Granet : Fêtes et chansons anciennes de la Chine - article ; n°1 ; vol.19, pg 65-75
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Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1919 - Volume 19 - Numéro 1 - Pages 65-75
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Publié le 01 janvier 1919
Nombre de lectures 18
Langue Français

Extrait

Henri Maspero
Granet : Fêtes et chansons anciennes de la Chine
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 19, 1919. pp. 65-75.
Citer ce document / Cite this document :
Maspero Henri. Granet : Fêtes et chansons anciennes de la Chine. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 19,
1919. pp. 65-75.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1919_num_19_1_5678— 65 —
chine. ;
Granet„ — Fêtes et chansons anciennes de la Chine. (Bibliothèque de l'Ecole
des Hautes Etudes, Sciences religieuses, tome XXXIV). — Paris, Leroux,
1919 ; 1 vol. in-8, 301 pp.
M. G. avait publié dès 1912* dans un article du Toung pao qui avait été
très remarqué, un étude intéressante où, à l'interprétation traditionnelle du
С he king, que tout le monde s'accordait à reconnaître comme insuffisante sans
oser l'abandonner complètement, il substituait une analyse immédiate du texte
même, et en tirait des conclusions fort curieuses sur les coutumes chinoises
anciennes. C'est une étude approfondie et élargie du même sujet qu'il donne
maintenant, étude achevée depuis longtemps, mais dont la publication avait été
retardée par la guerre.
L'originalité du travail de M. G. porte sur deux points : d'abord, dans son
interprétation et sa traduction du Che king, il s'efforce d'être aussi littéral que
possible, et, écartant résolument toutes les notions qui ne ressortent pas direc-
ment du texte, il extrait de celui-ci tout ce qu'il contient sans en rien éliminer ;
en second lieu, ce travail préliminaire achevé, il trace des mœurs anciennes des
Chinois un tableau vraiment neuf et très documenté. Dans l'un et l'autre cas,
il applique le même principe : laisser parler le texte lui-même sans s'occuper
de l'exégèse traditionnelle. Il y a là un effort considérable et couronné de succès
pour lire les poèmes du Che king tels qu'ils sont, et non tels que deux mille
ans ďutilisaťon pédagogique continue les ont faits aux yeux des Chinois. Le
but de M. G. est ď « aller plus loin que les simples explications littéraires,
« et, par delà l'interprétation symbolique, retrouver le sens original des chan-
« sons » (p. i 8). 11 y a pleinement réussi, et, pour la première fois peut-être
depuis le temps de Confucius, les vieilles chansons populaires que les archi
vistes des Tcheou avaient recueillies se montrent avec le sens que leur
attribuaient les paysans chinois, lorsqu'ils les chantaient aux fêtes du printemps
et de l'automne.
Le plan de l'ouvrage est simple : l'auteur présente d'abord les textes, c'est-
à-dire environ soixante-dix pièces choisies par lui parmi les poèmes de la
première partie du Che king comme étant « les plus importantes parmi celles
■qui lui paraissent être des chansons d'amour» (p. 31); elles sont disposées
non pas dans l'ordre ou elles se rencontrent dans le recueil classique, mais « dans
i'ordre où elles s'expliquent le .mieux l'une par l'autre». L'ensemble classé
« d'après les thèmes essentiels » est divisé an trois groupes: i° « les thèmes
champêtres », 20 « l'amour au village »ч з « les thèmes de la promenade
sur les mont? et près des eaux ». Chaque pièce est accompagnée d'un résumé
des commentaires principaux, et à la fin de chacun des trois groupes sont
XIX, b - — — 66
réunies les remarques auxquelles donnent lieu les pièces qui y sont contenues.
Enfin une dernière partie expose la conception générale de l'ancienne société
chinoise que M. G. croit pouvoir tirer de ses recherches.
Les thèses principales, très claires, se déduisent logiquement les unes des
autres. Un certain nombre de pièces de vers du Che king sont véritablement
des chansons d'amour et non des satires politiques ; Tchou Hi Га déjà recon
nu, mais sans oser pousser ses idées jusqu'au bout. Ce sont des chansons po
