Le Bouddha et les rois - article ; n°1 ; vol.80, pg 15-39
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Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1993 - Volume 80 - Numéro 1 - Pages 15-39
André Bareau, The Buddha and the Kings.
The Buddha spent his long ascetic life (in the fifth century ВС) in the middle Gangetic valley and according to the ancient canonic texts (in Pâli and Chinese translations) he had direct relationships with the kings of the two most powerful kingdoms of this area, Košala in the North-West (whose capital was Srâvastï) and Magadha (capital Ràjagrha) in the South-East. A very large number of texts describe in detail the meetings which took place between the Buddha and Prasenajit, the king of Košala, in the garden of Jetavana, one of the principal centres of Buddhism during the life time of the Buddha. Following the death of Prasenajit and the decline of Koáala, the Buddha and his Community chose Magadha as their new headquarters. Unlike Prasenajit, Bimbisâra, king of Magadha, does not seem to have had many dialogues with the Buddha, but he was a generous donor at a time when the Samgha was in a settling process. His son and successor Ajátašatru, however, was more interested in his conquests than in the Buddhist Doctrine. In all these encounters it appears that the Buddha never tried to interfere with the kings' ways. Their relationships rested on a particular balance of power, a form of the exchange of gifts, between lay and ascetic followers, which is characteristic of the Buddhist society.
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 6
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

André Bareau
Le Bouddha et les rois
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 80, 1993. pp. 15-39.
Abstract
André Bareau, "The Buddha and the Kings".
The Buddha spent his long ascetic life (in the fifth century ВС) in the middle Gangetic valley and according to the ancient canonic
texts (in Pâli and Chinese translations) he had direct relationships with the kings of the two most powerful kingdoms of this area,
Košala in the North-West (whose capital was Srâvastï) and Magadha (capital Ràjagrha) in the South-East. A very large number
of texts describe in detail the meetings which took place between the Buddha and Prasenajit, the king of Košala, in the garden of
Jetavana, one of the principal centres of Buddhism during the life time of the Buddha. Following the death of Prasenajit and the
decline of Koáala, the Buddha and his Community chose Magadha as their new "headquarters". Unlike Prasenajit, Bimbisâra,
king of Magadha, does not seem to have had many dialogues with the Buddha, but he was a generous donor at a time when the
Samgha was in a settling process. His son and successor Ajátašatru, however, was more interested in his conquests than in the
Buddhist Doctrine. In all these encounters it appears that the Buddha never tried to interfere with the kings' ways. Their
relationships rested on a particular balance of power, a form of the exchange of gifts, between lay and ascetic followers, which is
characteristic of the Buddhist society.
Citer ce document / Cite this document :
Bareau André. Le Bouddha et les rois. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 80, 1993. pp. 15-39.
doi : 10.3406/befeo.1993.2187
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1993_num_80_1_2187Bouddha et les rois Le
t André BAREAU
Dans un ouvrage posthume mais récemment paru, Royautés bouddhiques \ le
regretté Robert Lingat a décrit en détail et avec beaucoup de finesse les relations que les
rois de l'Inde antique, notamment le grand Ašoka, et ceux de Ceylan ont eues avec le
bouddhisme. Il a clairement montré que l'exercice du pouvoir royal était incompatible
avec la vie ascétique imposée aux moines bouddhistes et qu'il rendait même très diffi
cile, voire impossible, l'observance des cinq commandements moraux auxquels tous les
fidèles laïcs doivent se conformer. En effet, le roi a le devoir de châtier, sévèrement et
de diverses façons, ceux de ses sujets qui sont coupables de crimes, ce qui peut l'obliger
à les condamner à mort. De plus, la fonction royale est de nature guerrière, ce qui
conduit le roi à commettre ou à ordonner toutes sortes de violences contre les ennemis
venus de pays voisins ou contre les rebelles à l'intérieur de son propre royaume. Étant
donné la complexité des familles royales liée à leur polygamie dans l'Asie ancienne, de
telles rébellions ne sont malheureusement pas rares, comme l'histoire le prouve abon
damment.
Dans l'Inde bouddhique et dans les pays voisins, à Ceylan et dans l'Asie du Sud-
Est, il était extrêmement rare qu'un roi abdiquât pour devenir bhikkhu par simple déci
sion personnelle, sans y avoir été contraint par des princes rivaux ou des souverains
ennemis qui l'avaient chassé de son trône, ce qui, du reste, n'était pas fréquent non plus.
Laissons de côté la retraite effectuée dans un monastère, pour quelques mois, par un
souverain adolescent, cas qui ne se présente guère qu'à l'époque moderne, pour se
conformer à une coutume imposée à tous les jeunes nommes de son pays, sa retraite
n'étant effectuée que si la régence est solidement assurée. Autrefois, et cela depuis le
temps du Bouddha, l'instabilité politique était trop grande, pour des causes intérieures
et extérieures, pour qu'une telle abdication n'entraînât pas de risques extrêmement
graves dont tout le pays aurait souffert.
