Gauluet ou le sire de Gaules (1380-1423). - article ; n°1 ; vol.9, pg 441-473
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1848 - Volume 9 - Numéro 1 - Pages 441-473
33 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1848
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Francis Guessard
Gauluet ou le sire de Gaules (1380-1423).
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1848, tome 9. pp. 441-473.
Citer ce document / Cite this document :
Guessard Francis. Gauluet ou le sire de Gaules (1380-1423). In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1848, tome 9. pp. 441-
473.
doi : 10.3406/bec.1848.452160
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1848_num_9_1_452160.
GAULUET
ou
LE SIRE DE GAULES.
(1380-1423.)
« Je suis noble chevalier ; j'ai noblement servi le roi , et dès
« ma jeunesse ; je l'ai servi avec le connétable de Sancerre pen-
« dant vingt-quatre ans. » Voilà ce que le sire de Gaules disait
à ses juges , en 1415 , dans un procès qu'il eut à soutenir- devant
le parlement de Paris (1). A ce compte , le connétable étant
mort en 1 402 , le sire de Gaules aurait commencé à servir vers
1380 , ce qui fait croire qu'il était né en 1360 ou environ.
On l'appela pendant longtemps, pour le distinguer de son
père (2) , messire Pierre de Mornay le jeune , et lui-même s'in
titulait ainsi ; mais au commencement du quinzième siècle , il
acquit la seigneurie de Gaulnes ou de Gaule , et dès lors on le
nomma indifféremment le sire de Gaules ou Gauluet. Pour lui ,
il s'habitua si bien à ce surnom de Gauluet , qu'il le prit tou
jours dans les actes , et n'eut point d'autre signature (3).
( 1 ) En la cause de messire Robert de Chalus , d'une part , et messire pierre de
Mornay dit Gauluet, d'autre part, qui dit qu'il est noble chevalier et a servi le roy
moult noblement et dès sa jeunesse, qu'il a servi le roy avec le connestable de Sancerre
par xxini ans. (Archives nationales, section judiciaire, Matinées, reg. VIII, lundi',
10 juin 1415.)
(2) Pierre de Mornay l'aîné, sénéchal de Carcassonne, etc.
(3) II reste de lui plusieurs actes originaux signés ainsi : g.miujf.t, avec paraphe
IV. (Deuxième série.) 30 442
Gauluet donc, pour nous servir du nom qu'il semblait affe
ctionner , fut un vaillant chevalier. C'est le témoignage que rend
de lui l'archevêque de Beims, Jouvenel des Ursins(l); témoi
gnage précieux, car lorsque Gauluet mourut, en 1422, le
prélat avait trente-quatre ans , et par conséquent , il avait pu le
connaître et l'apprécier personnellement. De plus , le père de
Jouvenel, le célèbre prévôt des marchands, connaissait fort bien
la famille de Gauluet. Il avait été en relation d'affaires avec
plusieurs membres de cette famille, à cause de la belle seigneurie
de Trainel , qu'il avait acquise après la mort de Jean de Mor-
nay ; et sans doute aussi la sanglante querelle des Bourguignons
et des Armagnacs l'avait mis en rapport avec le sire de Gaules ,
l'un des principaux capitaines du parti Orléanais. Un autre con
temporain , le religieux de Saint-Denis , ce chroniqueur si grave
et si impartial , a parlé aussi de Gauluet dans les mêmes termes
que Jouvenel (2) , et tout ce que l'on sait , d'ailleurs , de la vie
de ce chevalier vient confirmer le témoignage des deux histo
riens de Charles VI.
Dès sa tendre jeunesse , Gauluet avait entendu résonner au
tour de lui le bruit des armes. Il pouvait avoir huit ou dix ans
lorsque son père levait bannière, en 1369 , et se mettait aux
champs contre les Anglais. Pendant les années qui suivirent , il
ne le vit que rarement, et presque toujours sous le harnais, l'épée
au côté , et rassemblant sa compagnie , au sortir d'une expédi
tion, pour en recommencer une nouvelle. En attendant que l'en
fant pût à son tour ceindre le baudrier , sa mère , Jeanne de
Vendôme , lui racontait sans doute les belles aventures et les
grandes prouesses de messire Bertrand du Guesclin et des autres
chevaliers du temps, relevait dans la crainte de Dieu, dans la
haine de l'Anglais et dans l'amour du sage roi Charles V , qu'il
devait servir bien peu de temps , s'il le servit. Ce fut , en effet ,
vers l'époque de la mort de Charles V que le jeune Pierre de
Mornay quitta le château de la Ferté-Nabert , où il avait été
élevé , pour suivre son père en Aquitaine. Là , il vécut pendant
vingt ans de la même vie que lui , servant avec lui sous le ma
réchal de Sancerre , courant le pays , faisant la chasse aux gens
(1) Le seigneur de Gaules, vaillant chevalier. (Hist, de Charles VI, coll. Michaud et
Poujoulat, t. Il, p. 469, lre série.)
