Examen critique de L Histoire de la formation de la langue française par M. Ampère (premier article). - article ; n°1 ; vol.2, pg 478-498
22 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Examen critique de L'Histoire de la formation de la langue française par M. Ampère (premier article). - article ; n°1 ; vol.2, pg 478-498

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
22 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1841 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 478-498
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1841
Nombre de lectures 8
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Francis Guessard
Examen critique de L'Histoire de la formation de la langue
française par M. Ampère (premier article).
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1841, tome 2. pp. 478-498.
Citer ce document / Cite this document :
Guessard Francis. Examen critique de L'Histoire de la formation de la langue française par M. Ampère (premier article). In:
Bibliothèque de l'école des chartes. 1841, tome 2. pp. 478-498.
doi : 10.3406/bec.1841.451597
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1841_num_2_1_451597EXAMEN CRITIQUE
L'HISTOIRE DE LA FORMATION DE LA LANGUE FBANÇÀISE,
PAR M. AMPÈRE1.
(Premier article.)
11 y a des critiques qui, avant d'ouvrir un livre, dogmatisent
sur le titre, s'emparent du sujet pour le traiter ex professo, font la
leçon à l'auteur, en un mot, se posent d'abord en législateurs pour
ensuite siéger en juges : manière souveraine et dictatoriale, qui
révèle un grand esprit ou une grande prétention. Aussi m'en gar-
derai-je bien. J'entrerai sans préambule dans l'examen de ce livre,
parce que je me propose de l'apprécier en lui-même, et sans lui
appliquer d'autre critérium que la réponse à ces deux questions :
Quest-ce que l'auteur a voulu faire, et qu'est-ce qu'il a fait? c'est
le moins qu'on puisse demander. De cette façon M. Ampère sera,
pour ainsi dire, juge dans sa cause, et prononcera, s'il y a lieu, sa
propre condamnation.
Ce que l'auteur a voulu faire est écrit sur le livre, c'est l'His
toire de la formation de la langue française. Mais il y a deux sortes
d'histoires : on peut se borner à raconter les faits tels qu'on les a
vus ou puisés aux sources, ou bien on peut avoir la prétention de
les expliquer, d'en rechercher les causes. Cette distinction est vraie
en philologie comme en toute autre matière. Ainsi M. Ampère pou
vait seulement exposer les faits qui caractérisent la formation de la
langue française, ou s'imposer la tâche plus difficile d'en rendre
raison. 11 pouvait, sous le même titre, placer une description ou
1 Un volume in-8°. Paris, \ 8-44 . Just Tcssier, 57, quai des Aug-ustins. 479
une théorie, être simple narrateur ou historien complet. Quel rôle
s'est-il choisi? 11 va nous le dire lui-même :
« Cette ancienne langue française, qui diffère à plusieurs égards
« du français actuel, et a été un intermédiaire entre le latin et l'idio-
« me que nous parlons, comment s'est elle formée? comment est-
« elle née de la décomposition du latin? Quelles lois ont présidé à
« celte décomposition et à l'organisation nouvelle qui en est sortie?
« Quels éléments se sont venus joindre aux éléments latins, et quels
« éléments plus anciens préexistaient? Par quelle alchimie s'est
« opérée la transformation d'un idiome savant en un idiome vulgaire,
« qui est devenu savant et cultivé à son tour?" — Tels sont, dit
« M. Ampère, les problèmes qui se sont offerts à moi, en abordant
« les origines de la littérature française. J'ai cru que leur solution
« devait trouver place dans le vaste et sérieux travail que j'ai en-
« trepris. »
Plus loin il ajoute : « Je n'ai pas prétendu seulement montrer le
« résultat grammatical et lexicographique, mais j'ai cherché àv
« découvrir les procédés par lesquels le résultat a été obtenu. Mon
« intention a été moins d'exposer les formes de l'ancien français
« que d'en rendre compte. Je n'ai pas voulu faire de la statistique,
« mais de l'histoire. »
Voilà des questions franchement posées et un but nettement i
ndiqué. 11 est bien constaté par là que M. Ampère a voulu expliquer
plutôt que décrire. On ne saurait donc m'accuser de sévérité si je
lui demande tout ce qu'il promet, et si, dans son livre, je cherche
les causes à côté des effets, les principes en regard de leurs consé
quences. L'intention connue, voyons le fait.
