L idéologie nationale : ses antécédents - article ; n°1 ; vol.30, pg 93-104
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Description

Dialogues d'histoire ancienne - Année 2004 - Volume 30 - Numéro 1 - Pages 93-104
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 10
Langue Français

Extrait

Basiliki Papoulia
L'idéologie nationale : ses antécédents
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 30 N°1, 2004. pp. 93-104.
Citer ce document / Cite this document :
Papoulia Basiliki. L'idéologie nationale : ses antécédents. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 30 N°1, 2004. pp. 93-104.
doi : 10.3406/dha.2004.2704
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_2004_num_30_1_2704:
Dialogues d'histoire ancienne 30/1, 2004, 93-104
L'idéologie nationale : ses antécédents
Basiliki Papoulia"
Les entités nationales collectives, le phénomène national en général,
constituent l'un des problèmes les plus intéressants cle l'histoire moderne.
L'idéologie nationale s'y rattache à plusieurs titres, mais s'en dissocie
également : en effet, si, d'un côté, le phénomène national a pour résultat
l'organisation politique de base des temps modernes à savoir l'État-nation, d'un
autre côté en revanche, l'idéologie nationale varie, revêt des formes différentes
selon les facteurs qui la déterminent au fil de son parcours historique, avec des
conséquences multiples quant à l'aspect concret qu'elle prend chaque fois. Cette
distinction a au fond un caractère méthodologique et débouche sur des problé
matiques qui tournent autour de la texture de l'idéologie nationale.
Au-delà de la différenciation entre école objective et école subjective ou
mixte1, d'autres classifications et interprétations de l'idéologie nationale ont été
formulées au cours du temps, mais nous ne nous y arrêterons pas spécialement
* Université de Thessalonique.
1. L'évolution de l'idéologie nationale à partir de Johann Gottfried Herder {Ideeií zur Pliilosophic der
Geschiclite der Menschlieit, 1784-1791) est l'une des faces de ce nouveau facteur d'intégration qui a été
qualifié d'école objective allemande. La caractéristique principale de cette école réside dans
la conception organique de la nation, à savoir qu'elle constitue une unité organique naturelle ; elle a
été qualifiée d'"objective" parce qu'elle considère qu'il existe "objectivement" certains critères
définissant la place de l'individu par rapport à l'ensemble. Ce point de vue débouche sur le concept
d'esprit du peuple (Volksgeist), qui englobe des éléments d'œcuménicité puisque tous les peuples
sont des "enfants du même Père", à savoir Dieu. Giuseppe Mazzini (1762-1814) a contribué à
l'évolution de l'idéologie nationale quant à son œcuménicité plus précisément, il a développé la
philosophie du nationalisme bourgeois, qui a servi de modèle à d'autres États européens alors soit
politiquement dispersés, comme l'Italie, la Pologne ou l'Allemagne, soit sous domination étrangère,
comme de nombreuses nationalités d'Europe centrale, de l'Est et du Sud-Est. C'est le fameux Risor-
gimento, qui intègre aussi très nettement l'élément subjectif. À l'opposé, également, de l'ancienne
conception où la volonté supra-individuelle, la volonté collective, a été identifiée à la nation,
se dresse aussi l'école dite subjective ou française ou mixte, qui considère comme critère essentiel
de la place de l'individu dans la communauté le consentement du citoyen - et non plus de
l'individu assujetti -, critère qui est lié à la genèse du régime démocratique aux temps modernes.
Son principal représentant a été Ernest Renan (Qu'est-ce qu'une nation ? Discours et conférences, Paris
1882, Œuvres complètes, Paris 1947).
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car, en réalité, toutes ces interprétations envisagent un aspect matériel du
phénomène national et y insistent en fonction de la position idéologique
du chercheur, de l'historien, du spécialiste de science politique, du sociologue,
déterminée par un aspect positif ou même par le côté négatif du phénomène,
