L hétérogénéité dans un discours scientifique français et brésilien : un effet persuasif - article ; n°105 ; vol.26, pg 76-86
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L'hétérogénéité dans un discours scientifique français et brésilien : un effet persuasif - article ; n°105 ; vol.26, pg 76-86

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Description

Langages - Année 1992 - Volume 26 - Numéro 105 - Pages 76-86
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 35
Langue Français

Extrait

Maria José Rodriguez Faria
Coracini
L'hétérogénéité dans un discours scientifique français et
brésilien : un effet persuasif
In: Langages, 26e année, n°105, 1992. pp. 76-86.
Citer ce document / Cite this document :
Coracini Maria José Rodriguez Faria. L'hétérogénéité dans un discours scientifique français et brésilien : un effet persuasif. In:
Langages, 26e année, n°105, 1992. pp. 76-86.
doi : 10.3406/lgge.1992.1625
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1992_num_26_105_1625Maria José RODRIGUES PARIA CORACINI
Pontificia Universidade Católica de Sào Paulo — Brésil
L'HÉTÉROGÉNÉITÉ DANS LE DISCOURS SCIENTIFIQUE
FRANÇAIS ET BRÉSILIEN : UN EFFET PERSUASIF
« Tout texte se construit comme une mosaïque
de citations, tout texte est absorption et trans
formation d'autres textes. » (M. Bakhtine)
Résultat d'une recherche sur le discours de comptes rendus d'expériences scien
tifiques, aussi bien en français qu'en brésilien, cet article veut répondre à deux
questions principales, tout en s'appuyant sur des exemples précis. La première
question concerne l'existence — ou non — de variables discursives en termes
d'ethnographie de la communication au sein d'une production scientifique primaire.
La seconde repose sur le sujet même de cet article à savoir si l'hétérogénéité qui entre
dans la constitution même de tout discours et qui se fait explicitement présente dans
le cas du discours scientifique (respectivement hétérogénéité constitutive et montrée,
cf. Authier-Revuz : 1982) ne jouerait pas aussi un rôle strictement scientifique, dans
le sens d'une référence indispensable au savoir établi — ou tenu pour tel — préalable.
Pour développer les questions posées ci-dessus on se servira d'un corpus constitué
de 35 articles issus de revues brésiliennes et de 35 de revues françaises, spécialisées
dans le domaine des biosciences.
1. Avant d'entrer dans le sujet principal de cet article, il serait intéressant (car on
y fera appel plus tard) de considérer l'organisation macro-discursive, c'est-à-dire
comment les articles scientifiques analysés se présentent à la surface du texte.
Apparemment on utilise les « sections » suivantes : introduction, matériel et méthod
es, résultats, discussion et/ou conclusion (et cela aussi bien dans le corpus В que dans
le corpus F).
Cependant, de façon implicite, on pourrait avancer que sous cette structure
apparente en existe une autre où deux textes se chevauchent — l'un que l'on peut
appeler texte englobant et l'autre dit texte englobé. Au premier correspondrait le texte
en soi qui se propose de convaincre l'interlocuteur (imaginé) de la valeur scientifique
de la recherche rapportée : l'introduction, essayant de faire le point sur la « littéra
ture » précédente, la discussion, présentant une série d'arguments en faveur de la
méthode utilisée ou des résultats obtenus, ainsi que la conclusion et tous les
commentaires se trouvant éparpillés dans le texte. Au second, la partie « Matériel et
Méthodes » où le locuteur (L) fait le compte rendu de l'expérience proprement dite,
ainsi que toute référence à la recherche (moment, lieu, procédures...). Il est évident,
d'après ce qui vient d'être dit, que le second texte, plutôt narratif, serait entièrement
dépendant du premier, de façon que les deux textes n'en constitueraient qu'un seul,
argumentatif et par là persuasif.
76 Si l'on définit « hétérogénéité » comme la présence d'une multitude de textes 2.
qui entrent dans la constitution même du discours et par là comme une multitude de
voix, de sujets responsables de chaque texte, nous pouvons considérer la présence de
Г autre à trois niveaux :
a) l'autre-1 : qui a pour origine les relations entre les individus, composant
