Étude sur la première et la sixième édition des chants populaires de Bretagne, recueillis sous le nom de Barzas-Breiz. - article ; n°1 ; vol.28, pg 265-281
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Étude sur la première et la sixième édition des chants populaires de Bretagne, recueillis sous le nom de Barzas-Breiz. - article ; n°1 ; vol.28, pg 265-281

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1867 - Volume 28 - Numéro 1 - Pages 265-281
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1867
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Henri d'Arbois de Jubainville
Étude sur la première et la sixième édition des chants populaires
de Bretagne, recueillis sous le nom de Barzas-Breiz.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1867, tome 28. pp. 265-281.
Citer ce document / Cite this document :
d'Arbois de Jubainville Henri. Étude sur la première et la sixième édition des chants populaires de Bretagne, recueillis sous le
nom de Barzas-Breiz. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1867, tome 28. pp. 265-281.
doi : 10.3406/bec.1867.446191
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1867_num_28_1_446191ETUDE
SUR LA PREMIÈRE ET LA SIXIÈME ÉDITION
DES CHANTS POPULAIRES
DE BRETAGNE,
RECUEILLIS SOUS LE NOM DE BARZAZ BREIZ.
I.
M. de la Villemarqué, en réimprimant ces chants populaires,
se propose un double but : il veut mettre entre les mains des éru-
dits français et étrangers des documents qui leur rendent possible
l'étude d'un des rameaux les plus importants du vieux tronc cel
tique ; il s'adresse aussi à ses compatriotes armoricains , et son
intention est de leur offrir des modèles de style breton suivant la
méthode du grammairien et lexicographe Le Gonidec, dont il est
le disciple le plus eminent.
Chacune de ces deux idées est excellente. La librairie nous
offre bien peu de ressources pour l'étude de la langue que M. de
la Villemarqué cultive avec tant de succès : on ne trouve à Paris
qu'un nombre excessivement restreint de livres écrits en cette
langue; or, pourparler sciemment du breton, il ne suffit pas d'en
feuilleter le dictionnaire : par conséquent un savant qui publie
des textes bretons les verra toujours accueillis avec empresse
ment par les érudits qui s'occupent de philologie celtique.
Ш. (Sixième série.) 18 266
D'autre part, si l'on veut que l'idiome néo-celtique parlé dans
les départements du Finistère, des Côtes-du -Nord et du Morbihan
sorte de l'anarchie où il a jusqu'ici végété, cesse d'être, comme
jusqu'à présent, une sorte de patois variant presque de paroisse
à paroisse, il faut qu'il s'y crée, ainsi qu'en français, par exemp
le, ou en allemand, un dialecte, littéraire unique; il est néces
saire que les grammairiens et les lexicographes imposent des
règles, et que ces règles soient acceptées par les écrivains, que
leur observation dans la conversation même devienne le carac
tère distinctif des gens bien élevés.
Mais éditer des documents anciens de manière à satisfaire les
philologues, et en même temps à donner des exemples que puis
sent suivre en Bretagne les partisans de l'unité littéraire, c'est
une entreprise difficile, disons plus : il y a là deux tendances
inconciliables. Ce que désirent les philologues, c'est de con
naître une langue dans son développement naturel et vrai ; ils
ne peuvent se contenter de la création factice des lexicographes
et des grammairiens. Quand on leur présente un texte, la pre
mière chose qu'ils demandent est de savoir si l'éditeur a exact
ement reproduit toutes les formes grammaticales, toutes les
expressions dont l'auteur s'est servi. Pour parvenir à créer
l'unité, il faut au contraire expurger les textes, en enlever les et les formes grammaticales étrangères au type qu'on
adopte : or les éditions préparées dans ce système ne sont pas
celles qui satisfont les érudits.
Plusieurs de nos auteurs classiques français ont été l'objet de
remaniements inspirés à des éditeurs par le désir d'en rendre le
style plus régulier, mais le système de ces éditeurs n'est pas ce
lui qu'on suit ordinairement aujourd'hui.
Les correcteurs du bréviaire romain ont remanié de même les
compositions des poètes liturgiques qui, au moyen âge, ont écrit
les hymnes de l'Église latine. Voici, comme exemple, une des
strophes de l'hymne qui peut-être se chante le plus souvent. La
leçon primitive était ainsi conçue :
Qui pius, prudens, humilis, pudicus,
Sobrius, castus fuit et quietus,
Vita dum praesens vegetavit hujus
Corporis artus.
