Le cadre interactionnel de l échange visiophonique - article ; n°64 ; vol.12, pg 107-132
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Description

Réseaux - Année 1994 - Volume 12 - Numéro 64 - Pages 107-132
Le présent article examine les divers modes d'engagement mutuel qu'utilisent les participants en situation d'interaction visiophonique. Il décrit les différentes stratégies mises en œuvre par les interactants pour faire face et adapter leur communication au dispositif tech- niquqe afin de créer un cadre interactionnel « adéquat » à toutes fins utiles. L'analyse détaillée du déroulement de communications visiophoniques permet de mettre au jour leurs organisatios intrinsèques, localement produites. L'activité pratique qui consiste à s'ajuster à l'objet technique et sur l'interaction : elle transforme à la fois l'apparence de l'objet technique en faisant de celui-ci un artefact interactionnel et celle de l'interaction focalisée qui devient une interaction-médiatisée-par-un-objet-technique.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Michel de Fornel
Le cadre interactionnel de l'échange visiophonique
In: Réseaux, 1994, volume 12 n°64. pp. 107-132.
Résumé
Le présent article examine les divers modes d'engagement mutuel qu'utilisent les participants en situation d'interaction
visiophonique. Il décrit les différentes stratégies mises en œuvre par les interactants pour faire face et adapter leur
communication au dispositif tech- niquqe afin de créer un cadre interactionnel « adéquat » à toutes fins utiles. L'analyse détaillée
du déroulement de communications visiophoniques permet de mettre au jour leurs organisatios intrinsèques, localement
produites. L'activité pratique qui consiste à s'ajuster à l'objet technique et sur l'interaction : elle transforme à la fois l'apparence de
l'objet technique en faisant de celui-ci un artefact interactionnel et celle de focalisée qui devient une interaction-
médiatisée-par-un-objet-technique.
Citer ce document / Cite this document :
de Fornel Michel. Le cadre interactionnel de l'échange visiophonique. In: Réseaux, 1994, volume 12 n°64. pp. 107-132.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reso_0751-7971_1994_num_12_64_2473LE CADRE INTERACTIONAL
DE L'ECHANGE VISIOPHONIQUE
Michel de FORNEL
Réseaux n° 64 CNET - 1994
107 — NDLR : Pour une meilleure lecture de cet article, voir les conventions de
transcription des conversations visiophoniques pp. 128-129.
— 108 lyse est la condition indispensable pour
identifier les procédures, compétences,
méthodes qui permettent de réaliser une
interaction visiophonique qui se présente,
pour les participants eux-mêmes, comme
étant « une interaction visiophonique réus
sie » et, par voie de conséquence, d'identi
fier les caractéristiques qui font qu'une
communication visiophonique est traitée
par les participants comme problématique,
imparfaite, ratée. Sur le plan méthodolog
ique, on s'appuie sur les recherches réali
sées dans le domaine de l'interaction en
face à face par les approches interaction-
nelles (en particulier Erving Goffman),
l'ethnométhodologie et l'analyse de
conversation (1). En particulier, on décrit
de façon détaillée les formes d'organisat
ion des communications visiophoniques
en tant que ces dernières sont temporelle-
Ala différence du téléphone, où les ment et séquentiellement ordonnées. En se
participants ne sont centrés que sur focalisant sur l'organisation endogène des
le canal verbal, le visiophone intro interactions visiophoniques, on ne laisse
duit la possibilité pour les participants pas pour autant de côté ce que l'on appelle
ď interagir à distance en créant et en main traditionnellement les paramètres tech
tenant un « centre commun d'activités niques. Ces derniers sont souvent traités
cognitives et visuelles » assez proche de la comme des données externes, formant un
relation de face à face. Une telle interac ensemble de variables autonomes que l'on
tion focalisée n'est cependant réalisée en corrèle ensuite avec des variables comport
pratique que lorsque les participants mobil ementales. Il faut plutôt considérer que,
isent et exploitent les contraintes de l'ob loin d'être des « paramètres », ils sont des
éléments constitutifs de cet ordre interac- jet technique pour parvenir à créer un a
rrangement écologique proche de la tionnel particulier qu'est l'interaction v
situation de face à face. Le présent article isiophonique (2).
