La Présidence des États-Unis en 1961 - article ; n°4 ; vol.11, pg 862-905
45 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La Présidence des États-Unis en 1961 - article ; n°4 ; vol.11, pg 862-905

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
45 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue française de science politique - Année 1961 - Volume 11 - Numéro 4 - Pages 862-905
44 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 7
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Monsieur André Mathiot
La Présidence des États-Unis en 1961
In: Revue française de science politique, 11e année, n°4, 1961. pp. 862-905.
Citer ce document / Cite this document :
Mathiot André. La Présidence des États-Unis en 1961. In: Revue française de science politique, 11e année, n°4, 1961. pp. 862-
905.
doi : 10.3406/rfsp.1961.392647
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1961_num_11_4_392647La Présidence des Etats-Unis en 1961
ANDRE MATHIOT
UN an après le tumulte d'une des luttes électorales les plus vives et
les plus longtemps indécises que les Etats-Unis aient connues, les
slogans ont perdu leurs vertus, les plates-formes des partis sont
oubliées de presque tous, et l'administration Kennedy, face aux réalités écra
santes du pouvoir, connaît plus d'épreuves — et de plus graves — que ses
adversaires mêmes n'auraient osé lui en souhaiter. Par là, d'ailleurs, sa tâche
se trouve en partie allégée : la montée des périls redonne parfois à certains
aspects au moins de la politique étrangère américaine le soutien large et
bipartisan qu'en bien d'autres domaines le président démocrate n'a pas
obtenu.
S'il est évidemment beaucoup trop tôt pour juger, ou pour présenter,
du nouveau gouvernement, un tableau complet ou précis, il ne semble pas
trop aventureux d'en esquisser les principaux traits et de tenter un bilan
provisoire des premiers mois d'efforts.
Ceux-ci ont, en fait, commencé dès le lendemain de l'élection du
8 novembre I960. Tandis que les politiciens discutaient des résultats élec
toraux, parfois remis en cause, incertains encore lorsque, le 19 décembre,
le collège électoral présidentiel désignait le sénateur John Fitzgerald Ken
nedy comme trente-cinquième président des Etats-Unis 1, le président élu,
entouré du brain trust qui l'avait secondé pendant sa campagne, s'attaquait
résolument à l'étude des problèmes gouvernementaux ~. On voit, dans cette
1. Le 19 novembre, il apparaissait que la candidature Kennedy avait obtenu
317 électeurs présidentiels contre 220 à Nixon (la majorité exigée étant 269).
Le 28 novembre, les chiffres avancés étaient respectivement de 300 et 223,
14 (6 sur 11 de l'Alabama et 8 du Mississippi) n'étant pas engagés.
Le 19 décembre, le vote des électeurs présidentiels donnait 300 voix à Kennedy,
219 à Nixon, 15 au sénateur Byrd, les 3 votes d'Hawaï demaurant douteux, et
c'est le 5 janvier 1961 seulement que les résultats officiels (303 votes pour Ken
nedy, 219 pour Nixon, 15 pour Byrd) ont été définitivement arrêtés et proclamés
par le vice-président Nixon devant le Congrès solennellement assemblé.
2. F.D. Roosevelt, succédant à Herbert Hoover en 1932, avait été invité
à collaborer immédiatement avec lui, mais avait cru devoir refuser d'être associé
aux décisions dont il n'aurait pas la responsabilité réelle et complète. Entre le
général Eisenhower et le président Truman, les contacts avaient été, après
862 Présidence des Etats-Unis en 1961 La
période d'interrègne, émerger les noms de ceux à qui le président attr
ibuera missions et postes de commande; les dossiers des experts se gonflent
des études où la nouvelle administration puisera les premiers principes de
ses réformes 3. Un président plein d'ardeur et d'idées, sans doute tourné
vers l'exemple de Franklin Roosevelt, choisit avec soin les membres de son
cabinet et les divers chefs de son administration, multiplie contacts et
conversations et se consacre pleinement à l'apprentissage de sa fonction.
