La préposition comme connecteur et la prédication seconde - article ; n°1 ; vol.127, pg 112-125
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Description

Langue française - Année 2000 - Volume 127 - Numéro 1 - Pages 112-125
Pierre Cadiot, La préposition comme connecteur et la prédication seconde The author shows that utterances such as Paul a frappé Jean au visage, Sylvie est jolie des yeux, Paul a été attaqué sur sa vie privée, (Paul struck Jean in the face, Sylvie has pretty eyes, Paul was attaqued on/for his private life) are cases of double predication. He developes the hypothesis that this double predication is articulted according to a model background/figure and that the choice of prepositions corresponds to an instructional theory of their basic semantic structure.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 45
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Pierre Cadiot
La préposition comme connecteur et la prédication seconde
In: Langue française. N°127, 2000. pp. 112-125.
Abstract
Pierre Cadiot, La préposition comme connecteur et la prédication seconde
The author shows that utterances such as Paul a frappé Jean au visage, Sylvie est jolie des yeux, Paul a été attaqué sur sa vie
privée, (Paul struck Jean in the face, Sylvie has pretty eyes, Paul was attaqued on/for his private life) are cases of "double
predication". He developes the hypothesis that this double predication is articulted according to a model background/figure and
that the choice of prepositions corresponds to an instructional theory of their basic semantic structure.
Citer ce document / Cite this document :
Cadiot Pierre. La préposition comme connecteur et la prédication seconde. In: Langue française. N°127, 2000. pp. 112-125.
doi : 10.3406/lfr.2000.1002
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_2000_num_127_1_1002Pierre Cadiot
Paris 8
LA PREPOSITION COMME CONNECTEUR
ET LA PRÉDICATION SECONDE1
Dans la longue série des constructions comportant une prédication seconde, il est
rare qu'on ait pris en compte les avec complément prépositionnel de
type2:
(1) Paul a frappé Jean au visage
(2)est malheureux en amour
(3) Naoyo est grand pour un Japonais
(4) Sylvie est jolie des yeux
(5) Cet incident confirme Paul dans ses soupçons
(6) Paul m'a séduit par ses bonnes manières
(7)m'a écrasé sous son arrogance
(8) Paul a été attaqué sur sa vie privée.
S'il est superflu d'insister sur la fréquence et le caractère naturel de ces constructions,
il est en revanche nécessaire de justifier la décision de les ranger dans les constructions
à prédication seconde. La chose n'est pourtant guère problématique :
- Dans la mesure où l'élément nominal du composant prépositionnel (GP) entre
dans une relation argumentale au verbe principal, les énoncés (1) à (8) peuvent dans
un premier temps être vus, au plan de l'interprétation sémantique, comme l'ama
lgame de deux propositions décalées selon le schéma élémentaire suivant (pour éviter
des excès de lourdeur, nous ne notons ici que quatre exemples) :
p^Paul a frappé Jean p2(Paul a frappé le visage de Jean)p2]pl est malheureux p2 (l'amour de Paul est malheureux)p2]p1
ou encore :
pJ[Paul m'a séduit p2(les bonnes manières de Paul m'ont séduit)p2]p1
рг[Раи1 a été attaqué p2(la vie privée de Paul a été attaquée)p2]p1.
Les deux types de GN, objets ou sujets respectivement dans p1 et p2, satisfont au
même prédicat.
- Cette double incidence argumentale est au niveau sémantique soumise à une
condition référentielle caractéristique : les referents des GN objets et sujets de p1 et de
p2 entretiennent une relation de tout à partie, au sens large : partition physique
1. Ce texte a profité des remarques de Franck Lebas, Bernard Victorri et Yves-Marie Visetti.
2. Cette liste est ici constituée pour distribuer au mieux les prépositions concernées. Elle pourrait être
considérablement élargie, en particulier à ces exemples d'arguments prépositionnels qui oscillent entre
le statut d'argument obligatoire et celui de « circonstant » : résider en Belgique, mettre un terrain en vente,
tomber de fatigue (Leeman 1998 : 14).
112 (exemples (1) et (4)), attribution domainiale avec promotion générique (exemple 2),
appartenance à une classe objective (exemple 3), caractéristiques attribuées par le biais
de l'adjectif possessif (exemples 5 à 8).
