La Turquie et l Islam - article ; n°4 ; vol.5, pg 761-771
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Description

Revue française de science politique - Année 1955 - Volume 5 - Numéro 4 - Pages 761-771
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1955
Nombre de lectures 7
Langue Français

Extrait

Monsieur Marcel Colombe
La Turquie et l'Islam
In: Revue française de science politique, 5e année, n°4, 1955. pp. 761-771.
Citer ce document / Cite this document :
Colombe Marcel. La Turquie et l'Islam. In: Revue française de science politique, 5e année, n°4, 1955. pp. 761-771.
doi : 10.3406/rfsp.1955.402637
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1955_num_5_4_402637La Turquie et Islam
MARCEL COLOMBE
IL
temps peut bien si faites idéologies et nalisme ni ont man la dont tissants Turcs insuffisance de nérer siècle emprise dénouement uvre occidentaliser situation les le de succès Le Orient valu le encore toutefois souvent de panislamisme le la comprendre depuis réformes par avaient fondateur génie que la échecs signature fortement destin quelque peuple admiration de était-ce le décadence difficile de dans en et si un Islam de sociologue af essayer son les face la fut hardies turc réussi siècle Ni rme Mustafa de vingt étonnante et fait synthèse Orientaux pays politique teinté de exceptionnel la ottomanisme du en pas tort armistice qui il de porter se Turquie ans les faire Ziya monde le dont Constantinople au arrêter se en turciser ou Islam Kemal unes demeurerait poussant demander lendemain frappait le effet tentée du table un lucidité Gök il ne raison moderne après sultan de sa Jugement est et parvenaient une ont réside novembre et rase Alp lente des Moudros entre dont étaient tout Mustafa avec toutes de gageure fait les il Abd ne leur du pour pensa peut-être la désagrégation aboutirait panturquisme mourait la autres elles les de pouvait Nouveaux le lumière laquelle passé la ul-Hamid victoire 1938 résisté valeur sauver promoteur soldées pas Toutes dirigeants que Kemal fois chef la et Mustafa moins guère de aube le il Istanbul preuve sur se éternel alliée Empire par jamais les Ottomans eut vouloir grand faits épreuve sut établir ni dégager des cet Toutes islamiser et avoir tentatives turcs dans de le analyser récents de homme Kemal qui jeunes mérite drame reten natio Il régé notre enfin otto 1918 plus leur On ont son ces est du lui de
761 Marcel Colombe
une nette distinction entre le domaine du temporel et celui du
spirituel De cette idée qui peut paraître simple des esprits occi
dentaux devaient découler toutes les réformes entreprises Mais il
agissait moins de réformes que une véritable révolution dont
les idées directrices flottaient il est vrai depuis longtemps déjà dans
air du Moyen-Orient sans avoir cependant jamais encore réussi
imposer Héros de la guerre de indépendance victorieux des
Grecs mainteneur de indépendance nationale Kemâl grâce
son immense prestige put agir II le fit ailleurs non sans habi
leté procédant par étapes successives et sachant profiter des
moindres circonstances pour ajouter pierre après pierre édifice
il voulait construire Sa politique religieuse entre 1919 et la
signature de armistice de Mudanya 11 octobre 1922) est ce
titre pleine enseignements Elle montre il sut faire preuve
cette époque des plus grands ménagements envers Islam tout en
posant les principes où devait plus tard découler par un impla
cable enchaînement la disparition même de Islam de la vie poli
tique et publique du peuple turc Cette page histoire mériterait
être écrite Elle jetterait en pas douter sur étonnante figure
de Kemâl une lumière nouvelle qui permettrait de mieux pénétrer
certains aspects de son caractère homme action volontaire et
tenace mais aussi de man uvrier habile et perspicace
La distinction tout arbitraire établie pour les besoins de la
cause entre les pouvoirs temporels et spirituels que le souverain
de Constantinople aurait détenus les premiers en sa qualité de
sultan les seconds en sa personne de calife lui permit tout abord
de faire abroger le sultanat au nom du principe de la souveraineté
de la nation 1er novembre 1922 Cette étape franchie la Répu
blique put être proclamée 29 octobre 1923 Dès lors la vieille
institution califale qui avait jamais conféré son titulaire autre
