L'État religieux du diocèse de Paris au milieu du XIXe siècle. Réflexions du vicaire général Meignan - article ; n°4 ; vol.17, pg 725-744

Jacques-Olivier Boudon

Description

Histoire, économie et société - Année 1998 - Volume 17 - Numéro 4 - Pages 725-744
Abstract Following pastoral visits, carried out in nine parishes of the Seine between 1864 and 1865 by the abbé Meignan, vicar-general of Paris, the religious situation in the ddiocese appears even more depressed than Canon Boulard thought. Meignan' s abbé conclusions challenge the value of indications concerning Easter Communions given by thee priests. According to his analysis, the rate of communicants scarcely exceeded 5 % for the whole of the diocese. At the same time, he discerns the emergence of a new type of catholic, reticent as regard the sacraments, but continuing to attend the churches occasionally.
Résumé À partir des visites pastorales conduites, entre 1864 et 1865, dans neuf paroisses de la Seine par l'abbé Meignan, vicaire général de Paris, l'état religieux du diocèse apparaît encore plus déprimé que ne le pensait le chanoine Boulard. Les réflexions de l'abbé Meignan remettent en cause la valeur des indications de communions pascales données par les curés. Selon ses analyses, le taux de pascalisants ne dépasserait guère les 5 % pour l'ensemble du diocèse. Il perçoit en même temps l'émergence d'un nouveau type de catholique, réticent face aux sacrements, mais qui continue de fréquenter occasionnellement les églises.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: HISTOIRE-_ECONOMIE_ET_SOCIETE
• Publié le: 01 janvier 1998
• Nombre de lectures: 15
• Langue: Français
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Extrait

