La transmission d un mode de vie dans l Amérique rurale - article ; n°1 ; vol.59, pg 101-118
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Description

Communications - Année 1994 - Volume 59 - Numéro 1 - Pages 101-118
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Glen Elder
Elizabeth Robertson
Martie Skinner
Rand Conger
Isabelle Saint-Saëns
La transmission d'un mode de vie dans l'Amérique rurale
In: Communications, 59, 1994. pp. 101-118.
Citer ce document / Cite this document :
Elder Glen, Robertson Elizabeth, Skinner Martie, Conger Rand, Saint-Saëns Isabelle. La transmission d'un mode de vie dans
l'Amérique rurale. In: Communications, 59, 1994. pp. 101-118.
doi : 10.3406/comm.1994.1894
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1994_num_59_1_1894Glen H. Elder, Elizabeth Robertson,
Martie Skinner, Rand D. Conger
La transmission d'un mode de vie
dans l'Amérique rurale*
Le XXe siècle a vu décliner, au fil des générations, le mode de vie des
agriculteurs aux USA. Selon les normes du Bureau du recensement, 30 %
seulement de la population actuelle est considérée comme rurale, et moins
d'un Américain sur dix vit du travail de la terre. L'histoire de cette évo
lution dramatique a fait l'objet de travaux traitant de la révolution agri
cole (Friedberger, 1988) et d'études sur ceux qui ont quitté la terre pour
aller travailler dans les zones urbaines. Mais qui sont ceux qui sont res
tés ? Ds appartiennent à une catégorie résiduelle qui est définie sous l'angle
de ce qu'elle n'est pas. Il est frappant de constater qu'eux et leurs famil
les n'ont pas fait l'objet de recherches en tant qu'acteurs d'un processus
d'une importance considérable. Dans notre société post-industrielle, ils
transmettent un mode de vie en voie de disparition.
Nous avons étudié ce phénomène sur des lignées de trois générations
d'hommes de l'État agricole d'Iowa (Iowa Youth and Family Project,
Rand Conger PI). Tous les membres de la génération Gl ont exploité
des fermes et sont devenus agriculteurs pendant la Grande Dépression
et la Seconde Guerre mondiale (n = 245). Leurs fils présents dans cette
étude (n = 149) sont en général nés peu après la Seconde Guerre et sont
entrés dans la vie active (qu'ils aient ou non choisi l'agriculture) pendant
les années 60 et 70, période d'expansion de la prospérité agricole, qui
fut le terreau de la crise agricole des années 80, la plus grave qu'ait
connue l'économie rurale depuis la Grande Dépression des années 30.
* Cette communication, présentée à la conférence Konstanz sur les relations intergénérations, la format
ion de la famille et le développement social (2 octobre 1991), expose les résultats d'une recherche coor
donnée du Projet sur la jeunesse et les familles dans l'Iowa (université d'État de l'Iowa, Ames) et du Projet
sur le changement social (université de Caroline du Nord, Chapel Hill), recherche financée par l'Institut
de recherche sur la santé mentale (ML43270), l'Institut national de recherche sur les toxicomanies (DA05347),
le Bureau du développement des adolescents dans des environnements à hauts risques, le Bureau de la
santé des mères et des enfants (MCJ-109572), et par un prix pour la recherche scientifique (MH00567).
101 G. Elder, E. Robertson, M. Skinner, R. Conger
Les fils (génération G3) dont les pères sont devenus agriculteurs (n = 67)
sont en général nés à la fin des années 70 et étaient d'âge scolaire ou
pré-scolaire lors de la crise agricole. Les hommes (génération G2) deve
nus agriculteurs durant la prospérité agricole des années 60 et 70 ont-
ils subi les mêmes influences familiales que ceux de leurs fils qui envisa
gent aujourd'hui de suivre leurs traces ? Ces écoliers de cinquième sont
trop jeunes pour savoir ce que sera leur vie active, mais nous les avons
interrogés sur leurs préférences en matière de résidence et de mode de vie.
