Féminitude et féminisme - article ; n°1 ; vol.1, pg 5-22
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Description

Les Cahiers du GRIF - Année 1973 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 5-22
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Françoise Collin
Jacqueline Aubenas
Éliane Boucquey
Marie-Thérèse Cuvelliez
Hedwige Peemans-Poullet
Féminitude et féminisme
In: Les Cahiers du GRIF, N. 1, 1973. Le féminisme pour quoi faire ?. pp. 5-22.
Citer ce document / Cite this document :
Collin Françoise, Aubenas Jacqueline, Boucquey Éliane, Cuvelliez Marie-Thérèse, Peemans-Poullet Hedwige. Féminitude et
féminisme. In: Les Cahiers du GRIF, N. 1, 1973. Le féminisme pour quoi faire ?. pp. 5-22.
doi : 10.3406/grif.1973.882
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/grif_0770-6081_1973_num_1_1_882féminitude
et féminisme
autorité. perspectives. avons Il de attestent soutiennent du a féminisme toutes. Cet pour cru article de seule devoir Il de Les la a pour leurs est complexité été ambition laisser citations, les le annoté complicités proposer fruit a d'articuler ces prises du par de notes problème à nombreux certaines : au la elles toute quelques réflexion gré et ne de d'entre leur échanges de visent nos thèmes et spontanéité. la a lectures, nous la pluralité et pas dominants discussion contacts. et à faire nous Elles des
Etre femme, c'est être assurée de subir, de la naissance à la
mort, une discrimination basée sur la seule appartenance sexuelle.
Que ce soit dans l'éducation, dans l'instruction, dans le travail domest
ique ou professionnel, dans les relations humaines, dans la sexualité,
dans le mariage, dans la parenté, dans les domaines politiques, écono
miques et sociaux, c'est ne jamais être reconnue comme être res
ponsable.
Cette discrimination peut prendre des formes légères ou tragi
ques, être assumée avec habileté ou révolte, elle n'en est pas moins
un fait objectif qui se double d'une expérience plus ou
consciente.
Pour certaines femmes, cette discrimination vient s'ajouter à
celle qu'elles subissent du fait de leur classe, ou de leur race. Mais
elle les atteint néanmoins toutes, réunies dans une condition com
mune que l'on a pu nommer la féminitude.
Etre féministe, c'est découvrir la réalité de cette condition. Je n'arrive pas à me faire une opinion
définitive sur le problème de la solidarité C'est par là même faire l'expérience de la « sisterhood », de la
féminine. Je crois qu'il y a une sororité. C'est affirmer que la discrimination dont les femmes sont de classe. Je ne crois pas qu'il y ait une l'objet en tant que femmes n'est pas nécessitée par la nature, et en solidarité de sororité.
particulier par la nature biologique, mais qu'elle est construite et M. Th. C.
liée à des formes sociales déterminées. C'est lutter pour que cette La sororité n'existe sans doute pas su
ffisamment aujourd'hui. Mais elle existera situation soit renversée et pour que les femmes puissent assumer
demain. La solidarité de classe a-t-elle touelles-mêmes leur propre existence, dans le sens qu'elles choisissent. jours existé ? C'est inévitablement vouloir une autre société. E. B.
On nous rétorquera que beaucoup de femmes sont satisfaites de
leur condition : beaucoup de servantes de bonnes maisons l'étaient
aussi, beaucoup de colonisés attachés à leurs maîtres, beaucoup Il faut distinguer d'une part, l'existence
d'ouvriers ou d'employés modèles solidaires de patrons exploiteurs. objective d'une condition féminine commune
que nous désignerons sous le terme de fChacun sait qu'il y a souvent décalage entre les faits et la conscience
éminitude et d'autre part la prise de conqu'on en a, entre le « bonheur et la justice. Et c'est la ruse suprême
science de celle-ci que désigne davantage le du pouvoir que de persuader ceux qu'il asservit de leur béatitude : terme de sororité.
