Fragment inédit de la Vie de Louis VII préparée par Suger. - article ; n°1 ; vol.34, pg 583-596
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1873 - Volume 34 - Numéro 1 - Pages 583-596
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1873
Nombre de lectures 7
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jules Lair
Fragment inédit de la Vie de Louis VII préparée par Suger.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1873, tome 34. pp. 583-596.
Citer ce document / Cite this document :
Lair Jules. Fragment inédit de la Vie de Louis VII préparée par Suger. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1873, tome 34.
pp. 583-596.
doi : 10.3406/bec.1873.446513
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1873_num_34_1_446513? 7
FRAGMENT INEDIT
DE LÀ VIE DE LOUIS VII
PRÉPARÉE PAR SUGER.
M. L. Delisle, pendant que je préparais sous ses yeux une édition
de Guillaume de Jumiéges, me signala un manuscrit de la Biblio
thèque nationale, f. lat. n° \ 2710, autrefois Saint-Germain n° 1085.
Son œil exercé avait reconnu un manuscrit d'auteur ou tout au
moins de savant. En effet, en collationnant le texte, objet direct de
mes études, j'y remarquai les traces d'une sorte d'arrangement;
puis je constatai bientôt que j'étais en présence d'un ensemble de
matériaux réunis en vue de la rédaction d'un ouvrage historique,
dont je trouvai enfin le plan détaillé. Avec l'agrément de nos con
frères, j'exposerai plus tard dans ce recueil le résultat du dépouil
lement de cette compilation, mais dès aujourd'hui je veux me hâter
de leur faire part d'une découverte plus intéressante, à laquelle m'a,
pour ainsi dire, conduit par la main l'amitié de mon savant maître.
En cherchant l'identité de nombreux ouvrages ou fragments d'ou
vrages insérés dans ce recueil, j'arrivai à celui qui a été publié à
maintes reprises sous le titre de Vie de Louis VII. Quant à
l'indication des différentes publications et des critiques dont ce
texte a été l'objet, je ne puis mieux faire que de renvoyer à Гех-
cellente édition des Œuvres complètes de Suger, donnée pour la
Société de l'Histoire de France par notre confrère M. Lecoy de la
Marche * . Quelle ne fut pas ma surprise et bientôt ma joie lorsque
l. Œuvres complètes de Suger, notice, p. xvn, Paris 1867. V. aussi le tra
vail de M. Paul Viollet, Une grande Chronique latine de Saint-Denis, BibL.de
l'Ecole des Ch., XXXIV, p. 241. .
584
je trouvai dans cette partie de mon manuscrit un long passage
inédit qu'à première vue et sans hésitation nous attribuâmes à Suger.
En effet, bien qu'il ne se soit pas nommé, il est impossible de ne
pas reconnaître au langage, aux pensées , aux actes , le grand
ministre de Louis VI et de Louis VIL Quel autre pourrait avoir écrit
cette phrase expressive et touchante : Nos autem qui, et regni debi
tor es, et benejicii paterni merit o , ipsius (Ludovici junioris) consilio
iridissolubiliter inhœrebamus...? N'est-ce pas le célèbre abbé qui
parle des devoirs qui le retenaient à l'époque de la fête de saint
Denis : neque enim cum eo pro beati Dionisii sollempnitate ire potue-
ramus ? Quel autre que ce véritable patriote peut avoir dit à une
princesse étrangère, veuve d'un roi de France, et oubliant par des
préoccupations de dot ce qu'elle devait à son litre : nunquam
Franciam repudiatam vacasse. Le style de notre fragment n'est pas,
comme indice, moins précieux que les pensées qu'il exprime.
Comme celui de la Vie de Louis le Gros, il est dur, tourmenté,
chargé de gallicismes, mais en même temps énergique et pitt
oresque. Quiconque comparera les deux textes partagera notre convic
tion. Renvoyant donc le lecteur à ces références, nous présenterons
désormais Suger comme l'auteur reconnu de notre fragment.
