L inscription hittite d Alep - article ; n°1 ; vol.33, pg 131-141
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L'inscription hittite d'Alep - article ; n°1 ; vol.33, pg 131-141

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Description

Syria - Année 1956 - Volume 33 - Numéro 1 - Pages 131-141
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1956
Nombre de lectures 20
Langue Français

Extrait

Emmanuel Laroche
L'inscription hittite d'Alep
In: Syria. Tome 33, 1956. pp. 131-141.
Citer ce document / Cite this document :
Laroche Emmanuel. L'inscription hittite d'Alep. In: Syria. Tome 33, 1956. pp. 131-141.
doi : 10.3406/syria.1956.5171
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1956_num_33_1_5171L'INSCRIPTION HITTITE D'ALEP
PAR
EMMANUEL LAROCHE
H. Th. Bossert a repris récemment la discussion de la fameuse inscription
actuellement scellée dans un mur de mosquée à Alep i1). Il a rendu le service
de publier de nouvelles photographies prises sur l'original et sur des estam
pages. Si l'on compare les clichés des pages 230-231 à ceux, excellents aussi,
donnés par I. Gelb, Hittite Hieroglyphic Monuments, planches I-II, on
obtient désormais une lecture matérielle sûre et presque complète (voir
fig- 1).
L'interprétation proposée par l'auteur est destinée à détruire l'hypo
thèse antérieure formulée par H. G. Gûterbock, qui lisait Tal-mi-Sarruma
le nom royal de la ligne 1, et qui datait ainsi la pierre des règnes de Mursili II-
Muwatalli, fin du xiye siècle (2). Contre cette hypothèse, Bossert avance
trois arguments principaux :
a) le premier signe composant le nom royal étant identique à l'idé
ogramme connu pour le mot « tout, chaque », signe dont la valeur phoné
tique dana est assurée par les textes de Karatepe (3), on ne peut lire « Tal »-
mi-àarruma ; à la place, Bossert propose Dana-ma-Sarruma •
b) la filiation de ce roi nous est connue directement par les sources
cunéiformes de Bogazkôy : Talmi-èarruma était fils de Telipinu, premier
roi hittite d'Alep, et, par là, il était petit-fils de èuppiluliuma (4). Or,
sur la pierre, cette filiation est donnée par les trois signes du début de la
(*) Syria 31 (1954), pp. 225-253. f) Fr. Steinherr, Oriens 2 (1949), pp. 198
(2) Siegel aus Bogazkôy — SBo II (1942), et suiv.
pp. 22 et suiv.; Belleten 7 (1943), pp. 307 et (*) KBo IV, 4, III, 15 = A. Gôtze, Annalen
suiv. des Muriilis (1933), p. 124 et suiv. 132 SYRIA
ligne 2 : « fils de X-Y ». Les signes X et Y ont respectivement les sens de
« grand » et « oreille » i1). D'aucune manière il n'est possible de ramener ce
groupe au nom de Telipinu;
c) l'apparence archaïque des hiéroglyphes, sur laquelle Giïterbock
fondait en outre la vraisemblance historique de sa lecture, peut être trom
peuse. Certains monuments datés du vme siècle grâce à des synchronismes
irréfutables offrent l'aspect, d'après la forme et la disposition des signes,
de monuments impériaux; c'est une illusion due aux tendances « archaï-
santes » de certains artistes tardifs (2). Bossert conclut, avec quelque pru
dence, que l'inscription d'Alep ne doit pas remonter au-delà de 1250
(cf. p. 253).
Au moment même où Bossert allait publier son travail, Cl. F. A. Schaef-
fer découvrait à Ras Shamra toute une série de documents à hiéroglyphes
hittites contemporains du grand empire, xive-xine siècles (3). Le hasard
a voulu que les sceaux de Ras Shamra contribuent sur plusieurs points
précis et décisifs au déchiffrement de notre inscription. Il peut être intéres
sant, au point de vue de la méthode, de montrer comment la moindre
erreur dans les prémisses lance le déchiffreur sur de fausses pistes, et com
ment de simples faits bousculent les raisonnements les plus ingénieux.
1. Le nom du roi est bien Talmi-èarruma. Les deux premiers signes
d'Alep se retrouvent tels quels sur le sceau d'un roi de Kargamis, celui
de Talmi-Tesub (4) : la lecture correcte est due au texte cunéiforme qui
accompagne l'empreinte hiéroglyphique. — Le signe litigieux tal ressemble,
mais n'est pas identique, à dana. L'un et l'autre sont des ligatures qui n'ont
de commun que la partie centrale, une sorte de rectangle barré deux fois
verticalement; derrière ce rectangle, se croisent d'une part un « poignard »
(x) La ressemblance du signe et d'une oreille déjà stylisés. Il ne s'agit pas du maintien ou
a été proposée par GCterbock, SBo, II, p. 101, du retour de formes antérieures; mais l'ill
N° 186. Elle est fortuite. usion chronologique est vraie.
(8) II y a une certaine ambiguïté dans cette (3) L'ensemble du matériel paraîtra dans
notion d'archaïsme utilisée par Bossert. On Ugaritica III. Afin de ne pas alourdir le pré
chercherait en vain dans les inscriptions d'épo sent exposé, nous nous permettons de renvoyer
que impériale le prototype des signes « archaï- à cet ouvrage pour le détail des discussions
sants » de Topada, Suvasa, Kayseri, etc. Ces techniques.
monuments fabriquent du faux ancien, en (4) RS 17.226.
accusant le caractère pictographique de signes L'INSCRIPTION HITTITE D'ALEP 133
= li, d'où ta X l(i) = tal, d'autre part un signe na l1), d'où ta X n(a)
= tan (a). * Dana-ma-Sarruma n'existe pas.
2. Le signe Y de la ligne 2, dans X + Y « grand + oreille », ne signifie
pas « oreille ». Un sceau de Ras Shamra porte le même idéogramme rare
comme nom de fonction d'un certain Kiliya; le texte cunéiforme nous
apprend que ce Kiliya était 1ÛSANGA dIèTAR uruZinzari « prêtre de
l'Ishtar de Zinzara » (2). Le prétendu signe « oreille » n'est autre que le
symbole pour SANGA « prêtre » (cf. fig. 2) (3).
3. Donc, X + Y n'est pas le nom du père de Talmi-èarruma, mais son
titre; il se lit « grand prêtre » ou « grand /chef (des) prêtres ». C'est bien ce
qu'on attendait; car, dans toute l'annalistique hittite d'époque impériale
il n'y a qu'un personnage qu'on désigne par son seul titre 1ÙSANGA
« prêtre », sans même parfois ajouter son nom, et c'est Telipinu, fils de âuppi-
luliuma, d'abord « prêtre du Kizzuwatna », ensuite promu» roi d'Alep » (4).
La seule discordance entre Bogazkôy et Alep, c'est l'addition du mot « grand »
à Alep. Mais le titre « grand prêtre » ou « grand (des) prêtres » est connu à
Bogazkôy : parmi les témoins signataires du traité d'alliance entre Talmi-
âarruma et Muwatalli, on trouve un Gassu GAL. SANGA (5).
4. Du même coup, il résulte que le nom de Telipinu, qui précède nor
malement son titre, doit être cherché dans le dernier signe de la ligne 1.
Ce signe unique n'est évidemment pas phonétique; il joue le rôle de symbole
pour « Telipinu ». Bossert l'a bien défini comme une sorte d'arbre (6).
Que Telipinu ait été le dieu hittite de la végétation et de l'agriculture, et
(x) M. 203; cf. RHA 27 (1937), p. 86. KUB XIX 9 I 18; sur ces textes, voir Gotze,
(2) RS 18. 02. Kizzuwatna (1940), p, 12 sqq. et n. 51.
(*) Ce même signe se retrouve à Bo^azkôy, (5) KBoI 6 II 19; maintenir la leçon SANGA,
comme l'a bien vu Bossert, p. 238, sur les au lieu de SUKKAL, malgré Gôtze, RHA 54
(1952), p. 8, n. 19. — «ûSANGA. GAL se lit sceaux SBo II 48, 152, 168; ajouter Hogarth,
Hittite seals, N° 330. A Ras Shamra sur une en KBo III 33. 17; KUB XIII 4 III 3, 12,
autre bulle fragmentaire, dont je dois la con etc.
naissance à J. Nougayrol, RS 17, point 1184. (') Ibidem, p. 238. — Ce signe se retrouve
— Quoique tourné en sens inverse, M. 129 dans les objets en or de Kargamis, Carchemish
est probablement identique; sur plusieurs III (1952), plate 64, fig. b, N°* 32 et 33. Il
paraît reproduire simplement le fameux stèles de Malatya, il figure, près de « ROI »,
« arbre de vie » de l'iconographie orientale. derrière un roi officiant,
(4) Cf. 2 BoTU 24 V 15; KBo V 6 II 10; 134 SYRIA
que son symbole hiéroglyphique représente une arborescence ou une
efflorescence, cela ne peut pas être dû au hasard. — A Ras Shamra, sous
1' « arbre » apparaît, une forme plus simple, mais de schéma identique,
en guise d'emblème sans doute, dans le champ de deux sceaux royaux de
Kargamis, près d'Ini-Tesub et de Talmi-Tesub (*).
Ces données résolvent immédiatement la lecture et la traduction jus
qu'au milieu de la ligne 2 :
CE-a AHe-pa-Sarruma DIEU-MAISON Tal-mi-Sarruma ROI Ha-l-pa"'^
TELIPINU GRAND PRÊTRE FILS BÂTIR...
« Ce temple de Heba-èarruma, Talmi-èarruma, roi d'Alep, fils de Teli-
pinu, le grand prêtre, a bâti... »
La fin

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