socio-culturel responsable des concepts partagés, des modèles institutionnalisés, des
consensus établis dans et par la pratique sociale. Cet « autre » intervient fortement
dans les pratiques discursives et dans la formation des instances énonciatives, à
travers les expériences de vie et les concepts qu'ils partagent en tant que membres
d'une communauté interprétative (cf. Fish 1980). En somme, il entre dans la
constitution même du «je », c'est-à-dire du locuteur (L) qui, selon Ducrot, prendrait
la responsabilité du dire, de façon explicite ou implicite.
b) l'autre-2 : correspond à l'interlocuteur idéalisé par le locuteur (L) et, d'une
certaine façon, crée le moment même de l'acte langagier. De cette relation d'interlo-
cution résulte le type de discours et les stratégies discursives. Par exemple, L
incorpore à son dire les représentations qu'il imagine comme étant celles de son
interlocuteur, pour l'atteindre ainsi avec plus d'efficacité. C'est d'ailleurs à l'intérieur
même des relations d'interlocution que se trouve déterminée la typologie. Cela
implique que ce n'est pas le type de discours qui détermine a priori le rapport entre
les instances énonciatives, mais le rapport de celles-ci, dans un cadre situationnel
donné, ancré dans le temps et dans l'espace, qui déterminerait le type de discours et
les stratégies à mettre en œuvre.
c) Pautre-3 : englobant ici les autres productions à l'intérieur d'un univers
discursif donné ou entre univers discursifs différents avec lesquels L se met en relation
par ressemblance dans les propriétés qui les constituent ou dont il prend ses distances
dans le désir de les critiquer ou d'en détruire les arguments.
Accepter, enfin, la présence de l'autre dans la construction même du discours, c'est
accepter l'existence de l'intersubjectivité (subjectivité partagée) comme composant
de l'activité de production et d'interprétation. C'est accepter la présence du convent
ionnel dans le langage, résultant des relations et des contrats sociaux. On en conclut
qu'aucun texte ne serait œuvre d'un seul individu, mais le produit de l'entrecrois
ement d'expériences et d'idéologies qui présupposent la présence active et effective de
l'autre. On désignera l'autre-3 par L' (autres énonciateurs) à la suite de Ducrot (1984).
2.1 Tout d'abord, nous aurons affaire à l'autre-1 (L), responsable du dire, ses
formes de manifestation ou d'effacement de la trame discursive aussi bien dans le
corpus В que dans le corpus F. Parmi ces formes, on compte les temps verbaux et la
personne grammaticale, la modalité.
On abordera tout d'abord les temps verbaux qui, selon Benveniste, déterminent,
en co-occurrence avec la personne, le type de texte : histoire ou discours, le premier
entièrement écarté de la situation d'énonciation (texte objectif), le second, montrant
un engagement plus fort de la part du sujet énonciateur (texte subjectif). On sait que
Weinrich (1973), suivant en quelque sorte Benveniste, conçoit le temps verbal comme
77 étant la manifestation du comportement (attitude) du locuteur articulé dans les deux
groupes verbaux : celui du monde commenté et celui du monde raconté ; une telle
attitude en entraînerait une autre de même nature chez le lecteur :
« Cette 'obstination' des morphèmes temporels à signaler commentaire et récit
permet au locuteur d'influencer l'auditeur, de modeler l'accueil qu'il souhaite voir
réservé à son texte. En employant les temps commentatifs, je fais savoir à mon
interlocuteur que le texte mérite de sa part une attention vigilante. Par les temps
du récit, au contraire, je l'avertis qu'une autre écoute, plus détachée, est
possible. » '
Dans le corpus brésilien, le temps grammatical Présent (PR), outre le fait de servir
à la présentation d'événements qui coïncident avec le moment de renonciation (MOM
EN) — fonction déictique — sert surtout à l'intention plus ou moins consciente de la
part du sujet énonciateur de discuter, d'exprimer son engagement et ainsi d'engager
son énonciataire. Ce qui est le plus important, grâce au PR, le texte devient une série
d'assertions à première vue irréfutables, porteuses de la vérité. Il

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