à l'aliénation objective de leur condition s'ajoute alors l'aliénation La condition des femmes ne constitue
de leur système de représentation. Et puis, avec de tels raisonne- pas une classe au sens défini par Marx. Sa spécificité est difficile à préciser ; Edgar ments, il faudrait laisser l'enfant à son enfance et le « primitif » à
Morin parle de bio-classe, ce qui ne résout sa forêt ce que personne jusqu'à présent n'a fait. (Que certains
encore rien. Le défaut de conceptualisation choisissent en toute connaissance de cause et en tout pouvoir de (.'entraîne toutefois pas le défaut de réalité.
redevenir « pareils à des enfants » ou à des sauvages est une autre Les ouvriers se constituent en classe pro
létarienne au moment de l'industrialisation. affaire.)
N'assistons-nous pas à un phénomène non Le bonheur n'est d'ailleurs pas exclusif de la condition d'exploité. pas identique mais comparable pour les
Car les prolétaires rient, et les Noirs chantent dans les ghettos. femmes aujourd'hui ?
F. C. L'être humain est ainsi fait que sa volonté de vivre triomphe de
presque toutes les situations. Bien sûr, il y a des femmes heureuses,
il y a des femmes malheureuses, il y a des femmes heureuses et
malheureuses à la fois. Là n'est pas la question. Car le féminisme,
au delà ou plutôt dans l'expérience individuelle désigne une condition
qui, à travers des variations, comporte une structure commune. Et
si, parfois, un conflit personnel est à l'origine de l'engagement poli
tique, pourquoi s'en étonner ? Reproche-t-on à un Noir de combattre
parce qu'il a souffert lui-même de la négritude ? A un ouvrier de
se révolter parce qu'il a constaté l'exploitation dans sa propre vie ?
Ceci rappelle les querelles de harem : Le féminisme arrache les femmes à leur isolement et à leur
les femmes s'y battaient pour devenir fa passivité. Car les femmes, comme tous les exploités du monde, ont
vorite et non pour se révolter contre le trop longtemps été divisées et maintenues en état de rivalité. pacha.
Enfermées dans leurs cuisines, leurs maisons, sans grand contact Le livre de Claude Alzon « Femme potiche
avec les autres, elles ne tiraient leur expérience que du bon vouloir et Femme bonniche » a au moins le mérite
de souligner que les femmes, quelle que de l'homme, et même d'un homme. A travers cette médiation, elles
soit leur classe, sont toutes opprimées par ne pouvaient se percevoir que comme rivales, et les hommes ont les hommes. Perçoivent-elles d'abord leur eu tout intérêt à faire durer cette situation. similitude de condition féminine ou leur
différence sociale ? Mais désormais la rencontre collective il faudrait presque J. A. dire anonyme , en évitant le passage par le tiers, rend possible
la reconnaissance mutuelle et pose les bases d'une identité jusqu'à
présent interdite, en même temps que d'une action.
I. LA VIE DES FEMMES :
Formation et travail.
La dévaluation de la fille semble amorcée dès le moment de sa
conception : l'enfant est souvent et secrètement espéré être un
garçon ; né tel il est salué avec plus de satisfaction sinon par les
parents, du moins par les amis. Est-ce le souci du nom ou de 4a
fortune à transmettre ? Des cultures entières n'hésitaient pas à
rejeter, voire à exposer à la mort les filles nouvelles-nées. Et chez
nous, aujourd'hui, on rencontre encore souvent de ces familles qui
s'agrandissent jusqu'à la venue d'un fils. L'expérience quotidienne
nous porte à l'hypothèse de la préférence pour le garçon dans la
descendance, même si les démographes n'arrivent ni à la confirmer
ni à l'infirmer par leurs enquêtes. Elle s'accorde d'ailleurs à la réalité
d'une société patrilinéaire, dont les structures sont tout entières
favorables à l'homme. les premiers mois en tout cas, dès les premières années, Dès
les qualités appréciées chez le garçon sont différentes de celles
qui sont chez la fille : exubérance, et même violence
d'une part, douceur et soumission d'autre part. Les gestes qui entou
rent les bébés de l'un et l'autre sexe ne sont pas les mêmes, ni
les inflexions de voix qui les atteignent.
Plus tard, les études des garçons sont encouragées, parfois
On constate généralement une corrélation contre tout bon sens, celles des filles tolérées tout au plus, ou entre l'entrée des femmes dans une profesorientées dans des impasses : elles auront des d

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