Hommes et dieux dans les ekphraseis des romans byzantins du temps des Comnène  - article ; n°1 ; vol.29, pg 347-371
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Hommes et dieux dans les ekphraseis des romans byzantins du temps des Comnène - article ; n°1 ; vol.29, pg 347-371

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Description

Collection de la Maison de l'Orient méditerranéen ancien. Série littéraire et philosophique - Année 2001 - Volume 29 - Numéro 1 - Pages 347-371
Au XIIe siècle, alors que le genre du roman semble éteint depuis une dizaine de siècles dans le monde grec, celui-ci renaît à Constantinople, écrit dans l'ancienne langue. Pourtant, le monde dans lequel s'effectue cette renaissance a changé : les anciens dieux sont morts, le statut de l'image (icône) est au cœur des débats entre lettrés et hommes d'Église. Dans ces conditions, qu'est devenue l'une des figures les plus importantes du roman grec, celle de l'ekphrasis (description d'œuvre d'art), mettant en scène hommes et dieux : un cliché stéréotypé, vidé de son sens ? Ou peut-elle être utilisée et transportée pour problématiser les questions importantes, voire la vision du monde des Grecs de cette période du Moyen Âge ?
During the XIIth Century, in Constantinople, there is a revival of the apparently extincted genre of romance. Yet, the world in which this revival occurs has been going through many changes; the ancient gods are dead, and scholars and priests keep thinking about the links between image (icon) and divinity. Therefore what happened to one of the main figures of romance, the description of work of art named ekphrasis, which played the function of mirror image of men and gods in antic romance: a sort of cliché, or an interrogation on the main topics of the Weltanschauung of people of Greek Medieval Empire ?
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mme Judith Labarthe-Postel
Christine Hunzinger
Dimitri Kasprzyk
Hommes et dieux dans les ekphraseis des romans byzantins du
temps des Comnène
In: Lyon : Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 2001. pp. 1-2. (Collection de la Maison de l'Orient
méditerranéen ancien. Série littéraire et philosophique)
Résumé
Au XIIe siècle, alors que le genre du roman semble éteint depuis une dizaine de siècles dans le monde grec, celui-ci renaît à
Constantinople, écrit dans l'ancienne langue. Pourtant, le monde dans lequel s'effectue cette renaissance a changé : les anciens
dieux sont morts, le statut de l'image (icône) est au cœur des débats entre lettrés et hommes d'Église. Dans ces conditions,
qu'est devenue l'une des figures les plus importantes du roman grec, celle de l'ekphrasis (description d'œuvre d'art), mettant en
scène hommes et dieux : un cliché stéréotypé, vidé de son sens ? Ou peut-elle être utilisée et transportée pour problématiser les
questions importantes, voire la vision du monde des Grecs de cette période du Moyen Âge ?
Abstract
During the XIIth Century, in Constantinople, there is a revival of the apparently extincted genre of romance. Yet, the world in
which this revival occurs has been going through many changes; the ancient gods are dead, and scholars and priests keep
thinking about the links between image (icon) and divinity. Therefore what happened to one of the main figures of romance, the
description of work of art named ekphrasis, which played the function of mirror image of men and gods in antic romance: a sort of
cliché, or an interrogation on the main topics of the Weltanschauung of people of Greek Medieval Empire ?
Citer ce document / Cite this document :
Labarthe-Postel Judith, Hunzinger Christine, Kasprzyk Dimitri. Hommes et dieux dans les ekphraseis des romans byzantins du
temps des Comnène . In: Lyon : Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 2001. pp. 1-2. (Collection de la Maison
de l'Orient méditerranéen ancien. Série littéraire et philosophique)
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mom_0151-7015_2001_act_29_1_1403HOMMES ET DIEUX DANS LES EKPHRASEIS
DES ROMANS BYZANTINS DU TEMPS DES COMNÈNE
Judith LABARTHE-POSTEL
Les romans byzantins comportent des ekphraseis importantes -je choisis
d'emblée de prendre le terme ekphrasis non dans son sens premier, de « descrip
tion », mais dans son sens dérivé, de « description d'œuvre d'art ». Ces ekphraseis
se retrouvent d'abord dans les quatre romans, écrits dans la koinè hellénistique, du
XIIe siècle, puis dans les romans du temps des Paléologues, parfois appelés romans
de chevalerie, au XIVe siècle.
À première vue, ces ekphraseis témoignent d'un goût prononcé des Byzantins
pour les œuvres d'art, et répondent à un désir de rivaliser, ou plus justement, d'imi
ter les romans grecs que les Byzantins prennent pour modèle : ceux d'Héliodore et
d'Achille Tatius principalement, de Chariton d'Aphrodisias et de Longus, à un degré
moindre. Et, en effet, comme dans les romans grecs, ces ekphraseis sont toutes
tournées vers la représentation de personnages, pour mieux dire, de l'humain. Elles
