L’activité du point de vue de l’acteur et la question de l intersubjectivité - article ; n°1 ; vol.80, pg 209-234
26 pages
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L’activité du point de vue de l’acteur et la question de l'intersubjectivité - article ; n°1 ; vol.80, pg 209-234

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Description

Communications - Année 2006 - Volume 80 - Numéro 1 - Pages 209-234
La «subcam», caméra miniature fixée à hauteur des yeux, enregistre l’activité en vue subjective. Portée par des volontaires, elle permet d’analyser en détail sur le terrain des phénomènes comme la captation de l’attention, le lien entre déterminants internes et externes du comportement, l’intersubjectivité. On présente ici avec des illustrations empiriques les aspects techniques, méthodologiques, éthiques et théoriques, notamment les stratégies d’analyse, et la question de l’intersubjectivité et du «pacte psychosocial».
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2006
Nombre de lectures 17
Langue Français

Extrait

Saadi Lahlou
L’activité du point de vue de l’acteur et la question de l’intersubjectivité
Huit années d’expériences avec des caméras miniaturisées fixées au front des acteurs (subcams)
Ce papier fait le point après huit années d’exploration avec une tech-nique de recueil permettant d’étudier en détail l’activité des individus en respectant leur point de vue situé : la « subcam », ou caméra subjective. La subcam est une caméra miniature fixée à hauteur des yeux du sujet. Celui-ci filme alors, automatiquement, sa propre activité. Le dispositif produit sous forme de bande vidéo un flux phénoménologique « du point de vue de l’acteur », utile pour repérer les déterminants situés de son activité. Il fournit des traces objectives et des indices pour comprendre sur quoi se porte son attention et reconstruire en détail la séquence de ses mouvements, gestes, prises de parole (et même, avec l’aide du sujet, ses pensées et émotions) et la manière dont ils s’entrelacent avec les objets et les autres acteurs. Un des intérêts de la technique est de fournir des enregistrements de situations « naturelles », où le sujet n’est pas perturbé par la présence d’un observateur extérieur. Elle nous permet aussi de plonger, littérale-ment, dans le tunnel phénoménologique de l’activité située du point de vue de l’acteur, ouvrant ainsi à la recherche des perspectives nouvelles et inespérées sur l’étudeempiriquede l’intersubjectivité – puisqu’on peut enregistrer la même situation avec plusieurs subcams.
Après une introduction qui présente le problème de l’observation située, on décrit le dispositif technique, puis le protocole. Nous exposons ensuite quelques principes d’analyse, donnons des exemples de ce que nous avons pu trouver avec la technique et examinons la notion d’intersubjectivité et celle de « pacte psychosocial ».
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Saadi Lahlou
DE L’UTILITÉ DE FILMER L’ACTIVITÉ DU POINT DE VUE DE L’ACTEUR
Chaque sujet vit dans un tunnel phénoménologique qui correspond à son parcours perceptif et moteur dans le monde au cours de son activité. Dans ce parcours, ses actes sont guidés par ce qu’il perçoit ; réciproque-ment, sa perception est orientée par son activité. Deux sujets plongés dans un même environnement physique se construiront des tunnels phénomé-nologiques différents selon la manière dont ils portent leur regard. Par exemple, deux personnes voyageant dans une même voiture percevront des paysages différents si l’une regarde à droite et l’autre à gauche ; le conducteur ne vit pas le trajet de la même manière que les passagers. Ces tunnels sont sensori-moteurs : l’environnement prend sens pour le sujet dans des boucles de perception-action. Si nous voulons capturer quelque chose de ce parcours phénoménologique, il nous faut donc aussi enregis-trer, en plus des perceptions, les actions du sujet, afin d’obtenir un rendu duvécudu contexte par le sujet aussi proche que possible de son point de vue situé.
L’invention de la subcam répond à un besoin empirique bien précis. À l’époque, nous étudiions l’activité des travailleurs intellectuels dans les bureaux. Notre problématique était de comprendre les mécanismes des micro-décisions des sujets dans l’exécution de leurs tâches quotidiennes, notamment pour éclairer la part respective des représentations et du contexte dans l’activité. Par exemple, pourquoi un sujet interrompt-il une activité pour s’engager dans une autre ? Comme l’a montré Suchman (1987), l’action est située dans un contexte qui entraîne le sujet dans son flux. Dans cette perspective, il est crucial de comprendre sur quoi le sujet focalise son attention à chaque instant. Mais comment, concrètement, saisir ces déterminants situés de l’activité dans une recherche empirique ? Notre recherche sur les travailleurs de bureau était bloquée par l’inca-pacité des méthodes traditionnelles à fournir des données situées et détaillées. Des méthodes classiques comme l’entretien, l’observation par-ticipante, la caméra fixe (Fischler et Lahlou, 1995 ; Conein, Jacopin et Lahlou, 1997), ou même la filature rapprochée (shadowing) (Mintzberg, 1968), ne nous avaient pas fourni de résultats satisfaisants. Ainsi, les données obtenues par une caméra fixe montraient souvent des bureaux vides. Et quand ils étaient occupés, le film montrait souvent le sujet de dos, ou de trop loin, ou encore sa position cachait ce qu’il faisait avec ses mains. De toute façon, on ne pouvait pas reconnaître les documents qu’il 210
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