Langonnet sous la Révolution
144 pages
Français

Langonnet sous la Révolution

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Description

Citoyens, Jamais les chouans ne se sont plus multipliés dans nos parages et n’ont montré plus de desseins   hostiles que dans ce moment. Les versements d’armes ont été faits impunément sur nos côtes par   les anglais. Les chouans se les sont procurés de même impunément. Il en passe des cohortes   nombreuses journellement sur notre territoire. Lundi près Le Faouët, sur la route de Gourin,   trois cent de ces scélérats attaquèrent un faible détachement de notre garnison, parmi lequel se   trouvaient plusieurs patriotes. Ils ont tué un caporal républicain et le citoyen Pierret, un de nos   meilleurs   concitoyens,   et   sont   allés   ensuite   au   bourg   de   Langonnet   où   ils   ont   fait   des  réjouissances scandaleuses et dignes de gens aussi féroces. Dans la même nuit des transports considérables d’armes ont passé par les communes de Lignol,  Ploërdut et Priziac. Le capitaine chef de canton de chouans Duchélas de Langoëlan protégeait   ces transports avec plus de 900 hommes bien armés.  Hier   soir,   trois   cent   hommes   du   même   parti,   aussi   bien   armés   et   provenant   des   derniers   débarquements. Il y a parmi ces bandes beaucoup de déserteurs de troupes. On croit même qu’il   ères’y trouve des troupes étrangères et beaucoup de jeunes gens de la 1  réquisition.

Informations

Publié par
Publié le 18 mars 2013
Nombre de lectures 226
Langue Français
Poids de l'ouvrage 15 Mo

Extrait

LANGONNET
COMMUNE REBELLE
SOUS LA REVOLUTIONPierre Yves QUEMENER
LANGONNET
SOUS LA REVOLUTION
2Des rencontres, des paysages, des cultures  
3Invitation au voyage
Citoyens,
Jamais les chouans ne se sont plus multipliés dans nos parages et n’ont montré plus de desseins  
hostiles que dans ce moment. Les versements d’armes ont été faits impunément sur nos côtes par  
les anglais. Les chouans se les sont procurés de même impunément. Il en passe des cohortes  
nombreuses journellement sur notre territoire. Lundi près Le Faouët, sur la route de Gourin,  
trois cent de ces scélérats attaquèrent un faible détachement de notre garnison, parmi lequel se  
trouvaient plusieurs patriotes. Ils ont tué un caporal républicain et le citoyen Pierret, un de nos  
meilleurs   concitoyens,   et   sont   allés   ensuite   au   bourg   de   Langonnet   où   ils   ont   fait   des 
réjouissances scandaleuses et dignes de gens aussi féroces.
Dans la même nuit des transports considérables d’armes ont passé par les communes de Lignol, 
Ploërdut et Priziac. Le capitaine chef de canton de chouans Duchélas de Langoëlan protégeait  
ces transports avec plus de 900 hommes bien armés. 
Hier   soir,   trois   cent   hommes   du   même   parti,   aussi   bien   armés   et   provenant   des   derniers  
débarquements. Il y a parmi ces bandes beaucoup de déserteurs de troupes. On croit même qu’il  
ères’y trouve des troupes étrangères et beaucoup de jeunes gens de la 1  réquisition. Les 300 qui 
ont passé hier soir à Langonnet étaient presque tous du Finistère. Nous ne savons positivement 
quel doit être le point de leur réunion mais de pareils rassemblements qui se forment autour de  
nous demandent plus que jamais notre surveillance et un concert fraternel entre les autorités 
constituées pour déjouer les complots de nos ennemis.
C’est par des avis fréquents envoyés de place en place et les marches combinées des troupes  
républicaines que nous pourrons parvenir à sauver notre malheureux pays des fléaux désastreux 
de la guerre civile. Nous avons rempli notre tâche civique en vous adressant ces renseignements.  
Nous pensons que vous déterminerez le général Quantin à nous donner assez de troupes dans ce  
pays pour purger notre territoire des monstres qui le désolent.
Salut et fraternité.
Le tableau brossé par les administrateurs du district du Faouët en ce début du mois d’avril 1796 
est peut­être quelque peu exagéré, il témoigne néanmoins de l’intensité du conflit qui oppose 
depuis   plus   d’un   an   les   tenants   de   la   république   aux   contre­révolutionnaires   dits   chouans, 
partisans d’un retour aux institutions de l’ancien régime. Le pays du Faouët est en proie à la 
guerre civile. Pillages, exécutions sommaires, actes de représailles se succèdent sans interruption. 
D’un côté les « patriotes », de l’autre les « royalistes ».
Cinq années à peine après les débuts de la révolution, la jeune république est au plus mal. Et 
pourtant en 1789 qui aurait pu dire que les évènements allaient évoluer de la sorte ? D’ailleurs, en 
ce début d’année 1789 il n’était même pas question de révolution…
Mais au fait, quelle image a­t­on aujourd’hui d’une révolution ? Des manifestations monstres qui 
durent et qui s’amplifient de jour en jour, des émeutes dans les rues, des scènes de violence qui se 
multiplient jusqu’à ce que le gouvernement honni cède et laisse la place aux révolutionnaires. En 
Occident les révolutions se font dans les villes. En Amérique du Sud, en Chine ou en Russie les 
révolutions ont sans doute un autre visage. Que s’est­il passé en France en 1789 ? A peu près rien 
4de tout cela. Tout ou presque s’est déroulé à Versailles et à Paris : la réforme des institutions est 
le fruit des débats de l’assemblée des Etats Généraux. Les émeutes ont été sporadiques. Il n’y a 
pas   eu   de   soulèvement   populaire   général,   pas   d’affrontements   féroces   avec   les   forces 
gouvernementales, pas d’insurrections réprimées dans le sang. La révolution française de 1789 a 
été relativement non violente.
La violence est venue ensuite. Elle est tout d’abord le fait de factions révolutionnaires rivales qui 
tentent   d’éliminer   l’adversaire.   Il   a   fallu   plus   tard   réprimer   les   mouvements 
contre­révolutionnaires qui se sont développés dans le pays à partir de 1793 et qui perdureront 
dans l’Ouest pendant plusieurs années.
Dans les villes de province la réforme en profondeur des institutions, la destitution du roi et 
l’instauration   de   la   république   ont   trouvé   un  écho   largement   favorable.   Les   citadins   ont 
majoritairement soutenus la révolution. Depuis des années, les idées nouvelles circulaient dans 
les villes et le besoin de changement était devenu vital. Les populations des campagnes par contre 
n’étaient pas préparées à tous ces bouleversements. Ce sont elles qui vont rejeter massivement la 
révolution   et   provoquer   une   guerre   civile   qui   ne   s

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