Depuis que les jésuites y ont mis la main, on lit : 267
Oui pius, prudens, humilis, pudicus,
Sobriam duxit sine labe vitam,
Donec humanos animavit aurœ
Spiritus artus.
Cela vaut mieux ; mais ce n'est pas en étudiant cette rédaction
nouvelle que nous arriverons à connaître la poésie liturgique du
moyen âge : pourrons seulement nous faire une idée du
latin qu'enseignaient les jésuites à l'époque où ils ont été char
gés de la révision du bréviaire romain.
M. de la Yillemarqué traite les textes bretons comme les cor
recteurs du bréviaire romain ont traité la poésie liturgique du
moyen âge. En étudiant le Barzaz Breiz, surtout dans la der
nière édition, on n'apprend ni la langue qui s'est parlée, ni la
langue qui se parle en Bretagne : on apprend une langue de
convention, que les élèves de Le Gonidec cherchent à faire pré
valoir sur les nombreux patois de leur pays.
Si nous en croyons un correspondant, il y a déjà de notables
différences entre la première édition du Barzaz Breiz et les
chansons qui se chantent réellement en Bretagne. La rareté des
mots romans et français, dans toutes les éditions du Barzaz Breiz,
serait le résultat d'un travail qui, dès la première édition, aurait
fait substituer à la plupart de ces mots des mots d'origine cel
tique. Mais nous ne sommes pas en position de vérifier l'exacti
tude de ce dire : nous nous bornerons à examiner quelles diffé
rences existent entre la première et la sixième édition.
Si l'on voulait donner vers par vers un recueil complet des
variantes, un volume in-8° serait nécessaire. Nous avons relevé
par écrit celles des soixante premières pages ; c'est à peine s'il y
a un vers sur deux qui ait passé sans changement de l'une à
l'autre édition. Nous ne songeons pas à mettre sous les yeux du
lecteur l'état complet de ces variantes ; cette nomenclature se
rait aussi fastidieuse qu'inutile; nous nous bornerons à don
ner des exemples assez nombreux pour justifier les assertions
par lesquelles nous avons commencé, montrer quels principes ont
guidé M. de la Villemarqué dans son travail de remaniement,
quels inconvénients en ont été le résultat.
18 268
IL
Commençons par la prédiction de Gwenc'hlan, qui, dans la
première édition, ouvre la collection des chants populaires de la
Bretagne. Elle nous offre, dans cette édition, plusieurs exemples
de violation des lois de permutation delà lettre initiale formulées
par Le Gonidec (Grammaire bretonne , édition donnée par M. de
la Viliemarqué, 1850, in-4°, p. 4-13). Il serait trop long d'énon
cer ici ces bis ; observons seulement que la sixième édition les
suit rigoureusement.
Première édition. Sixième édition.
v. 2, war treuz; ] ?. 19, v. - 2, war dreuz; Gramm., p. 9. p. 1,
» 7, a gwad; > > 9.0, » 15, a wad; » G. » 4,
» 15, o íirvi; ) 20, » 23, o virvi; » 11. 1 4,
« 17, mor-c'hezek ; > > 21, » » 4, 1, mor-ge/eg; » , 12,13
< 21, » 9. >. 6, » 5, he glin; 9, he c'hliii; »
. 21, » » 17, pe denved; > 2 i , pe zenved ; » » 6, 8,
fi. . > 22, » » 8, >> 8, di-gwir; 10, di-wir; »
> 22, » 9. » 8, » 10, he zorfed; > 18, hedorfed; »
Notons donc que les lois de permutation n'ont pas, dans tous
les textes, la rigueur avec laquelle elles apparaissent dans la
grammaire : la comparaison de ces deux éditions vient de nous
en donner la preuve.
Passons aux règles relatives à l'article défini. Cet article, sui
vant Le Gonidec, s'écrit ann devant les voyelles, devant n et de
vant les dentales, al devant l, ar devant les autres consonnes
(Grammaire, p. 14). Ann se dit aujourd'hui pour ant ом and,
par assimilation de la dentale finale à la nasale qui précède. C'est
du moins ce que l'on doit, ce nous semble, conclure des plus an
ciennes formes de l'article irlandais (Zeuss, Grammatica celtica,
p. 229).
Chose remarquable ! la première édition du Barzaz Breiz ,
page 4, vers 13, nous offrait, à l'appui de cette théorie, l'exem
ple

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