La Grande-Bretagne face à la France à la fin du XVIIIe siècle : les mouvements paysans - article ; n°1 ; vol.315, pg 97-126

Guy Lemarchand

Description

Annales historiques de la Révolution française - Année 1999 - Volume 315 - Numéro 1 - Pages 97-126
Guy Lemarchand, La Gran Bretagna e la Francia alla fine del XVIII secolo : i movimenti contadini.
Contrariamente all'antica leggenda, la Gran Bretagna ha conosciuto nel XVIII secolo e, in particular modo, alla fine di tale secolo, un'agitazione sociale importante alla quale i rurali hanno partecipato essendone talvolta addirittura gli attori principali. I disordini possono essere spiegati dalle condizioni generali di cui alcune rassomigliano a quelle che conobbe la Francia, mentre altre sono radicalmente differenti. Quindi, se il bracconaggio o la collera contro l'alto prezzo del grano ricordano il nostro paese, l'opposizione alle recinzioni o ai pedaggi hanno una forza particolare in Gran Bretagna. Bisogna porsi la domanda : dopo il 1789 le lotte politiche suscitate dall'esempio francese non hanno forse raggiunto anche le campagne ?
Guy Lemarchand, La Grande-Bretagne face à la France à la fin du XVIIIe siècle : les mouvements paysans.
Contrairement à la légende ancienne, la Grande-Bretagne a connu au XVIIIe siècle et particulièrement à la fin de ce siècle une agitation sociale importante à laquelle les ruraux ont participé ou parfois dont ils ont même été les principaux acteurs. Les troubles s'expliquent par des conditions générales dont certaines ressemblent à celles que connaît la France, mais dont d'autres sont radicalement différentes. Si le braconnage ou la colère contre le haut prix des grains rappellent notre pays, l'opposition aux enclosures et aux péages ont une force particulière en Grande-Bretagne. Et on doit se poser la question : après 1789, les luttes politiques suscitées par l'exemple français n'ont-elles pas atteint les campagnes ?
Guy Lemarchand, Britain Compared to France in the Late Eighteenth Century : the Peasant Movements.
Contrary to long-standing legend, Britain underwent during the eighteenth century, especially towards its end, a period of widespread social unrest in which the rural community participated and at times led the way. The uprisings can be explained by the prevailing conditions, some of which resemble those in France, while others are radically different. If poaching and anger at high grain prices are similar to events at home, opposition to enclosures or tolls was particularly fierce in Britain. And we need to ask ourselves whether after 1789 the political struggles stimulated by the French example did not spread into the countryside.
Guy Lemarchand, La Grande-Bretagne face à la France à la fin du XVIIIe siècle : les mouvements paysans.
Der alten Legende zuwider kannte Großbritannien im XVIII. Jahrhundert und besonders am Ende des Jahrhunderts wichtige soziale Unruhen, an denen die Bauern teilnahmen oder sogar deren Hauptpersonen sie manchmal waren. Die Unruhen erklàren sich durch allgemeine Bedingungen, von denen einige den franzôsischen Bedingungen gleich sind aber andere radikal verschieden. Wenn die Wilderei oder der Zorn gegen den hohen Preis der Getreide an unser Land erinnern, so hat der Streit gegen die umzäumten Weiden oder die Mautgebuhren in Großbritannien eine besondere Kraft. Und man muß sich die Frage stellen, ob die politischen Kämpfe, die durch das französische Beispiel verursacht wurden nicht auch das Land erreicht haben ?
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: ANNALES_HISTORIQUES_DE_LA_REVOLUTION_FRANCAISE
• Publié le: 01 janvier 1999
• Nombre de lectures: 37
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Guy Lemarchand
La Grande-Bretagne face à la France à la fin du XVIIIe siècle :
les mouvements paysans
In: Annales historiques de la Révolution française. N°315, 1999. pp. 97-126.
