La première expédition des Français à Banten (1617), d après une lettre inédite d Augustin de Beaulieu - article ; n°1 ; vol.50, pg 67-82
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La première expédition des Français à Banten (1617), d'après une lettre inédite d'Augustin de Beaulieu - article ; n°1 ; vol.50, pg 67-82

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Description

Archipel - Année 1995 - Volume 50 - Numéro 1 - Pages 67-82
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Anne Lombard-Jourdan
Denys Lombard
La première expédition des Français à Banten (1617), d'après
une lettre inédite d'Augustin de Beaulieu
In: Archipel. Volume 50, 1995. pp. 67-82.
Citer ce document / Cite this document :
Lombard-Jourdan Anne, Lombard Denys. La première expédition des Français à Banten (1617), d'après une lettre inédite
d'Augustin de Beaulieu. In: Archipel. Volume 50, 1995. pp. 67-82.
doi : 10.3406/arch.1995.3064
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_1995_num_50_1_3064Anne LOMBARD-JOURDAN et Deny s LOMBARD
La première expédition des Français
à Banten (1617), d'après une lettre inédite
d'Augustin de Beaulieu
des aux dans Minangkabau parvenait de ainsi par sur Les visu l'Insulinde une vaisseaux frères Maldives. la qu'il premiers flotte de à fut Jean l'île Aceh de amené (très du bengalaise, Retenu concernent et de Frottet, témoignages sieur Raoul exactement Java, s'y à longtemps visiter Frottet chargeait mais fut Parmentier puis la grande l'illustre Java-ouest dont de que enrégimenté à Tiku, de prisonnier la des le poivre île Bardelière (de vaisseau, Pyrard au de voyageurs et nord Dieppe) Sumatra <3). l'archipel d'office du de Le (de roi le Laval, premier Padang) français touchait Corbin, de Saint-Malo), 0). par des Malé, Dès les qui Moluques. auteur <2> avait nous à 1529, Portugais Pyrard s'était et la en côte le à fait aient l'expédition nous Croissant, 1602, embarqué fut Son naufrage du et laissés parler libéré pays c'est Disl'un
cours du Voyage des Français aux Indes Orientales, paru en 1611 et souvent
cité pour les renseignements irremplaçables qu'il nous donne sur les Mal
dives, contient aussi quelques pages fort intéressantes sur Banten et sur le
commerce cosmopolite qui s'y tenait W.
C'est alors qu'il faut reparler des Normands. A la différence des Anglais
qui ont fondé leur «Compagnie Orientale» dès 1600 et des Hollandais qui ont
créé leur «Compagnie unifiée» deux ans plus tard, les Français n'ont pas
encore su conjuguer leurs efforts et tandis que les Messieurs de Saint-Malo
continuent d'armer pour leur compte et songent à entretenir quelques facteurs
en Insulinde, les marchands de Rouen mènent de leur côté leurs projets orien
taux <5).
Pendant au moins sept années consécutives, l'un de leurs principaux agents
va être Augustin de Beaulieu (1589-1637), qui dès 1612 avait participé à une
première expédition sur la côte de l'Afrique (6) et y avait acquis une certaine
expérience de la navigation. Il entre en 1616 au service de la Compagnie qui
se forme alors, «composée de persones de Paris et de Rouen», et participe aux
[Archipel 50 - Paris, 1995 - pp. 67-82.] Anne Lombard- Jour dan & Denys Lombard 68
deux expéditions que celle-ci va envoyer dans l'Archipel, afin de s'y procurer
du poivre et autres épices. La première (1616-1618) comprend deux vais
seaux: le Montmorency (450 tonneaux), ou vaisseau amiral, que dirige De
Nets, un capitaine d'origine flamande, et la Marguerite, que commande Beau-
lieu. Tous deux se rendent ensemble directement à Banten mais De Nets est
arrêté par les Hollandais et Beaulieu obligé de vendre la Marguerite (faute,
comme nous le verrons, de matelots pour la manœuvrer). Le Montmorency
s'en revient néanmoins, «avec pleine charge», et le succès relatif de cette pre
mière entreprise pousse les marchands de Rouen à en financer une seconde
(1619-1622). Ils en confient cette fois la responsabilité à Beaulieu qui prend le
commandement du Montmorency et décide de se rendre à Aceh (il en revient
avec une belle cargaison); l'autre vaisseau, l'Espérance, est envoyé tenter sa
chance à Banten, mais il y est saisi et brûlé par les Hollandais.
Du second voyage, nous avons conservé l'excellent récit que Beaulieu en a
fait, 123 pages in folio rédigées pour ainsi dire au jour le jour, qui furent
