La menace américaine et le règlement indochinois à la conférence de Genève - article ; n°1 ; vol.13, pg 47-62
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Description

Histoire, économie et société - Année 1994 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 47-62
Abstract There is general agreement that the Viet-minh made concessions, at the Geneva conference (1954), under pressure by China ; and that the latter was largely motivated by the threat of intervention. As the U.S.A. were at first hostile to the partition of Vietnam, one wonders whether they could have exerted a stronger pressure. This article stresses the technical obstacles, which, in addition to political problems, excluded the Vautour operation ; also the divergences between and Washington's points of view, which made very hazardous an American military intervention in North Vietnam, after the fall of Dien Bien Phu. There was also great caution on President Eisenhower's part, as he was anxious to avoid the U.S.A. to be dragged into a conflict with China.
Résumé On s'accorde généralement pour penser que les concessions du Viêt Minh à la conférence de Genève (1954) ont été faites sous la pression de la Chine, laquelle, dans une large mesure, agissait en fonction des menaces américaines. Puisque les Etats-Unis n'étaient pas favorables au départ à la partition du Viêt Nam, n'auraient-ils pas pu exercer une pression plus importante ? Cet article montre les obstacles techniques qui, par delà les problèmes politiques, ont interdit l'opération Vautour, les divergences de points de vue entre Paris et Washington, lesquelles rendaient des plus aléatoires l'intervention américaine au Tonkin après la chute de Diên Bien Phu, enfin l'extrême prudence du président Eisenhower, soucieux de ne pas entraîner son pays dans un conflit avec la Chine.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Denise Artaud
La menace américaine et le règlement indochinois à la
conférence de Genève
In: Histoire, économie et société. 1994, 13e année, n°1. pp. 47-62.
Résumé On s'accorde généralement pour penser que les concessions du Viêt Minh à la conférence de Genève (1954) ont été
faites sous la pression de la Chine, laquelle, dans une large mesure, agissait en fonction des menaces américaines. Puisque les
Etats-Unis n'étaient pas favorables au départ à la partition du Viêt Nam, n'auraient-ils pas pu exercer une pression plus
importante ? Cet article montre les obstacles techniques qui, par delà les problèmes politiques, ont interdit l'opération Vautour,
les divergences de points de vue entre Paris et Washington, lesquelles rendaient des plus aléatoires l'intervention américaine au
Tonkin après la chute de Diên Bien Phu, enfin l'extrême prudence du président Eisenhower, soucieux de ne pas entraîner son
pays dans un conflit avec la Chine.
Abstract There is general agreement that the Viet-minh made concessions, at the Geneva conference (1954), under pressure by
China ; and that the latter was largely motivated by the threat of intervention. As the U.S.A. were at first hostile to the partition of
Vietnam, one wonders whether they could have exerted a stronger pressure. This article stresses the technical obstacles, which,
in addition to political problems, excluded the Vautour operation ; also the divergences between and Washington's points of view,
which made very hazardous an American military intervention in North Vietnam, after the fall of Dien Bien Phu. There was also
great caution on President Eisenhower's part, as he was anxious to avoid the U.S.A. to be dragged into a conflict with China.
Citer ce document / Cite this document :
Artaud Denise. La menace américaine et le règlement indochinois à la conférence de Genève. In: Histoire, économie et société.
1994, 13e année, n°1. pp. 47-62.
doi : 10.3406/hes.1994.1727
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1994_num_13_1_17271. LA MENACE AMÉRICAINE ET LE REGLEMENT
INDOCHINOIS A LA CONFÉRENCE DE GENEVE
par Denise ARTAUD*
Résumé
On s'accorde généralement pour penser que les concessions du Viêt Minh à la conférence de
Genève (1954) ont été faites sous la pression de la Chine, laquelle, dans une large mesure, agissait en
fonction des menaces américaines. Puisque les Etats-Unis n'étaient pas favorables au départ à la
partition du Viêt Nam, n'auraient-ils pas pu exercer une pression plus importante ? Cet article montre
les obstacles techniques qui, par delà les problèmes politiques, ont interdit l'opération Vautour, les
divergences de points de vue entre Paris et Washington, lesquelles rendaient des plus aléatoires
l'intervention américaine au Tonkin après la chute de Diên Bien Phu, enfin l'extrême prudence du
président Eisenhower, soucieux de ne pas entraîner son pays dans un conflit avec la Chine.
Abstract
There is general agreement that the Viet-minh made concessions, at the Geneva conference
(1954), under pressure by China ; and that the latter was largely motivated by the threat of American
intervention. As the U.S.A. were at first hostile to the partition of Vietnam, one wonders whether
they could have exerted a stronger pressure. This article stresses the technical obstacles, which, in
addition to political problems, excluded the Vautour operation ; also the divergences between Paris'
and Washington's points of view, which made very hazardous an American military intervention in
North Vietnam, after the fall of Dien Bien Phu. There was also great caution on President
Eisenhower's part, as he was anxious to avoid the U.S.A. to be dragged into a conflict with China.
