La classe dirigeante - article ; n°1 ; vol.15, pg 28-39

John Plamenatz

Description

Revue française de science politique - Année 1965 - Volume 15 - Numéro 1 - Pages 28-39
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié le: 01 janvier 1965
• Nombre de lectures: 12
• Langue: Français

Extrait

Monsieur John Plamenatz
La classe dirigeante
In: Revue française de science politique, 15e année, n°1, 1965. pp. 28-39.
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Plamenatz John. La classe dirigeante. In: Revue française de science politique, 15e année, n°1, 1965. pp. 28-39.
doi : 10.3406/rfsp.1965.392835
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1965_num_15_1_392835La Classe Dirigeante
JOHN PLAMENATZ
ON
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Personne il me semble vu dans les différences de caractère
la cause unique ou même principale du pouvoir politique incon
trôlé dont est investie la minorité agissante Mais certains auteurs
Mosca et Pareto par exemple ont pensé il avait là
un élément important explication Sous tous les climats la majo
rité des hommes est formée de moutons si bien que les lions et
les renards se placent spontanément leur tête il est absurde
attendre des lions et des renards ils soient responsables
devant les moutons bien ils aient évidemment tenir compte de
la nature ovine ils veulent utiliser efficacement les moutons
leurs propres fins Dans certaines sociétés les qualités du renard
sont plus utiles aux ambitieux que celles du lion illusion démo
cratique prospère Mosca et Pareto avaient sur la nature de
homme des idées plus élaborées et subtiles qui ne peuvent être
résumées en quelques mots mais leur pensée est marquée malgré
tout par une forte dose de scepticisme machiavélien
Je laisserai de côté ce genre argumentation qui de obser
vation de la nature humaine conclut impossibilité un gouver
nement authentiquement responsable La thèse certes ne manque
pas intérêt mais elle est trop générale et en tout cas ne saurait
rien démontrer par elle-même Si on entend juger la portée du
contrôle exercé par certains hommes sur autres il faut procéder
étude concrète un système de relations gouvernées par des
règles Il convient examiner comment fonctionnent leis institu
tions comment elles sont reliées les unes aux autres quelles sont
les réactions exigées par les règles devant certains types action
Nous devons considérer la structure de la politique Même si les
hommes se partagent en lions renards et moutons leurs rapports
dans la mesure où ils sont politiques insèrent dans un système
gouverné par des règles Il faut se pencher sur ce système avant de
mesurer la responsabilité effective des lions ou des renards devant
les moutons Nous pouvons certes distinguer les lions les renards
et les en fonction de leurs qualités personnelles et ensuite
démontrer avec plus ou moins de conviction que les lions et les
renards parviennent imposer dans toute communauté Encore
convient-il de poser les normes de cette responsabilité politique
il apparaît que de tels rapports unissent lions renards et moutons
il faudra en conclure contre toute attente que les lions et les
renards sont responsables devant les moutons
Examinons maintenant la thèse selon laquelle les processus de
discussion élection et de décision dans les grandes démocraties
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occidentales impliquent nécessairement absence de tout contrôle
politique sur les gouvernants en dépit des affirmations conven
tionnelles de ces derniers Cette thèse est développée par plusieurs
auteurs il ne faut pas attribuer sous sa forme sommaire
Mosca Pareto Michels ou Ostrogorski bien ils aient tous
participé son élaboration Le fond de argumentation est le
suivant la discussion des problèmes pratiques pour être efficace
et aboutir des décisions applicables doit être assumée par des
petits groupes en cercle restreint ces derniers dans la mesure
même où ils sont bien informés et spécialisés dans art du débat
et de la persuasion subissent beaucoup plus influence de leurs
pairs que celle du grand public
Même si presque tous les individus appartenaient une au
moins des grandes organisations nationales susceptibles agir
sur la politique du gouvernement seul un nombre très limité in
dividus peut appartenir aux cercles restreints où on discute les
problèmes politiques et où on prend des décisions Certes de
nombreux postes au sein de la fonction publique ou des groupes
de pression sont attribués par voie élection mais les candidats
qui briguent ces fonctions sont en fait choisis par les hommes
qui détiennent les postes-clés de ces organisations Il est donc
aberrant de soutenir que la minorité agissante ne fait que traduire
dans ses débats et ses décisions la volonté de la majorité Pour
autant il ait une volonté politique est-à-dire des principes
et une ligne de conduite suffisamment nette pour guider action
cette volonté est entre les mains de la seule minorité agissante
Il est pas moins aberrant de croire que cette doive son
pouvoir et son influence la majorité elle est en fait une minorité
de cooptation On acquiert le pouvoir en obtenant les faveurs de
ceux qui le détiennent déjà plutôt en gagnant la confiance de
la masse
Bien entendu attitude de la majorité envers la minorité est
pas sans effet sur le pouvoir et influence de celle-ci mais cela
est vrai de tout régime démocratique ou non Quelle que soit
la forme du gouvernement les hommes lui obéissent autant
plus volontiers ils le considèrent comme légitime détenant
son pouvoir des normes en vigueur Là où la loi prescrit une
élection populaire le peuple obéira sans réticence aux diri
geants élus En régime démocratique la loi impose que les charges
publiques les plus importantes soient obtenues par voie élection
celle-ci devient donc une condition indispensable pour acquérir la
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puissance qui attache ces fonctions Mais ceci implique aucu
nement que les détenteurs du pouvoir le doivent plus leurs élec
teurs aux hommes qui ont soutenu leur candidature
Ces attaques ont suscité notamment aux Etats-Unis une
volonté de reprendre et de défendre les principes de la démocratie
Je ne pense pas seulement des auteurs comme Schumpeter
Schattschneider et Dahl qui ont élaboré des théories plus géné
rales mais aussi David Truman et autres qui se sont limités
la description du système politique des Etats-Unis ou ailleurs
et qui ce faisant ont échafaudé des théories applicables toute
grande démocratie
Ces auteurs ont abandonné ce que Schumpeter appelait la
théorie classique de la démocratie selon laquelle le peuple décide
de action du gouvernement puis élit les personnes chargées de
appliquer ou de la contrôler En fait aucun penseur soutenu
cette doctrine sous la f