La structuration de l énoncé : étude longitudinale - article ; n°84 ; vol.21, pg 43-63
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Description

Langages - Année 1986 - Volume 21 - Numéro 84 - Pages 43-63
Nous avons essayé, dans cet article, de tracer le développement chez BE et ZA des moyens linguistiques — les types d'énoncé et leur fonctionnement discursif, la structure interne de leurs constituants majeurs — qu'elles emploient dans une tâche particulière. Nous avons essayé également de trouver des raisons au fait que tantôt il y a, tantôt il n'y a pas, développement des moyens linguistiques. Nos conclusions sont provisoires, mais peuvent servir d'hypothèses qui restent à confronter à d'autres types de données.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Clive Perdue
José Deulofeu
La structuration de l'énoncé : étude longitudinale
In: Langages, 21e année, n°84, 1986. pp. 43-63.
Résumé
Nous avons essayé, dans cet article, de tracer le développement chez BE et ZA des moyens linguistiques — les types d'énoncé
et leur fonctionnement discursif, la structure interne de leurs constituants majeurs — qu'elles emploient dans une tâche
particulière. Nous avons essayé également de trouver des raisons au fait que tantôt il y a, tantôt il n'y a pas, développement des
moyens linguistiques. Nos conclusions sont provisoires, mais peuvent servir d'hypothèses qui restent à confronter à d'autres
types de données.
Citer ce document / Cite this document :
Perdue Clive, Deulofeu José. La structuration de l'énoncé : étude longitudinale. In: Langages, 21e année, n°84, 1986. pp. 43-
63.
doi : 10.3406/lgge.1986.1519
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1986_num_21_84_1519Clive Perdue
G.R.A.L. Paris VIII
José Deulofeu Aix-en-Provence
LA STRUCTURATION DE L'ÉNONCÉ
ETUDE LONGITUDINALE
0. INTRODUCTION
En parlant à autrui dans une langue qui n'est pas sa langue maternelle, l'adulte
peut s'appuyer sur différents ensembles de connaissances :
(i) II maîtrise déjà sa langue maternelle (LM), c'est-à-dire, les moyens formels de
cette langue ainsi que les catégories sémantiques et cognitives — modalité,
déixis, causalité, etc. — qui les sous-tendent. Faire appel à cet ensemble de
connaissances (le « transfert »), n'est pas chose si évidente que l'analyse con-
trastive le laissait croire (comme le montrent, pour le lexique, Cammarota et
Giaccobe dans ce numéro) : très généralement, on ne peut « transférer » un
mot ou une structure que si l'on perçoit, donc, si l'on est à même d'utiliser,
une « équivalence » dans la langue cible (LC) ;
(ii) II est rompu à la communication linguistique : entre autres, il sait dans quelle
mesure il peut se servir de l'environnement physique où se déroule la commun
ication, et des capacités inférentielles de son interlocuteur, et il sait aussi que
ses propres connaissances, et celles de son peuvent être ou ne pas
être partagées. Il sait également qu'il lui faut contrôler ses productions de dif
férentes façons pour se faire comprendre, ou pour s'exprimer de manière
appropriée. Il a sans doute à acquérir les moyens concrets lui permettant de
tenir compte de ces dernières contraintes, mais il sait que de telles contraintes
existent ;
(iii) II a, enfin, ou plutôt croit avoir, certaines connaissances de LC — aussi limi
tées, voire fausses, soient-elles, vues du point de vue des locuteurs natifs de sa
LC.
On suppose que l'adulte fera plus ou moins appel à ces différentes sources d'info
rmation au fur et à mesure du processus d'acquisition. En ce qui concerne (iii), on sup
pose (sous peine de changer de domaine de recherche ! ), que ses connaissances de LC
montrent une certaine systématicité descriptible à un moment donné de l'acquisi
tion, et que le processus d'acquisition consiste en une série de transitions, systémati
ques elles aussi, en direction d'une norme cible (la « norme » à laquelle il est exposé ;
en ce qui concerne l'une des informatrices étudiées ici par exemple, il s'agit du fran
çais parlé de Marseille).
Dans cette étude, on décrira le développement des moyens relevant de (iii), utilisés
par deux informatrices — BE, une hispanophone acquérant le français, et ZA, une
arabophone acquérant le français — pour structurer leurs énoncés à trois stades de
leur développement, lorsqu'elles sont confrontées à une tâche verbale assez complexe
(cf. 2). On tentera aussi de repérer, du moins partiellement, le poids des autres sour
ces d'informations — (i) et (ii) — dans leurs productions, avant de voir en conclusion
quelques similarités et différences dans itinéraires respectifs.