(2) Dominům de Gaulles, strenuum utique militem. (T. ill, p. 334.) 443
des compagnies , aidant à les assiéger et à les déloger de leurs
repaires; aujourd'hui en Périgord, quelques jours après en
Limousin , en Poitou ou en Saintonge , et plus tard dans le Lan
guedoc , dans la sénéchaussée de son père. Quelques documents
épars çà et là sont restés pour attester ses services : ce sont des
quittances , des revues , des articles de comptes, qui se réfèrent
surtout aux deux années 1387 et 1388 , pendant lesquelles il ne
fut pas moins actif que son père. Plusieurs de ces documents ,
datés de Niort , de Poitiers , de Saint-Jean ď Angely , font con
naître le nombre et les noms des hommes d'armes de sa compag
nie, qui se composait alors de lui , d'un autre chevalier-bachel
ier et de trente et un écuyers, presque tous Orléanais (1). Mais
l'époque de sa vie à laquelle ces pièces se rapportent n'en est
pas la plus importante.
C'est avec le quinzième siècle que commence pour lui une
existence bien plus agitée , bien plus orageuse , et aussi plus
digne d'intérêt. L'époque est critique ; la couronne de France
est sur la tête d'un fou , et à la faveur de la démence royale s'a
gitent toutes les ambitions, toutes les convoitises, toutes les pas
sions. Orléans et Bourgogne ne sont pas encore en guerre
ouverte, mais se haïssent déjà, et déjà s'attaquent sourdement.
C'est le commencement du drame qui va bientôt se dénouer par
un meurtre et par la lutte acharnée de deux grandes factions.
L'Église est comme l'État: divisée, déchirée parle schisme, elle
a aussi ses Bourguignons et ses Armagnacs. Ce n'est partout que
désordre et bouleversement. Naguère, on a entendu de l'Orient
la voix de Bajazet Y Éclair, menaçant l'Europe et la chrétienté, se
vantant de faire manger l'avoine à son cheval sur l'autel de Saint-
Pierre de Rome ; et la journée deNicopolis fait encore verser des
larmes. Une autre catastrophe vient de frapper tous les esprits
de stupeur; c'est la révolution d'Angleterre : le gendre de
Charles VI , l'ami de la France , Richard II , renversé en quel
ques jours , a fait place aux Lancastre , et sa chute prédit à la
France un sinistre avenir.
Il n'est pas aussi indifférent qu'on pourrait le croire de suivre
la destinée d'un homme , d'un seul homme , au milieu de tous
(() Bibl. nationale, cabinet des titres, recueil des titres scellés, vol. 79, — • montres
provenant du cabinet de Gaignières, — extraits des comptes de Jehan le Flament , tré
sorier des guerres, etc.
30. 444
ces grands événements ; c'est une recherche pleine d'intérêt, qui
aiguise vivement la curiosité et qui excite la sympathie. On vou
drait savoir ce que pensait, ce que sentait cet homme, comment
il respirait dans cette atmosphère orageuse ; on le plaint d'avoir
vécu dans ces malheureux temps, et l'on se demande avec une
sorte d'anxiété : Que va-t-il faire ? Sera-t-il Bourguignon ou Ar
magnac? Va-t-il prendre la croix de Saint- André ou porter la
hande blanche ? Soutenir la cause de l'assassin ou celle de l'a
ssassiné ?
Gauluet fut un des capitaines du parti d'Armagnac , on le sait
déjà; mais il faut voir comment les circonstances l'attachèrent au
service de la maison d'Orléans. Nommé sénéchal de Carcassonne
et de Béziers par lettres patentes du 3 juin 1 400; il succéda dans
cet office à son père , que l'âge , les fatigues de la guerre , et
peut-être aussi la tendresse paternelle , décidèrent au repos (1).
Pourvu de cette importante charge, il épousa quelques mois
après Robině de Saint-Brisson , veuve de Robert d'Estouteville ,
seigneur du Bouchet , et fille de Jean de Saint-Brisson , seigneur
delà Ferté-Hubert (2). Cette alliance donnait pour un temps à
Gauluet le titre de seigneur d'Estouteville , comme ayant le bail
et la garde noble du mineur

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