L’enseignement des sciences physiques : naissance d’un corps professoral (fin XVIIIe-fin XIXe siècle) - article ; n°1 ; vol.73, pg 49-85
38 pages
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L’enseignement des sciences physiques : naissance d’un corps professoral (fin XVIIIe-fin XIXe siècle) - article ; n°1 ; vol.73, pg 49-85

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Description

Histoire de l'éducation - Année 1997 - Volume 73 - Numéro 1 - Pages 49-85
37 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Mme Claudette Balpe
L’enseignement des sciences physiques : naissance d’un corps
professoral (fin XVIIIe-fin XIXe siècle)
In: Histoire de l'éducation, N. 73, 1997. pp. 49-85.
Citer ce document / Cite this document :
Balpe Claudette. L’enseignement des sciences physiques : naissance d’un corps professoral (fin XVIIIe-fin XIXe siècle). In:
Histoire de l'éducation, N. 73, 1997. pp. 49-85.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hedu_0221-6280_1997_num_73_1_2871L'ENSEIGNEMENT DES SCIENCES PHYSIQUES :
naissance d'un corps professoral
(fin XVIIIe -fin XIXe siècle)
par Claudette BALPE
L'histoire de l'enseignement secondaire scientifique, jusqu'alors
négligée au profit des enseignements littéraires, commence depuis
peu à attirer l'attention. Les premiers travaux qui lui ont été consacrés
ont montré que l'apparition d'un enseignement scientifique répondait
à des besoins culturels et sociaux dont les organisateurs de l'ense
ignement secondaire avaient tenu compte dans les différentes réfor
mes qui ont jalonné son histoire durant les XIXe et XXe siècles. Ces
objectifs ressortent très clairement des textes officiels qui ont accom
pagné leur action : textes réglementaires, programmes ou plans
d'études.
Mais l'historien des disciplines sait bien que la genèse d'un ense
ignement relève également du rôle joué par les acteurs de cet ensei
gnement, c'est-à-dire, les professeurs eux-mêmes. Les intérêts intel
lectuels et matériels qui sont les leurs, les valeurs individuelles ou
collectives qui les animent, les rapports qu'ils entretiennent avec leur
discipline ou celles de leurs collègues, les positions qu'ils occupent
ou qu'ils aspirent à occuper dans le champ de la profession ou sur le
marché des emplois, sont constitutifs de l'affirmation d'un groupe
professionnel ; nous nous proposons de mettre en évidence et d'analy
ser l'émergence de l'identité des professeurs de sciences physiques
au cours du XIXe siècle, en montrant comment elle a contribué à leur
disciplinarisation, à la fin de cette période.
I. DES COLLEGES AUX ECOLES CENTRALES
1. Logiciens, apothicaires et médecins
Dans les collèges de l'Ancien Régime, l'enseignement de la phy
sique fait partie de la philosophie. Le professeur, généralement
nommé régent de logique, alterne chaque année le cours de
logique avec celui de physique, sauf quand la chaire est dédoublée : le
Histoire de l'éducation - n° 73, janvier 1997
Service d'histoire de l'éducation
I.N.R.P. - 29, rue d'Ulm - 75005 Paris 50 Claudette BALPE
professeur - que l'on nomme alors « physicien » - est chargé spécia
lement de la physique. Il enseigne en latin, menant une réflexion sur
la nature et le système du monde afin d'armer théoriquement l'étu
diant en physique, qui, généralement, envisage d'étudier la théologie.
Vers la fin du XVIIe siècle, alors que l'usage du français inter
vient dans les classes, le professeur adopte pour son cours, une
méthode proche de la méthode scolastique : il présente les théories
des philosophes sur un sujet donné et mène alors une discussion où
s'affrontent réfutation ou acceptation. À l'instar de la Physique
d'Aristote, la trame de la présentation reprend les deux parties : phy
sique générale et physique particulière (1). Finalement, qu'il s'agisse
des contenus ou des méthodes, le professeur dispense une philosophie
naturelle ou « des systèmes », procédant ainsi de la
démarche philosophique, la seule qui lui soit familière.
Au cours du XVIIIe siècle, à côté de la physique des collèges, se
développe un nouvel enseignement qui passionne un public de plus
en plus nombreux : la physique expérimentale éveille la curiosité et
fait l'objet d'une vulgarisation à succès. Portée par l'audience de