Les textes canoniques ne connaissent qu'un seul cas d'abdication délibérée, encore
s'agit-il certainement d'une légende. Selon les Vinayapitaka des Theravâdin, des
Mahîsâsaka et des Dharmaguptaka, le jeune roi des Sâkya, nommé Bhaddiya ou Bha-
drika, aurait quitté son trône pour devenir moine, mais seulement après en avoir été prié
avec insistance et à plusieurs reprises par son jeune frère. Or, chaque fois, sauf la der
nière où il finit par céder, il invoque ses devoirs royaux pour refuser, puis pour demand
er un délai plus ou moins long. L'incompatibilité entre l'exercice de la souveraineté et
la vie monastique a donc été vue très clairement dès l'époque ancienne, antérieure à
notre ère, où se formèrent les traditions canoniques, et cela malgré la forte tentation des
milieux bouddhistes d'exalter la position sociale des bhiksu en montrant que même des
rois, du moins l'un d'entre eux, pouvaient quitter leur trône et tous ses avantages pour
choisir l'existence ascétique.
1. Robert Lingat, Royautés bouddhiques. Ašoka et la fonction royale à Ceylan, deux études éditées
par G. Fussman et É. Meyer, Paris, EHESS, 1989. 16 André Bareau
Très tôt aussi, plus tôt même sans doute, les rapports de la personne vénérée du
Bouddha avec la royauté furent nettement définis. Tout d'abord, le Bienheureux était né
dans la caste guerrière des ksatriya, celle à laquelle appartenaient régulièrement les rois
(râjan), et cette donnée, sur laquelle s'accorde toute la tradition bouddhique sans
exception, peut être tenue pour certaine, historique. Tout aussi unanimement semble-
t-il, la tradition veut que le père du Bouddha, nommé Šuddhodana, ait été roi du peuple
des Sâkya, régnant à Kapilavastu. Cela s'accorde mal avec le fait que les Sàkya, comme
la plupart des petits peuples voisins, Malla, Vrji, Kraudya et autres, formaient une petite
république aristocratique et se passaient donc de souverain. Du reste, le nom prêté au
père du Bienheureux, Šuddhodana, « Celui dont la bouillie de riz est pure », sonne
étrangement pour un guerrier et davantage encore pour un roi, comme en fait foi la su
rabondante onomastique indienne. L'exaltation de la personne si vénérée du Bouddha ne
s'en tint pas là. Comme le nom de sa tribu, les Sâkya, signifie « capable, puissant », les
dévots furent vite conduits à croire que leur maître appartenait à une famille royale
« puissante », souveraine d'un État très prospère et fort riche, d'où les légendes sur la
vie oisive et luxueuse du jeune prince Gautama, jouissant de trois palais, d'une nomb
reuse domesticité, etc. Sa lignée fut naturellement rattachée aux plus prestigieux sou
verains indiens du passé et forma une série qui s'allongea au fil du temps. Selon les
devins consultés à sa naissance, le jeune prince Gautama aurait eu le choix entre les
deux carrières les plus extraordinaires dont un homme pouvait rêver celle d'un souve
rain universel (cakravartin râjan) régnant sur le monde entier, et Éveillé
complet et parfait (samyak-sam buddha), et c'est volontairement qu'il aurait rejeté la
première et choisi la seconde. Cela sous-entend que, dans l'échelle des valeurs sociales,
le Bienheureux doit être considéré comme l'égal, pour le moins, d'un souverain univers
el, ce qui était le vieux rêve de tous les roitelets indiens, donc le personnage suprême
de l'espèce humaine à leurs yeux. Pour ses fidèles, le Bouddha est même situé au-
dessus d'un tel roi, puisqu'un ascète, bouddhiste de préférence, est toujours regardé
comme étant supérieur à un laïc, ce dernier fût-il le plus puissant des souverains.
L'objet du présent article est de définir les relations qui auraient existé, selon les
textes canoniques anciens, entre le Bouddha et les divers rois (ràjan) qu'il aurait ren
contrés ou fréquentés. En quelque sorte, il s'agit d'un complément à l'ouvrage de
Robert Lingat mentionné ci-dessus, où il est très brièvement parlé de ce sujet précis car
les documents concernant celui-ci relèvent beaucoup plus de la légende que de l'his
toire, semble-t-il, alors que cette dernière était, ajuste titre, l'objet du livre.
Comme dans nos précédentes enquêtes, notre but présent est de rechercher, en étu
diant les récits canoniques mettant en scè

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