Le baron de Lahontan

J.-Edmond (Joseph-Edmond) Roy

Description

Mi 1 im n 9:L(3RARY I I j 63 Mémoires S. R. Canada.I, 1894.Section [ ] . LaliouIdD.1\ —L:?. années après son ri'tourofficier tranf;ais ((ui a servi au di' l(î83 à (Jueliiues eu pulilia ri'rit voyages ipii lit licaiicuup de luMiit dans le tcniiis. OuEurope il un de ses(1703), vogue cet ouvrage, puiscpfil eu fui donm' plus de diiuze ('ditions fran-peut juger de la qu'eut moins d'un demi-siècle à sans compter (pTil fut traduit en anglais, ençaises en (1703 1741), hollandais, en allemand, et que les grands recueils île voyages coni[)ilés ou Erauce ou eu Angleterre en contiennent de volumineux extraits. jieu rjiais portant Fallure liadine et égrillarde, l'iuivrageEcrit en un style un dur de Lahontan pénétra dans des couches où n'avaient pu se rendi-e des livres un peu mystiques, comme les relations des missionnaires, ou des in-folios comme ceux de Charlevoix. C'était la abordait la discussion depremière fois qu'un voyageur sortait de la voie commune, toutes Les clierclieurs, les gens sérieux avaient lu Ducreux, Lescar-choses et marchait sans lisière. bot ou Champlain. Lahontan s'adressa au publie léger et moqueur du l'ommeucement du xviir siècle. Quelques-uns, comme Parkmau, Jugent même qu'il devança les pamphlétaires plus des auteursde ce temps. Lahontan fut lu et contribua peut-être (pie bien graves et connaître le Canada. Dans le cours de son ouvrage, il règne une pointe desavants l\. faire malice, un air frondeur, un ton de persifflage qui durent plaire à l'époque.

Sujets

• Indigenous peoples of the Americas
• Lahontan

Informations

• Publié par: les_archives_du_savoir
• Nombre de lectures: 25
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 9 Mo

