L Entrée en Espagne, chanson de geste inédite renfermée dans un manuscrit de la bibliothèque de Saint-Marc à Venise. - article ; n°1 ; vol.19, pg 217-270
55 pages
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L'Entrée en Espagne, chanson de geste inédite renfermée dans un manuscrit de la bibliothèque de Saint-Marc à Venise. - article ; n°1 ; vol.19, pg 217-270

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1858 - Volume 19 - Numéro 1 - Pages 217-270
54 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1858
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Léon Gautier
L'Entrée en Espagne, chanson de geste inédite renfermée dans
un manuscrit de la bibliothèque de Saint-Marc à Venise.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1858, tome 19. pp. 217-270.
Citer ce document / Cite this document :
Gautier Léon. L'Entrée en Espagne, chanson de geste inédite renfermée dans un manuscrit de la bibliothèque de Saint-Marc à
Venise. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1858, tome 19. pp. 217-270.
doi : 10.3406/bec.1858.445570
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1858_num_19_1_445570L'ENTRÉE EN ESPAGNE,
CHANSON DE GESTE INÉDITE
RENFERMÉE DANS UN MANUSCRIT DE LA BIBLIOTHÈQUE DE S. .МАИС A VENISE.
I
On a écrit l'histoire de la littérature française à V étranger
depuis le commencement du dix-septième siècle A , et l'Académie
française a montré quelle estime elle faisait d'un travail aussi
original en décernant un prix à son auteur. C'est sans doute
une grande et noble tâche que de faire connaître ou d'éclairer
plus complètement les curieuses figures de ces étrangers qui ont
subi l'influence de nos idées et les ont exprimées dans notre
langue. Mais le travail de M. Sayous ne s'applique qu'aux deux
derniers siècles. Qui donc écrira l'histoire de notre littérature à
l'étranger depuis les origines même de cette littérature ? Voilà un
digne sujet que nous devrions bien ne pas abandonner à l'All
emagne, comme lui avons déjà abandonné le soin de publier
les monuments de notre poésie nationale ! Ce qu'il faut étudier,
ce qu'il faut faire enfin comprendre de tous, c'est l'influence li
ttéraire de la France s'exerçant victorieusement, il y a huit siècles
et plus, dans toute l'Europe chrétienne! Ce qu'il faut mont
rer , ce sont toutes les nations néo-latines penchées vers la
France et occupées à imiter tout ce qu'elle veut bien inventer
en architecture, en littérature, en poésie surtout! Que de "fois
n'a- 1- on pas répété déjà le texte trop fameux de Brunetto La-
tini? Sans doute ce texte est glorieux pour la France, et je com
prends que des Français s'y complaisent; mais ils ont bien d'au
tres sujets de fierté. Est-ce que les gestes de France, traitées
d'abord dans nos légendes latines, puis versifiées par nos trou-
i. Histoire, de la littérature française à l 'étranger depuis le commencement
du XVI Г siècle, par Л. Sayous, ouvrage couronne par l'Académie française. (Librai
rie protestante de J. Clierbuliez, Paris et Genève.)
VI. (Quatrième série) I ;3 •218
vères et nos troubadours n'ont pas été un sujet de prédilection
pour les poëtes anglais, allemands et italiens? Est-ce que nous
n'avons pas rajeuni, en les touchant, les légendes de la Table-
Ronde, et un pareil rajeunissement peut-il s'appeler une imita
tion? Est-ce qu'enfin les romans de Bretagne ne sont pas tout
aussi nôtres que ceux de France et de Homme la grant ! Est-ce
qu'on n'a pas imité partout, dans cette Allemagne, si nationale
pourtant, et dans cette Italie, si orgueilleuse de son originalité
littéraire, est-ce qu'on n'a pas imité presque servilement jusqu'à
la forme même des chansons de nos poëtes lyriques du nord et
du. midi? Aujourd'hui encore le voyageur ne voit-il pas vendre
aux portes des églises italiennes, comme aux portes des églises
de la Bohême, d'informes petits poèmes, mais qui portent les
titres populaires de nos romans, les noms glorieux de nos
héros carlovingiens? Si loin que vous alliez, l'influence française
y a passé plusieurs siècles avant vous, et c'est là la grande
gloire littéraire de la France.
