Langage intérieur et ontologie linguistique à la fin du XIXe siècle - article ; n°1 ; vol.132, pg 26-47
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Langage intérieur et ontologie linguistique à la fin du XIXe siècle - article ; n°1 ; vol.132, pg 26-47

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Langue française - Année 2001 - Volume 132 - Numéro 1 - Pages 26-47
Christian PUECH : Inner Language and linguistic ontology at the end of the XXth century The problem of inner language originated from classical Greek philosophy, then developped in medieval thought. Its early nineteenth century renewal can be located in the philosophical perspective of de Bonald and Gamier. This trend is then being developped by Reigner and Chaignet in the field of philology, while Egger (1881) opposes it. The latter arguments are echoed by Darmesteter's, Bréal's and Henry's semantic analysises whithin linguistics. In the domain of psychology, they are also linked to Flournoy's work in the context of his collaboration with F. de Saussure. The analysis of oral utterance stands from heterogeneous view points, but poses two questions: 1st, that of the connection between the individual and social traits of language; 2nd, that of linguistic ontology, i.e. the link of the speaking subjects to one self in the realm of language.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 47
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Christian Puech
Langage intérieur et ontologie linguistique à la fin du XIXe siècle
In: Langue française. N°132, 2001. pp. 26-47.
Abstract
Christian Puech : Inner Language and linguistic ontology at the end of the XXth century
The problem of inner language originated from classical Greek philosophy, then developped in medieval thought. Its early
nineteenth century renewal can be located in the philosophical perspective of de Bonald and Gamier. This trend is then being
developped by Reigner and Chaignet in the field of philology, while Egger (1881) opposes it. The latter arguments are echoed by
Darmesteter's, Bréal's and Henry's semantic analysises whithin linguistics. In the domain of psychology, they are also linked to
Flournoy's work in the context of his collaboration with F. de Saussure. The analysis of oral utterance stands from heterogeneous
view points, but poses two questions:
1st, that of the connection between the individual and social traits of language;
2nd, that of linguistic ontology, i.e. the link of the speaking subjects to one self in the realm of language.
Citer ce document / Cite this document :
Puech Christian. Langage intérieur et ontologie linguistique à la fin du XIXe siècle. In: Langue française. N°132, 2001. pp. 26-
47.
doi : 10.3406/lfr.2001.6313
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_2001_num_132_1_6313Christian Puech
Université Sorbonně Nouvelle Paris III
LANGAGE INTERIEUR ET ONTOLOGIE
LINGUISTIQUE À LA FIN DU XIXeSIÈCLE
particulièrement d'une peindre « Henri défunte façon « L'avenir leur de Rousseau particulièrement tableaux ». femme De réussis, de même la dit défunte que peinture un lorsqu'il lorsqu'ils je jour conseille nette ». » Wassily que in entendait « Ecrits entendent la ses à voix mes Kandinsky tableaux complets de en élèves la sa lui-même voix femme étaient 2 de : 1931 332 ne de
On est quelque peu pris de vertige quand on commence à tirer le fil ténu,
ondoyant et sinueux, oublié jusqu'à une date récente, du thème du « langage
intérieur ». Nous nous essaierons pourtant à l'exercice en nous limitant toute
fois à la fin du XIXe siècle français, et dans une perspective strictement histo
rique.
1. Une tradition multiforme
1.1. Les commentateurs-historiens contemporains qui ont tenté de reconst
ruire le schéma de la tradition philosophique multiséculaire du langage inté
rieur s'accordent à peu près sur quatre points fondamentaux (Panaccio 1999;
Chiesa 1992; Auroux 1992; Pacherie 1993). Nous résumerons en ouverture ce
qui semble constituer le socle problématique à partir duquel les positions
d'une infinité d'auteurs se dispersent au cours du temps, pour nous demand
er ensuite en quoi la résurgence de cette thématique à la fin du XIXe siècle
prolonge et/ ou renouvelle cette tradition.
1.1.1. D'abord, l'expression «langage intérieur» semble désigner avant
tout pour la tradition philosophique une conception particulière non pas tant
du langage que de la pensée. Dans cette tradition, c'est en effet de la pensée
qu'il est dit qu'elle est un « langage intérieur », un « discours mental », ou,
pour reprendre la formulation platonicienne « un dialogue intérieur et silen
cieux de l'âme avec elle même ». C'est cette formulation en chiasme des rela
tions de la pensée et du langage que commentent et modulent donc les
26 différents rameaux de la tradition du « langage intérieur ». C'est sans doute
dans cette forme chiasmatique qu'elle trouve à la fois ses ressources et ses
limites ; et l'on ne doit sans doute pas s'étonner si elle opère une résurgence
au cours de l'histoire chaque fois que la « pensée de la pensée » et celle du lan
gage ou des langues sont appelées à se redéfinir...