Est-ce à dire que nous lui fassions attribution de la Vie de
Louis VII, au moins dans sa première partie? Nullement. Cette
composition .ne ressemble en rien dans sa forme aux ouvrages de
l'abbé de Saint-Denis. A notre sens, la Vita Ludovici junioris,
comme les Gesta Ludovici, ne présente qu'un arrangement parfois
malhabile de matériaux peut-être réunis par Suger, qui incontes
tablement a travaillé à quelque composition semblable1 . Son empreinte
se trouve même dans le début du premier de ces ouvrages2 ; mais,
laissant à d'autres plus compétents le soin de prononcer sur
cette délicate question, il nous suffit de constater que notre morceau
a de toute évidence échappé à ces remaniements. En deviner la cause
n'est pas impossible. 11 débute, comme on le verra, par une
vive satire de la conduite de deux grands personnages, la reine-
mère et le comte de Vermandois, satire dont on fit sans doute plus
1. « Ipse etiam régis Ludovici splendido sermone gesta descripsil, ejusque
filii itidem Ludovici scribere quidem cœpit ; sed, morte praeventus, ad finem
non produxit. » Vie de Suger, par le frère Guillaume. Œuvres complètes
de Suger, p. 382.
2. Depuis Igitur gloriosus jusqu'à de die in diem proficiebat ; mais là encore
le texte a été remanié. 585
tard le sacrifice à l'amour-propre de leurs descendants. Quoi qu'il en
soit, notre manuscrit nous a conservé le récit de trois événements,
restés jusqu'à présent inconnus, et dont il ne sera pas inutile de
donner ici une brève analyse.
Le premier est relatif au commencement du règne de Louis VII,
commencement difficile s'il en fut. Suger nous fait pénétrer dans
l'intérieur du palais du roi et nous révèle les préoccupations
mesquines de ceux qui l'habitaient. La reine-mère, Adélaïde de
Savoie, ne songeait qu'à sauver sa dot, qu'elle craignait de voir
employer au service de l'État. C'est ce projet de désertion qui lui
attira la belle réponse de Suger : nunquam Franciam repudiatam
vacasse. La reine eut honte et demeura. Autant en fit Raoul de
Vermandois , qui partageait ces craintes financières. Le prudent
ministre ménagea ensuite à son jeune maître la protection de ses
vassaux, notamment de Thibaud, comte de Champagne; puis il par
courut avec lui les provinces de l'Est, et il semblait satisfait de son
voyage, lorsque, de retour à Paris, il reçut une nouvelle qui l'émut
vivement et mit à nu le peu de valeur des protestations de dévoue
ment que le roi venait de recevoir. On apprenait que les habitants
de Poitiers avaient proclamé la Commune, qu'ils se fortifiaient chez
eux et entraînaient tout le Poitou dans leur confédération.
Si les rois de France voyaient d'un œil favorable l'établissement
des communes dans les villes de leurs vassaux, ils étaient loin de
montrer la même condescendance quand cet esprit d'innovation
envahissait leur domaine. Or, par son mariage avec Éléonore,
Louis VII était devenu comte de Poitiers. Peu de mois même s'étaient
écoulés depuis qu'au retour de son voyage de noces, il avait joyeu
sement séjourné dans cette ville H. Aussi cette atteinte à son autorité
lui fut-elle excessivement sensible. Dans sa colère, il courut inconsi
dérément auprès de Thibaud qu'il voulait intéresser à sa cause.
Le discours qu'il tint à son vassal révèle la précarité du pouvoir
royal. Thibaud se contenta de répondre qu'il examinerait l'affaire
avec ses barons, et, en définitive, se tint à J'écart. Le roi se décida
alors à agir par lui-même et se tira d'affaire à son honneur. La
capitulation des Poitevins, la sévérité du jeune roi, la prise d'otages,
hommes, femmes et enfants condamnés à l'exil, cette foule désolée
se jetant sous les pieds des chevaux de Suger et des gens de sa
1. « Pictavorum civitatem cum exultatione totius terrœ pervenimus. » Vie de
Louis le Gros, p. 147. 586
suite, l'intervention généreuse de l'abbé de Saint-Denis, l'hésitation
du jeune roi, dont le ressentiment cède aux paroles politiques et
chrétiennes du grand ministre, l'ensemble enfin de cette expédition
forme un récit tracé de main de maître et mérite de prendre place
dans Thistoire générale.
Le troisième fait que Suger nous fait connaître, moins pathétique
sans doute que le précédent, est peut-être plus curieux. Il s'agit
d'un seigneur de Lezay, qui, possesseur du célèbre château de
Talmont en vertu d'un' droit de garde, conçut le projet d'y attirer
le roi et §a suite et de les y faire prisonniers. On ne dit pas quel
était le mobile de ce seigneur. On peut tou

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