l'abbé Nollet (2), la nouvelle méthode repose sur l'utilisation des
machines (3) ou d'instruments tel le thermomètre, pour démontrer les
faits et prouver ses affirmations. Quelques rares professeurs de col
lèges s'intéressent peu à peu à cette présentation de la physique. Ils se
forgent progressivement une compétence et publient des ouvrages
spécialisés (4). Par leur conduite, ces professeurs plaident en faveur
de la nouvelle physique expérimentale et permettent à la théorie new-
tonienne de s'imposer. Leur rôle dans le changement d'image de la
physique est alors déterminant : dans certains collèges, l'intérêt pour
les expériences devient suffisamment vif pour que les plus spectacul
aires d'entre elles soient présentées au cours de séances publiques
(1) La physique générale étudie les propriétés des corps et de la matière; la phy
sique particulière comprend l'étude de la mécanique, hydrostatique, optique, du sys
tème du monde, et des quatre éléments terrestres.
(2) On lui doit d'avoir assuré la promotion en français de la physique expériment
ale. Soutenu par le roi, il fut le maître de physique et d'histoire naturelle des enfants de
France, qui, pour le remercier, créera pour lui la chaire royale de
ale du collège de Navarre, première chaire de physique expérimentale dans les col
lèges. Ses deux principaux ouvrages sont : Programme ou idée générale d'un cours de
physique expérimentale (1738) et les Leçons de physique en 6 tomes.
(3) Il s'agit de machines simples telles le treuil plan incliné... pour l'étude de la
statique ; de pompe à feu pour l'étude de la chaleur ; de machines à faire le vide, etc.
(4) Pierre Polinière : Expériences de physique, 1709; père Castel : Traité de la
physique sur la pesanteur universelle, 1724; père Paulian : Dictionnaire de physique,
Avignon, 1758. Les enseignants de sciences physiques 5 1
spéciales ou à l'occasion d'exercices ou de thèses. De telles manifest
ations préparent les esprits à la séparation des enseignements de phy
sique et de philosophie.
D'un autre côté, dès le début du XVIIIe siècle, des cours publics
de chimie se développent. Avec l'intérêt pour l'extraction ou la trans
formation de composés, l'étude scientifique des corps succède aux
recettes des alchimistes jusqu'alors jalousement gardées. Une pléiade
de curieux, bourgeois, grands seigneurs, apothicaires, médecins...
installent chez eux des laboratoires pour suivre ou répéter les expé
riences que certains chercheurs ont pu mener dans des installations
qui leur avaient été prêtées (1). Certains, bien que ne participant pas à
la recherche, s'y intéressent et suivent attentivement l'évolution
scientifique tout en se consacrant à son enseignement. Dans cette
variété de préoccupations, les apothicaires et les médecins se distin
guent par l'intérêt particulier qu'ils portent à la chimie, l'emploi des
médicaments d'origine chimique devenant à la mode. Un grand
nombre d'entre eux - dont certains mèneront aussi d'importantes
recherches - s'illustrent dans la vulgarisation de la chimie, en don
nant des cours publics. Cet enseignement de la chimie est alors donné
séparément de la physique académique : tandis que les régents des
collèges se limitent à l'enseignement d'une physique présentée
comme philosophie naturelle, médecins et apothicaires vulgarisent
activement la chimie à partir d'expériences (2). On peut dire qu'à la
veille de la Révolution, les cours de chimie ne font pas partie d'un
enseignement organisé et structuré au service d'un réseau d'établisse
ments scolaires. Ceux qui la diffusent sont d'abord médecins, apothi
caires, et non professionnels de l'enseignement.
Si l'on compare les nouveaux cours publics de physique expéri
mentale et ceux de chimie, une particularité commune les rassemble :
l'expérience - promue aussi bien dans les cours publics de chimie
(1) « Le comte de la Tour d'Auvergne prête à Lavoisier, Macquer, Cadet, Bris-
son, le grand verre ardent (miroir concave servant de source de chaleur en focalisant les
rayons du soleil) qu'il possède; Trudaine de Montigny met à la disposition de Lavois
ier et d'autres savants, le laboratoire

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