L or de Timor - article ; n°4 ; vol.60, pg 167-198
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L'or de Timor - article ; n°4 ; vol.60, pg 167-198

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Description

Archipel - Année 2000 - Volume 60 - Numéro 4 - Pages 167-198
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Anne Lombard-Jourdan
L'or de Timor
In: Archipel. Volume 60, 2000. pp. 167-198.
Citer ce document / Cite this document :
Lombard-Jourdan Anne. L'or de Timor. In: Archipel. Volume 60, 2000. pp. 167-198.
doi : 10.3406/arch.2000.3587
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_2000_num_60_4_3587PRODUITS ET TERRITOIRES
Anne LOMBARD-JOURDAN
L'or de Timor
Timor est la plus orientale des grandes îles de l'archipel indonésien. Elle
mesure environ 92 km dans sa partie la plus large et 470 km de l'ouest à l'est
et sa superficie équivaut à celles réunies de la Corse et de la Sardaigne. Elle
est dominée sur toute sa longueur par une chaîne montagneuse qui culmine au
mont Ramelau (2992 mètres). Celle-ci comprend un noyau de schistes cristal
lins, des marnes blanches ou roches sédimentaires plissées à l'ère tertiaire et
des coulées de roches éruptives provenant de volcans éteints U). Une multitu
de de rivières en descendent vers les côtes au nord et au sud, de part et d'autre la ligne de partage des eaux. Toutes contiennent de l'or, plus ou moins.
Timor fut découverte par les Portugais dans les années 1515; mais les
Hollandais s'emparèrent de son extrémité occidentale en 1613-1618. Dès
lors et jusqu'au milieu du XXe siècle, les deux parties de l'île furent admin
istrées au nom de chacun des deux pays depuis Dili et Kupang. Bien que la
documentation et la bibliographie soient tantôt en portugais et tantôt en hol
landais et que, pour des raisons de clarté, nous ayons dessiné deux cartes,
nous avons, dans cette étude sur l'or, toujours considéré l'île dans son unité
physique, géographique et, jusqu'à un certain point, démographique (2).
1. Voir Hélio Augusto Esteves Felgas, Timor português, Lisboa, Agencia do ultramar, 1956,
pp. 30-42.
2. Je remercie ici le Professeur Luis-Filipe Thomaz, qui a amicalement accepté de relire cet
article et m'a fourni, ainsi que Brigitte Clamagirand, des renseignements très précieux sur la
partie anciennement portugaise de l'île. Je suis reconnaissante aussi à Claudine Salmon et à
Marie-Odette Scalliet, qui m'ont aidée à réunir la bibliographie en chinois et en hollandais.
Archipel 60, Paris, 2000, pp. 167-198 00
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o r
I
L'or au Timor oriental ROTI Mer
de Sawu
11°S
Mer
de Sawu
Mer
SEMAU de Timor
■124° E 25 km 125° E 123» e ROTIr
A. Lombard-J.
L'or au Timor occidental On Anne Lombard- Jourdan 170
Localisation et exploitation de For à Timor
Témoignages des voyageurs européens
Or pâle mêlé d'argent(3) charrié par les rivières, cuivre mêlé d'or exploité
à ciel ouvert près de Vémasse et de Manatuto, tels étaient les métaux dont les
minerais étaient anciennement exploités à Timor. L'Italien Antonio Pigafetta,
compagnon de Fernand de Magellan, est le premier voyageur occidental à
avoir écrit sur l'île de Timor dans une relation de voyage (4). Il avait appris
des indigènes, en janvier 1522, que, «en une montagne, à Cabanaza(5), il y
avait assez d'or et que les habitants achetaient ce dont ils avaient besoin avec
de petits morceaux de ce métal»; il parle des anneaux d'or que les femmes
suspendaient à leurs oreilles avec des fils de soie, des bracelets d'or ou de
laiton dont elles paraient leurs bras et ajoute que les hommes portaient sur la
poitrine «des plaques rondes en or»(6). Il atteste ainsi, dès le début du XVIe
siècle, la production relativement importante de l'or dans l'île, la circulation
en guise de monnaies de petits morceaux d'or, le goût des indigènes pour les
bijoux et, enfin, le port dès cette époque du belac traditionnel, étrange orne
ment symbole du soleil. Il dresse, en quelques lignes, sur l'or à Timor un
premier constat que les voyageurs postérieurs confirmeront et compléteront.
Après lui, tous ceux qui relâchèrent dans l'île ont en effet parlé des sables