Dans un premier chapitre qui a pour titre : Principes généraux
de la trans formation des langues, le savant professeur rappelle que
tous les idiomes littéraires de l'Europe, et une portion de ceux de
l'Asie, font partie d'une grande famille qu'on a appelée famille des
langues indo-germaniques, et plus justement famille des langues
indo européennes. Sur l'autorité des philologues allemands les plus
célèbres, de M. Frédéric Schlegel, de M. Rask, de M. J. Grimm,
et surtout de M. Bopp, il affirme que tous ces idiomes, ou tous ces
parents plus ou moins éloignés, ont enlre eux un grand fonds de
ressemblance, et considère cette analogie fondamentale des lan
gues indo-européennes comme un théorème démontré.
Parlant de là, M. Ampère recherche la loi de transformation
suivant laquelle ces langues se dccomposenl et se reconstituent; il 480
fait une vaste excursion en Asie el en Europe, pour en rapporter
sans doute un principe applicable à la solution du problème qui
l'occupe. C'est ce qu'il importe d'établir; car il ne s'agit pas ici de
philologie comparée, de rapprochements plus ou moins ingénieux.
La transformation du latin en français n'est pas seulement un t
ableau qui réclame un pendant; c'est un fait obscur qui veut une
explication. On se demande, au premier abord, pourquoi celte
pérégrination à travers le champ des langues indo-européennes,
quand tous les matériaux sont là, sous nos yeux. Toutefois^
après quelque réflexion, on arrive à ce raisonnement, qui a été
évidemment celui de M. Ampère : puisque toutes les langues
indo-européennes ont enlre elles une analogie fondamentale,
on peut conclure des unes aux autres. Si donc, comme on n'en
peut douter, il y a eu, dans cette famille de langue, des altéra
tions, des transformations, et si elles ont eu lieu d'une certaine
manière fixe et régulière, constatons ce mode fixe et régulier, et
érigeons-le en principe. Après quoi nous en ferons découler toutes
les conséquences qu'il contiendra, c'est-à-dire que nous explique
rons chaque cas particulier de transformation qui pourra se pré
senter, et notamment celui de la du latin en français.
C'est par celte argumentation que M. Ampère a été conduit
jusqu'aux bords du Gange; et qu'on ne m'accuse pas de supposit
ion gratuite, c'est le seul chemin qui pouvait l'y mener. Remar
quons en passant que, si cette méthode est légitime, M. Ampère
n'aura pas seulement travaillé pour lui-même : la loi générale,
fruit de son excursion, pourra et devra s'appliquer à toute langue
indo-européenne, sans quoi elle cesserait d'être loi générale, et ne
mériterait aucune confiance. Cet instrument précieux une fois dé
couvert, les philologues n'auront plus que la peine de s'en servir.
Cela posé, je ne rechercherai pas avec M. Ampère comment
sont nés du sanscrit, le pâli et les divers dialectes pracrits; du
zend, le persan; du hollandais, le frison, etc., recherche du plus
haut intérêt, mais pour laquelle j'avoue mon insuffisance. Aussi
bien, rien n'est moins nécessaire: car j'accepte, sauf discussion ul
térieure, la règle de transformation qui a présidé à la naissance de
toutes ces langues; je l'accepte, dis-je, (elle que M. Ampère la
constate, en me réservant le bénéfice d'inventaire. Quelle est donc
celte règle, cette loi fatale?
« II faut, dit M. Ampère, distinguer dans la formation d'une
<■'■■ langue ce qui tient à l'altération qui décompose l'idiome ancien, 481
« el ce qui tient à l'organisation qui reconstitue l'idiome nouveau.;»
« Une langue s'altère soit dans la slructureintérieure de ses mois,
« soit dans l'intégrité de ses formes grammaticales. Les mots, en
« vieillissant, tendent à remplacer les consonnes fortes et dures
« par des consonnes faibles et douces; les voyelles sonores, d'abord
« par des voyelles sourdes, puis par des muettes. Les sons
« pleins s'éteignent peu à peu et se perdent. Les finales disparaissent
« et les mots se contractent. Par suite, les langues deviennent moins
« mélodieuses; les mots qui charmaient et remplissaien

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents