L interview dans les sciences sociales et à la radio-télévision - article ; n°1 ; vol.7, pg 59-73
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Description

Communications - Année 1966 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 59-73
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Edgar Morin
L'interview dans les sciences sociales et à la radio-télévision
In: Communications, 7, 1966. pp. 59-73.
Citer ce document / Cite this document :
Morin Edgar. L'interview dans les sciences sociales et à la radio-télévision. In: Communications, 7, 1966. pp. 59-73.
doi : 10.3406/comm.1966.1095
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1966_num_7_1_1095Edgar Morin
L'interview dans les sciences sociales
et à la radio-télévision *
Une interview est une communication personnelle suscitée dans un
but d'information.
Cette définition est commune à l'interview scientifique, pratiquée no
tamment en psychologie sociale, et à de presse, radio, cinéma
et télévision. Mais la différence apparaît dans la nature de l'information.
L'information en sciences sociales entre dans un système méthodologique,
hypothétique et vérificateur. L'information dans les mass media entre
dans les normes journalistiques, et, très souvent, a un but spectaculaire. de l'interview scientifique doit tout d'abord être intéressante
pour un petit groupe de chercheurs. L'information de l'interview mass-
mediatique doit d'abord être intéressante pour un vaste public.
Ainsi l'interview de radio-cinéma-télévision est une communication
personnelle suscitée dans un but d'information publique ou (et) spec
taculaire.
Mais il y a dans l'interview autre chose que l'information bien que l'inte
rview ne cesse jamais d'être informative. Cette autre chose est
le phénomène psycho-affectif constitué par la communication elle-même.
Ce peut perturber l'information, la fausser, la déformer
(d'où l'inépuisable problème méthodologico-technique posé par la
validité ou la fidélité de l'interview). Il peut au contraire la provoquer.
Il peut également provoquer une modification : comme on le verra plus
1. Le texte suivant est, avec de légères modifications, celui de L'interview dans les
sciences sociales et l'interview dans la radio, la télévision, le cinéma, communication
présentée au xie Colloque International sur le Film ethnographique et sociologique,
consacré à « L'interview cinématographique et télévisuelle » (Florence, 3-6 décem
bre 1965). Ce colloque était organisé par le Festival des Peuples et l'Institut d'Ethnol
ogie et d'Anthropologie culturelle de l'Université de Pérouse, et placé sous le patro
nage de l'Association Internationale de Sociologie. Il fut tenu à l'occasion de la
VIe session du Festival des Peuples (Florence, 1-7 février 1965). La communication
fut alors présentée oralement et le texte ronéotypé distribué aux participants.
L'ensemble des communications présentées au colloque est en cours de publication,
par les soins du Festival des Peuples.
59 Edgar Morin
loin, un certain type d'entretien, en matière clinique, a un effet libératoire,
voire purificateur et ou même, en psychopathologie, guérisseur. Dans
le domaine de la radio-télévision l'interview peut avoir un effet psychoa
ffectif profond qui déborde de beaucoup la stricte mission d'information.
Dans tous les cas, le mot information est insuffisant pour épuiser la
nature de l'interview.
L'interview est une intervention, toujours orientée vers une commun
ication d'informations. Mais ce processus informatif, toujours présent,
peut ne pas être le processus ni le but essentiel de l'interview ; c'est le
processus psycho-affectif lié à la communication qui peut être le plus
important aussi bien, quoique de manière différente, dans le domaine
des sciences humaines que dans le domaine des mass media.
L'univers de l'interview est donc beaucoup plus riche et difficile qu'il
apparaît de prime abord.
l'interview dans les sciences humaines.
L'interview fait son apparition dans les sciences humaines aux États-
Unis, d'une part en psychothérapie, d'autre part dans la psychotechnique.
Dans l'un et l'autre cas, l'information qu'elle recherche est étroitement liée
à un but pratique. Dans le premier cas, l'information recueillie servira
surtout à guérir l'interviewé, dans le second cas est surtout
utile à la partie interviewante.
L'interview va se répandre avec l'apparition et le développement
des enquêtes d'opinion ; puis surtout avec le développement de la psy
chologie sociale.
Les types d'interview.
Dans l'actuelle période, qui commence en 1940-45, l'emploi de l'i
nterview s'étend et s'intensifie. Elle doit répondre à des exigences de plus
en plus précises, ce qui entraîne un 'énorme travail méthodologique ;
elle va surtout se développer selon deux grandes branches.
D'une part l'interview extensive, sur questionnaires, adaptée à l'exploi
tation mécanographique, portant sur des échantillons représentatifs
de populations, et aboutissant à une formulation statistique des résultats.
Vont dans ce sens les recherches d'opinion sur de larges populations
(classes sociales, groupes d'âge, habitants d'une région ou d'une ville,
population nationale), qui intéressent les grandes firmes commerciales
et industrielles, les partis politiques, les organes d'information, les gou
vernements.
D'autre part, l'interview intensive, qui, elle, vise à approfondir le
60 Vinterview dans les sciences sociales
contenu de la communication. Vont dans ce sens l'intérêt des grandes
firmes à connaître les mouvements inconscients des consommateurs et
à y répondre par des stimuli adaptés : c'est le courant des études de moti
vation. Pousse également dans ce sens le mouvement d'affinement et
d'approfondissement de la jeune psychologie sociale ; c'est alors que le
« tête-à-tête » devient l'élément central de l'interview, et qu'intervient
ce qu'on pourrait presque appeler la révolution rogersienne, c'est à dire
le développement dans le champ de la psychologie sociale de l'interview
non-directif.
Entre les deux tendances extrêmes de l'interview, il y a antagonisme.
D'un côté l'interview ouverte, à la limite sans questions posées par
l'interviewer, de l'autre l'interview fermée, à la limite en questionnaire
auquel il suffit de répondre par oui ou non. D'un côté des réponses pro
liférantes, complexes ambiguës de l'autre, des réponses claires, simples.
D'une part, un entretien de longue durée, voire renouvelé jusqu'à suff
isant approfondissement, d'autre part un questionnement rapide. D'une
part, les personnes impliquées, l'interviewer et l'interviewé ont une
importance capitale, ainsi que la nature psycho-affective de l'entretien ;
d'autre part, c'est la réponse, et non la personne qui a l'importance
première. D'une part, une extrême difficulté à interpréter l'interview
et à en exploiter les résultats ; d'autre part la possibilité d'établir ..un
échantillon représentatif et de traiter statisquement les résultats.
Ainsi nous voyons s'opposer deux types extrêmes d'interview. L'un,
approfondi et éventuellement non-directif, sera d'intérêt clinique et
entrera dans toute méthodologie fondée sur l'efficacité de la méthode
clinique, portant sur des cas extrêmes ou approfondis, et non sur des
séries et des moyennes ; il entrera de même comme élément, et parfois
élément-clé, dans les techniques d'action, ne serait-ce que parce qu'il
sollicite l'intervention active de l'interviewé. L'autre type extrême
d'interview s'effectuera à partir d'un questionnaire préétabli, et per
mettra de travailler sur de larges masses par sondages sur échantillon
représentatif.
Ces deux types extrêmes peuvent se trouver en compétition ; c'est
à dire que le chercheur aura à choisir entre le risque de superficialité
(questionnaire) et le risque d'ininterprétabilité (entretien approfondi),
entre deux types d'erreur, entre deux types de vérité.
Mais chacun de ces types d'interview convient plus ou moins selon
les objectifs de la recherche. De plus, ils peuvent être combinés ; des
entretiens approfondis préparent l'élaboration des questionnaire

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