Mais on n'a pas seulement imité et traduit les romans français
dans toutes les langues romanes et germaniques. Des étrangers
ont écrit en français des romans dont le sujet était français : ils
ont senti qu'ils ne seraient pas complètement populaires en Eu
rope si, après nous avoir emprunté ces sujets, ils ne nous pre
naient aussi notre langue. Us l'ont défigurée, c'est vrai ; mais
enfin ils s'en sont servis, et les preuves nous en restent. Chose
étonnante! elles abondent surtout en Italie, dans le pays qui
conteste avec le plus de dédain l'influence de notre littérature.
Les Italiens se sont chargés du soin de nous justifier, et conser
vent précieusement dans leurs bibliothèques des ouvrages qui
condamnent leurs prétentions, des poèmes écrits en français par
des Italiens, et cela, du vivant de leur Dante, aux treizième et
quatorzième siècles ! Si national donc, si légitime que soit leur
désir de prouver que nous sommes leurs débiteurs dans la
poésie comme dans l'art, il faudra qu'ils le modèrent en lisant
ces poëmes, et qu'ils confessent que, si plus tard, nous avons
ressenti leur glorieuse influence, ils ont humblement commencé
par accepter la nôtre.
Parmi ces compositions poétiques dont M. Guessard, a fait
connaître dernièrement une des plus curieuses ! , conservée à
1. Bibliothèque de V École des Chartes, numéro de juillet-août 1857. 219
Venise, à la bibliothèque de Saint-Marc, je dois signaler en pre
mière ligne celle dont je vais donner l'analyse et qui est ren
fermée dans un manuscrit de la même bibliothèque.
Le manuscrit dont il s'agit porte parmi les manuscrits fran
çais le n° XXI. C'est un in-folio de trois cent quatre feuillets,
qui se trouve dans un bon état de conservation. L'écriture est
du quatorzième siècle; les miniatures sont très-nombreuses et
placées le plus souvent au bas des pages. Le style assez large de
ces miniatures et les caractères de l'écriture démontrent égal
ement que le manuscrit a été exécuté en Italie, mais il semble
qu'il n'est pas l'œuvre d'un seul scribe, et je signalerai en par
ticulier au fol. 229 r°, vers 1 1, un notable changement de main.
.On avait commencé à corriger la langue du poéme, comme il
est facile de s'en- convaincre aux folios 1 v°, 2 r° et v°, mais on
n'a pas achevé ce travail. Enfin au fol, t r°, une main moderne
a écrit : Romanzo de Carlomagno.
Les vers sont au nombre d'environ 20,000. Dans ses cou
plets monorimes, l'auteur a tantôt employé l'alexandrin , tantôt
levers de dix syllabes, il va plus loin et ne se gène pas pour
mêler, dans un même couplet, ces deux espèces de vers. C'est
une négligence que peu de nos trouvères se spnt permise.
Que ce roman ait été non-seulement écrit, mais encore com
posé au quatorzième siècle, tout concourt à le prouver : la
langue d'abord, où à travers mille italianismes on reconnaît les
caractères du français de cette époque; puis la longueur du
poëme et la prolixité du poêle, qui ne se contente plus de l'aff
abulation primitive des romans de France, niais qui invente de
nouveaux épisodes, qui tâche d'intercaler partout où il y a
place ses propres imaginations, et qui délaye celles de l'ancien
poete; eníin les digressions morales et les allusions fréquentes
aux poëmes de la Table Ronde et notamment an Saint-Graal,
allusions qui n'existent pas dans les romans originaux. Tous
ces caractères se retrouvent dans le Charlemagne que Girard
d'Amiens compila en France au commencement du quator
zième siècle. Notre poëme italien est sûrement de la même
époque, mais sa composition a-t-elle ou non précédé la première
publication des RealiP Nous sommes pour l'affirmative.
Quel est l'auteur de ce vaste poëme? On sait que pour bon
nombre de chansons de geste il serait plus qu'indiscret de poser
cette question. Mais ici l'auteur a été amené à nous dire sa
15. 220
patrie et son nom, par cette vanité littéraire qui commençait
alors à pousser dans les cerveaux des gens de lettres. Notre
poëte était donc de Padoue, dans la marche de Trcvii-e : il nous
l'apprend au fol. 214 de notre manuscrit :
Mon 110m vos non dirai, mai sui Patavian,
De la citez qe fist Antenor le Troian 1 ,
En la joiose marche del cortois Trevixan,
Près la mer^ à .X. lieues, о il est plus prosan.
Malgré la modestie qui l'emp

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