La mission mariste et la colonisation européenne en Nouvelle-Calédonie - article ; n°25 ; vol.25, pg 113-124
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Description

Journal de la Société des océanistes - Année 1969 - Volume 25 - Numéro 25 - Pages 113-124
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Alain Saussol
La mission mariste et la colonisation européenne en Nouvelle-
Calédonie
In: Journal de la Société des océanistes. Tome 25, 1969. pp. 113-124.
Citer ce document / Cite this document :
Saussol Alain. La mission mariste et la colonisation européenne en Nouvelle-Calédonie. In: Journal de la Société des
océanistes. Tome 25, 1969. pp. 113-124.
doi : 10.3406/jso.1969.2253
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jso_0300-953X_1969_num_25_25_2253La mission mariste
et la colonisation européenne
en Nouvelle-Calédonie
problèmes un et peut passions la On phénomène Tel place prendre, sait fut et de qu'elle le controverses. l'île. cas rôle et essentiel occupe de Cette qui historique son se importance dont encore attitude trouvent ne joué dans peut vis-à-vis par ainsi donne l'archipel. se la désintéresser amplifiées, Mission un de relief la La colonisation Mariste Mission particulier colportées, quiconque est en européenne aux une Nouvelle-Calédonie, soulevant se positions réalité penche majeure, qui parfois qu'elle sur soules
leva au siècle dernier de violentes polémiques dont les échos arrivèrent jusqu'en
France. Attitude à première vue paradoxale, voire peu cohérente, mais qu'une
analyse plus attentive révèle pourtant profondément logique. Aujourd'hui que les
passions se sont depuis bien longtemps apaisées jusqu'au fond de la brousse cal
édonienne, il est possible de reprendre ce dossier pour essayer d'en dégager les lignes
générales, et d'en chercher les éléments d'explication. Cela va nous amener à con
sidérer plusieurs moments de cette histoire missionnaire.
LA MISSION ET LA PRISE DE POSSESSION : 18434853
Contemporaine des premiers santaliers, la Mission a été, de très bonne heure
mêlée à l'histoire de la Nouvelle-Calédonie. Après des insuccès en Nouvelle-Zélande,
et pour lutter contre « l'hérésie » protestante qui progressait dans tout le Pacifique,
elle fut amenée à s'intéresser à cette terre encore vierge, donc supposée facile à
convertir. De plus l'île était remarquablement bien située sur la route de Chire
et des Fidji et pouvait être une base de rayonnement. Cette intervention déjà
tardive coïncide en océanie avec la fin des royaumes missionnaires et le début
d'une ère d'annexions.
Le 21 décembre 1843 le navire de guerre Bucéphale que commandait Julien Laf-
ferrière touchait le havre de Balade et y déposait les premiers missionnaires. Ce
débarquement de l'évêque Douarre et de ses compagnons ouvre véritablement
l'époque moderne de l'histoire calédonienne, celle de la fixation des européens sur
la Grande-Terre. A l'impact éphémère des santaliers succédait l'établissement
permanent de la Mission qui, malgré bien des vicissitudes, allait ouvrir les voies
à l'occupation militaire et à la colonisation.
Premier impact durable de l'homme blanc mais combien fragile, la Mission
s'établit dans un extrême dénuement à Mahamate, à quelque distance au nord
de Balade. Et très vite, sur une rive étrangère, sans ressources, c'est l'isolement, 114 SOCIÉTÉ DES OCÉANISTES
la solitude, bientôt l'hostilité. Plusieurs fois les Pères seront contraints à la fuite
(Pouébo 1847, Hienghène 1849, Yaté 1850) x. Mais chaque fois ils reviendront,
soutenus par les navires de la Société Française de l'Océanie 2, et occasionnell
ement aussi sauvés par les visites impromptues de vaisseaux de guerre (La Bril
lante, 1847). Le 23 mai 1851 Balade était reconquis. A la mort de l'évêque, le
27 février 1853, après 9 ans d'apostolat, il n'y avait encore que deux missions sur
la Grande-Terre et une autre à l'île des Pins, en tout moins de 200 baptisés. Mais
ce bilan dérisoire était un point de départ. Désormais implantés, ayant surmonté
les difficultés des premiers temps, les missionnaires allaient travailler à affermir
leurs positions. Il leur fallait pour cela la sécurité matérielle, et la garantie de pou
voir poursuivre librement leur entreprise. D'où leur action sans cesse plus pres
sante en faveur de l'intervention politique de la France dont ils devaient largement
bénéficier.
