La dénomination - article ; n°76 ; vol.19, pg 19-30
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Description

Langages - Année 1984 - Volume 19 - Numéro 76 - Pages 19-30
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

John Morton
La dénomination
In: Langages, 19e année, n°76, 1984. pp. 19-30.
Citer ce document / Cite this document :
Morton John. La dénomination. In: Langages, 19e année, n°76, 1984. pp. 19-30.
doi : 10.3406/lgge.1984.1494
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1984_num_19_76_1494John Morton
MR С Cognitive Development Unit
LA DÉNOMINATION
Introduction
La dénomination des objets paraît être à première vue une tâche simple se prê
tant à une description simple. On peut ainsi imaginer que dénommer un objet consis
terait d'abord à le reconnaître, puis à en trouver le nom. Alors les troubles de la
dénomination chez les malades présentant des lésions cérébrales se ramèneraient à un
trouble de l'une ou l'autre de ces démarches ou à un disfonctionnement de leur rela
tion.
La tendance en psychologie cognitive est d'essayer d'avoir de toute tâche une
approche aussi large que possible. Ainsi, nous pouvons tout au moins dire que cer
tains des procédés impliqués dans la dénomination des objets le seront également
dans l'usage des mots dans d'autres situations. L'étude de ces autres tâches fournira
alors des contraintes au modèle de la reconnaissance des objets. Je me propose de
discuter de celle-ci dans le contexte de la des mots. J'utiliserai le
modèle que j'ai élaboré pour cette dernière, le « modèle logogène » (Morton, 1979 ;
Warren et Morton, 1982 ; Clarke et Morton, sous presse) comme point de départ de
la discussion concernant les objets. Le schéma sera celui du traitement de l'informat
ion. Dans ce modèle, on considère que les processus de la pensée sont « modulair
es », i.e. qu'ils recouvrent chacun une opération distincte ; on les représente comme
des boîtes, dont le fonctionnement détaillé n'est pas encore précisé ; les processus
sont reliés par des lignes conductrices dont le rôle est d'indiquer que le résultat d'un
processus est transmis à un autre processus. On pourrait évidemment décrire le
modèle final mais il est généralement admis que la complexité des interconnexions est
plus facile à comprendre sous forme de diagramme. Il faudrait noter cependant qu'il
n'y a pas implication nécessaire d'une modularité anatomique des processus corre
spondant à la modularité fonctionnelle.
Le Modèle Logogène
La figure 1 présente les lignes essentielles du modèle logogène révisé. Pour bien
comprendre son fonctionnement, on considère l'affirmation de base suivante : quelle
que soit la situation dans laquelle un mot est produit, un seul processus intervient. Il
est représenté dans le modèle, comme la sortie du système « logogène » (appelé aussi
lexique phonologique ) qui consiste en un stock de codes phonologiques. Quand l'un
de ces codes est stimulé, il va vers le régulateur de réponse dont la fonction est de
créer le code moteur approprié qui permettra au mot d'être verbalisé. On affirme (à
tort peut être) que cette séquence d'opérations se produit chaque fois que le mot est
prononcé, son déclenchement pouvant être dû soit à la lecture, l'audition, la dénomin
ation ou la production du mot en discours spontané. Dans le cas où un mot est lu,
19 auditif Input visuel Input
Système d'entrée visuel Système d'entrée auditif
des logogènes des logogènes
Voie « directe
de la lecture
Système de sortie
des logogènes
Réponses
Figurk 1.
il semble y avoir deux voies possibles : la première, directe, fait correspondre une
entrée visuelle du système logogène aux logogènes de sortie ; la deuxième est la voie
sémantique dans laquelle après qu'un mot a été catégorisé par le système logogène
d'entrée, une interprétation lui est attribuée par une démarche du cognitif.
Celui-ci peut ensuite être utilisé pour activer le système logogène de sortie. En dis