pouvoir que celui de faire exécuter la loi canonique avait plus
aucune raison de subsister La Grande Assemblée nationale en
en décidant la suppression le mars 1924 ne fit au demeurant
que tirer la conséquence même de ses décisions antérieures par
tir de cette date et pendant près une dizaine années les réformes
se succédèrent entérinées par la Chambre émanation du Parti
républicain du Peuple parti unique fondé et présidé par Mustafa
Kemal lui-même
Ces réformes sont connues La charge de Shaikh ül-Islam fut
supprimée en même temps que le califat Etat confisqua son
profit la majeure partie des biens de mainmorte Evkaf an-
762 La Turquie et Vistam
née suivante enseignement religieux fut interdit Les medrese
et instituts islamiques fermèrent leurs portes Ils furent momenta
nément remplacés par des écoles de desservants et de prédicateurs
et par une Faculté de Théologie qui disparurent leur tour en
1932 et 1933 La réforme du costume suivit le port du turban
fut prohibé et resta apanage intérieur des mosquées des seuls
professionnels de la religion Le fez eut bientôt le même sort
et fut remplacé par le chapeau Les confréries religieuses furent
dissoutes et la célébration de leurs cérémonies rituelles fut pros
crite En 1926 une réforme plus décisive encore fut enregistrée
les tribunaux religieux perdirent toute compétence et le code civil
suisse rempla la loi canonique Enfin le avril 1928 le texte
de la Constitution fut modifié Islam fut plus reconnu religion
officielle et Etat turc se proclama républicain nationaliste popu
liste étatiste laïque et révolutionnaire
Pour rendre plus radical encore cet ensemble de mesures au
tres réformes furent décidées notamment celle de la langue par
tir de 1929 le turc cessa de écrire en caractères arabes caractères
du Coran et alphabet latin fut adopté avec quelques modifica
tions de détail Dans les années suivantes le vocabulaire en usage
fut épuré et un immense effort de turcisation de la langue fut
entrepris et dans une certaine mesure mené bien Enfin arabe
et le persan ne furent plus enseignés dans les écoles secondaires
1er septembre 1929 Ainsi se trouva consacrée la rupture de la
Turquie moderne avec Islam
Restait encore parachever cette oeuvre en donnant au peuple
coupé de son passé de nouvelles raisons de croire et espérer Tel
fut le but de la doctrine kémaliste qui fut alors élaborée Les Turcs
apprirent que leurs ancêtres avaient été origine de toutes les
grandes civilisations et que plusieurs millénaires avant Islam ils
avaient semé travers Asie Europe et Afrique les germes des
connaissances et des sciences ils avaient acquises dans leur
mère-patrie tandis que le reste de humanité vivait encore dans
la plus grande sauvagerie La preuve se trouva ainsi faite que
la longue histoire turque le passé musulman ne comptait que pour
quelques siècles qui étaient bien loin être les plus glorieux
Toutes ces réformes ne furent pas acceptées sans récriminations
et les tribunaux eurent parfois sévir contre les récalcitrants Très
vite cependant le silence se fit et on put croire alors que Islam
avait été par la volonté tenace de Mustafa Kemal extirpé une
manière définitive de la vie politique et sociale du peuple turc En
763 Marcel Colombe
était-il vraiment ainsi Les faits paraissent prouver hui il
en fut rien
Il faut bien reconnaître tout abord en dépit des allégations
officielles la religion du vivant même Ataturk continua de servir
élément de différenciation entre les divers éléments ethniques
constituant la nation elle permit aux Turcs de se distinguer des
minoritaires non musulmans anciens sujets de la Sublime Porte
devenus aux termes de la nouvelle législation citoyens de la Répu
blique
autre part quelques années après la mort de Kemâl les
premiers symptômes un réveil de Islam se manifestèrent On le
vit bien on 1940 le gouvernement décida de faire paraître
en langue turque une édition de Encyclopédie de Islam publiée
Leyde par des orientalistes européens Les critiques déjà formu
lées en pays arabes contre cette uvre accusée de dénaturer sciem
ment le vrai visage de Islam et avoir été rédigée des fins poli
tiques par des impérialistes occidentaux soulevèrent de nom
breux échos en Turquie où que

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