Études sur la Chine ancienne : le poids du passé - article ; n°2 ; vol.19, pg 273-283
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Description

Dialogues d'histoire ancienne - Année 1993 - Volume 19 - Numéro 2 - Pages 273-283
Despite the interest which the West has felt for China since at least the 13th с A.D. and the voyages of Marco Polo, sinology remains a young discipline. Among specialists of early China, who remain few in numbers compared to those working on modern China, the division of history into separate and autonomous areas emphasizing art and philosophy to the exclusion of politics, lends itself to the acceptance of early Chinese historical writings as indisputable truth. This tendency creates a myopia, through which any subject dealing with early China then tends to be seen : the theoretical discourses of philosophy, couched in political terms through the use of imaginary historical tales, are too often accepted as historical truth ; the acceptance of the image of China as center of the world too often leads to the debasing of that which is not Chinese. It is time to examine Chinese history for what it is, leaving aside theories created by modern disciplines such as anthropology, as well as those theories created by ancient China herself. Critical examination will result, not in a diminishing of the importance and power of Chinese history, but in understanding.
Malgré l'intérêt que l'Occident éprouve pour la Chine depuis au moins le 13e siècle de notre ère et les voyages de Marco Polo, la sinologie demeure une discipline jeune. Parmi les spécialistes de la Chine ancienne, peu nombreux par rapport à ceux qui travaillent sur la Chine moderne, la division de l'histoire en disciplines séparées et autonomes favorisant l'art et la philosophie à l'exclusion de la politique, se prête à l'acceptation des traités historiques transmis de la Chine ancienne comme vérités indubitables. Il en résulte une myopie à travers laquelle tout sujet touchant à la Chine ancienne a tendance à être vu : les discours théoriques de la philosophie, transmis en termes politiques par le moyen de contes historiques imaginaires, sont trop souvent pris pour vérités historiques ; l'acceptation de l'image de la Chine comme centre du monde mène trop souvent à l'abaissement de tout ce qui n'est pas chinois. Il est temps d'examiner l'histoire chinoise pour ce qu'elle est, laissant de côté les théories créées par nos disciplines modernes, telle l'anthropologie, ainsi que celles crées par la Chine ancienne elle- même. La critique historique aboutira, non à la diminution de l'importance et de la puissance de l'histoire chinoise, mais à sa compréhension.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 17
Langue Français

