La vision de l étranger dans le cinéma italien de l époque fasciste - article ; n°3 ; vol.5, pg 33-43
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Description

Revue européenne de migrations internationales - Année 1989 - Volume 5 - Numéro 3 - Pages 33-43
La vision de l'étranger dans le cinéma italien de l'époque fasciste.
Jean A. GILI
Le cinéma italien de l'époque fasciste propose une vision de l'étranger destinée à conforter le public dans une adhésion au régime mussolinien. Le monde extérieur est toujours vu de manière négative : l'étranger représente la différence ; par là même, il est plus ou moins antipathique, plus ou moins inquiétant, dans la meilleure des hypothèses plus ou moins ridicule. Le monde extérieur fait figure de repoussoir, d'antagoniste vis-à-vis du monde intérieur.
Il est ainsi possible de mettre en évidence une série de binômes : violence de la société américaine par opposition à l'ordre et à la sagesse de la société italienne, amoralisme de la société française par opposition à l'ordre moral de la société italienne, athéisme des communistes russes par opposition au catholicisme des fascistes italiens.
La vision du monde extérieur participe d'un effort de propagande d'autant plus habile qu'il est indirect, qu'il offre l'image des défauts de l'autre comme support à l'exaltation des qualités italiennes. Lieu exotique, amoral ou politiquement délétère, le monde étranger a servi à la mise en valeur de l'italianité. Une xénophobie latente a nourri un nationalisme meurtri par la Première Guerre mondiale.
Il mondo estero visto dal cinema italiano dell'epoca fascista.
Jean A. GILI
Il cinema italiano dell'epoca fascista popone una visione dei Paesi Esteri destinata a confortare il pubblico nella sua adesione al regime mussoliniano. Il mondo al di là dei confini è sempre visto in maniera negativa : lo straniero rappresenta la differenza ; dunque è più o meno antipatico, più o meno inquietante, nella migliore della ipotesi è più o meno ridicolo. Il mondo estero ha un ruolo ripugnante, antagonista dei mondo interno.
E possibile così mettere in evidenza tutta una serie di binomi : violenza della società americana contrapposta all'ordine ed alla saggezza della società italiana, amoralismo della società francese contrapposto all'ordine morale della società italiana, ateismo dei comunisti russi contrapposto al cattolicesimo dei fascisti italiani.
Una tale descrizione del mondo estero partecipa ad uno sforzo di propaganda tanto più abile perchè indiretto, perchè offre l'immagine dei difetti altrui come supporto dell'esaltazione delle qualità italiane. Luogo esotico, amorale o politicamente deleterio, il mondo estero serviva a mettere in risalto « l'italianita ». Una xenofobia latente serviva a nutrire il nazionalismo straziato dalla Grande Guerra.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean A. Gili
La vision de l'étranger dans le cinéma italien de l'époque
fasciste
In: Revue européenne de migrations internationales. Vol. 5 N°3. pp. 33-43.
Citer ce document / Cite this document :
Gili Jean A. La vision de l'étranger dans le cinéma italien de l'époque fasciste. In: Revue européenne de migrations
internationales. Vol. 5 N°3. pp. 33-43.
doi : 10.3406/remi.1989.1207
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remi_0765-0752_1989_num_5_3_1207Résumé
La vision de l'étranger dans le cinéma italien de l'époque fasciste.
Jean A. GILI
Le cinéma italien de l'époque fasciste propose une vision de l'étranger destinée à conforter le public
dans une adhésion au régime mussolinien. Le monde extérieur est toujours vu de manière négative :
l'étranger représente la différence ; par là même, il est plus ou moins antipathique, plus ou moins
inquiétant, dans la meilleure des hypothèses plus ou moins ridicule. Le monde extérieur fait figure de
repoussoir, d'antagoniste vis-à-vis du monde intérieur.
Il est ainsi possible de mettre en évidence une série de binômes : violence de la société américaine par
opposition à l'ordre et à la sagesse de la société italienne, amoralisme de la société française par à moral de la société italienne, athéisme des communistes russes par opposition au
catholicisme des fascistes italiens.
La vision du monde extérieur participe d'un effort de propagande d'autant plus habile qu'il est indirect,
qu'il offre l'image des défauts de l'autre comme support à l'exaltation des qualités italiennes. Lieu
exotique, amoral ou politiquement délétère, le monde étranger a servi à la mise en valeur de l'italianité.
Une xénophobie latente a nourri un nationalisme meurtri par la Première Guerre mondiale.
Riassunto
Il mondo estero visto dal cinema italiano dell'epoca fascista.
Jean A. GILI
Il cinema italiano dell'epoca fascista popone una visione dei Paesi Esteri destinata a confortare il
pubblico nella sua adesione al regime mussoliniano. Il mondo al di là dei confini è sempre visto in
maniera negativa : lo straniero rappresenta la differenza ; dunque è più o meno antipatico, più o meno
inquietante, nella migliore della ipotesi è più o meno ridicolo. Il mondo estero ha un ruolo ripugnante,
antagonista dei mondo interno.
E possibile così mettere in evidenza tutta una serie di binomi : violenza della società americana
contrapposta all'ordine ed alla saggezza della società italiana, amoralismo della società francese
contrapposto morale della società italiana, ateismo dei comunisti russi contrapposto al
cattolicesimo dei fascisti italiani.
Una tale descrizione del mondo estero partecipa ad uno sforzo di propaganda tanto più abile perchè
indiretto, perchè offre l'immagine dei difetti altrui come supporto dell'esaltazione delle qualità italiane.