La Conférence de Genève qui, en 1954, met fin à la guerre d'Indochine a été do
minée par des personnalités hors du commun : P. Mendès-France, A. Eden, John
Foster Dulles, Chou en Lai, pour ne citer que les plus exceptionnelles. De ce fait et à
première vue son déroulement et son issue attirent davantage l'attention sur le rôle des
hommes que sur celui des forces profondes qui régissent l'histoire des relations inter
nationales. Le cas est particulièrement frappant pour la diplomatie française : il est en
effet facile d'opposer son enlisement tant qu'elle est sous la conduite de Georges Bi
dault, et son dynamisme après l'entrée en fonction de Pierre Mendès-France.
Cependant, à y regarder de plus près, le rôle des hommes ne saurait tout expli
quer. Mendès France arrive à la Présidence du Conseil le 18 juin. Or c'est une se
maine plus tôt (le 11) que, dans un entretien entre la délégation française et celle du
* Directeur de recherche au C.N.R.S. 48 HISTOIRE ECONOMIE ET SOCIETE
Viêt Minh, a été admis le principe du partage du Viêt Nam au niveau du 1 7ème ou du
18ème parallèle. Et le 17 juin, au cours d'un entretien avec Bidault, Chou en Lai a ac
cepté de faire les concessions fondamentales au sujet du Laos et du Cambodge : ces
pays seraient évacués par les forces étrangères (en clair celles qui étaient sous la coupe
du Viêt Minh) ; ils constitueraient donc une zone neutre entre le bloc socialiste et le
bloc occidental. La Chine forçait ainsi son allié, le Viêt Minh, à renoncer dans
l'immédiat tant à unifier le Vietnam qu'à conquérir le reste de la péninsule ; elle le
privait d'une partie importante de ses buts de guerre, bien que la carte des opérations
militaires lui ait été favorable.
On explique généralement la modération chinoise par les pressions directes ou in
directes exercées par les Etats-Unis : la rupture de la conférence sur la Corée, la tenta
tive du secrétaire d'Etat, John Foster Dulles, de mettre sur pied une «action unifiée»
contre la Chine, puis ses entretiens avec Mendès-France à la mi-juillet, qui sont inter
prétés comme un raidissement de la politique américaine1. Cependant le règlement de
Genève est sans doute plus proche des buts de guerre formulés à Pékin que de ceux
qui avaient été arrêtés à Washington. Ce qu'on souhaitait en effet à Pékin, c'était
«créer une zone tampon dans l'Asie du Sud-Est, empêcher les Etats-Unis de prendre
la relève de la France en Indochine, éviter une confrontation directe avec les Etats-
Unis, assurer la sécurité aux frontières méridionales de la Chine, tout en limitant la
victoire du Viêt Nam et en divisant les peuples des trois pays indochinois, dans
l'intention d'affaiblir et d'annexer ces trois pays et de les utiliser comme tremplin
son expansion vers le Sud Est asiatique»2.
Dans cette perspective, la Chine pouvait avec une relative aisance trouver un ter
rain d'entente avec la France. En effet, plus de six mois avant l'entretien décisif du 1 1
juin 1954 entre les délégations française et Viêt Minh, on commence au Quai d'Orsay
à envisager la partition du Viêt Nam au 18ème parallèle. Cette solution a l'appui du
colonel Guillermaz, grand expert des questions chinoises et à l'époque ambassadeur à
Bangkok. Si, au moment où va s'engager la bataille de Diên Bien Phu, Georges Bi
dault reste hostile à tout abandon du Tonkin, au contraire, René Pleven, ministre de la
Défense, comprenant que la victoire décisive sur le Viêt Minh est désormais hors
d'atteinte, se rallie lui aussi à l'idée d'une partition3. En fait, l'idée d'un repli sur le
Sud chemine en France depuis 1946. La Cochinchine, colonie française au sein de la
Fédération indochinoise, est en effet plus francisée ; l'emprise du Viêt Minh y est
moins forte. De plus, la «porte de l'Annam», étroit couloir entre la mer et la cordillère
annamitique, peut constituer un verrou relativement facile à tenir. Au contraire, étant
donné l'appui que la RDV reçoit très précocement des communistes chinois, puis de la
RPC après sa proclamation en octobre 1949, la frontière du Tonkin est difficilement
défendable. Ce contraste entre le Nord et le Sud explique sans doute en partie la hâte
avec laquelle d'Argenlieu proclame en 1946 l'autonomie de la Cochinchine. Ce même
contraste est au cœur du débat qui en 1949 oppose les hauts fonctionnaires civils et
militaires sur le choix d'une ligne de défense efficace en Indochine. Le rapport du gé
néral Revers, qui préconise d'appliquer l'essentiel de l'effort militair

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