43 1. QUELQUES CONTRAINTES SUR LA STRUCTURATION DE L'ÉNONCÉ
Dans une étude transversale (Klein et Perdue, à paraître), une tentative a été faite
de repérer les moyens dont disposaient trois informateurs pour structurer leurs énon
cés à un stade unique de leur acquisition : il s'agissait de VI, un Italien acquérant
l'allemand ; de RU, un Italien acquérant l'anglais, et de RA, un hispanophone acqué
rant le français. Il s'agissait d'abord d'isoler les constituants majeurs des énoncés (les
verbes, leurs arguments, ainsi que quelques circonstants de temps et de lieu), de voir
dans quel ordre respectif ces constituants y apparaissaient, et quelle structure interne
ils avaient, avant d'expliquer les régularités observées. En dehors d'un subor
dinateur unique [ke] utilisé parfois par RA, les énoncés dans ces textes étaient des
énoncés à seul centre prédicatif. Il s'en dégage trois ensembles de contraintes.
1.1. Contraintes phrastiques
II s'agit ici de régularités formelles observées dans le positionnement respectif des
verbes (V : lexemes verbaux, pour la plupart non conjugués, structures à copule expli
cite ou implicite), et de leurs arguments (SN : substantifs avec ou sans déterminant,
nom propre, pronoms). L'ordre respectif clairement dominant est :
(I) SN1 - V - ((Prep) SN2)
avec quelques exceptions peu fréquentes : on constate dans les constructions « présen-
tatives » l'ordre V — SN chez VI et RA, mais pas chez RU ; pour RA, SN2 peut être
une particule préverbale (ppv), dans des conditions décrites ci-dessous, ce qui donne
l'ordre SN - SN - V.
1.2. Contraintes sémantiques
Dans la construction pleine SN — V — SN, la position pré- ou post- verbale de
chacun des SN est gouvernée par les liens sémantiques entre V et ces arguments : le
réfèrent du SN qui contrôle, réellement ou potentiellement, la situation se trouve repré
sentée en position SN1. Le « degré de contrôle relatif » d'une est calculé sur un
continuum asymétrique de relations sémantiques allant de relations agent-patient clai
res, aux relations de possession (réelle ou voulue).
1.1. et 1.2. rendent compte de la plupart des énoncés dans ces trois textes, excep
tion faite des constructions qui prédiquent une propriété sur une entité, pour lesquel
les le degré de contrôle n'est pas pertinent. L'ordre des constituants dans ce type de
construction, qui ne contient souvent pas de verbe, dépend de contraintes régissant
l'ensemble du texte.
1.3. Organisation globale du texte
On suppose que l'organisation d'un texte long — délibération juridique, indication
d'itinéraire, etc. (cf. Klein et v. Stutterheim, 1986) — est régie par une quaestio (une
question-type implicite, qui peut être explicitée sous certaines conditions, cf. Perdue,
à paraître) à laquelle le locuteur répond. Dans le type de texte dont il est question ici
— le récit d'un film, cf. 2 — la bonne formation du texte entier est une fonction Qi,
où i représente des intervalles temporels (t) :
(II) Ql : que se passe-t-il (pour p) à tl ?
Q2 : que se à t2 ?
44 tl, t2, ... observent Tordre chronologique des événements racontés, et où p repréoù
sente un ou plusieurs protagonistes (subjectivement choisis), que le locuteur peut
introduire, maintenir ou changer le long de son récit. L'intervalle ti, et le maintien de
la référence à un protagoniste de Qi à Qi + 1, peut être implicite ou explicite. Cette Q
définit la trame du récit, et peut être accompagnée d'autres types de Q' — où ?, qui!
... — qui provoquent différentes sortes d'informations relevant de l'arrière-plan
(Labov, 1972, p. 370, a émis l'idée qu'un récit pourrait être considéré comme « une
série de réponses à (différents types de) questions sous-jacentes »). Toutes ces Q évo
quent une gamme de possibilités de réponse, et la « réponse » du locuteur spécifie une
seule possibilité dans cette gamme. On appellera cette spécification « Focus » (F), le
reste de la réponse constituant le « Thème » (T). Pour ce qui est des trois textes étu
diés, la régularité principale de l'ordre des constituants majeurs est :
(III) F en dernier

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