Luogo esotico, amorale o politicamente deleterio, il mondo estero serviva a mettere in risalto « l'italianita
». Una xenofobia latente serviva a nutrire il nazionalismo straziato dalla Grande Guerra.33
Revue Européenne
des Migrations Internationales
Volume 5 - N° 3
1989
La vision de l'étranger
dans le cinéma italien
de l'époque fasciste
Jean A. GILI
Les films reflètent et infléchissent la sensibilité du public, ils
sont une mise en forme des mentalités collectives. Les films expriment la percep
tion de la politique tant intérieure qu'étrangère. Ils peuvent être les révélateurs des
stéréotypes véhiculés par l'idéologie dominante et ils sont souvent les porteurs
d'une imagerie convenue sur les peuples étrangers, les amis, les ennemis, les alliés et
les adversaires, ceux que l'on croit bien connaître et ceux que l'on perçoit comme
très éloignés de soi.
En Italie, pendant l'époque fasciste, le monde extérieur est présent, soit dans
des films dont l'action se déroule à l'étranger, soit à travers des personnages
d'étrangers se mêlant à la vie des Italiens.
Pour la commodité de l'analyse, on peut distinguer trois types de films, ceux
qui évoquent le monde extérieur comme un lieu « exotique », ceux qui le décrivent
comme un lieu de permissivité morale, ceux enfin qui en font un repoussoir politi
que.
LE MONDE EXTÉRIEUR COMME LIEU EXOTIQUE
Les films qui se passent à l'étranger ne sont pas systématiquement chargés
d'une intention idéologique précise. Ils peuvent participer d'une volonté d'« éva
sion » qui a souvent pris les chemins du dépaysement dans l'espace ou dans le
temps (que l'on pense par exemple au succès des films situés pendant la Belle
Epoque). Le cas le plus représentatif est constitué par les films dont l'action est
censée se passer à Budapest. Les comédies hongroises — encore qu'il ne faille pas
en exagérer la quantité — sont très en vogue en Italie ; elles sont le prétexte à des
scénarios lénifiants qui ne se distinguent guère des œuvres similaires censées se
passer en Italie. Ce choix de la Hongrie n'est sans doute qu'une manière extérieure 34 Jean A. GILI
de pimenter des productions au demeurant sans grand intérêt. Remarquons au
passage que dans le cinéma des années trente, le tournage ne pose pas de difficultés
majeures puisque l'essentiel des prises de vue se fait en studio ; pour les rares
extérieurs nécessaires, le quartier des Prati à Rome, avec ses immeubles neufs et ses
rues se coupant à angle droit, avait une allure suffisamment « internationale » pour
pouvoir figurer, sans trop d'invraisemblance, une capitale d'Europe centrale. Pic
colo hotel (Piero Ballerini, 1939) Mille lire almese (Max Neufeld, 1939) Centomila
dollari (Mario Camerini, 1940) comptent parmi les réussites du filon hongrois.
Dans leur volonté de mettre en place un cinéma aussi détaché que possible de
la réalité, les responsables du régime ne pouvaient voir que d'un bon œil la réalisa
tion de comédies euphorisantes dont l'innocuité est encore renforcée par l'insertion
dans un ailleurs de fantaisie.
Le phénomène « hongrois » n'est d'ailleurs pas une exclusivité de la cinéma-
tographie italienne. Le cinéma français des années trente a eu aussi ses films
d'Europe centrale, par exemple Antonia romance hongroise de Max Neufeld et
Jean Boyer (1934), tourné à Paris dans les studios Pathé. Citons aussi dans le
cinéma américain The Shop around the Corner (Ernst Lubitsch, 1940) dont l'intr
igue se déroule à Budapest (production M. G. M.).
L'exotisme du monde extérieur est également à la base de tous les films
d'aventures lointaines inspirés des romans d'Emilio Salgari : // corsaro nero
(Amleto Palermi, 1936), Le due tigri (Giorgio Simonelli, 1941), I pirati délia
Malesia et Lafiglia del corsaro ver de (Enrico Guazzoni, 1941), Ilfiglio del corsaro
rosso et Gli ultimi jïlibustieri (Marco Elter, 1941), Capitan Tempesta et Illeone di
Damasco (Corrado D'Errico, 1942). Le filon fut si prolifique qu'il donna lieu à des
pastiches, II pirata sono io /(Mario Mattoli, avec Macario, 1940), Due cuorifra le
belve (Giorgio Simonelli, avec Totô, 1943).
LE MONDE EXTÉRIEUR
COMME LIEU DE PERMISSIVITÉ MORALE
En conformité avec les intentions plus ou moins clairement exprimées de la
censure — ou au contraire pour contourner les interdits que celle-ci fait peser sur le
contenu des films — , le monde extérieur est utilisé pour aborder des thèmes ou des
sujets qui par définition ne peuvent se situer en Italie, par exemple le divorce, ou
pour évoquer des problèmes qui n'ont pas droit de cité dans le cinéma italien, ainsi
la délinquance juvénile.
Ainsi, Le sorpreze del divorzio (Guido Brignone, 1939) se déroule à Paris et
évoque les conséquences inextricables d'un divorce malheureux. Un journaliste
italien note avec sévérité : « Ce sujet est immoral, et surtout il est loin de nous et de
la vie comme la terre de la lune » (Mario Puccini, Film, 1er avril 1939).
Paris est facilement utilisé comme le lieu de toutes les turpitudes. Dans La
signora di tutti de Max Ophuls (1934), une femme fatale est responsable du suicide
d'un professeur et provoque la ruine d'un industriel (qui a de surcroît entraîné la
mort de s

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