L avènement de la dynastie carolingienne et les origines de l État pontifical (749-757). Essai sur la chronologie et l interprétation des événements - article ; n°1 ; vol.94, pg 225-295
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L'avènement de la dynastie carolingienne et les origines de l'État pontifical (749-757). Essai sur la chronologie et l'interprétation des événements - article ; n°1 ; vol.94, pg 225-295

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1933 - Volume 94 - Numéro 1 - Pages 225-295
71 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1933
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Léon Levillain
L'avènement de la dynastie carolingienne et les origines de
l'État pontifical (749-757). Essai sur la chronologie et
l'interprétation des événements
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1933, tome 94. pp. 225-295.
Citer ce document / Cite this document :
Levillain Léon. L'avènement de la dynastie carolingienne et les origines de l'État pontifical (749-757). Essai sur la chronologie et
l'interprétation des événements. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1933, tome 94. pp. 225-295.
doi : 10.3406/bec.1933.449028
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1933_num_94_1_449028L'AVÈNEMENT
DE
LA DYNASTIE CAROLINGIENNE
ET LES ORIGINES DE L'ÉTAT PONTIFICAL
(749-757)
Essai sur la chronologie et l'interprétation des événements
A la mort de Thierry IV, en 737, Charles Martel, avait con
tinué de gouverner sans donner de successeur au roi défunt.
Après lui, ses deux fils, Pépin et Carloman, ne purent mainten
ir ce régime découronné plus de seize mois : au Champ de
mars de l'année 743, ils rendirent le trône au Mérovingien
Childéric III 1. Cette restauration prouve qu'il y avait encore
un parti puissant de grands restés fidèles à la dynastie royale,
dont les deux maires du palais désarmèrent l'opposition en
abritant leur pouvoir réel derrière le pouvoir nominal d'un
roi fantôme.
Les deux princes n'eurent pas part égale dans la restaura
tion monarchique : que Carloman ait partagé les sentiments
loyalistes des grands et que Pépin ait eu la main forcée par
son frère, cela ne paraît pas douteux. C'est, en effet, à Carlo-
man que Childéric III fait honneur de son rétablissement sur
le trône 2 ; et quand, trois ou quatre ans plus tard, Carloman
va se faire moine au Mont-Cassin et confie à son frère son fils
1. Sur les dates de l'interrègne, voir Br. Krusch, Chronologïca regum Franco-
rum slirpis Merowingicae, dans les Mon. Germ, hist., in-4°, Scriptores rerum Me-
rovingicarum, t. VII, p. 507.
2. « Hildricus, rex Francorum, viro inclito Karlomanno majore domus, rectori
palatio nostro, qui nobis in solium regni instituit... » Diplôme de Childéric III en
faveur de Stavelot et Malmédy (Pardessus, Diplomata et chartae, t. II, p. 387,
n° 575. — Halkin et Roland, Recueil des chartes de l'abbaye de Stavelot- Malmédy ,
Bruxelles, 1909, in-4°, t. I, p. 43, n° 16).
BIBL. ÉC. CHARTES. 1933 15/ - 226 l'avènement de la dynastie carolingienne
Drohon et la part du royaume qu'il avait gouvernée, le chro
niqueur contemporain Childebrand, frère de Charles Martel,
de qui nous tenons ce dernier détail, écrit dans un raccourci
évocateur : « Par cette succession, Pépin fut affermi dans son
gouvernement, roboratur in regno 1. »
Pépin reconstituait à son profit la puissance paternelle ; il
n'avait plus à compter avec l'opposition d'un égal étayée par
l'opposition légitimiste. Il pouvait reprendre à son compte
les visées ambitieuses de sa famille, attestées dans le passé
par la tentative de Grimoald 2, justifiées par l'omnipotence
d'un Pépin d'Herstal et d'un Charles Martel, à demi réalisées
pendant l'interrègne récent. Les contemporains ne pouvaient
pas s'y tromper. Aussi bien les adversaires de la politique de
Pépin le Bref, faisant flèche de tout bois pour la combattre,
se trouveront-ils bientôt aux côtés de Carloman et du roi des
Lombards, Aistulf.
C'est contre eux que Pépin fut amené à chercher l'alliance
de la papauté et l'appui d'un parti ecclésiastique dont l'an
imateur fut le prêtre Fulrad 3.