On a souvent, et à tort, présenté la cohésion entre marins et missionnaires en
Nouvelle-Calédonie comme le résultat d'une politique concertée dès le début. Si
cette action commune fut indéniable, ce furent surtout les événements qui la sus
citèrent et finirent par l'imposer.
Dans ses premiers temps, la Mission Mariste avait affirmé sa volonté de se tenir
à l'écart de toute activité politique. Et ce n'était pas sans réticences qu'en 1844
l'évêque d'Amata avait accepté de Julien Lafîerrière la garde du pavillon tricolore.
S'il ne s'y était finalement résolu, ce n'était qu'à regret et considérant que par
cette acceptation passait l'intérêt supérieur de l'Église. Aussi avait-il demandé
comme une contre-partie que les navires de guerre vinssent faire de fréquentes
visites à Balade 3. C'est pourquoi en 1845 les instructions données au commandant
de la station navale du Pacifique prévoyaient la double charge de protéger par
tout les missions catholiques et de leur prêter un concours actif en cas de besoin.
C'est au cours de l'une de ces visites que la corvette la Brillante devait arriver à
temps devant Pouébo pour sauver les Pères du massacre.
Ce qui n'était au début qu'un compromis consenti presque à regret devint vite
une habitude puis, avec les premiers revers de la Mission, une nécessité. Le déve
loppement d'un centre anglo-saxon à Hienghène, point de relâche des santaliers,
qui contrebalançait l'influence des missionnaires auprès des indigènes, et les voyages
du chef Bouarate à Sydney, suscitèrent de vives inquiétudes chez les Pères qui
sentirent passer le frisson de l'annexion anglaise. C'est ici que le précédent de
Nouvelle-Zélande prend toute sa signification. Aussi lorsqu'en 1846, à la suite de
l'émotion générale née de l'affaire Pritchard, qui tendit considérablement les rela
tions franco-anglaises, le commandant Leconte vint retirer le pavillon de Balade,
l'évêque eut-il le sentiment d'être abandonné. Il rentra aussitôt plaider sa cause
en France. Le rapport qu'il fit au roi Louis-Philippe fut selon sa propre expression
« un cri d'alarme inspiré par l'idée que cette terre allait devenir protestante si la
France ne se hâtait d'en prendre possession » 4.
1. On a mis en cause à propos de la révolte de 1849 contre les Pères, l'action des san
taliers anglo-saxons établis à Hienghène. Ceux-ci, contrariés parfois dans leurs opérations
commerciales par la présence de la Mission auraient excité en sous-main les indigènes
1' « indéniable ascendant que les maristes avaient contre cette dernière. Mais d'autre part,
pris sur leurs néophytes, n'avait pas échappé au chef Bouarate » ; celui-ci y vit une mise
en cause de sa propre autorité et réagit. (Schreiner, Essai historique; la Nouvelle-Calé
donie depuis sa découverte (1774) jusqu'à nos jours. Paris, 1882).
2. Y. Person, La Nouvelle-Calédonie et l'Europe, de la découverte à la fondation de
Nouméa 1774-1784. Paris, 1954, p. 89-90.
3. De Salinis, Marins et missionnaires. Conquête de la Nouvelle-Calédonie, 1843-1853.
Paris, 1927, p. 17.
4. De op. cit., p. 41. LA MISSION MARISTE EN NOUVELLE-CALEDONIE 115
Sans renier donc la nature spirituelle de son ministère, mais surtout à cause
d'elle, l'évêque endossait la cause nationale, et à mesure que se précisera la menace
anglaise, son appel à l'intervention directe se fera plus pressant.
Sur place les Pères seront toujours les meilleurs appuis des marins. Ils recueil
leront leurs naufragés (la Seine, 1846), fourniront guides et interprètes aux diverses
missions hydrographiques ou de reconnaissance, leur feront des avances de pacot
ille pour traiter a\ec les chefs indigènes, et iront jusqu'à participer activement
à la prise de possession, particulièrement à l'île des Pins où le Père Goujon jouera
le r

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