mettent en scène des personnages d'abord inertes, qui, échappant aux lois de la
nature, deviennent animés, vivants - et ce par le biais de l'hypotypose, qui joue de
ces contraires. L'ekphrasis mêle l'inerte et le vif, et par une feinte, laisse croire que
le texte encadre une image, alors que l'image, d'inerte, est devenue vie, mouvement,
et parfois récit.
C'est ce qui se produit une seule fois, dans chacun des textes qui nous sont
parvenus à peu près complets. C'est ainsi le cas de Dionysos, avec les Bacchantes et
les satyres représentés sur la coupe de Gobryas, dans Rhodanthè et Dosiklès de
Théodore Prodromos, des statues dans Drosilla et Chariklès de Nicétas Eugénianos,
et des trois groupes de fresques du jardin du père d'Hysminè, dans Hysminè et
Hysminias d'Eustathios Makrembolites ] . Le texte de Constantin Manassès, trop
lacunaire, n'en comporte plus.
Éditions utilisées (auxquelles renverront les références entre parenthèses) pour les
quatre romans du temps des Comnène : pour Théodore Prodromos, The odor i
Prodromi, De Rhodanthes et Dosiclis Amoribus Libri IX, Teubner, Stuttgart et 348 J. LABARTHE-POSTEL
De plus, ces ekpraseis sont toujours complétées par des « SQm\- ekphraseis »,
qui apparaissent systématiquement en début de texte, lors de la description de
l'héroïne ou de ses doubles (et là, un fragment conservé de Manassès laisse à penser
qu'on a bien affaire à une constante de ces textes) : les héroïnes sont en effet tou
jours l'objet d'une comparaison, à une statue ou à une peinture, selon des modalités
qui varient. L'objet d'art invoqué a beau n'être présent qu'à titre de comparaison,
l'idée selon laquelle le personnage offre une analogie avec une œuvre d'art est bien
présente, on est donc à mi-chemin entre une description et une ekphrasis complète.
On pourrait donc penser que ces ekphraseis, tout animées qu'elles sont,
semblent en mesure de conférer une vie et une densité plus grandes aux romans,
même si l'animation qui gagne les personnages qu'elles contiennent se dit dans des
termes autres que psychologiques. Or, la plupart du temps, ce n'est pas du tout ce
qu'on lit, ni sous la plume des critiques littéraires et des historiens ni même sous
celle des historiens d'art. Des importantes ont été portées à propos des
romans byzantins, en particulier du XIIe siècle, à l'encontre d'un certain nombre de
traits, qui se trouvent être tous présents dans les ekphraseis. Selon cette longue
tradition critique 2, ces romans présentent des descriptions trop complaisantes, trop
longues, où l'histoire s'enlise, gratuites, en somme -Vekphrasis est visée. Il n'y
aurait aucune inventivité par rapport aux romans grecs pris pour modèles, et en
particulier, les personnages seraient stéréotypés, caractérisés par des discours sans
vie, pleins d'une psychologie trop simple, débordants de figures de répétition de
toutes sortes, et de termes rares leur donnant un aspect affecté. Toute cette théorie
est sous-tendue par une même idée : celle que les Byzantins n'ont pas su s'affranchir
d'une imitation servile, que le roman grec est de toute façon supérieur et incompar
able.
Or, s'il est assurément vrai qu'il y a, chez les Byzantins, imitation des Grecs,
il n'est pas du tout certain que ce soit pour exprimer les mêmes choses. Autrement
dit, il se peut que les romanciers byzantins cherchent à avoir l'air grec, tout en
Leipzig, 1992 (éd. M. Marcovich) ; pour Constantin Manassès, 0. Mazal (éd.), Der
Roman des Konstantinos Manassès. Überlieferung, Rekonstruktion, Textausgabe
der Fragmente, Wiener Byzantinische Studien IV, Wien, 1967 ; pour Eustathios
Makrembolites et Nicétas Eugénianos, Erotici scriptores, Paris, Firmin-Didot, 1885
(éd. G. Hirschig et P. Le Bas [pour Makrembolites], J. Boissonade [pour Eugénian
os]) ; édition présentant en vis-à-vis le texte grec et une traduction en latin. Seul
Makrembolites est traduit en français sous cette référence : Eumathios (il s'agit du
nom que prend Makrembolites quand il se fait moine, à la fin de sa vie), Les Amours
homonymes [adaptation du titre originel Hysminè et Hysminias], Les Belles Lettres,
Paris, 1991 (trad. F. Meunier) ; c'est cette traduction que nous citons en la
réaménageant parfois. Pour les trois autres textes, nous traduisons.
Cette tradition de réception critique est évoquée par H. Hunger, Die hochsprachl
iche profane Literatur der Byzantiner I, München, 1978 : voir le chapitre
« Roman », dans la section « Die antiken Dichtungsgattungen und ihre Schicksale
in Byzanz », p. 119-141. HOMMES ET DIEUX DANS LES lïKPHRASEIS DES ROMANS BYZANTINS 349
innovant sans en avoir l'air, grâce à des tentatives d'actualisations 3 beaucoup plus
nombreuses, en fait, que ce qu'on a cru jusqu'à présent. Posons donc comme hypo
thèse que des éléments communs appartenant spécifiquement à l'univers antique
- les ekphraseis et leurs personnages - sont repris, réorganisés, redisposés, de
manière à faire appréhender au lecteur un univers beaucoup plus contemporain qu'il
n'y

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