Indonésie - article ; n°1 ; vol.29, pg 53-67
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Description

Archipel - Année 1985 - Volume 29 - Numéro 1 - Pages 53-67
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 8
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marcel Bonneff
Indonésie
In: Archipel. Volume 29, 1985. pp. 53-67.
Citer ce document / Cite this document :
Bonneff Marcel. Indonésie. In: Archipel. Volume 29, 1985. pp. 53-67.
doi : 10.3406/arch.1985.2218
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_1985_num_29_1_2218FAITS ET RÉFÉRENCES
Indonésie
L'islam dans l'histoire indonésienne
Lieu de passage obligé sur la route du Moyen-Orient en Chine, fréquen
tée notamment par les navigateurs arabo-persans, l'Archipel insulindien
se trouve dès les premiers siècles de l'Hégire dans le champ d'expansion
islamique. Toutefois, l'interprétation des rares sources (tant arabes que chi
noises) est si controversée qu'il faut être prudent quant à l'existence sinon
de contacts du moins d'implantations musulmanes avant la seconde moitié
du XIIIe siècle. L'archéologie (tombes) et le témoignage de Marco Polo
datant de 1292 permettent de tenir les petites principautés de Perlak et
de Samudra-Pasai, situées dans la région d'Aceh, pour les premiers «Etats
musulmans» de l'Archipel.
Par ailleurs, si on peut facilement établir que le nord de Sumatra et
les rives du détroit de Malaka sont bien désormais à la source du courant
d'islamisation qui touche une à une les escales du vaste réseau maritime
insulindien - sur lequel transitent notamment le camphre, les épices des
Moluques et le riz de Java - , en revanche beaucoup d'inconnues subsis
tent quant au processus même de la pénétration religieuse. Il faut se gar
der de trancher parmi les hypothèses sur le lieu d'origine des premiers pro
pagateurs (on admet volontiers que le Gujrat et le Bengale ont joué un rôle
* Les quatre notices qui vont suivre ont été initialement rédigées à l'intention du CHEAM
qui préparait un Atlas du Monde musulman. Nous remercions MM. Malécot et Delval, qui
nous ont autorisés à les publier ici. 54
de relais, mais du point de vue de l'antériorité, l'Inde du sud, en particulier
le Pays Tamoul, a certainement une importance encore mal jaugée : en tout
cas, l'identité de rite - le shaféisme - entre cette région et l'Insulinde
ne peut que corroborer d'intéressantes similitudes). Il faut se garder aussi
de tirer des conclusions hâtives sur les motifs de ces propagateurs et sur
le rôle respectif des facteurs économiques et strictement religieux (s'agissait-
il de marchands ou de religieux, peut-être de soufis?), ainsi que sur la façon
dont les autochtones en sont venus à adhérer à la nouvelle foi (rôle des inte
rmariages? conversion du souverain préalable à celle du peuple, ou vice-
versa?). Ces hypothèses cachent souvent des partis pris idéologiques : faire
des Arabes eux-mêmes les premiers propagateurs, et ceci dès les débuts
de l'Hégire (de surcroît, commémorer la date de l'«arrivée de l'Islam dans
le Sud-est asiatique» par un monument érigé à Aceh, comme le projet en
a été récemment formé), ou bien encore occulter le rôle vraisemblable de
Chinois musulmans dans l'islamisation de Java au XIVe siècle, en sont des
exemples par trop patents.
Le «temps fort» de l'expansion islamique dans l'Archipel coïncide avec
l'émergence de puissants sultanats côtiers, entre les XVe et XVIIe siècles,
et leur mainmise sur le commerce. Longtemps Pasai (fondé dès le XIIIe
s.) et Malaka (fondé à la fin du XIVe siècle, et dont le souverain se convert
it sans doute en 1414) sont tantôt rivaux tantôt alliés, aussi bien pour le
monopole du poivre que pour l'oeuvre de prosélytisme. Quand Malaka tombe
aux mains des Portugais (1511), le sultanat d'Aceh à son tour détient et
le flambeau de l'Islam et celui du commerce insulindien, jusqu'au milieu
du XVIIe siècle.
