Identité de groupe et rapports sociaux aux Etats-Unis, aux Pays-Bas et en France - article ; n°1 ; vol.49, pg 6-17
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Identité de groupe et rapports sociaux aux Etats-Unis, aux Pays-Bas et en France - article ; n°1 ; vol.49, pg 6-17

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Mots - Année 1996 - Volume 49 - Numéro 1 - Pages 6-17
IDENTITE DE GROUPE ET RAPPORTS SOCIAUX AUX ETATS-UNIS, AUX PAYS-BAS ET EN FRANCE L'auteur compare les concepts ď« identité de groupe » et de « rapports sociaux » aux Etats-Unis, aux Pays-Bas et en France. Entre le rêve américain d'acquisition, l'idéal néerlandais de tolérance et la notion française d'une communauté de citoyens se révèlent les sens divers de l'identité de groupe. Les débats féministes sur l'opposition essentialisme/matérialisme ou essentialisme/constructionisme social permettent d'en illustrer les implications politiques et théoriques.
GROUP IDENTITY AND SOCIAL RELATIONS IN THE UNITED STATES, THE NETHERLANDS AND FRANCE Concepts of « group identity » and « social relations » are examined in the United States, the Netherlands and France. The American dream of acquisition, the Dutch ideal of tolerance and the French idea of citizenry reveal cross-cultural meanings of group identity. Feminist debates between essentialism versus materialism and/or social constructionism illustrate political and theoretical implications.
IDENTIDAD DEL GRUPO Y RELACIONES SOCIALES EN ESTADOS UNIDOS, HOLANDA Y FRANCIA El autor compara los conceptos de « identidad de grupo » y de « relaciones sociales » en Estados Unidos, Holanda y Francia. Entre el sueňo americano de adquisición, el ideal neerlandés de tolerancia y la noción francesa de una comunidad de ciudadanos se evidencian los diversos sentidos de la identidad de grupo. Los debates feministas sobre la oposición esencialismo/materialismo o esencialismo/construccionismo social permiten ilustrar las implicaciones politicas y teóricas.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 21
Langue Français