Dès le début de janvier, soucieux de mettre à profit la période de « lune
de miel », il se préoccupe de ses relations futures avec le Congrès. Géné
reusement alimenté en rapports, plans et suggestions par l'élite intellec
tuelle démocrate, il considère les diverses voies par lesquelles le programme
qu'il a préconisé pourrait être réalisé. Lorsque, le 20 janvier, il prend off
iciellement la Présidence des Etats-Unis, il y a deux mois déjà qu'il en est
officieusement responsable.
Après huit années d'une administration républicaine, d'ailleurs bien plus
libérale que ses ennemis ne l'ont prétendu, un nouvel élan semble pouvoir
être donné à une politique trop marquée « d'immobilisme » et la majorité
des Américains aspirent au leadership d'un chef de gouvernement dyna
mique. Beaucoup se demandent, il est vrai, où est cette « nouvelle fron
tière » vers laquelle le candidat Kennedy a affirmé qu'il conduirait la nation
et comment elle sera tracée, mais, impatiente ou non, l'attente du renou
vellement est générale, aux Etats-Unis, chez leurs alliés et chez leurs advers
aires. En prenant connaissance des messages de félicitations que son élec
tion lui a valus, et qui allaient de l'expression d'une sympathie un peu
hautaine à des encouragements apparemment cordiaux, bientôt suivis de
la libération d'aviateurs américains détenus, le sénateur de quarante-trois ans
l'élection de 1952, fort réduits. En 1960, le président Kennedy a bénéficié de la
coopération sans réticence de son prédécesseur et l'a utilisée largement. M. Clark
Clifford, ancien collaborateur de Truman, a été désigné par le nouveau prési
dent pour assurer la liaison de son équipe avec celle du général Eisenhower,
par l'intermédiaire de l'assistant personnel de l'ancien président, M. Wilton
Persons. Le passage de l'administration républicaine à l'administration démoc
rate s'est ainsi opéré sans heurt, dans des conditions que préfigurait, les mois
précédents, l'étude d'un groupe d'experts de la Brookings Institution. Cette coopér
ation a été concrétisée par la conférence qui a réuni, le 6 décembre, à la Maison
blanche, Eisenhower et Kennedy.
3. Sous l'autorité d'Adlaï Stevenson, M. George Bail dirige l'examen, par
divers techniciens, des problèmes de l'aide économique à l'étranger. M. Paul
Nitze, aidé notamment par MM. David Bruce, Roswell Gilpatrick, James
Perkins, se consacre à l'examen des questions de sécurité nationale. Le sénateur
Symington dirige un groupe d'experts (comprenant MM. Thomas Finletter, Clark
Clifford, Roswell Gilpatrick, Fowler Hamilton, entre autres), des travaux duquel
sortira, au début de décembre, un projet spécialement ambitieux et discuté de
réorganisation de la défense et du Pentagone. M. James Landis est chargé d'étu
dier la réorganisation des agences fédérales. Quantité d'amis du président et de
techniciens, issus notamment des Universités de l'Est, sont chargés d'enquêtes
et de recherches. Parmi ces conseillers figurent MM. Kenneth Galbraith, Arthur
Schlesinger Jr, Zbigniev Brzezinski, Abraham Ribicoff, deux frères du président
(Robert et Ted) et son beau-frère Sargent Shriver.
863 André Mathiot
qui, porté au poste gouvernemental le plus puissant du monde occidental,
réalisait l'ambition de sa vie, a pu mesurer, s'il ne l'avait déjà fait, le sens
et le poids de ses responsabilités.
Dans le pays, des signes de récession — moins alarmants que les démoc
rates ne l'ont dit, plus réels que les républicains ne l'ont prétendu — se
manifestent : baisse des ventes au détail (surtout sensible sur le marché de
l'automobile), de la production industrielle 4, augmentation, surtout,
du nombre des chômeurs 5. En même temps, la nation doit résoudre les
problèmes d'une considérable augmentation de population € et répondre aux
aspirations de la masse, qui demande à bénéficier des avantages du progrès
scientifique et technique. L'accroissement de prospérité qui a été promis
devrait être obtenu sans inflation et sans réduction de l'aide aux pays sous-
développés, alors que, à l'extérieur, le déficit de la balance des paiements
et la fuite de l'or sont un sujet d'inquiétude 7.
Les données de la politique étrangère n'inclinent pas davantage à l'opt
imisme.

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents