La violence, instrument de lutte politique à la fin de la République - article ; n°1 ; vol.17, pg 119-137
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Description

Dialogues d'histoire ancienne - Année 1991 - Volume 17 - Numéro 1 - Pages 119-137
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 7
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Luigi Labruna
La violence, instrument de lutte politique à la fin de la
République
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 17 N°1, 1991. pp. 119-137.
Citer ce document / Cite this document :
Labruna Luigi. La violence, instrument de lutte politique à la fin de la République. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 17 N°1,
1991. pp. 119-137.
doi : 10.3406/dha.1991.1910
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1991_num_17_1_1910DHA 17,1 1991 119-137
LA VIOLENCE, INSTRUMENT DE LUTTE POLITIQUE
À LA FIN DE LA RÉPUBLIQUE i
Luigi LABRUNA
Université de Naples «Federico II»
"Jusqu'à la crise des Gracques, le système politico-
institutionnel romain avait résisté, même dans des périodes où les
tensions étaient devenues plus aiguës. Le fait nouveau... ce fut
l'apparition de la violence en tant qu'arme de lutte politique, un
phénomène qui, à partir de cette période, ne fut plus éliminé. Il se
manifesta sous des formes différentes, allant des désordres pendant
les assemblées jusqu'à l'emploi des armées contre les organes
constitutionnels contraires aux chefs militaires...".
C'est ainsi, dans son essai sur "le modèle de la cité-État", qui
vient d'être publié dans le quatrième volume de l'Histoire de Rome
de la Maison d'Édition Einaudi, que M. Francesco De Martino ouvre
le chapitre où il s'interroge sur les raisons de l'irruption et de la
diffusion de la violence dans la politique pendant la crise de la
République, et sur la raison pour laquelle "les chefs militaires et
leurs officiers provenant en général des classes élevées" avaient
1. NDLR : Conférence faite par Luigi Labruna le 16 janvier 1991, à
l'occasion de sa venue à Besançon pour recevoir les insignes de
"docteur honoris causa" de l'Université de Franche-Comté. 120 Luigi Labruna
recours à ce type de lutte. Et, à juste raison, il met l'accent sur la
véritable "désagrégation de la classe gouvernementale", sur "sa
croissante incapacité morale de mettre au sommet de l'échelle de ses
valeurs le dévouement à la respublica", sur "les causes sociales qui
poussaient à l'inféodation". (À l'époque de la crise - comme l'a
d'ailleurs clairement démontré Gabba - "l'armée n'était pas un
instrument passif... ; elle était une force sociale, et en tant que telle
était porteuse d'exigences, de besoins, d'espoirs, qui résultaient de sa
composition, liée aux plèbes rurales déshéritées... Sa force ne
résidait pas seulement et toujours dans ses chefs, qui bien souvent
suivaient leurs troupes...").
"Si le pouvoir militaire devenait plus fort que le pouvoir
politique - dit encore M. De Martino - ce n'était pas par hasard mais
plutôt parce que le pouvoir politique n'était plus à même de donner
une expression concrète aux aspirations populaires, à la réforme
agraire, à une démocratisation réelle du système, mais restait
renfermé dans une vision égoïste de ses privilèges. L'épilogue de la
crise des Gracques - souligne-t-il - est éclairant ; et c'est cet épisode,
et non l'action des réformateurs, qui marqua le début... de la
régression du système institutionnel républicain tout entier, et du
mouvement populaire, qui ne réussit pas à combattre les tendances de
l'aristocratie, mais fut assez souvent la proie d'une démagogie
infructueuse".
Je crois qu'il faut partir aujourd'hui de ces réflexions de
M. De Martino (et de l'indication de méthode significative, quoique
implicite, qu'il me semble donner, entre autres, lorsqu'il se rapporte
à la fois, dans les pages que j'ai citées, aux recherches de Lintott sur
la violence, à mon Vim fieri veto sur la violence privée, et aux études
de Gabba sur l'armée), pour essayer d'aborder, dans une perspective
qui soit la moins limitée possible les questions sur lesquelles je
voudrai revenir. C'est-à-dire, pour essayer de brosser un tableau qui
ne soit pas fragmenté (bien que, forcément, superficiel et descriptif)
des moyens principaux créés ou employés dans la période finale de la
république pour lutter contre la criminalité, qui se répandit
largement lorsque les effets dévastateurs de l'impérialisme mûr
opérèrent de façon plus intense sur les structures sociales et politiques
romaines, typiques d'un État-cité ayant un territoire limité. Ces
effets se manifestèrent par la création répétée ďimperia
extraor dinar ia énormes et incontrôlables, "de commandements
grands comme des royaumes et de pouvoirs absolus égaux à ceux des DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 121
rois vaincus", par l'accumulation inquiétante d'emplois illicites des
instruments constitutionnels, l'affirmation des hégémonies
militaires, l'éclat des luttes armées entre les chefs de factions, leurs
armées, leurs bandes d'hommes libres ou d'esclaves. Lorsque
l'affirmation impérieuse de l'exigence d'élargir radicalement et de
refonder la vieille classe dirigeante, déchirée et de plus en plus
inadaptée, non seulement à maintenir la maîtrise du monde, mais
même à freiner en quelque sorte, je ne dis pas à empêcher, le
bouleversement convulsé des ordres juridiques des cités ("amisimus...
отпет non modo sucum ac sanguinem sed etiam colorem et speciem
pristinam civitatis", Cic. AU. IV 18.2) se conjugua avec un besoin
également ressenti (bien que souvent exprimé de façon confuse) de
stabilisation du système social, qui devait être satisfait (contre les
dégénérations du mos partium et factionum, ses corruptions, les
conflits continus, les violences atroces) par un régime fort et
"pacificateur", capable de garantir la survie, sous de nouvelles
formes, de l'État, et aussi de freiner les anxiétés, les obsessions
collectives, les craintes, plus ou moins irrationnelles, mais
répandues, de poussées subversives venant de l'élément servile et de
secteurs marginalisés des classes inférieures.
Il n'est pas impossible de démêler comment avec tout cela
s'entrelace l'évolution de la notion de "violence illicite" et des
formes et des façons d'être de sa répression privée et publique (non
seulement criminelle mais aussi - si je peux le dire - plus
immédiatement politico/institutionnelle/militaire) et comment
cette évolution suit essentiellement, sans contradiction, un itinéraire
qui n'est plus incertain maintenant, et qui est identifié et tracé, sur le
plan de l'histoire des idées, par les plus éminents romanistes en tant
que trait caractéristique de l'histoire du droit romain sous le profil
du fait illicite. Cependant, il n'est pas difficile de voir que de cet
itinéraire (retracé, par exemple, par un maître tel que M. Albanese)
s'écartent en quelque sorte (sans en contredire radicalement la
direction) les formes de persécution publique de la violence que
l'aristocratie sénatoriale utilisa surtout, dans cette période, dans la
lutte politique, en poussant souvent ses représentants ou les organes
de la cité engagés dans la répression à avancer en terrain bourbeux et
mouvant, par des actions dont il n'est pas aisé - et souvent même
impossible - de soutenir avec conviction qu'elles sont conformes à la
légalité ou,- si vous voulez, à la pratique constitutionnelle de la
République. Ce qui concourt également à provoquer ces conséquences
dévastatrices, ces blessures inguérissables des systèmes 122 Luigi Labruna
institutionnels, que M. De Martino a signalées de façon si vigoureuse
en évoquant la tragédie des Gracques.
Un épilogue scandé, de façon exemplaire, par des
manifestations de violence ("illicite" selon les gouvernants),
réprimées par l'aristocratie sénatoriale, parfois même en dépassant
les perplexités légalistes et les scrupules juridiques de ses
représentants investis de pouvoirs de magistrats, avec une violence
jusqu'alors inouïe, employée (note par exemple, M. De Martino) "sans
procès, sans constatation des responsabilité

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