Extrait

Mi
1
im
n9:L(3RARY
I
I j63 Mémoires S. R. Canada.I, 1894.Section [ ]
. LaliouIdD.1\ —L< (jaron de
Par J.-Edmond Roy
ISilSi(Lu lo 25 mai
Avant-propos
Louis-Armand de Loin d'Aree, mieux counii sous le nom de baron de Lahontan, est un
(Canada l(i!>:?. années après son ri'tourofficier tranf;ais ((ui a servi au di' l(î83 à (Jueliiues eu
pulilia ri'rit voyages ipii lit licaiicuup de luMiit dans le tcniiis. OuEurope il un de ses(1703),
vogue cet ouvrage, puiscpfil eu fui donm' plus de diiuze ('ditions fran-peut juger de la qu'eut
moins d'un demi-siècle à sans compter (pTil fut traduit en anglais, ençaises en (1703 1741),
hollandais, en allemand, et que les grands recueils île voyages coni[)ilés ou Erauce ou eu
Angleterre en contiennent de volumineux extraits.
jieu rjiais portant Fallure liadine et égrillarde, l'iuivrageEcrit en un style un dur de
Lahontan pénétra dans des couches où n'avaient pu se rendi-e des livres un peu mystiques,
comme les relations des missionnaires, ou des in-folios comme ceux de Charlevoix. C'était la
abordait la discussion depremière fois qu'un voyageur sortait de la voie commune, toutes
Les clierclieurs, les gens sérieux avaient lu Ducreux, Lescar-choses et marchait sans lisière.
bot ou Champlain. Lahontan s'adressa au publie léger et moqueur du l'ommeucement du
xviir siècle. Quelques-uns, comme Parkmau, Jugent même qu'il devança les pamphlétaires
plus des auteursde ce temps. Lahontan fut lu et contribua peut-être (pie bien graves et
connaître le Canada. Dans le cours de son ouvrage, il règne une pointe desavants l\. faire
malice, un air frondeur, un ton de persifflage qui durent plaire à l'époque.
Lahontan, qui fut pendant dix ans un militaire médiocre, qui passa obscur au Canada,
renommée pour ainsi dire européenne. Les princesconquit tout à coup) par sa plume une de
Hanovre lui donnèrent leur faveur, et il vécut dans l'intimité du grand Leibnitz. C'est ainsi
qu'un pauvre cadet de Gascogne, qui n'avait que la cape et l'épée, qui avait manqué sa vie k
homme avoirvingt-sept ans, qui se croyait un perdu et ruiné après déserté le drapeau et fui
sa patrie, s'acquit la réputation d'un grand voyageur. Le hasard a voulu que ceux qui occu-
paient alors les pireraiers emplois, ou qui gagnèrent à la France p)ar leurs immortels travaux
continent américain, fussent pendant un temps ignorés ou engloutisplus des trois-quarts du
dans le plus misérable ouldi, et qu'un officier du jilus maigre mérite se couvrît de leur man-
teau glorieux.
xviir' siècle à l'ouvrageL'impiortance ipie l'on a donnée pendant tout le de Lahontan,
lui donnent encore certains écrivains contempiorains en le citant de temp»s k autre,celle que
justifie importe que l'on connaisse plus intimement un homme qui a porté descette étude. Il
jugements très sévères sur nos origines, qui a popularisé en Europe l'idée que les colonies
françaises furent des lieux de déportation, et qui, d'un cœur léger, a voulu infliger un
stigmate honteux à toute une rtïbe.
Il apeu d'écrivains qui aiteuune carrière aussi accidentée que le baron de Lahontan. Sony
histoire dix-sept ans pour venirressemble à un véritable roman. Parti du Béarn à l'âge de au
Canada comme marine, il habite tour à tour Québec,8imp)le volontaire dans les troupes de laJ.-EDMOND ROT64
Miehilliiiuikiiiac. Il assiste à deux campagnes sans trouver à s'y illustrer.Montréal, le détroit,
dansCommandant de garnison, il al)andounelâchement son poste pour se faire voyageur isolé
Commensal du gouverneur Frontenac, on retrouverégions lointaines du Minnesota. leles
roi Terreneuve, d'où il s'enfuit sur une misérable barque delieutenant de dans les brumes de
le jette sur les côtes du Portugal. Réfugié en Hollande, il écrit, contre sa patriepêcheur qui
pamphlets remplis de fiel, se donne hypocritement la de décou-et ceux de sa race, des gloire
devient l'ami des princes étrangers et d'un savant comme Lcil)nitz, qui levertes imaginaires,
pour un homme sérieux.pjrend
Pour reconstituer la vie de cet homme étrange, il nous a fallu nous faire nomade comme
sources diver.ses, depuis Saint-Paul de dans leslui, et puiser aux les plus Minnesota jusque
ignorés de la Hollande, considter tour à tour les archives de Québec, de Plaisance, debourgs
de Paris, les géographes, les historiens, les philosophes, les ministères dePau, de Bayonne,
la justice et de la police, [)arce (pie Lahon-la guerre, de la marine, des affaires étrangères, de
mêlé un peu à toutes ces administrations.tan a été
sont n'qiandusOn lonf/oit (pie lorsque les éléments d'information dan.s des dépôts aussi
interroger à distance sur devastes, dans des fonds si multipliés, et qu'il faut les simples con-
le métier d'un homme qui plongerait dans la mer pour chercherjectures, c'est faire souvent y
(^o(|uille parmi toutes les autres.une certaine
(pii ont bien voulu nous prêter leurîfous devons des remerciements sincères à tous ceux
tâche ardue et souvent ingrate.concours bienveillant dans cette
services de M. de Dufau de Mabupier, juge à Sarlat, auteurXous ne saurions oublier les
Béarn, cjui nous a fourni sur la famille de Lahontan des renseignements side Wlrmorial de
Paul Labrouche, archiviste du département des Basses-Pyrénées, qui a bienprécieux, M.
relations quivoulu mettre à notre disposition ses excellentes de famille, M. le curé Bacqué, a
des archives de Lahontan, pour découvrir les traces de son ancienremué la poussière y
propriétaire de l'ancienne maison de justice des barons de Lahon-paroissien. M"" Cousseyon,
donné sur la baronnie les plus intéressants détails, la Société de Borda quitan, et cpii nous a
a fait les plus louables etforts pour nous être utile.
L' —de Lahontan, dans les Basses-Pyrénées.— abbaye de Xotre-Dame d'Abet.La commune
—Anciens seigneurs de Lahontan. Portrait des Lahontanais dessiné par l'illustre
— —d'Arce. Les travaux entreprend.Montaigne. Isaac de Lom (iu'iL
bourgtrain ([ui mène de Bayonne à Lourdes stoppe à i*uyoo, petit ignoré du dépar-Le
(oiisi(l('iable pour lestement des Basses-Pyrénées, mais centre de ralliement chemins de fer,
Bordeaux et Tours la plus grande partie de l'ancienpuisqu'il met en communication avec
Béarn.
•") vt'rdoyants. dontkiloini''trcs de Puyo(), au tond d'une plaine bor(l('e de coteauxA
les escarpementsgracieuses ondulations font contraste avec le plat pays des Landes etles
Lalutntan avec sa population de 1,200abrupts des monts pyrénéens, dort le paisible village de
habitants.
eoniiiunie de Lahontan a eu jadis ses jours de splendeur, et ses habitants aiment à enJja
le souvenir.conserverLE BARON DE LAUONTAN 65
Au xiif siècle, un [laysaii découvrait au milieu d'une solitude couverte de roncesy et
de l)roussailles une statue en bois de la Vierge Marie. En tempsces de ferveur et de toi
vivace, une pareille trouvaille fut considérée comme miracle, et la statue devint bientôt l'objet
grande vénération dans touted'une la contrée. Elle fut invoquée sous le nom de Notre-Dame
d'Abet, et on éleva en son honneur un magnifique sanctuaire. Les moines d'un abbaye voisin,
les bénédictins de Sordes, en eurent la garde pieuse.
Des frontières d'Espagne, des pays basques, des rives de l'océan, et des landes stériles
nombreuxaccouraient de pèlerins. La légende et la tradition locale disent qu'Urbain II, U'
Croisades, Saint-Bernard,pape des d'illustres templiers, lo pape Clément A", se phuH'nt à
venir saluer la vierge miraculeuse cesdans lieux bénis.
M"' Charles-Auguste Lequien de la Xeuville, diTiiicr ('vCMpic de Dax, diocèse d'où
Lahontan dépendait alors, contirma de son autorité, à la tin du xviii siècU'. le récit des
merveilles qui s'opéraient au sanctuaire de Notre-Dame d'Abet. Cet antique pèlerinage sub-
siste encore, mais l'église qui abrita si longtemps la statue vénérée est entoute ruines. Ses
nmrailles décrépites, noircies par le temps, s'élèvent comme une sentinelle piTiluc aux bords
du gave de Pau. Deiuiis quelques années, des âmes pieuses et charitables travaillent à la
'
restaurer.
A droite et à gauche du vieux sanctuaire, gisent d'auricnues fondatinns d'une grosseur
démesurée et d'une solidité à toute épreuve. On croit voir les restes de constructionsy com-
dominationmencées sous la romaine, mais les traditions sont obscures, et les A'andales ont
anéanti toutes traces historiques de reculés.ces temps
Situé sur les contins du Béarn et de" l'ancienne Guyenne. Lahontau dût pendant plus de<