La sociologie électorale en Italie - article ; n°4 ; vol.10, pg 931-941
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Description

Revue française de science politique - Année 1960 - Volume 10 - Numéro 4 - Pages 931-941
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 11
Langue Français

Extrait

Monsieur Jean Besson
La sociologie électorale en Italie
In: Revue française de science politique, 10e année, n°4, 1960. pp. 931-941.
Citer ce document / Cite this document :
Besson Jean. La sociologie électorale en Italie. In: Revue française de science politique, 10e année, n°4, 1960. pp. 931-941.
doi : 10.3406/rfsp.1960.392602
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1960_num_10_4_392602La Sociologie Electorale en Italie
JEAN BESSON
La fréquence des élections italiennes et la stabilité relative des
grandes masses du corps électoral depuis la Libération font de la
péninsule une zone particulièrement passionnante pour les études
de sociologie électorale. Par contre le caractère difficilement access
ible ou confidentiel de certains renseignements, sur la pratique
religieuse en particulier, et le manque de fonds pour les chercheurs
indépendants y sont un obstacle à certaines recherches appro-
fondies à caractère désintéressé.
On saura donc un gré particulier à Francesco Compagna et à
Vittorio De Caprariis de la réédition enrichie de leurs Studi di
geografia elettorale^. En 1954 les auteurs avaient fait paraître
sous le même titre une intéressante étude synthétique sur les élec
tions italiennes depuis la Libération, dans laquelle ils mettaient en
lumière la diversité des réactions politiques de part et d'autre de
Rome. Leur étude était l'une des premières analyses systématiques
de la réalité méridionale, et par là, malgré son modeste volume,
elle était un pas en avant dans la terre presque inconnue qu'était
alors la géographie électorale italienne. Aujourd'hui les auteurs
la rééditent, enrichie de trois articles qui en font une mise au
point lumineuse d'intelligence : le premier article a été écrit au
lendemain des élections administratives de 1956 ; le second est une
mise au point écrite à la veille des élections de 1958, et c'est un
beau succès et un beau courage que de le rééditer après coup ; le
troisième enfin est une analyse des résultats obtenus le 25 mai
1958. Dans ces diverses études les auteurs reviennent souvent sur
la réalité méridionale qui se traduit par la fluidité de l'électorat, la
crise des partis de droite qui y conservent encore une audience
considérable et l'incapacité des petits partis laïques, non seulement
à pénétrer le Midi, mais encore à y conserver leurs modestes posi
tions de départ. On lira avec un intérêt particulier l'analyse des
1. Compagna (Francesco), Caprariis (Vittorio de) — Studi di qeografia
elettorale {1946-1958). — Napoli, Centro studi «Nord e Sud», 1959. 25 cm,
125 p., tabl., cartes. Bibliogr.
9S1 Jean Besson
rapports électoraux entre communistes et socialistes, beaucoup
moins simples que certaines études superficielles ne le laissaient
croire. Mais pour ceux qui désirent travailler sur la vie politique
italienne actuelle, le plus précieux de l'ouvrage est sans doute
l'appendice bibliographique qui est en réalité un état des travaux
commenté, expliquant les difficultés morales et matérielles que ren
contre en Italie une géographie électorale intellectuellement indé
pendante, exposant les réserves des auteurs sur la position de
l'Ecole française, qu'ils admirent mais jugent trop « déterministe »,
enfin dégageant l'orientation actuelle des travaux. Les chercheurs
italiens s'orientent en effet aujourd'hui vers l'étude des zones de
réforme agraire d'une part, et d'autre part vers celle des migrants,
aussi bien en ce qui concerne la région de départ que les zones
d'arrivée.
Zone méridionale attardée, zone d'émigration, localement mar
quée par la réforme agraire, tel est le Basilicate. L'enquête de
Ciranna 2 sur les partis et les élections en Basilicate de 1946 à
1956 est une excellente monographie politique d'une région du
Midi italien. La région du Basilicate est une des plus pauvres du italien ; elle est aussi l'une des plus retirées, loin des grands