cours spontané, la séquence d'opérations ferait d'abord intervenir des processus dans
le système cognitif où seraient collectées les informations à adresser aux logogènes de
sortie. Ce modèle, ou ses variantes, réussit à rendre compte d'une grande variété de
phénomènes verbaux, notamment dans la description de diverses dyslexies acquises
(Morton et Patterson, 1980 ; Morton, 1981 ; Patterson, 1981 ; Shallice, 1981).
Stratégie de discussion sur la dénomination
Dans ce modèle logogène tel qu'il a été décrit, la des objets et des
dessins fera intervenir au moins le système logogène de sortie puisqu'il constitue la
seule aire de stockage de phonologie lexicale. Une source différente de phonologie
lexicale spécifique aux objets est logiquement possible. Si cela était, compte tenu de
certaines affirmations sur les localisations différentes des processus et connexions
associées, on s'attendrait alors à trouver des aphasiques présentant des troubles de la
dénomination en situation de dénomination (sans rapport avec des troubles cognitifs
ou visuels) et non de lecture ou de discours spontané. A ma connaissance, aucun de
20 types de malades ne se rencontre dans la littérature. Il est ainsi raisonnable de ces
penser que le même lexique phonologique est utilisé dans toutes les tâches.
On peut alors se demander dans quelle mesure les processus impliqués dans la
dénomination ressemblent à ceux postulés pour la lecture. Spécifiquement, en ce qui
concerne la figure 1, on peut se demander s'il y a un processus différent équivalent
au système d'entrée des logogènes pour les images, et si cela était s'il est directement
relié à l'entrée du système général.
L'expérience de Warren et Morton (1982) a trait à la première question. Ces
auteurs ont montré que la présentation antérieure d'un dessin facilitait la reconnais
sance d'un dessin différent mais du même nom au tachistoscope jusqu'à 45 minutes
plus tard.
On voit, sur la figure 2, deux images. Nos sujets les dénomment « clown ». Il y a
eu effet de facilitation croisée en dépit de leur dissemblance visuelle ; ceci ne pouvait
être dû au fait qu'il y avait eu formulation verbale (response bias) puisque la lecture
antérieure du mot « clown » par le sujet n'avait pas eu un effet de facilitation sur la
reconnaissance de l'image dans les conditions de l'expérience décrite plus haut.
Fig. 2.
(Notons que, comme nous en discuterons plus tard, après des intervalles de temps
très courts, il y a interaction entre traitement de l'image et du mot. ) Warren et Mort
on ont conclu qu'il ne pouvait y avoir facilitation de cet ordre que s'il existe un pro
cessus responsable de la catégorisation des images. Ce processus, appelé système pic-
togène, a des propriétés facilitant la reconnaissance ; étant donné que l'effet ne va
pas du mot à l'image, ce processus doit être complètement indépendant de ceux re
sponsables du traitement verbal. Ces rapports sont présentés d'une façon simple sur la
figure 3. On y a montré les processus qui précèdent nécessairement le système picto-
gène.
Dans l'expérience décrite ci -dessus, Warren et Morton ont également constaté
que la présentation antérieure d'une image facilitait davantage la reconnaissance de
la mêftte image que celle d'une image différente répondant au même nom. Ceci
21 Analyse dos images Analyse des graphèmes
Catégorisation des Système d'entrée visuel
images des logogènes
Système cognitif :
interprétation et
classification
sémantique
Lexique de sortie
Sortie
FlGUHE 3. Schéma du modèle logogène comprenant le traitement de l'image.
implique qu'outre le système pictogène, il doit y avoir un système mémoriel spécifi
que aux images dans lequel serait stockée une sorte de représentation littérale. L'exis
tence d'un tel système peut être utile dans l'interprétation de résultats de malades
présentant des lésions cérébrales.
On voit sur la figure 3 qu'il n'y a pas de connexion directe entre le système picto
gène et la sortie du lexique.

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