Extrait

Gail Pheterson
Nicole-Claude Mathieu
Identité de groupe et rapports sociaux aux Etats-Unis, aux Pays-
Bas et en France
In: Mots, décembre 1996, N°49. pp. 6-17.
Resumen
IDENTIDAD DEL GRUPO Y RELACIONES SOCIALES EN ESTADOS UNIDOS, HOLANDA Y FRANCIA El autor compara los
conceptos de « identidad de grupo » y de « relaciones sociales » en Estados Unidos, Holanda y Francia. Entre el sueňo
americano de adquisición, el ideal neerlandés de tolerancia y la noción francesa de una comunidad de ciudadanos se evidencian
los diversos sentidos de la identidad de grupo. Los debates feministas sobre la oposición esencialismo/materialismo o
esencialismo/construccionismo social permiten ilustrar las implicaciones politicas y teóricas.
Abstract
GROUP IDENTITY AND SOCIAL RELATIONS IN THE UNITED STATES, THE NETHERLANDS AND FRANCE Concepts of «
group identity » and « social relations » are examined in the United States, the Netherlands and France. The American dream of
acquisition, the Dutch ideal of tolerance and the French idea of citizenry reveal cross-cultural meanings of group identity. Feminist
debates between essentialism versus materialism and/or social constructionism illustrate political and theoretical implications.
Résumé
IDENTITE DE GROUPE ET RAPPORTS SOCIAUX AUX ETATS-UNIS, AUX PAYS-BAS ET EN FRANCE L'auteur compare les
concepts ď« identité de groupe » et de « rapports sociaux » aux Etats-Unis, aux Pays-Bas et en France. Entre le rêve américain
d'acquisition, l'idéal néerlandais de tolérance et la notion française d'une communauté de citoyens se révèlent les sens divers de
l'identité de groupe. Les débats féministes sur l'opposition essentialisme/matérialisme ou essentialisme/constructionisme social
permettent d'en illustrer les implications politiques et théoriques.
Citer ce document / Cite this document :
Pheterson Gail, Mathieu Nicole-Claude. Identité de groupe et rapports sociaux aux Etats-Unis, aux Pays-Bas et en France. In:
Mots, décembre 1996, N°49. pp. 6-17.
doi : 10.3406/mots.1996.2118
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mots_0243-6450_1996_num_49_1_2118Gail PHETERSO№
Identité de groupe et rapports sociaux
aux Etats-Unis,
aux Pays-Bas et en France1
Les Etats-Unis, les Pays-Bas et la France sont mes trois attaches
culturelles. Née aux Etats-Unis, où j'ai été élevée et où j'ai fait
mes études, je suis partie à 27 ans aux Pays-Bas, où j'ai vécu plus
de dix ans, et je vis maintenant en France depuis plusieurs années.
Ces passages d'une culture à l'autre m'ont rendue de plus en plus
consciente de ce que des concepts utilisés dans un contexte culturel
donné ont une signification tout à fait différente dans un autre. A
titre d'illustration, je présente ici quelques spéculations quant aux
significations interculturelles des concepts d'« identité de groupe»
et de « rapports sociaux », tous deux fondamentaux dans la théorie
politique, et plus particulièrement dans la théorie politique féministe.
J'examinerai d'abord ces concepts dans les cadres culturels
respectifs des Etats-Unis, des Pays-Bas et de la France, puis dans
le contexte de mes propres recherches, et enfin dans le rapport
qu'ils entretiennent avec le débat féministe qu'on peut appeler,
selon la perspective conceptuelle propre à la culture de chacune, le
débat « essentialisme contre matérialisme » ou bien « essentialisme
contre constructionisme social ». Cela afin de souligner que les
cultures ne sont pas statiques ni monolithiques sur le plan concept
uel ; au contraire, les concepts se créent en réponse à d'autres
concepts, dans un contexte de dynamique discursive et souvent de
0 CEDREF, Université Paris 7, 2 Place Jussieu, 75005 Paris.
1. Cet article a été publié en anglais sous le titre « Group Identity and Social
Relations : Divergent Theoretical Conceptions in the United States, the Netherlands,
and France» dans The European Journal of Women's Studies, 1994, vol. 1, p. 257-
264 et dans Lubek Ian, van Hezewijk Rene, Pheterson Gail, Tolman Charles (eds),
Trends and issues in theoretical psychology, New York, Springer, 1995, p. 66-72.
Mots, 49, décembre 96, p. 6 à 17 tension politique. Par exemple, de loin, j'étais convaincue que la
théorie féministe française était profondément essentialiste ; mais,
dès que j'ai vécu en France et que j'ai pu lire le français, j'ai
découvert qu'il existait aussi en France un féminisme matérialiste
radical, école d'analyse bien plus proche de ma propre perspective
théorique que l'école essentialiste française, mieux connue car plus
largement traduite et diffusée. Cette expérience avertit du danger
qu'il y a à prendre des produits théoriques venant de l'étranger
pour culturellement représentatifs avant de les avoir saisis dans leur
contexte socio-historique, souvent conflictuel.
Identité de groupe
Prenons d'abord le concept d'identité de groupe. L'identification
en tant que membre d'un groupe, et particulièrement en tant que
membre d'un groupe social dominé, prend des sens différents aux
Etats-Unis, aux Pays-Bas et en France. Il m'apparait qu'aux Etats-
Unis, la tradition encourage les gens à s'identifier d'abord et avant
tout comme Américains qui, en tant qu'Américains, possèdent des
droits économiques fondamentaux, droits à la terre, au travail, à
l'instruction, aux possibilités de réussir. Lorsque des gens sont trop
privés de pouvoir pour réclamer leur part au niveau individuel, ils
se rassemblent en groupes pour réclamer leurs droits en tant que
représentant une certaine sorte d'Américains. Il est révélateur que
les groupes minoritaires aux Etats-Unis ont commencé à se dénom
mer eux-mêmes Américains africains, Américains asiatiques, Amér
icains mexicains, irlandais, gay, Américains
handicapés, etc. Les qualificatifs définissant la sorte (minoritaire)
d'Américains posent la revendication de droits égaux avec les
Américains (majoritaires) — plus il y a de qualificatifs, plus il y
a de revendications. « Je mérite du travail, une formation, un toit
et un prêt parce que je suis citoyen américain. Et si on m'a refusé
ces droits, raison de plus pour que je sois le prochain de la liste ;
my time has come " mon heure est venue " ». On demandait un
jour à James Baldwin s'il ne s'était pas senti terriblement désavan
tagé lorsqu'il avait fait ses débuts d'écrivain, étant donné qu'il était
noir, pauvre et homosexuel. Il répondit ironiquement : « Oh non,
j'estimais que j'avais gagné le gros lot1». On ne trouverait pas
1. «Oh no, I figured I'd hit the jackpot». Entretien avec Frank Delaney dans
le documentaire de Karen Thorsen, The price of the ticket, 1989, chaîne BBC 1. bizarre aux Etats-Unis d'entendre une personne s'identifier, par
exemple, comme citoyenne du troisième âge, américaine-mexicaine,
ex-alcoolique, mal entendante et lesbienne — description que pro
bablement les Néerlandais trouveraient gênante, et les Français
totalement ridicule. Aux Etats-Unis, de telles identifications sont des
moyens stratégiques pour obtenir reconnaissance et justice1.
Aux Pays-Bas, la tradition est davantage fondée sur des valeurs
humanistes que sur des droits économiques. Depuis deux siècles,
les Néerlandais ont résolu ou évité les conflits inter-groupes en
légitimant la place dans la société de groupes distincts (définis au
début sur une base religieuse), notamment les calvinistes et les
catholiques. La reconnaissance institutionnelle de groupes parallèles
séparés (appelée en néerlandais verzuiling, de zuil « pilier » 2) est
la forme de base d'organisation sociale et politique, la trame de
l'histoire néerlandaise depuis les débuts de la société industrielle.
Dans une société « à piliers », l'identité de groupe n'est pas, comme
aux Etats-Unis, une stratégie dont l'initiative provient de groupes
dominés afin d'acquérir des possibilités économiques ; l'identité de
groupe aux Pays-Bas est une stratégie de la société dominante pour
que coexistent en paix des gens ayant des convictions différentes,
c'est un engagement à la tolérance inter-groupes. En réalité, cette
seg

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