Fulrad était le chapelain du maire du palais : la fonction
n'avait pas encore l'importance qu'elle prit dans la suite,
lorsque la chapelle palatine devint l'organisme le plus impor
tant du nouveau gouvernement royal ; néanmoins, par sa s
ituation auprès du prince, par sa valeur personnelle et par
son ambition légitime, Fulrad était appelé à jouer un rôle
considérable, le premier, dans les événements qui aboutirent
à fonder la dynastie carolingienne et l'État pontifical ; il le
1. Chronique de Childebrand, c. 30 ( = 2e Continuation des Chroniques du
Pseudo-Frédégaire) : « Carlomannus devotionis causa inextinctu succensus, re-
gnum una cum fllio suo Drohone manibus germano suo Pippino committens, ad
limina beatorum apostolorum Pétri et Pauli Romain ob monachyrio ordine per-
severaturus advenit. Qua successione Pippinus roboratur in regno. » Édition
Br. Krusch, Mon. Germ, hist., in-4°, Scriptores rerum Merovingicarum, t. II,
p. 181. — Johannes Haller, Die Quellen zur Geschichte der Entstehung des Kir
chenstaates, Leipzig-Berlin, 1907, in-8°, p. 63. Nous citerons, dans la suite, ce
recueil simplement par le nom de son auteur.
2. En 656, Grimoald, écartant du trône d'Austrasie le jsune Dagobert II, fils
de Sigebert III, avait intronisé son propre fils Childebert, qui ne régna que
quelques mois. L. Levillain, La succession a" Austrasie au VIIe siècle, dans la
Revue historique, t. CXII, 1913.
3. Sur ce personnage, voir l'abbé Rapp, Saint Fulrad, abbé de Saint-Denis,
Paris-Strasbourg, 1883, xiv-258 p., et le P. Marc DubrueL Fulrad, abbé de
Saint-Denis, Colmar, 1902, in-12, 157 p. LES ORIGINES DE L'ÉTAT PONTIFICAL 227 ET
joua certainement : puisqu'il fait partie des missions les plus
importantes et que dans chacune d'elles ses collaborateurs
changent, c'est donc bien lui qui, dans toutes, conserve à la
politique de Pépin son unité de vues et son unité d'action.
Les faveurs dont il est comblé par le roi et par le pape
Etienne II témoignent qu'il a tenu ce rôle à la satisfaction de
ceux qui tirèrent tout le profit d'une activité dépensée au
service des deux pouvoirs auxquels l'Occident devait être sou
mis : le spirituel, auquel on assurait des assises temporelles,
et le temporel, auquel on conférait un fondement spirituel.
Lorsque Pépin le Bref estima le moment venu de reléguer
le roi mérovingien dans un couvent et de prendre pour lui la
couronne royale, il envoya Burchard, évêque de Wurzbourg,
et Fulrad, son chapelain, à Rome, pour obtenir du pape Za-
charie l'adhésion du chef de l'Église universelle au change
ment de dynastie.
Selon la version accréditée dans les milieux francs, les né
gociateurs n'auraient eu à soumettre au jugement du pape
qu'une question de principe ; ils auraient demandé au Souver
ain Pontife, « touchant les rois de France qui n'exerçaient
plus le pouvoir royal, s'il était bien ou mal qu'il en fût
ainsi » ; et le pape aurait répondu « qu'il valait mieux appeler
roi celui qui avait le pouvoir que celui qui restait sans pou
voir royal ». Mais l'annaliste, dont nous reproduisons le
témoignage dans toute sa gaucherie, continue : « Pour que
l'ordre ne fût pas profondément troublé, le pape enjoignit
per auctoritatem apostolicam de faire roi Pépin 1. » Burchard et
Fulrad avaient donc dû exposer à Zacharie les craintes qu'un
changement de dynastie ne provoquât une vive opposition
des grands et l'amener à jeter dans la balance l'autorité de
saint Pierre qui avait reçu du Christ et transmis à ses suc
cesseurs le pouvoir de lier et de délier. Aussi, quand le chro
niqueur Ghildebrand veut que la démarche ait été faite
1. Annales regni Francorum : « DCCXLVIIII. Burghardus Wirzeburgensis
episcopus et Folradus capellanus missi fuerunt ad Zachariam papam, interro-
gando de regibus in Francia, qui illis temporibus non habentes regalem potesta-
tem, si bene fuisset an non. Et Zacharias papa mandavit Pippino, ut melius
esset ilium regem vocari qui potestatem haberet, quam illum, qui sine regali po-
testate manebat ; ut non conturbaretur ordo, per auctoritatem apostolicam
jussit Pippinum regem fieri. » Édition Fr. Kurze, dans les Scriptores rerum Ger-
manicarum. Hanovre, 1895, in-8°, p. 8. l'avènement de la dynastie carolingienne 228
auprès du pape « sur le conseil et du consentement de tous
les Francs a1, est-il permis de penser que le pape avait, en dé
finitive, été pris comme arbitre par les partisans de la révo
lution dynastique et par ceux qui voyaient d'un mauvais
œil la substitution au Mérovingien d'un prince qui n'était

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