axes de pénétration, et dépourvue de villes notables. Elle est donc
particulièrement représentative du Midi rural classique. Il convient
de préciser qu'avant le fascisme le mouvement socialiste y était
très faible, l'action du P.P.I, presque nulle, et que presque toute
la vie politique y était résumée par la clientèle de M. Nitti, une
des figures les plus typiques du transformisme méridional. Com
ment cette société réagit-elle à l'immersion dans le monde moderne
provoquée par la chute du fascisme ? A la Libération, les Alliés
s'adressent aux seuls représentants connus de l'antifascisme. les
partisans de M. Nitti. mais ceux-ci ne voient pas les conditions
nouvelles, et en particulier l'attraction des partis organisés de
masse : bientôt, vieux militants socialistes, activistes communistes
profitant surtout de l'agitation paysanne et cadres formés par
l'Action Catholique se lancent à l'assaut des masses, bousculant les
vieilles clientèles. Celles-ci perdent leur principal attrait : ce sont
les partis nouveaux et surtout la Démocratie Chrétienne qui détien
nent le pouvoir et ses faveurs. Aussi après 1946, et surtout après
le raz-de-marée électoral de 1948, ce qui reste des vieilles clien
tèles s'insère-t-il dans la Démocratie Chrétienne, tandis que les
vieux hommes politiques gauchisants sont volontiers pris comme
caution de Front Populaire par les communistes.
2. Ciranna (Giuseppe) — « Partiti ed elezioni in Basilica ta nel secondo
dopoguerra». Nord e Sud 39, fév. 1958: 54-80; 40, mars 1958: 77-102; 41,
avr. 1958: 80-110.
932 Sociologie Electorale en Italie La
L'auteur introduit d'autre part des nuances régionales : dans
la zone de Melfi, la plus différenciée socialement et la plus évoluée
économiquement, les partis de gauche atteignent leur maximum
dès 1946, et depuis cette date stagnent ou reculent, tandis que
les socialistes maintiennent des positions appréciables. Dans la
plaine de Matera les gauches, assez faibles en 1946 à cause du
poids du vieux système des clientèles, progressent très vite jusqu'à
la réforme agraire, puis reculent légèrement. Les zones « grises »
de « latifondo contadino », arriérées et sans grand espoir, ont
d'abord été très réfractaires aux partis de gauche, mais ensuite ce
sont celles où la Démocratie Chrétienne a le moins progressé et
où les gauches ont encore une capacité d'expansion dont profitent
essentiellement les communistes. L'auteur connaît bien non seule
ment la géographie électorale, mais aussi les « dessous » personnels
et les tendances dont la rivalité est intense dans beaucoup de
partis. On aurait cependant aimé une présentation socio-écono
mique plus précise des régions lucaniennes et un complément carto
graphique dont l'absence rend la lecture de l'article assez ardue.
La suite de l'histoire du Basilicate est assurée par Tranfaglia 3.
Celui-ci commence par montrer que le Basilicate a connu de 1953
à 1958 la même évolution que le reste du Midi : renforcement de
la Démocratie Chrétienne aux dépens des droites surtout dans la
province de Potenza, et progrès des partis de gauche considérés
dans leur ensemble. Mais les communistes ont perdu des voix dans
les zones de Melfi et de Matera, tandis qu'ils amélioraient leurs
positions dans les régions les plus arriérées de la province de
Potenza. Les socialistes, de leur côté, réalisent un gain de 2,6 %.
A droite les seuls résultats point trop décevants furent ceux du
P.M. P. (le parti de M. Lauro), mais le fait est surtout lié à la
personnalité de M. Spadazzi (passé depuis au Parti Libéral). L'au
teur étudie ensuite le cas de quelques communes typiques : on voit
ainsi que globalement la gauche dispose encore de trois champs
d'expansion : le monde des artisans en pleine crise, les zones où
subsistent encore le système des clientèles et quelques citadelles
néo-fascistes moins perméables à la Démocratie Chrétienne qu'au
communisme. Par contre la réforme agraire et la crise communiste
de 1956-1957 ont ailleurs provoqué de grands remous dont les
principaux

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