eu égard à certains effets dévastateurs attribués à l'influence du nationalisme en
général. Toutes ces approches sont correctes d'un certain point de vue, qu'elles
cherchent le phénomène national dans la longue durée historique et en situent
les origines en Grèce ancienne et en Israël (Hans Kohn)2, qu'elles y voient une
idéologie qui mène à l'unification des différents groupes sociaux et nationaux,
créant ainsi la possibilité de l'apparition d'institutions démocratiques, à l'op
posé des sociétés médiévales hiérarchisées qui reposaient sur le principe de
légalité, avec une stratification sociale stable (le philosophe Jùrgen Habermas3,
par exemple, voit dans cet élément la cause principale du fait que l'État nation
représente la forme de base de l'organisation politique de notre époque),
ou que, comme d'autres encore, elles considèrent comme facteur essentiel le
passage de la société rurale et instruite, disposant souvent d'un système
bureaucratique centralisateur développé, au système capitaliste d'exploitation
économique par le biais de la création de marchés nationaux au service, essen
tiellement, des intérêts de certaines classes sociales (Ernest Gellner)4.
Nous pensons plus proches de la réalité historique de ce phénomène complexe
ceux qui soulignent les facteurs tant endogènes qu'exogènes dans leur d
imension historique, comme Otto Bauer5, Miroslav Hroch6, Eric J. Hobsbawm7,
Anthony D. Smith8, et bien d'autres, autant d'interprétations qui aident
2. Mans Kohn, Nationalism : Its Meaning and History, Princeton 1955.
3. Jùrgen Habermas, The European Nation-state. Its Achievements and Its Limits on the Past and
Future of Sovereignty and Citizenship, dans Mapping the Nation, éd. Gopal Balakrishnan, Londres-
New York 1999, p. 281-294.
4. Ernest Gellner, The Coming of Nationalism and its Interpretations : The Myth of Nation and
Class, op. cit., p. 98-145 ; du même, Nations and Nationalism, Oxford 1983.
5. Otto Bauer, Die Nationalitatenfrage and die Socialdemokratie, Vienne (1908) 1924 ; du même,
The Nation, dans Mapping the Nation, op. cit., p. 39-77.
6. Miroslav Hroch, Social Conditions of National Revival in Europe. A Comparative Analysis of the Social
Composition of Patriotic Groups among the Smaller European Nations, Cambridge 1985 ; du même, From
National Movement to the Fully-formed Nation The Nation-building Process in Europe, dans
Mapping the Nation, op. cit., p. 78-97.
7. Eric J. Hobsbawm, Nations and Nationalism since 1780, Cambridge 1990 ; du même, Ethnicity and
Nationalism in Europe Today, dans Mapping the Nation, op. cit., p. 255-266.
8. Anthony D. Smith, Theories of Nationalism, Londres-New York 1967 ; du même, The Ethnic Origins
of Nations, Oxford 1986; du même, National Identity, 1991 ; du même, Nationalism and the
Historians, dans Mapping the Nation, op. cit., p. 175-197.
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à la compréhension du phénomène dans sa complexité. Ce sont précisément
ces interprétations qui révèlent la nature du phénomène, ses composantes
structurelles en tant que facteur d'intégration ; et plus on étudie la bibliographie
sur le sujet, plus on est persuadé de la texture fonctionnelle de l'idéologie
nationale, fonctionnelle quant à la relation, à l'interdépendance des différents
facteurs entre eux, qui détermine chaque fois l'originalité du phénomène. Nous
voudrions toutefois nous pencher plus longuement sur ceux qui récemment
considèrent le nationalisme et l'État national comme le résultat de mécanismes
sociaux «fabriqués», le résultat de l'action de certains acteurs animés d'objectifs
conscients et concrets la plupart du temps.
Les opinions concernant la texture fabriquée de l'État nation divergent,
car même lorsqu'il est fait grand cas des facteurs de texture mécaniste, certaines
conditions préexistantes sont considérées comme d'une importance décisive,
y compris s'il s'agit de facteurs de provenance exogène, comme par exemple
le colonialisme. L'expression ultime de ces tendances dans leur forme la plus
catégorique se

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