1.1.2. Rien d'étonnant non plus si, cherchant un point d'origine et un
point d'aboutissement à cette tradition, on trouve le premier dès Platon (on
cite Théétète 189 a, Sophiste 263 e, Philèbe 38 c...), et le second dans les textes
souvent commentés de L. Wittgenstein (les Carnets 1914 -1916, Les Investiga
tions philosophiques) ou l'idée de Fodor selon laquelle un « langage de la
pensée », un « mentalais » permettraient de penser les conditions de possibilité
de l'apprentissage des langues naturelles : cette « permanence » ( ?) atteste au
moins de la stabilité d'une dénomination (néanmoins variable).
1.1.3. Car le troisième point d'accord consiste à voir dans les développe
ments médiévaux sur le sujet une sorte « d'âge d'or » du langage intérieur. Or,
C. Panaccio n'en recense pas moins de 36 figures qui ont toutes leur nom grec
ou latin et entre lesquelles se répartissent les auteurs : de la distinction plato-
nico-aritotélico-stoïcienne entre logos endiathetos et logos prophorikos au Verbum
Mentis d'Augustin, à l'Oratio Mentalis de G. d'Ockham, en passant par le
Verbum Cordis, Intrinsecum, Intellectuelle, Intelligïbile, VOratio in animo, la Locutio
interior, etc., le thème du langage, de la parole, du discours intérieur décline ses
variétés, ses espèces et ses genres au point de contact de quatre influences
principales dont nos auteurs cherchent à mesurer l'importance respective.
Platon, Aristote, les stoïciens, Augustin sont invoqués séparément ou ensemb
le, puis, surtout, sont intégrés dans des problématisations plus dispersées et
comme autonomisées par rapport à leurs sources plus ou moins oubliées.
1.1.4. En effet, au Moyen-Âge, le thème du langage intérieur semble
s'affranchir assez rapidement des déterminations philosophiques qui le carac
térisaient dans ses contextes d'origine pour se confondre purement et simple
ment avec une elucidation de la notion de logos, entre ratio et oratio, autour de
la question du statut ontologique du « dictum », et dans une configuration que
S. Auroux (1992a), soucieux de faire le pont avec des problématiques plus
actuelles, résume dans l'alternative suivante :
On peut vouloir indiquer par ce concept de langage intérieur ou bien que la pensée
n'est que la forme intériorisée du langage externe, ou bien que la pensée assimilée à
une représentation est structurée comme le langage naturel qui n'en est que la
manifestation externe.
Qu'on retienne l'une ou l'autre des branches de cette alternative, ce qui est
en cause c'est, d'une part, la représentation du support matériel de la pensée,
c'est, d'autre part, l'assignation d'un degré d'intériorité ou d'extériorité rela
tive de la pensée et du langage, c'est, enfin, la mise en place d'un régime de la
27 entre « processus » d'intériorisation d'une « forme » externe ou, au contpensée
raire, extériorisation d'une « forme » interne dont la « manifestation » externe
n'est plus que dérivée.
Dans tous les cas, l'universalité de la faculté de langage doit affronter (ou
contourner...) la diversité empirique de la structure des langues particulières
que la fin du XIXe siècle ne peut ni ignorer, ni non plus considérer comme
allant de soi.
1.2. Dans la conclusion de son ouvrage, C. Panaccio (1999) aborde de
manière à la fois synthétique et prudente cette thématisation ancienne du lan
gage intérieur située au cœur des théories de la connaissance des systèmes
philosophiques antiques et médiévaux. Il dégage pour son compte trois
points de convergence qui peuvent nous apparaître comme autant de points
de résurgence dans les philosophies de l'esprit contemporaines :
- la question du statut moral des animaux ;
- la de la structuration interne de la pensée discursive, de la compo-
nentialité, c'est-à-dire celle de la référence, puisqu'il ne saurait y avoir de
« pensée discursive » sans combinaisons réglées d'unités référentielles,
- la question de l'intentionnalité enfin, c'est-à-dire celle de la sémanticité des
représentations mentales. Plus radicalement, ce qui est en cause ici c'est ni
plus ni moins que la nature même de ce qu'on entend par « représentation ».
En termes modernes, toute la question revient à savoir si ce à quoi l'on a
affaire dans le langage intérieur est un pur intelligible existant pour lui-même
hors

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