La seigneurie foncière en Allemagne (XIe-XIIe siècles), réflexion critique sur des travaux récents - article ; n°1 ; vol.144, pg 5-37
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1986 - Volume 144 - Numéro 1 - Pages 5-37
En Allemagne comme en France, les recherches sur l'histoire des campagnes pendant le haut Moyen Age ont conduit les historiens à s'interroger avec beaucoup de rigueur sur les modes d'appropriation et de faire-valoir du sol, sur l'origine et la nature du pouvoir qui s'est exercé sur les paysans, sur les formes de dépendance de ces derniers vis-à-vis de leurs maîtres. La seigneurie foncière ou « Grundherrschaft » représente chez les historiens allemands l'essai d'explication le plus cohérent sans il réussisse toutefois à proposer des réponses partout satisfaisantes. Revenir à l'étude de l'emploi de certains mots importants relatifs à la possession du sol ou au statut des hommes ouvre peut-être une voie nouvelle en obligeant à reconsidérer le rôle fondamental qu'a joué, partout en Occident, la loi romaine en matière fiscale.
33 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Elisabeth Magnou-Nortier
La seigneurie foncière en Allemagne (XIe-XIIe siècles), réflexion
critique sur des travaux récents
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1986, tome 144, livraison 1. pp. 5-37.
Résumé
En Allemagne comme en France, les recherches sur l'histoire des campagnes pendant le haut Moyen Age ont conduit les
historiens à s'interroger avec beaucoup de rigueur sur les modes d'appropriation et de faire-valoir du sol, sur l'origine et la nature
du pouvoir qui s'est exercé sur les paysans, sur les formes de dépendance de ces derniers vis-à-vis de leurs maîtres. La
seigneurie foncière ou « Grundherrschaft » représente chez les historiens allemands l'essai d'explication le plus cohérent sans il
réussisse toutefois à proposer des réponses partout satisfaisantes. Revenir à l'étude de l'emploi de certains mots importants
relatifs à la possession du sol ou au statut des hommes ouvre peut-être une voie nouvelle en obligeant à reconsidérer le rôle
fondamental qu'a joué, partout en Occident, la loi romaine en matière fiscale.
Citer ce document / Cite this document :
Magnou-Nortier Elisabeth. La seigneurie foncière en Allemagne (XIe-XIIe siècles), réflexion critique sur des travaux récents. In:
Bibliothèque de l'école des chartes. 1986, tome 144, livraison 1. pp. 5-37.
doi : 10.3406/bec.1986.450404
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1986_num_144_1_450404LA SEIGNEURIE FONCIÈRE EN ALLEMAGNE
(XIe-XHe SIÈCLES)
RÉFLEXION CRITIQUE SUR DES TRAVAUX RÉCENTS
par
Elisabeth MAGNOU-NORTIER
L'intérêt porté Outre- Rhin à l'histoire rurale et aux sociétés pay
sannes est relativement récent. Mais il s'est concrétisé depuis une
quinzaine d'années par la publication de travaux de grande ampleur
parmi lesquels la monumentale Deutsche A grar geschickte dirigée par
Günther Franz représente une contribution de premier ordre1. On
doit au même auteur, entre autres publications, celle d'un recueil de
sources choisies avec soin et perspicacité, qui permettent à n'importe
quel historien non seulement d'acquérir une connaissance directe des
documents considérés comme les plus significatifs de l'histoire agraire
allemande, mais aussi bien, grâce à la traduction allemande qui les
accompagne, de mieux apprécier la réflexion historique qu'elles ont
soutenue2.
L'objet de cette étude n'est pas de proposer une théorie nouvelle
sur la naissance de la seigneurie foncière ou encore sur les fluctua
tions de la liberté chez les paysans pendant le haut Moyen Age. Il
1. Wilhelm Abel, Geschichte der deutschen Landwirtschaft vom frühen Mittelalter bis
zum XIX. Jh., Stuttgart, 1978 [Deutsche Agrar geschiente, 2). Friedrich Lütge, Geschichte
der deutschen Agrarverfassung vom frühen Mittelalter bis zum XIX. Jh., Stuttgart, 1976
(Deutsche A grar geschiente, 3). Günther Franz, Geschichte des Bauernstandes com frühen
Mittelalter bis zum XIX. Jh., Stuttgart, 1976 (Deutsche Agrar geschickte, 4). On peut se re
porter aussi à F. Lütge, Die mitteldeutsche Grundherrschaft und ihre Auflösung, Stuttgart,
1957. Id., Das Probleme der Freiheit in der frühen deutschen Agrar geschickte dans Studien
zur Sozial- und Wirtschaftgeschichte, Stuttgart, 1963, p. 1-36. Karl Bosl, Freiheit und Unf
reiheit, zur Entwicklung der Unterschichten in Deutschland und Frankreich während des
Mittelalters, dans Vierteljahrschrift für Sozial- und Wirtschaftgeschichte, t. 44, 1957, p. 193-
219. Id., Frühformen der Gesellschaft im mittelalterlichen Europa, München-Wien, 1964.
Theodor Mayer, Adel und Bauern im Staat des deutschen Mittelalters, dans Adel und Bauern,
p. 1-21. La Mission historique française de Göttingen a publié en 1984 une excellente mise
au point bibliographique sur les récents travaux allemands concernant « La paysannerie
en Allemagne au Moyen Age », présentée par W. Roesener. On ne peut omettre de citer
l'excellente étude de Philippe Dollinger, L'évolution des classes rurales en Bavière, Paris,
1949.