examine les divers modes d'engagement
mutuel qu'utilisent les participants en s Interaction focalisée
ituation d'interaction visiophonique. Il dé et espace virtuel
crit les différentes stratégies mises en
oeuvre par les interactants pour faire face La conversation en face à face suppose
et adapter leur communication au disposit une co-présence physique des participants:
if technique afin de créer un cadre interac- « les personnes doivent sentir qu'elles sont
tionnel « adéquat » à toutes fins utiles. suffisamment proches pour que tout ce
L'analyse détaillée du déroulement de qu'elles fassent soit perçu, ce qui inclut
communications visiophoniques permet de leur réaction aux autres » (3). Dans ce type
mettre au jour son organisation intrin d'interaction, la disposition spatio-tempor
sèque, localement produite. Une telle elle des participants les uns vis à vis des
(1) Cf. par exemple, GOFFMAN (1963, 1974, 1981, 1987), GARFINKEL (1967), SACKS, SCHEGLOFF &
JEFFERSON (1974, 1977), ATKINSON & HERITAGE (1984). Pour des études portant sur la communication
médiatisée, cf. SCHEGLOFF (1968), LACOSTE, MOUCHON & PERIN (1987) et M. de FORNEL (1989b).
(2) Les interactions visiophoniques étudiées ont été recueillies dans le cadre d'une enquête sur le réseau expéri
mental de Biarritz. Les usagers disposaient d'un visiophone large bande. On se reportera à M. DE FORNEL
(1991c) pour plus de détails.
(3) GOFFMAN, 1963:17.
109 est essentielle. De façon coopérat l'un de l'autre et d'être placés dans un autres
ive, les participants vont se positionner et angle plus ou moins direct d'orientation,
ajuster leurs corps de façon à créer un es de telle façon qu'une ligne de communicat
ion préférentielle et immédiate est pace commun, un îlot fermé qui, comme
l'ont noté M. Ciolek et A. Kendon, leur créée ». Malgré la différence d'environne
permettent d'avoir « à leur disposition ex ment spatial et l'absence de co-présence
clusive un domaine ou une arène où leurs physique, on constate que, de façon routi
transactions communicatives peuvent être nière, les participants, en co-orientant les
conduites » (4). Ces derniers ajoutent que parties de leur corps de façon à faire face à
l'appareil et en s' orientant visuellement « de tels arrangements spatio-temporels i
nterviennent parce qu'ils créent les condi vers ce dernier, font émerger une forme de
tions permettant aux participants d'échan co-présence virtuelle et parviennent à su
ger de façon efficace les regards, les gestes rmonter le fait que les espaces dans les
et les mots à partir desquels leurs conver quels ils se trouvent sont radicalement dis
sations sont construites » (5). M. Ciolek et joints. Il se crée un chevauchement des
A. Kendon (6) ont montré de façon dé deux segments transactionnels des partici
taillée que même si la flexibilité des diffé pants. En ce sens, les participants parvien
rentes parties du corps permet aux partic nent à créer le territoire interactionnel
ipants de s'intéresser à des portions commun permettant à la transaction com
différentes de l'espace sans avoir à bouger municative de se dérouler. Ce dernier
l'ensemble du corps, ces derniers ont ten qu'on peut caractériser comme un espace
dance à co-orienter ces différentes parties transactionnel partagé est similaire au face
du corps de façon à faire face à une même à face, à la différence cependant qu'il
région de l'espace qu'ils appellent « seg s'agit non pas d'un espace physique
ment transactionnel ». L'intérêt d'un tel concret mais d'un espace abst
concept est qu'il permet de comprendre rait, qui s'avère beaucoup plus fragile.
L'interaction visiophonique peut donc que l'espace, le territoire commun où se
joue l'interaction n'est pas une zone phy être examinée en termes du type d'aligne
sique, mais un « espace formé par un ch ment conjoint (à la situation et aux autres)
evauchement continûment maintenu entre qu'elle autorise. L'image permet l'intro
duction d'une co-présence virtuelle des in- les segments transactionnels des partici
pants ». Tout engagement en face à face, teractants (7). La physique
n'est pas une condition nécessaire de l'ien particulier en présence d'autres per
sonnes, suppose donc cette orientation nteraction verbale, comme le montre la poss
physique commune permettant aux partic ibilité de la conversation téléphonique qui
ipants de maximiser les possibilités de « met en relation des participants en situa
surveiller ce que l'un et l'autre sont en tion de non présence physique. Cependant,
quand elle est réalisée sous forme de co- train de mutuellement percevoir ».
L'interaction visiophonique pr&#

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