- Loin d'alimenter la phrase avec un contenu préalablement constitué ou d'en
modifier l'extension (comme c'est le cas dans les relatives dites restrictives par
exemple), p2 tend à s'inscrire au même niveau que p1. Il apporte des éléments de spé
cification pour p1 dans une même saisie (ou phase), au lieu de « modifier » le contenu
visé par les arguments nominaux. Prédication principale et prédication seconde s'ins
crivent ainsi à un même niveau, dans une forme de codétermination3. Dans (1), p2 (Paul
a frappé le visage de Jean) a la même actualité que p1 : les deux propositions réfèrent à un
même « état du monde ». Mais, comme on le verra plus longuement ci-dessous, c'est la
construction, en l'occurrence une insertion de p2 dans p1, qui assure à p2 sa tension pre
dicative pertinente. C'est parce que p1 est construit avec p2 que le sens du prédicat « frap
per » se fixe sur un pôle actif, ce que nous appellerons une prédicativité forte, comme il
aurait pu se fixer sur un pôle de prédicativité faible (Paul a frappé Marie par son intelligence).
— Si l'on s'en tient à l'idée que ce qui caractérise plus précisément les prédications
secondes, c'est un certain équilibrage entre la Thématicité et la Prédicativité 4, les pré
dications p2, parenthésées, illustrent cette caractéristique : dans sa relation à la propos
ition principale (p1), le GN introduit dans le groupe prépositionnel (GP) combine sa
fonction predicative (d'où les propositions de type p2) et la fonction de thème pour la
proposition principale. Tout en ayant la même actualité, l'état de choses énoncé dans
p2 sert d'horizon thématique à l'assertion de p1.
Dans notre projet de décrire plus précisément cette classe de constructions, nous
suivrons plusieurs pistes :
(a) en faire un inventaire mettant en évidence différents sous-types qui s'ordonnent
autour du statut de l'anaphore ;
(b) rendre plus précises les notions d'« horizon thématique » et/ou d'« avant-plan »
impliquées ;
(c) rendre compte des alternances prépositionnelles, en s'appuyant sur la sémantique
générale des prépositions concernées.
3. Cette différence entre un arrière-plan modificateur (correspondant notamment à la notion de circons-
tant, ou à celle d'élément enchâssé dans un constituant, comme dans les relatives traditionnelles) et un
même plan, pourrait aussi être utilisée pour opposer frapper Paul au visage (le visage reste « en arrière »,
en fond) à frapper Paul sur le visage, où le visage est dans les représentations évoquées mis sur le même
plan que Paul.
4. Cf. Furukawa (1996). Frei constatant que des exemples du type Sylvie est jolie des yeux sont des
« phrases à double sujet, condensation de deux jugements en une proposition unique » parle à leur
propos d'un type converse, « sorte de court-circuit ou de chassé croisé », le prédicat se rapportant au pre
mier sujet, « le second spécifiant à quelle partie du premier ce prédicat s'applique »(Frei, 1972). Les rela
tives déictiques traduisent aussi une forme de court-circuit des cohérences dépendantielles et
argumentâtes. Ainsi dans cet exemple : « Gilbert, dans le gris de la nuit finissante, devina des yeux qui
avaient pitié » (R. Bazin, Le blé qui lève), il y a un chassé-croisé entre l'apparition des yeux et l'évaluation
concernant leur « pitié », qui se télescopent dans leur vocation à être l'objet de « deviner » ! C'est l'espace
référentiel du prédicat « deviner » qui se trouve ainsi dilaté entre un pôle perceptuel et un pôle évalua-
tif, plus « intellectuel », où l'objet a - explicitement ou non - un statut propositionnel (Cadiot 1976, 1984).
113 1 . Vers un inventaire
Une mise au jour des configurations de GP en position syntaxique de prédication
seconde passe par la prise en compte plus générale des compléments prépositionnels5.
1.1. Connectivité des prépositions
Commençons par quelques préalables concernant la connectivité des prépositions,
puis les différences de prédicativité. Un GP régi par une préposition comme avec entre
dans deux grands types de configurations syntaxiques 6 :
7.7.7. La préposition comme opérateur (coprédication). Les valeurs interpréta
tives sont calculables dans le cadre du scénario ouvert par le verbe :
(1) a. Paul se bat avec une épée (« instrumental »)
(1) b. Paul se bat avec ardeur (« manière »)
(1) с se promène avec sa petite amie (« comitatif »).
7.7.2. La préposition comme connecteur (biprédicati

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