aurifères charriés par les torrents descendant des montagnes de l'intérieur
vers la côte. À la fin du XVIIe siècle, l'Anglais William Dampier écrit :
«Les pluies entraînent l'or dans les ruisseaux du voisinage, où les naturels
du pais le pèchent comme font les Espagnols en Amérique ». Il raconte com
ment, à l'époque de son séjour dans l'île, quelques Chinois installés à Lifau,
3. Vers 1518, Duarte Barbosa ne dit rien sur l'or, mais mentionne l'argent de Timor. Aurait-il
pris pour de l'argent «l'or pâle et mêlé» de l'île? Voir The Book of Duarte Barbosa. An
account of the countries bordering on the Indian Ocean and their inhabitants, written by
Duarte Barbosa and completed about the year 1518 A-D. Edited and annotated by Mansel
Longworth Dames, London, Hakluyt Society, 1918-1921, 2 vol. ; au t. Il, pp. 195-196.
4. Avant lui des Portugais, dont on ignore les noms et qui n'ont rien écrit, avaient déjà foulé le
sol de l'île en 1515 et peut-être même dès 1514. Plusieurs auteurs chinois aussi parlé
de Timor. L'un d'eux, Fei Xin, sans y être allé et de seconde main, mentionne, en 1436 «les
pièces d'or, les ustensiles en fer et les plats de porcelaine » que les Chinois y échangeaient
contre le bois de santal. Fei Hsin, Hsing-ch'a sheng-lan (The Overall Survey of the Star Raft),
trad, par J. V. G. Mills, éd. par Roderich Ptak, Wiesbaden, 1996. (South China and Maritime
Asia, vol. 4), p. 87. À quoi servaient aux Timoriens ces «monnaies d'or» (qianjin)1? Il est
probable qu'ils les thésaurisaient ou qu'ils les portaient en guise de bijoux, comme ils le firent
plus tard de certaines monnaies européennes.
5. Camenassa, localité de la côte méridionale de Timor, près de Suai.
6. Antonio Pigafetta, Premier voyage autour du monde par Magellan (1519-1522), trad. fr.
par L. Peillard, Paris, 1964, pp. 208-209.
Archipel 60, Paris, 2000 L'or de Timor 171
un des meilleurs ports de la côte occidentale, cabotaient le long des côtes
avec trois ou quatre petites barques qui leur servaient à trafiquer avec les
naturels du pays, sans s'aventurer à l'intérieur tenu par des populations host
iles. Ils échangeaient «l'or pur, tel qu'on le trouve sur les montagnes», la
cire, le bois de santal et les esclaves, contre de «l'or mêlé», du riz, du thé,
du fer, de la porcelaine et des soies, apportés de Macao, sur une vingtaine de
petits vaisseaux (7). Une source hollandaise un peu plus tardive confirme cet
te richesse de l'île en métal jaune et ajoute que les habitants, «négligeant le
profit pour fuir le travail», se contentaient de l'or de rivière (8).
La France, au début du XVIIIe siècle, ignorait à peu près Timor. Elle
commença à s'intéresser à l'île à l'occasion de l'arrivée à Lorient, en juillet
1750, d'un jeune prince timorien qui y fut abandonné par son précepteur por
tugais, un dominicain nommé Père Inacio. C'est à travers les malheurs de cet
adolescent et au cours des démarches qu'il poursuivit pendant des années
pour justifier son identité de fils d'un «roi» de Timor, que les Parisiens
entendirent parler de cette île lointaine. On fit à celle-ci la réputation d'un
Eldorado. Ainsi Antoine-Alexandre du Semtair, chirurgien de la Compagnie
hollandaise, qui avait passé six mois dans l'île entre 1750 et 1755, déclara
devant notaire, le 17 septembre 1767, que l'île était d'une grande richesse et
qu'Animata, «capitale du roi de Timor», était voisine d'une «rivière qui
produit beaucoup de poudre d'or»(9). Ce témoignage garantissait la solvabil
ité du jeune prince, qui vivait alors à Paris de la générosité publique.
Le futur amiral François-Etienne de Rosily fit un séjour assez prolongé
dans l'île alors qu'il était enseigne de vaisseau. Du 8 mai au 15 juin 1772, il
circula le long de la côte septentrionale entre les rivières de Laivai et de
Laga, sans pénétrer dans l'intérieur des terres, et il composa une Description
de l'île de Timor qui nous est parvenue 0°). Il y parle, lui aussi, des cours
7. William Dampier, Voyage aux terres australes, à la Nouvelle Hollande, etc., Amsterdam,
1712, pp. 43-46.
8. A.T. de Matos, Timor portugais, 1515-1769. Contribuiç

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