Citer ce document / Cite this document :
Lemarchand Guy. La Grande-Bretagne face à la France à la fin du XVIIIe siècle : les mouvements paysans. In: Annales
historiques de la Révolution française. N°315, 1999. pp. 97-126.
doi : 10.3406/ahrf.1999.2226
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1999_num_315_1_2226Riassunto
Guy Lemarchand, La Gran Bretagna e la Francia alla fine del XVIII secolo : i movimenti contadini.
Contrariamente all'antica leggenda, la Gran Bretagna ha conosciuto nel XVIII secolo e, in particular
modo, alla fine di tale secolo, un'agitazione sociale importante alla quale i rurali hanno partecipato
essendone talvolta addirittura gli attori principali. I disordini possono essere spiegati dalle condizioni
generali di cui alcune rassomigliano a quelle che conobbe la Francia, mentre altre sono radicalmente
differenti. Quindi, se il bracconaggio o la collera contro l'alto prezzo del grano ricordano il nostro paese,
l'opposizione alle recinzioni o ai pedaggi hanno una forza particolare in Gran Bretagna. Bisogna porsi la
domanda : dopo il 1789 le lotte politiche suscitate dall'esempio francese non hanno forse raggiunto
anche le campagne ?
Résumé
Guy Lemarchand, La Grande-Bretagne face à la France à la fin du XVIIIe siècle : les mouvements
paysans.
Contrairement à la légende ancienne, la Grande-Bretagne a connu au XVIIIe siècle et particulièrement
à la fin de ce siècle une agitation sociale importante à laquelle les ruraux ont participé ou parfois dont ils
ont même été les principaux acteurs. Les troubles s'expliquent par des conditions générales dont
certaines ressemblent à celles que connaît la France, mais dont d'autres sont radicalement différentes.
Si le braconnage ou la colère contre le haut prix des grains rappellent notre pays, l'opposition aux
enclosures et aux péages ont une force particulière en Grande-Bretagne. Et on doit se poser la
question : après 1789, les luttes politiques suscitées par l'exemple français n'ont-elles pas atteint les
campagnes ?
Abstract
Guy Lemarchand, Britain Compared to France in the Late Eighteenth Century : the Peasant
Movements.
Contrary to long-standing legend, Britain underwent during the eighteenth century, especially towards
its end, a period of widespread social unrest in which the rural community participated and at times led
the way. The uprisings can be explained by the prevailing conditions, some of which resemble those in
France, while others are radically different. If poaching and anger at high grain prices are similar to
events at home, opposition to enclosures or tolls was particularly fierce in Britain. And we need to ask
ourselves whether after 1789 the political struggles stimulated by the French example did not spread
into the countryside.
Zusammenfassung
Guy Lemarchand, La Grande-Bretagne face à la France à la fin du XVIIIe siècle : les mouvements
paysans.
Der alten Legende zuwider kannte Großbritannien im XVIII. Jahrhundert und besonders am Ende des
Jahrhunderts wichtige soziale Unruhen, an denen die Bauern teilnahmen oder sogar deren
Hauptpersonen sie manchmal waren. Die Unruhen erklàren sich durch allgemeine Bedingungen, von
denen einige den franzôsischen Bedingungen gleich sind aber andere radikal verschieden. Wenn die
Wilderei oder der Zorn gegen den hohen Preis der Getreide an unser Land erinnern, so hat der Streit
gegen die umzäumten Weiden oder die Mautgebuhren in Großbritannien eine besondere Kraft. Und
man muß sich die Frage stellen, ob die politischen Kämpfe, die durch das französische Beispiel
verursacht wurden nicht auch das Land erreicht haben ?LA GRANDE-BRETAGNE FACE A LA FRANCE
À LA FIN DU XVffle SIÈCLE :
LES MOUVEMENTS PAYSANS
GUY LEMARCHAND
Pendant le demi-siècle qui s'est écoulé depuis la Deuxième Guerre
mondiale, la conception même du contenu de l'histoire de la Grande-
Bretagne, en particulier à l'époque du siècle des Lumières, de la Révolution
française et de l'Empire, a beaucoup évolué. D'une vision dominante
marquée par le conservatisme libéral, ce qui focalise l'attention sur le poli
tique, donc sur les combats autour de la réforme du système constitutionnel
et électoral et sur la naissance de l'idéologie libérale et bourgeoise, on est
passé à une interprétation des faits inspirée en partie par les travaux de R.H.