publiées en 1664 par Melchisédec Thévenot <7) et traduites peu après en néer
landais (dès 1669), puis en anglais (1705). Le texte est riche d'informations
non seulement sur Aceh et Banten, mais sur d'autres régions, de Sumatra et de
Péninsule.
Sur le premier voyage, nous avons fort heureusement conservé le texte
d'une lettre inédite (B.N. fr. 9670, fol. 67-74) <8>, rédigée en rade de Banten le
6 mars 1617 par Beaulieu lui-même et adressée aux «Messieurs» de sa Comp
agnie. Le manuscrit qui n'est pas de sa main, mais de celle d'un copiste du
XVIIe s. (ce qui explique certaines hésitations sur les noms propres), nous a
paru assez intéressant pour que nous le transcrivions intégralement ici. Il
donne en effet non seulement un récit du long périple de dix mois (9) effectué
de Dieppe à Banten, mais fait un bilan assez circonstancié des premières diffi
cultés rencontrées depuis son arrivée, tant avec les représentants de la loge
hollandaise qu'avec certains de ses propres collègues.
Lorsque Beaulieu s'embarque sur la Marguerite en 1616, le roi Louis XIII
n'a que seize ans et le pouvoir est encore aux mains de Concini. Depuis la fin
du XVIe s., la France, qui se remet lentement des guerres de religion, continue
d'hésiter entre l'alliance avec l'Espagne et l'alliance avec les Provinces
Unies. En simplifiant un peu, on peut dire qu'il s'agissait de choisir entre une
politique continentale d'ancien style et une ouverture sur les grands réseaux
maritimes que les villes calvinistes des Pays-Bas cherchaient à dérober aux
Ibériques (10). Henri IV avait longtemps rêvé d'un «mariage espagnol» pour sa
troisième fille, Christine, et en 1615 le jeune Louis XIII venait d'épouser une
infante, Anne d'Autriche, fille de Philippe III. Mais parallèlement, les ambas
sadeurs français en Hollande - Buzenval, le conseiller Janin... - avaient pour
mission de ménager les cités protestantes, de les soutenir en sous-main contre
les Archiducs qui tenaient toujours les provinces catholiques (l'actuelle Bel
gique) au nom du roi d'Espagne, et de voir (qui sait?) si elles n'accepteraient
pas une suzeraineté française.
C'est dans ce contexte européen qu'il faut replacer les tentatives de nos Une lettre inédite d'Augustin de Beaulieu 69
hommes d'affaires, tant bretons que normands, qui connaissent bien les efforts
de leurs voisins flamands et songent eux aussi à s'engager dans les entreprises
outre-mer, mais qui ne trouveront guère à Paris, même au temps de Richelieu,
un appui comparable à celui que leurs concurrents rencontrent à Amsterdam
ou à Londres. Ils sont moins nombreux, moins bien organisés et manquent des
cartographes, des pilotes et des interprètes nécessaires. Comme les Archiducs,
chargés de protéger les intérêts ibériques, ont ordre d'interdire à leurs admin
istrés le commerce des Indes, certains Anversois cherchent de leur côté à
échapper au contrôle en s'associant avec des homologues normands ou bre
tons. C'est ainsi que de nombreux experts «flamens» collaborent alors aux
entreprises françaises. On peut ainsi citer le nom de Lemaire que Janin avait
personnellement approché aux Pays-Bas (et qui ne s'entendait pas avec ses
compatriotes de la VOC), ou encore ceux de Gérard de Roy et Hans de Dekker
qui commandèrent le Saint-Louis et le Saint-Michel que la Compagnie de
Saint-Malo avait armés de son côté et qui parvinrent également à Banten
quelques jours après le départ de Beaulieu en 1617. Des marchands d'Anvers
s'étaient intéressés à l'affaire et y avaient investi plus de 400 000 livres.
Pourtant cette collaboration, tant technique que financière, devait avoir à
moyen terme de funestes conséquences. Parvenus dans les Indes, les mar
chands français, s'ils étaient assez bien reçus par les princes locaux heureux
de voir arriver de nouveaux clients, se heurtaient bien vite au mauvais vouloir
de leurs concurrents hollandais, trop contents d'invoquer un édit de leurs
Etats, promulgué en 1606 et confirmé en 1616, interdisant expressément à tout
marin batave de prendre du service sur un bateau étranger. Pareille mésavent
ure advient ici à Beaulieu. L'agent de la VOC à Banten, un certain Cornelis
Buysero, bien connu par ailleurs (**), a tôt fait de reconnaître dans le Montmor
ency, un vaisseau de fabrication hollandaise a

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