Toutes les données de l'étude viennent des questionnaires de la seconde
vague (1990) d'une enquête panel pluriannuelle portant sur des famil
les bi-parentales du centre-nord de l'Iowa. On trouve dans cet échantil
lon des agriculteurs à plein temps, mais aussi des chefs de famille ayant
quitté la terre depuis deux générations ou plus. Le revenu moyen des
ménages de l'échantillon est proche de la moyenne nationale. Les don
nées concernant la génération Gl ont été fournies par les fils G2. Le
sous-échantillon utilisé dans ces analyses est composé d'hommes (G2)
ayant travaillé la terre, de leurs pères et de leurs fils. Le fait que ces
hommes aient choisi l'agriculture confirme que les valeurs du monde
rural sont transmises d'une génération à l'autre. Dans la génération G3,
les préférences qui se sont exprimées pour la vie à la campagne et le
travail de la terre en sont la preuve. Ces garçons n'étaient qu'en qua
trième lors de l'enquête, donc trop jeunes pour avoir une idée claire de
leur future vie professionnelle. Ils ont néanmoins répondu de façon très
pertinente sur l'endroit où ils aimeraient vivre et travailler. Les données
ont été fournies par eux et par leurs pères.
A chaque génération, les jeunes ruraux sont confrontés à la même alter
native : abandonner ou non le mode de vie rural, et devenir éventuelle
ment agriculteurs. Ce choix ne se pose qu'aux hommes, car l'égalité des
sexes n'existe pratiquement pas dans les régions agricoles. Comme l'a
montré Deborah Fink (1986, p. 232) à propos de l'État d'Iowa, «seuls
les hommes sont reconnus et aidés en tant qu'agriculteurs». Un fils d'agri
culteur devient lui-même agriculteur par une conjonction de plusieurs
facteurs, allant de la motivation à la conjoncture, celle-ci étant la plus
forte quand le père travaille à plein temps sur une ferme prospère, qu'il
gère et dont il est propriétaire (Lyson, 1984; Molnar et Dunkelberger,
1981 ; Straus, 1956, 1964). En période de prospérité agricole, il est
également plus tentant de prendre la succession de son père sur la ferme
familiale.
C'est après la Première Guerre mondiale, période de misère et d'effo
ndrement de l'agriculture, que les hommes de la génération Gl sont deve
nus agriculteurs. En revanche, leurs fils le sont devenus entre 1950 et
1970, dans une période de croissance agricole et de relative prospérité
102 La transmission d'un mode de vie
(Friedberger, 1988). Les pressions en vue d'accroître la productivité agri
cole n'ont cessé de se faire plus fortes dans les années 70, poussant à
une expansion excessive qui contribua à la crise agricole des années 80.
En quelques mois, les terres de l'Iowa perdirent les deux tiers de leur
valeur ; ce déclin entraîna un nombre grandissant de faillites de fermes,
de banques et de sociétés commerciales, qui « donnèrent à l'État une
tout autre image » à la fin de la décade. Le secteur agricole fut « plongé
dans ce qui est, par bien des aspects, sa plus grave crise économique
depuis les années 30 » (Murdock et Leistritz, 1988, p. 13). De nombreus
es fermes familiales disparurent, surtout celles qui appartenaient aux
jeunes agriculteurs criblés de dettes, mais aussi certaines appartenant
à des de la génération G2.
Nous avançons l'hypothèse que, à la génération G2, la taille et la ren
tabilité de l'entreprise agricole ont joué un rôle important dans l'orienta
tion vers l'agriculture, mais que ces critères ont eu moins d'influence
pour leurs jeunes fils (génération G3). Une ferme rentable peut ne plus
apparaître comme une bonne option sur l'avenir, si la ceinture agricole
traverse une période d'insécurité économique ; cette situation peut éga
lement avoir une influence sur des projets d'installation à la campagne.
Le déclin du secteur agricole a affaibli l'économie de la région dans son
ensemble. S' ajoutant aux perspectives peu encourageantes de la vie à
la campagne et de l'agriculture pendant les années 80, la prospérité d'une
exploitation familiale ne pèse pas aussi lourd dans les options de la géné
ration G3, car les préférences de celle-ci vont au-delà d'un emploi dans
l'agriculture. Les élèves de cinquième sont trop jeunes pour savoir ce
qu'ils feront plus tard, mais ils sont capables de savoir où ils aimeraient
vivre.
Notre deuxième hypo

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