter
ici et qui va nous conduire à faire dépendre les comportements d'un
espace et d'un temps pour mieux enraciner la notion d'espace-temps
dans les comportements.
Arrêtons-nous encore pour constater combien il sera nécessaire de
relativiser toute chose. Trouverons -nous en effet une commune mesure
entre l'occupation universelle des continents par les reptiles au cours des
* P. Barault, R. Campan, J.-Y. Gautier, G. Le Pape, C. Maestracci, E. Morin,
S. Viaux-Peccate m'ont beaucoup aidé de bien des manières pendant la rédaction de ce
manuscrit. Qu'ils en soient vivement remerciés.
133 Gaston Richard
soixante-dix millions d'années du permien et du trias, la conquête de
l'Ancien Monde par Homo erectus en un petit million d'années, les vols
migratoires saisonniers des oiseaux, la croissance exponentielle d'une
colonie de bactéries ou la morphogenèse progressive d'un embryon ?
La Terre en tant que système j ^yp,"^ } • yES Récurrences.
Considérons la Terre dans le système solaire. Sa rotation sur
elle-même ramène toutes les 23 heures 56 minutes chacun de ses points
en regard du Soleil et son déplacement sur l'écliptique découpe, dans la
série des 365 jours un quart, quatre phases successives alternées de
rapprochement et d'éloignement du Soleil : le mouvement de précession
aligne tous les 25 000 ans l'axe des pôles sur l'étoile polaire et la Croix
du Sud. Rappelons aussi l'inclinaison du plan equatorial terrestre sur
l'écliptique : et encore la diversité des reliefs ainsi que les événements
liés à l'extrusion du magma central et à la dérive des continents.
Nous pouvons alors aisément interpréter les régularités et les récur
rences qui lient en les opposant le jour et la nuit, le printemps à
l'automne, les glaciations aux réchauffements. Mais nous pouvons
également comprendre que la lenteur de nos aubes et de nos crépuscules
se trouve ailleurs remplacée par des passages rapides de la lumière à
l'obscurité, encore par une opposition de périodes de jour
continu (soleil de minuit) et de nuit continue.
Sachant la liaison permanente fondamentale (constante solaire) entre
lumière, température, hygrométrie, courants atmosphériques, etc.. nous
pouvons enfin saisir comment des périodicités de mouvements terrestres
se trouvent source de diversité quantitative de climats, donc de
biotopes.
Si nous prenions en compte les influences directes ou indirectes
exercées par les mouvements à rythmicité propre de la Lune et
certainement de bien d'autres corps célestes, si nous faisions référence
aux mouvements de l'ensemble du système solaire dans la galaxie, de la
galaxie dans le cosmos, nous ajouterions à la diversité sans modifier
cette qualité fondamentale que constituent les périodicités de la matière
cosmique en mouvement, mais nous remarquerions aisément que les
réitérations engendrent du « même » qui est « autre ». C'est l'homme
« désignateur » (nous reviendrons plus loin sur ce problème) qui se
prend au piège de la récursivité en nommant « jour ». « nuit », « mois ».
« saison » tout événement présentant la plupart des caractéristiques qui
ont permis de le figer dans nos dictionnaires. 11 faut évidemment
dépasser cette rigidité et « spatio-temporaliser » davantage les rythmes
134 temps, comportements Espace,
en rendant aux états successifs tout ce qu'ils ont de dissemblable, parce
que plus tard, en des lieux différents. Lorsque nous utiliserons la notion
de récurrence, c'est toujours ce sens large qui sera visé.
Issue de la chimie complexe œuvrant il y a quatre ou cinq milliards
d'années dans l'océan prébiotique. la matière organique vivante est.
comme la matière non vivante, engagée dans les mouvements cosmiques
sources de récurrences d'états. Nous devons donc nous attendre à voir
exprimer par les organismes vivants les rythmicités qui caractérisent la
planète. Et c'est bien ce que nous montrent le « concert matinal » des
oiseaux de la forêt, le « retour » des hirondelles chaque printemps, le
« dépouillement » des arbres à feuilles caduques automne, ou la
« montée du palolo » au dernier quartier de la Lune des mois d'octobre
et de novembre. La forme de vie qui se développerait à partir de la
matière d'un autre support cosmique serait, de la même manière,
marquée par les régularités propres des mouvements de ce support.
Si donc l'origine et la nature de la matière organique font de la
récurrence d'états dans la succession spatio-temporelle une des caracté
ristiques fondamentales du vivant (une autre étant l'asymétrie des
molécules organiques). la diversité des structures fonctionnelles va de
pair avec une égale diversité des périodicités : les cycloses cytoplasmi-
ques. les cycles nucléaires des cellules, les rythmes métaboliques
(cardiaque, respiratoire, nerveux, etc.). les de reproduction
sont autant d'exemples du même fait général qu'il faut, évidemment,
apprécier à l'échelle de la structure considérée, sous peine d'erreur
d'interprétation.
Comme nous l'avons dit pour la Terre, c'est cependant au niveau des
intégrations complexes de divers événements rythmiques ou cycliques
élémentaires que s'apprécie en général « à l'œil nu » l'activité de chaque
organisme. Et. puisque la biosphère s'est progressivement constituée en
un réseau de multiples dépendances (trophiques ou autres), il n'est pas
étonnant de découvrir une étroite correspondance entre les cycles
biologiques de croissance et de reproduction des organismes vivants et
les variations climatiques des biomes qu'ils peuplent : l'explosion des
flores et des faunes pendant le très court printemps polaire, l'alternance
régulière des phases actives et des phases de repos dans les régions
tempérées, la large répartition de ces phénomènes les
équatoriales en sont des exemples.
Le plus intéressant est que tous les individus d'une même population
agissent pratiquement en synchronie, ce qui peut ne pas paraître étrange
à ceux qui pensent qu'il faut en rendre responsable le passé phylogéné-
tique de l'espèce considérée. Mais c'est en réalité l'ensemble des
systèmes en co-évolution qu'il faut viser, puisque les synchronies se
correspondent

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