Extrait

Madame Sophia-Karin Psarras
Études sur la Chine ancienne : le poids du passé
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 19 N°2, 1993. pp. 273-283.
Citer ce document / Cite this document :
Psarras Sophia-Karin. Études sur la Chine ancienne : le poids du passé. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 19 N°2, 1993.
pp. 273-283.
doi : 10.3406/dha.1993.2120
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1993_num_19_2_2120Abstract
Despite the interest which the West has felt for China since at least the 13th с A.D. and the voyages of
Marco Polo, sinology remains a young discipline. Among specialists of early China, who remain few in
numbers compared to those working on modern China, the division of history into separate and
autonomous areas emphasizing art and philosophy to the exclusion of politics, lends itself to the
acceptance of early Chinese historical writings as indisputable truth. This tendency creates a myopia,
through which any subject dealing with early China then tends to be seen : the theoretical discourses of
philosophy, couched in political terms through the use of imaginary historical tales, are too often
accepted as historical truth ; the acceptance of the image of China as center of the world too often leads
to the debasing of that which is not Chinese. It is time to examine Chinese history for what it is, leaving
aside theories created by modern disciplines such as anthropology, as well as those theories created by
ancient China herself. Critical examination will result, not in a diminishing of the importance and power
of Chinese history, but in understanding.
Résumé
Malgré l'intérêt que l'Occident éprouve pour la Chine depuis au moins le 13e siècle de notre ère et les
voyages de Marco Polo, la sinologie demeure une discipline jeune. Parmi les spécialistes de la Chine
ancienne, peu nombreux par rapport à ceux qui travaillent sur la Chine moderne, la division de l'histoire
en disciplines séparées et autonomes favorisant l'art et la philosophie à l'exclusion de la politique, se
prête à l'acceptation des traités historiques transmis de la Chine ancienne comme vérités indubitables.
Il en résulte une myopie à travers laquelle tout sujet touchant à la Chine ancienne a tendance à être vu :
les discours théoriques de la philosophie, transmis en termes politiques par le moyen de contes
historiques imaginaires, sont trop souvent pris pour vérités historiques ; l'acceptation de l'image de la
Chine comme centre du monde mène trop souvent à l'abaissement de tout ce qui n'est pas chinois. Il
est temps d'examiner l'histoire chinoise pour ce qu'elle est, laissant de côté les théories créées par nos
disciplines modernes, telle l'anthropologie, ainsi que celles crées par la Chine ancienne elle- même. La
critique historique aboutira, non à la diminution de l'importance et de la puissance de l'histoire chinoise,
mais à sa compréhension.DHA 19,2 1993 273-283
ETUDES SUR LA CHINE ANCIENNE
Le poids du passé
Sophia-Karin PSARRAS
Sinologue non-affilié
II est naturel qu'une culture cherche à comprendre sa propre
nature et son rôle dans le monde qu'elle connaît. Surtout avec une
culture aussi consciente de son passé qu'est la Chine, il n'est pas
étonnant que cette réflexion soit biaisée, favorisant l'interne contre
l'externe, et définissant la civilisation selon ses propres mœurs,
réelles ou idéalisées. Des problèmes se posent, cependant, si ces
définitions sont prises pour données, comme si leur inscription au cœur
d'ouvrages historiques les consacrent vérités indubitables. Malgré
l'esprit voulu critique de traités historiques récents, occidentaux
comme chinois, cette sanctification de l'histoire chinoise persiste
sous diverses formes.
La tradition historiographique de la Chine souligne la
véracité absolue : la légende raconte l'exécution d'une famille
d'historiens, l'un après l'autre, sous Cui Zhi en l'an 546 avant notre
ère, dans un effort futile de passer sous silence l'inscription du
régicide de Cui. En même temps, il est reconnu que l'historien 274 Sophia-Karin Psarras
dynastique écrivait pour présenter sa propre interprétation des
événements et individus du passé. Il en résulte un ouvrage biaisé. La
plupart des historiens, cependant, n'ont pas encore résolu ce problème
et ne séparent pas les données présentées dans les histoires
dynastiques du commentaire qui les entoure. Trop souvent, le
commentaire, au lieu d'être comparé aux données, est répété comme
fait établi et les mythes des historiens Han se sont ainsi perpétués.
Il est usuel dans les études historiques de séparer "la culture"
de "la politique" et de considérer chacune comme unité discrète. Bien
qu'il soit vrai que les détails de la culture matérielle, tel le
développement de formes céramiques, ne sont généralement pas liés
aux décisions du gouvernement central, la culture et la politique sont
en fin de compte deux expressions de la pensée identifiée comme
constituant une société donnée. Négliger l'une en faveur de l'autre se
prête à la perpétuation des mythes associés aux deux.
Bien que le gouvernement et la société des Han (ca. 206 avant
notre ère à 220 de notre ère) doivent beaucoup à ceux des Qin (ca. 221
à 207 avant notre ère), cette dernière, fondatrice de l'ère impériale
chinoise, cède en général la place à celle des Han qui dura et sous
laquelle furent établies la tradition confucéenne comme doctrine
d'Etat et la tradition des rapports avec les étrangers. C'est
l'expérience Han des traités avec l'empire nomade, unificateur de la
steppe orientale, qui détermine en grande partie la vision chinoise
des rapports sino-étrangers subséquents. Plus que l'expérience réelle
vécue, c'est la conception de cette expérience qui dura et qui persiste
de nos jours, tout comme c'est la vision Han du gouvernement chinois
qui très souvent est adoptée à présent par des historiens et
occidentaux. Les sources primaires de l'histoire Han, le Shiji, le
Hanshu, le Hou Hanshu, sont également les sources primaires des
mythes de cette histoire. Sans l'analyse critique des données
historiques, notre compréhension non seulement de l'histoire
politique de la Chine, mais aussi de l'histoire culturelle de la Chine
ainsi que de ses voisins non-chinois est déformée.
Dans son livre récent, Art and Political Expression in Early
China i, Martin Powers reconnaît les liens qui existent entre la
culture matérielle et la politique et essaie d'établir des rapports
directs "cause et effet" entre les deux. Powers base sa division des
styles artistiques selon les classes sociales sur peu de données. Bien
1. Martin POWERS, Art and Political Expression in Early China. (New
Haven & London : Yale University Press, 1992). D'HISTOIRE ANCIENNE 275 DIALOGUES
qu'il soit clair que certains individus, se servant de l'iconographie
confucianiste dans le décor de leur tombe (telle que des scènes tirées
de la littérature confucéenne), préférèrent certains thèmes et une
certaine vue conceptuelle du monde ainsi que de l'ordre divin, il n'est
pas clair qu'une telle préférence fut exclusive à une seule classe
sociale. Une tombe peinte à Holingor appartient à un officier du
gouvernement, illustrant sa vie comme il souhaita qu'elle fût
représentée dans la mémoire des gens. Les scènes peintes comprennent
la moisson, les délégations nomades avec lesquelles il traita, la vie
quotidienne de son manoir. Cet officier fut-il moins confucianiste
qu'un autre ? On doit présumer que les liens existant entre les courants
artistiques distincts et les écoles de pensée politique furent
multiples, et non uniques. Nous n'avons à notre disposition actuelle
aucun rapport de fouilles des tombes impériales des Han orientaux
(ca. 25 à 220 de notre ère), et peu datant des Han occidentaux (ca. 206
avant notre ère à 25 de notre ère). Les maîtres de plusieurs, sinon de
la plupart, des tombes ne s'identifient pas. Il y a certainement des
liens entre les croyances politiques et ce qu'on pourrait appeler "la
croyance rituelle" : entre ce qui représente l'idéal politique et ce par
quoi on souhaite rester dans la mémoire. Dans l'analy

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