La propriété dite mushâ  en Syrie : à propos des travaux de Ya akov Firestone - article ; n°1 ; vol.79, pg 273-287
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La propriété dite mushâ' en Syrie : à propos des travaux de Ya'akov Firestone - article ; n°1 ; vol.79, pg 273-287

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Revue du monde musulman et de la Méditerranée - Année 1996 - Volume 79 - Numéro 1 - Pages 273-287
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 22
Langue Français
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Extrait

Martha Mundy
La propriété dite mushâ' en Syrie : à propos des travaux de
Ya'akov Firestone
In: Revue du monde musulman et de la Méditerranée, N°79-80, 1996. pp. 273-287.
Citer ce document / Cite this document :
Mundy Martha. La propriété dite mushâ' en Syrie : à propos des travaux de Ya'akov Firestone. In: Revue du monde musulman
et de la Méditerranée, N°79-80, 1996. pp. 273-287.
doi : 10.3406/remmm.1996.1751
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0997-1327_1996_num_79_1_1751Mundy* Martha
mushâ' en Syrie : La propriété dite
apropos des travaux de Ya'akov Firestone**
dans Depuis les communautés la période mandataire, villageoises le du terme Levant "mushâ"' où la terre désigne était la détenue propriété en foncière quotes-
parts et soumise à des redistributions périodiques. Les auteurs contemporains, aussi
bien européens qu'arabes, utilisent à ce sujet différentes expressions : village
mushâ'", 'système mushâ'", ou 'propriété mushâ'". Ce que nous savons de ces sys
tèmes agricoles - qui, avec les cadastres mandataires, ont disparu partout de la grande
Syrie - repose essentiellement sur quelques travaux européens menés entre les deux
guerres (Latron, 1936; Walpole, 1948; Weulersse, 1946; Granott, 1952). De tous
ces ouvrages, le plus important est celui de Latron, les travaux de Granott et
Weulersse étant moins proches du terrain et plus marqués par l'idéologie triom
phaliste européenne. Avant cette date, il ne s'agit que de quelques descriptions au
gré des sources liées à la présence (et à la colonisation) européenne dans la région,
notamment de celles parues dans le Palestine Exploration Fund Quarterly Statement.
Quant à la presse ou à la littérature arabes de la seconde moitié du XIXe et du début
du XXe siècle, cette structure rurale n'y fut pas l'objet d'une attention particulière
* Département d'Anthropologie, London School of Economies.
** Je tiens à remercier Roger Owen et les autres participants aux réunions Land I en février 1995 et Land
lien mars 1996 du Middle East Center, Harvard University, pour ce qu'ils m'ont appris sur les systèmes
administratifs ottomans et mandataires. C'est par ailleurs avec plaisir que je reconnais ma dette à Huri-
cihan Islamoglu-Inan et Richard Saumarez Smith, l'un et l'autre si tolérants vis-à-vis de mon aventurisme
sur des terrains qu'ils connaissent tellement mieux que moi. Et enfin, je suis reconnaissante à Anne-
Marie Geyer et Sylvie Oenoix pour la correction de mon français et à Abdallah Cheikh-Moussa pour une
lecture critique de ce texte.
REMMM 79-80, 1996/1-2 274 1 Martha Mundy
ni même de théorisation politique comme ce fut le cas dans les débats sur la
communauté villageoise en Russie ou en Inde (Miller, 1926; Dewey, 1972). Et,
même un auteur qui prônait le développement de l'agriculture ne voyait pas que
cette structure foncière rut l'objet d'une problématique particulière. Ainsi, Kha-
lîl Rifat al-Hawrânî note simplement {al-Muqtabis, 509, 27 octobre, p. 1), entre
une description des mets des paysans hauranais et leurs coutumes sur la dot au
mariage : « la terre des villages du Hawrân est possédée par les paysans, chaque
maison ayant une quote-part car la terre du village est distribuée entre [toutes]
les maisons. Il n'y a que quelques exceptions à la règle qui veut qu'en Hawrân un
village ne soit généralement pas la propriété d'un seul homme. . . »l. Ici l'expres
mushâ'a" signifie d'ailleurs plutôt "distribuée parmi les paysans" que sion "terre
"détenue en commun". En tout cas, cette institution était courante et ne fit pas
l'objet d'une théorie sociologique particulière. Ce n'est que brièvement, durant
la période des Mandats français et britanniques, que "le village mushâ'" devint
un objet sociologique. Et depuis la seconde guerre mondiale, rares ont été les études
consacrées à l'histoire agraire2 et au mushâ' ^\\xs particulièrement3.
Parmi celles-ci, les contributions de Ya'akov Firestone à l'étude du "mushâ"',
basées sur les documents d'exploitations agricoles de la famille 'Abd al-Hâdî dans
la région de Naplouse en Palestine, se distinguent par leur rigueur méthodologique
et leur sens comparatif (Firestone, 1975a, 1975b, 1981, 1990). Dans son dernier
mushâ' village : a reassessment", Firestone a offert article, "The land-equalizing
une vision d'ensemble de cette institution. C'est sur celle-ci que je me propose
de revenir, à la lumière de ma propre lecture d'autres sources, en particulier des
documents de l'administration ottomane et des tribunaux ottomans et mandat
aires pour une région de la Syrie4 du sud, le nord de la Jordanie actuelle (Mundy,
1992, 1994 et 1996).
L'interprétation de Firestone
Pour Firestone, l'institution économique du mushâ' représente, avant tout, un
système consistant en "la répartition égalitaire des terres" parmi les paysans, sy
stème qui reposait sur quatre éléments. Le titre de la plupart des terres arables du
village était détenu en commun, c'est-à-dire en quotes-parts, non en parcelles par
ticulières délimitées une fois pour toutes. Les terres du village étaient divisées en
plusieurs sections, dont chacune était relativement homogène quant à ses carac
téristiques (sols, proximité du village, etc.). Le détenteur de chaque quote-part pos-
1 . Ard al-qurâfi Hawrân mushâ 'a bi-yad ahli-hâfa-li-kull dâr hissa H 'anna ard al-qarya maqsûma 'alâ l-
dûrfa-laysafi qarya li-rajul wâhid tu 'add milkan siwâ. . .
2. Warriner, 1948, 1966 ; Baer, 1966, 1982 ; Hannâ, 1975 ; Khalidi, 1984 ; Rafeq, 1981, 1984, 1992 ;
Schilder, 1981, 1991a, 1991b, 1991c; Gerber, 1985 : 160-222, 1987 ; Lewis, 1987 ; Dirâsât Ta'rikhîya,
1990, 1992 ; Douwes et Lewis, 1992 ; et plus récemment sur la Jordanie : Fischbach, 1992 ; Wahlin,
1993a, 1993b ; Palmer, 1994 ; Abu Sha'r, 1995.
3. Patai, 1949 ; Klat, 1957, 1958 ; Atran, 1985, 1986, 1987 ; Wahlin, 1988.
4. Dans le sens de "grande Syrie" avant les découpages frontaliers actuels (ndlr). propriété dite mushâ' en Syrie : apropos des travaux de Ya'akov Firestone 1 275 La
sédait une quotité équivalente dans les terres communes du village et dans les sec
tions respectives. Et, finalement, ces terres arables communes étaient soumises à
une redistribution périodique, l'importance des quotes-parts de chaque posses
seur étant respectée et les lots de champs généralement distribués aux particuliers
par tirage au sort (Firestone, 1990, 92).
A partir de cette description générale de l'institution, Firestone pose deux
questions : comment définir le statut juridique du bien mushâ' et comment expli
quer la variation observée dans les structures villageoises mushâ 'au Levant ? Résu
mons brièvement sa réponse à ces deux questions, réponse qui, dans son ensemble,
prend la forme d'une critique des thèses de Weulersse, qui, en tant que géo
graphe, a formellement exprimé, à la fin de la période mandataire, la représenta
tion idéologique commune que l'on se faisait du mushâ' pendant cette période (voir
aussi Patai, 1949; Baer, 1966, 1975; Warriner, 1966). Firestone critique l'évo-
lutionnisme de Weulersse selon lequel il y aurait eu une forme originale de com
munauté mushâ' qui puiserait ses racines dans la coutume, institution qui, sous
l'impact des intérêts commerciaux, aurait été transformée en formes mixtes ou
bâtardes au cours du XIXe siècle. Se fondant sur les villages mushâ' dans lesquels
le nombre de quotes-parts était fixe ou dans lesquels la distribution des quotes-
parts entre les cultivateurs n'était plus égalitaire, voire où certaines quotes-parts
avaient été vendues aux commerçants non cultivateurs, Weulersse souligne que
ces développements résultaient de l'impact du marché et des usuriers. Quant au
statut juridique du mushâ' y Firestone rejette l'idée qu'il fut uniquement coutu-
mier et en contradiction larvée avec le droit islamique ; pour lui, le village exis
tait toujours dans le contexte de la "Great Tradition "environn

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