2. Günther Franz, Quellen zur Geschichte des deutschen Bauernstandes im Mittelalter,
Darmstadt, 1974 (cité ci-après : Q, les documents étant indiqués par leur numéro).
Bibliothèque de VÉcole des chartes, t. 144, 1986. 6 ELISABETH MA.GNOU-NORTIER
n'est pas non plus de présenter une critique de travaux qui s'imposent
de toutes manières par l'ampleur de la documentation traitée, par
l'honnêteté scientifique et la rigueur des auteurs. Il invite, à partir
des interrogations majeures soulevées par la « Grundherrschaft », que
les historiens allemands ont le mérite de ne pas avoir dissimulées, à
relire certains documents importants publiés par G. Franz et à pro
poser quelques observations à partir d'eux ou de leur traduction.
* * *
II ne sera sans doute pas inutile de commencer par fournir au lec
teur français peu familier des travaux allemands, ne fût-ce que de
façon schématique, un aperçu de leur problématique concernant l'au
torité, la liberté et la servitude, en quoi s'inscrivent les données maj
eures de la seigneurie foncière médiévale.
Un premier élément de cette problématique provient de la na
ture même des sources. En Allemagne comme en France, les sources
disponibles sont tirées des archives royales ou des archives ecclésias
tiques. On ne peut citer aucun témoignage direct des gouvernés sur
eux-mêmes. C'est donc à juste titre que l'historien se demande dans
quelle mesure des documents législatifs, normatifs, des chartes de
fondation ou de dotation d'églises, des polyptyques, des concessions
royales à des membres de l'aristocratie peuvent refléter la réalité de
la société paysanne. Il ne faudra jamais perdre de vue ce fait que
les documents concernant les paysans étaient rédigés et conservés par
les membres de l'aristocratie laïque et surtout ecclésiastique, c'est-à-
dire par ceux qui exerçaient le pouvoir. Toutes les sources, remarque
Hans Ulrich Rudolf, désignent le roi, les princes et l'Église comme
les auteurs et organisateurs des sites colonisés1. Autre difficulté, liée
à la nature des documents et qui est loin d'être vaincue : celle du vo
cabulaire. Récemment, rendant compte d'une enquête très conscien
cieuse menée sur « les libres, les voisins et les gens de suite » dans les
lois dites barbares, je remarquai les obscurités et les ambiguïtés que
l'auteur avait rencontrées tout au long de sa route pour cerner le
contenu des mots2. Ne justifient-elles pas, finalement, la position de
1. H. U. Rudolf, Grundherrschaft und Freiheit im Mittelalter, Düsseldorf, 1976, p. 10 :
« Unsere Kenntniss... stammt ausschliesslich aus Quellen, die im Interesse, Auftrag oder
Geiste sowie durch Angehörige der führenden Schichten (vor allem geistliche) verfasst
worden sind ».
2. Gabriele von Olberg, Freie, Nachbarn und Gefolgsleute ; volkessprachige Bezeichnungen
aus dem sozialen Bereich in den frühmittelalterlichen Leges, Frankfurt am Main, New York,
1983 ; v. mon c. r. dans Francia, t. 12, 1984, p. 783-785. LA SEIGNEURIE FONCIERE EN ALLEMAGNE 7
Karl Bosl, que certains ont critiquée, concernant l'existence d'une
« freie Unfreiheit w1? Il ne faut donc pas sous-estimer l'effort scien
tifique qu'on doit fournir pour que les historiens puissent présenter,
sur des questions-clés telles que liberté-dépendance, liberté-pouvoir,
propriété-pouvoir, des réponses assurées.
Le deuxième élément de la problématique rassemble tout ce qui
concerne la seigneurie foncière. Les médiévistes allemands y voient
une forme spécifique de l'exercice de l'autorité fondée sur la pro
priété du maître. Première est l'autorité sur la terre ; seconde celle
qui s'applique aux hommes qui y habitent et qui y travaillent. De
l'autorité du maître dépend la protection des dépendants et les con
traintes qui pèsent sur eux. Une notice publiée par G. Franz rela
tive aux habitants de Wohlen et aux événements qui, d'hommes libres,
en ont fait des dépendants d'un certain Gontran, constitue effectiv
ement un témoignage d'une rare qualité sur la genèse d'une seigneurie
foncière. Nous l'utiliserons tout à l'heure. Or la seigneurie de Gon
tran a absorbé et leur terre et leur liberté.
No

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