A l'extrémité orientale de l'Archipel, la nouvelle religion est attestée
dès la fin du XVe siècle, à Ternate et à Tidore, mais l'arrivée des Euro
péens (1521) et leur installation notamment à Ambon - où les Hollandais
remplacent les Portugais au début du XVIIe siècle - mettent rapidement
un frein à sa diffusion dans les Moluques au profit du christianisme. En
revanche, sur la route du girofle et de la muscade, il est permis à quelques
bastions, établis dès avant l'arrivée des Européens, de jouer un rôle impor
tant dans la conversion des régions alentour : sultanats de Sukadana, de
Banjarmasin, de Bima, de Makasar...; et, plus au nord, sur les rivages de
la mer de Chine : Brunei, l'archipel des Sulu et la région de Mindanao (XV-
XVIe siècles). Quant au Pasisir, côte nord de Java, où des contacts avec
les marchands musulmans sont attestés dès le XIVe siècle - à l'époque
même de l'apogée du royaume indianisé de Majapahit - elle est ce relais
privilégié où l'Islam prend souche, apparemment sans heurt notable, dans
un contexte religieux déjà profondément marqué par l'Inde : d'abord à l'est
(régions de Tuban, Gresik-Giri et Surabaya), puis dans la partie centrale 55
où Demak devient vers le début du XVIe siècle le premier royaume musul
man de l'île, enfin à l'ouest avec l'apparition des sultanats de Cirebon et
de Banten (XVIe siècle). Dans la première moitié du XVIIe siècle, la con
version gagne l'intérieur de l'île, grâce à l'hégémonie de Mataram, notam
ment sous Sultan Agung (1613-1645); ce souverain renoue avec le modèle
des états hindouisés dont on perd la trace dans les premières années du
XVIe siècle, et il met en oeuvre une vision du pouvoir précipitant une véri
table «javanisation» de l'Islam.
L'Islam triomphant va vers son déclin entre 1650 et 1750, à mesure
que les représentants hollandais de la V.O.C. (Compagnie des Indes orien
tales) parviennent à contrôler les réseaux de commerce, à partir de Bata
via (fondée en 1619) et de Malaka (prise au Portugais en 1641), et à dicter
leur volonté au souverain de Java, dépossédé de la côte nord et obligé, en
1755, de consentir au partage de son royaume (principautés de Surakarta
et de Yogyakarta).
Dans cette entreprise de colonisation, la V.O.C. est relayée au début
du XIXe siècle par l'Etat néerlandais lui-même, mais sur un tout autre pied :
il ne s'agit plus seulement d'assurer le monopole du commerce, et d'appro
visionner régulièrement le marché européen, mais bien de mettre en exploi
tation, voire en coupe réglée (système des «cultures forcées») ce vaste ter
ritoire; notamment les îles autres que Java, où la V.O.C. pouvait jusqu'alors
se contenter de comptoirs. Le gouvernement des Indes néerlandaises impose
peu à peu sa tutelle politique et administrative aux pouvoirs locaux. Du
temps de la V.O.C, l'effort de christianisation avait été à peu près circonsc
rit à quelques îles orientales, plus précisément dans les Moluques; au cours
du XIXe siècle, les sociétés missionnaires (calvinistes et catholiques) peu
vent accentuer leur activité et en étendre le champ à de nombreuses régions,
entre autres celles où l'Islam n'a lui-même que peu ou pas du tout péné
tré : le Pays Batak (Sumatra nord), une partie de Bornéo, les petites îles
de la Sonde, notamment, voient le christianisme développer quelques sol
ides points d'appui; à Java même, les missionnaires prennent le risque
d'affronter directement l'Islam...
Mais les réactions anti-coloniales et anti-européennes se multiplient :
elles vont du simple soulèvement local et sporadique, souvent de caractère
messianique, au conflit militaire d'envergure impliquant toute une région,
telles la guerre des Padri dans la région Minangkabau (1817-1837), la guerre
de Java (révolte du prince Diponegoro : 1825-1830) ou encore la meurtrière
guerre d'Aceh (1873-1914). La plupart du temps, l'intervention hollandaise
radicalise des tensions préalables entre certaines forces conservatrices, qui
se réclament de Yadat (coutume) et auxquelles les Hollandais donnent leur
aval, et des opposants musulmans dont les luttes empruntent à divers cou- 56
rants, comme le mahdisme, le puritanisme wahabite ou le panislamisme vers
la fin du siècle. Dans la diffusion de ces idées, le développement du hajj
et

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