Tawney (The agrarian problem in the sixteenth century and after, Londres,
1912) et plus récemment de E.R Thompson (Ire edit, anglaise 1963) et de
A. Goodwin (1978). Auparavant on tendait à présenter l'évolution de la
Grande-Bretagne pendant le xvine siècle comme lente, mesurée, féconde
sur le plan économique et presque lisse. L'époque aurait été traversée de
débats plus que de combats, la misère des humbles, elle-même limitée en
étendue, n'aurait constitué qu'un phénomène résiduel et passager que la
prospérité suscitée par les débuts de la révolution industrielle allait bientôt
effacer. En France, A. Maurois (Histoire de l'Angleterre, lre édit. Paris, 1937)
était devenu le chantre d'un véritable modèle britannique fait de modérat
ion et de pragmatisme générateurs d'efficacité, qu'il opposait implicitement
à l'agitation brouillonne des masses et l'extrémisme des idéologues qui
auraient caractérisé l'évolution politique de la France. Cette idée devint un
Annales Historiques de la Révolution française - 1999 -N° 1 [97 à 126] GUY LEMARCHAND 98
des clichés de la droite française et était mise en avant dans les années 1950
par maints éditoriaux du journal Le Figaro. Elle est réapparue plus ou moins
à l'occasion du bicentenaire de la Révolution française.
Aujourd'hui l'historiographie d'outre-Manche, comme celle de notre
pays, a pris davantage en compte le poids de la conjoncture économique,
l'importance de la croissance démographique, la multiplication des luttes
sociales. De plus en plus on a traité ces faits non plus comme auparavant en
objets isolés, mais comme parties d'une totalité dont les éléments constitut
ifs réagissent les uns sur les autres et où le temps court de l'événement
croise les évolutions de longue durée aussi bien matérielles que du monde
des représentations. En particulier des recherches étendues ont été menées
sur la province et la société rurale, sans que pour autant on dispose à propos
des troubles populaires à l'époque moderne de l'équivalent de l'enquête
nationale quantifiée dirigée par J. Nicolas en France depuis 1984, ni de
travaux sur l'agitation agraire à l'époque de la Révolution française compar
ables à ceux inspirés par G. Lefebvre et A. Soboul. Sans doute le courant
conservateur britannique s'est-il renouvelé, en particulier à propos des
rapports entre l'Angleterre et la Révolution française jusqu'à 1815 (cf. par
exemple I.R. Christie, Stress and stability in late 18th century Britain.
Reflections on the British avoidance of Revolution, Oxford, 1984). Mais pour
l'essentiel il s'en tient à la vue du paysage social et politique de la Grande-
Bretagne dans la dernière décennie du xviiie siècle que donnait déjà, il y a
près de quarante ans, R. Cobb au public français (« Les Jacobins anglais et
la Révolution française », Bull. SHMC, 1960, 3) : la tension intérieure aurait
été limitée parce que les radicaux auraient eu peu de succès auprès de la
grande majorité du peuple demeurée loyaliste, contente de son sort, très
chauvine et identifiant les partisans anglais de la réforme du régime à la
France, détestée depuis l'accumulation des conflits franco-britanniques
pendant un siècle à partir de 1689. Le radicalisme lui-même aurait été sans
influence sur les conflits purement sociaux, en particulier ceux nés du déve
loppement du machinisme, et donc il n'aurait pu menacer sérieusement le
système politique. On revient ainsi à une conception ancienne et empirique
de l'histoire, dans laquelle les diverses catégories de faits sont certes mainte
nant appréhendées, mais toujours séparées les unes des autres, comme si
elles n'étaient pas vécues en même temps par le