pulaires qui « apparaissent comme les produits d'une improvisation paysanne »
(p. 94). Elles se chantaient à des époques déterminées, quand « à des temps
réglés, en des lieux consacrés, l'usage voulait qu'il se tînt de grandes réunions
champêtres» (p. 130). Elles peuvent donc servir à nous renseigner sur les cou
tumes qui y ont do.iné lieu, à condition d'être étudiées en elles-mêmes et sans
parti pris. M. G. arrive ainsi à établir un « type moyen » des fêtes de printemps
et d'automne (p. 133 etsuiv.) qu'on peut résumer ainsi. La fête se passait en un
lieu consacré, probablemement unique pour chaque seigneurie. Le jour venu,
les jeunes gens s'y rendaient en bande, les uns à pied, les autres en char ;
arrivés au lieu de rendez-vous, ils se promenaient le long de la rivière ou du
coteau. Puis venaient les jeux : le passage de l'eau, l'ascension des monts ; ces
exercices s'accompagnaient d'une grande émulation et étaient des occasions
de défis ; l'agitation se faisait sans désordre : « les mouvements et la voix se
réglaient sur le son des instruments, on battait le tambour, on faisait résonner
le tambourin d'argile et, sur le rythme qu'il donnait, au fil de l'eau, au pen
chant des collines, se déroulaient en chantant des danses processionnelles».
A ces fêtes, les jeunes gens et jeunes filles, d'ordinaire séparés, se rencontraient
avec ceux des villages voisins, « tandis qu'au son du tambourin, en procession
dansante, on passait l'eau, on gravissait les monts, d'une bande à l'autre on
s'envoyait des défis rythmés... Tout en improvisant, rapprochés l'un de l'autre
par leur tournois poétiques, les étrangers de tantôt... se sentaient liés d'amitié,
ils s'appariaient et des déclarations galantes, des cadeaux de fleurs terminaient
courtoisement la joute ». Puis les couples s'isolaient et allaient s'unir sur le gazon
des prairies basses ou sous les grands arbres et les hautes fougères des monts.
Tout cela est parfaitement établi par des séries des textes du С he king, et si
parfois certains détails prêtent à discussion (je ne crois guère par exemple aux
danses processionnelles, et je pense que M. G. a étendu là indûment une cou
tume particulière de Lou, et qui se rattachait à un ordre d'idées très différent),
du moins l'ensemble nous donne-t-il une vue suffisamment exacte de ce
que pouvaient être les grandes fêtes de printemps et cT automne de la Chine
antique. • *• ' - '
Ce « type moyen » une fois établi, M. G. le compare aux données fournies
soit par les commentateurs des classiques, soit par les anciens rituels, soit par
d'autres ouvrages, et il arrive à reconstituer dans leurs grandes lignes quatre
« fêtes locales », celle deTcheng, celle de Lou, celle deTch'en et la fête royale
du printemps. Ici encore, on ne peut qu'admirer l'ingéniosité avec- laquelle -67-
l'auteur a su rassembler et mettre en œuvre les documents déjà connus, mais
jusqu'à lui interprétés de façon incohérente.
M. G. a tenu à ne tirer autant que possible ses renseignements que du Che
king lui-même. C'est évidemment le plus sûr, et cela contribue à donner plus
de force à ses interprétations. Il y a quelque cas cependant où les textes mo
dernes lui auraient fourni des précisions de fait et auraient pu lui être utiles.
Je n'en citerai qu'un, celui des « joutes » dont il parle fréquemment. Parmi les
jeux des fêtes de printemps, il y en a au moins deux qui ont survécu jusqu'à nos
jours, c'est le jeu de balle ts'ieou kiu Щ, Щ, et l'escarpolette qu'on appelait
ts'ieouts'ientfi Щ (on écrit aussi Ш jg) dans le Nord, et hikiu^ Щои t'o keou
$& H| dans le pays de Tch'ou. Le jeu de balle (*) consistait à lancer et à rece
voir la balle avec le pied (c'est le sena propre de Щ Щ) ou avec les irains, au
quel cas on l'appelait Щ Щ. Le jeu de ts'ieou-ts'ien (2) était une balançoire
rudimentaire. On attachait une longue corde au haut d'un arbre, jeunes gens et
jeunes filles revêtus de leurs plus beaux habits s'y suspendaient, les pieds
reposant probablement sur un morceau de bois attaché à la corde, et on les ba
lançait. Au temps des Han, on racontait que l&

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