Jacques-Olivier Boudon
L'État religieux du diocèse de Paris au milieu du XIXe siècle.
Réflexions du vicaire général Meignan
In: Histoire, économie et société. 1998, 17e année, n°4. pp. 725-744.
Résumé À partir des visites pastorales conduites, entre 1864 et 1865, dans neuf paroisses de la Seine par l'abbé Meignan,
vicaire général de Paris, l'état religieux du diocèse apparaît encore plus déprimé que ne le pensait le chanoine Boulard. Les
réflexions de l'abbé Meignan remettent en cause la valeur des indications de communions pascales données par les curés.
Selon ses analyses, le taux de pascalisants ne dépasserait guère les 5 % pour l'ensemble du diocèse. Il perçoit en même temps
l'émergence d'un nouveau type de catholique, réticent face aux sacrements, mais qui continue de fréquenter occasionnellement
les églises.
Abstract Following pastoral visits, carried out in nine parishes of the Seine between 1864 and 1865 by the abbé Meignan, vicar-
general of Paris, the religious situation in the ddiocese appears even more depressed than Canon Boulard thought. Meignan' s
abbé conclusions challenge the value of indications concerning Easter Communions given by thee priests. According to his
analysis, the rate of communicants scarcely exceeded 5 % for the whole of the diocese. At the same time, he discerns the
emergence of a new type of catholic, reticent as regard the sacraments, but continuing to attend the churches occasionally.
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Boudon Jacques-Olivier. L'État religieux du diocèse de Paris au milieu du XIXe siècle. Réflexions du vicaire général Meignan.
In: Histoire, économie et société. 1998, 17e année, n°4. pp. 725-744.
doi : 10.3406/hes.1998.2010
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1998_num_17_4_2010L'ÉTAT RELIGIEUX DU DIOCÈSE DE PARIS
AU MILIEU DU XIXe SIÈCLE.
RÉFLEXIONS DU VICAIRE GÉNÉRAL MEIGNAN
par Jacques-Olivier BOUDON
Résumé
À partir des visites pastorales conduites, entre 1864 et 1865, dans neuf paroisses de la Seine
par l'abbé Meignan, vicaire général de Paris, l'état religieux du diocèse apparaît encore plus
déprimé que ne le pensait le chanoine Boulard. Les réflexions de l'abbé Meignan remettent en
cause la valeur des indications de communions pascales données par les curés. Selon ses ana
lyses, le taux de pascalisants ne dépasserait guère les 5 % pour l'ensemble du diocèse. Il perçoit
en même temps l'émergence d'un nouveau type de catholique, réticent face aux sacrements,
mais qui continue de fréquenter occasionnellement les églises.
Abstract
Following pastoral visits, carried out in nine parishes of the Seine between 1864 and 1865
by the abbé Meignan, vicar-general of Paris, the religious situation in the ddiocese appears
even more depressed than Canon Boulard thought. Meignan' s abbé conclusions challenge the
value of indications concerning Easter Communions given by thee priests. According to his
analysis, the rate of communicants scarcely exceeded 5 % for the whole of the diocese. At the
same time, he discerns the emergence of a new type of catholic, reticent as regard the sacra
ments, but continuing to attend the churches occasionally.
L'importance des visites pastorales pour la connaissance du peuple chrétien
n'est plus à démontrer. Pour l'histoire religieuse du XIXe siècle, les comptes
rendus de ces visites ont servi de base à bien des études sur la vie religieuse,
que ce soit dans le diocèse d'Orléans l, d'Arras 2, de Nantes 3 ou de Rouen 4.
L'effort des évêques pour connaître leur diocèse est donc indéniable, surtout
dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Le de Paris n'échappe pas à
la règle et à partir des années 1850, les visites pastorales s'y multiplient.
1. Christiane Marcilhacy, Le diocèse d'Orléans sous l'épiscopat de Mgr Dupanloup (1849-1878).
Sociologie religieuse et mentalités collectives, Paris, Pion, 1962, 593 p.
2. Yves-Marie Hilaire, Une chrétienté au XIXe siècle. La vie religieuse des populations du diocèse
d'Arras (1840-1914), Lille, Publications de l'Université de Lille-III, 2 t., 1017 p.
3. Marcel Launay, Le diocèse de Nantes sous le Second Empire, Nantes, C.I.D., 1982, 2 t., 980 p.
4. Voir Nadine- Josette Chaline et André Fouré, Hier une chrétienté? Les archevêques de Rouen visi
tent leur diocèse, Rouen, 1978.
HES 1998 (17e année, n° 4) 726 Histoire Économie et Société
Mgr Sibour, archevêque de Paris depuis 1848 5, relance en effet, à partir de
1856, les visites archidiaconales, quelque peu tombées en désuétude dans le dio
cèse 6. Toutefois les comptes rendus de ces visites sont souvent décevants, pré
cisément dans ces années 1850, parce que le questionnaire proposé, selon un
modèle adopté par Mgr Sibour, prend peu en compte la réalité du comporte
ment religieux des populations. Le questionnement est statique ; il demande de
décrire les structures de la paroisse (institutions, œuvres et confréries, organi
sation des cérémonies, état de l'église et du presbytère), sans s'intéresser
aucunement aux paroissiens eux-mêmes, si bien que l'on ne peut pas en tirer
grand chose sur la vie religieuse, d'autant mieux que les commentaires des
curés sont extrêmement rares 7.
En revanche, le questionnaire élaboré par Mgr Darboy, devenu archevêque
de Paris en 1863, se fait plus précis 8. Pour la première fois par exemple, il
s'interroge sur le nombre de communions pascales. De plus, il lance une grande
campagne de visites pastorales à partir de 1864 9. Elles sont effectuées par les
trois vicaires généraux du diocèse. Ces derniers se rendent dans 44 paroisses,
entre le printemps 1864 et le printemps 1865. Les résultats de ces visites sont
variables, parce que les comptes rendus sont plus ou moins développés 10. Les
plus intéressants sont ceux qui comportent, outre des données chiffrées, des
éléments d'appréciation sur la paroisse. Mais ces comptes rendus sont parfois
rapides lorsque le vicaire général se contente d'adresser à l'archevêque de Paris
le questionnaire rempli par le curé, sans y ajouter la moindre note personnelle.
5. Né en 1792, évêque de Digne en 1839, Mgr Sibour a succédé à Mgr Affre sur le siège de Paris, en
raison essentiellement de ses opinions républicaines. Voir M. Poujoulat, Vie de Mgr Sibour, archevêque de
Paris. Ses œuvres, sa mort, Paris, E. Repos, 1 857, XVI-408 p. ; Mark A. Gabert, « Bishop avant tout : archSibour' s betrayal of the Second Republic », The Catholic Historical Review, vol. LXIV, juillet 1978, bishop
n° 3, p. 337-356; Jean Manceau, Mgr Marie-Dominique-Auguste Sibour, archevêque de Paris (1848-1857),
Paris, Beauchesne, 1987, 388 p.
6. Mandement de Monseigneur l'archevêque de Paris sur la nouvelle circonscription des paroisses,
30 janvier 1 856, dans Mgr Sibour, Mandements, Lettres et Instructions pastorales de Monseigneur Sibour,
archevêque de Paris, Paris, A. Le Clère, t. 2, Depuis 1853 jusques et y compris 1856, 1857.
7. Il est vrai que, dans le même temps, l'archevêque a lancé une vaste enquête auprès des curés, en leur
adressant directement, en mars 1854, un questionnaire sur l'état religieux de leur paroisse. Seulement, les
curés répondent sans le contrôle d'un vicaire général. Cette enquête reste cependant un document essentiel
à la connaissance du diocèse. Elle a été utilisée par Fernand Boulard (sous la direction de), Matériaux pour
l'histoire religieuse du peuple français XIXe-XXe siècles, 3 t. parus, Paris, Éd. de l'E.H.E.S.S., Presses de la
F.N.S.P. et Éd. du C.N.R.S., 1982, t. 1, 635 p., p. 196-7 et 542.
8. Né en 1813, évêque de Nancy depuis 1859, Mgr Darboy succède au cardinal Morlot en 1863. Le
nouvel archevêque connaît très bien le diocèse de Paris puisque, avant de devenir évêque, il a été le colla
borateur de Mgr Sibour et du cardinal Morlot. Il avait notamment été chargé d'une vaste enquête sur le dio
cèse, destinée à rédiger le rapport adressé par Mgr Sibour au pape lors de sa visite à Rome en 1854. Cette
enquête où se décèle déjà le souci de mesurer l'état religieux du diocèse, a été publié sous le titre Statis
tique religieuse du diocèse de Paris