Le cinéma, une industrie ancienne de la nouvelle économie - article ; n°1 ; vol.91, pg 93-118
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Description

Revue d'économie industrielle - Année 2000 - Volume 91 - Numéro 1 - Pages 93-118
Cinema is a specific industry characterized by high fixed costs, non-rivalry of consumers, an exogenous price and different channels of diffusion. Despite of the boom of rival media (TV, recorders, DVD, etc.), the cinema in theaters is a growing industry which reinforces the domination of the American movies. The channels of diffusion are complementary rather than substitutes and the competition between media cannot be incrimated to the cause of a presumed crisis. Because this specificity the industry cannot work with the rules of perfect competition. The paper shows that the strategy of the big producers (majors) and the structure of the industry drive to a suboptimal level of production in all likelihood, mainly for the movies with relatively few spectators. This case might legitimate public interventions oriented to the elimination of the distortions. The French system to finance the industry, even successful in some aspects, should be improved with a more precisely defined targering and with consumer-oriented interventions.
Le cinéma est une industrie spécifique du fait, notamment, de l'importance de ses charges fixes, d'une non-rivalité dans sa consommation, de son mode de tarification et de ses différents circuits de diffusion. Malgré l'explosion de supports concurrents, le cinéma en salle connaît depuis une dizaine d'années une phase d'expansion qui confirme la domination du cinéma américain. Elle s'appuie sur une complémentarité des supports qui efface la substituabilité qui était à l'origine de la crise. Si la spécificité du cinéma empêche ce secteur de fonctionner sur un mode concurrentiel, l'article montre que la stratégie des grands producteurs (majors) et la structure même de l'industrie conduisent vraisemblablement à un niveau de production insuffisant, notamment en ce qui concerne les films à audience limitée (relativement aux grandes productions). Cette situation justifie une intervention publique dès lors que celle-ci est ciblée sur les distorsions susceptibles d'être corrigées. Le système français de financement constitue un succès qui pourrait être amélioré par un ciblage plus fin et un soutien plus marqué à la fréquentation en salles.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jeanmarc Siroën
Le cinéma, une industrie ancienne de la nouvelle économie
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 91. 1er trimestre 2000. pp. 93-118.
Citer ce document / Cite this document :
Siroën Jeanmarc. Le cinéma, une industrie ancienne de la nouvelle économie. In: Revue d'économie industrielle. Vol. 91. 1er
trimestre 2000. pp. 93-118.
doi : 10.3406/rei.2000.1773
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_2000_num_91_1_1773Abstract
Cinema is a specific industry characterized by high fixed costs, non-rivalry of consumers, an exogenous
price and different channels of diffusion. Despite of the boom of rival media (TV, recorders, DVD, etc.),
the cinema in theaters is a growing industry which reinforces the domination of the American movies.
The channels of diffusion are complementary rather than substitutes and the competition between
media cannot be incrimated to the cause of a presumed crisis. Because this specificity the industry
cannot work with the rules of perfect competition. The paper shows that the strategy of the big
producers (majors) and the structure of the industry drive to a suboptimal level of production in all
likelihood, mainly for the movies with relatively few spectators. This case might legitimate public
interventions oriented to the elimination of the distortions. The French system to finance the industry,
even successful in some aspects, should be improved with a more precisely defined targering and with
consumer-oriented interventions.
Résumé
Le cinéma est une industrie spécifique du fait, notamment, de l'importance de ses charges fixes, d'une
non-rivalité dans sa consommation, de son mode de tarification et de ses différents circuits de diffusion.
Malgré l'explosion de supports concurrents, le cinéma en salle connaît depuis une dizaine d'années une
phase d'expansion qui confirme la domination du cinéma américain. Elle s'appuie sur une
complémentarité des supports qui efface la substituabilité qui était à l'origine de la crise. Si la spécificité
du cinéma empêche ce secteur de fonctionner sur un mode concurrentiel, l'article montre que la
stratégie des grands producteurs (majors) et la structure même de l'industrie conduisent
vraisemblablement à un niveau de production insuffisant, notamment en ce qui concerne les films à
audience limitée (relativement aux grandes productions). Cette situation justifie une intervention
publique dès lors que celle-ci est ciblée sur les distorsions susceptibles d'être corrigées. Le système
français de financement constitue un succès qui pourrait être amélioré par un ciblage plus fin et un
soutien plus marqué à la fréquentation en salles.Jean-Marc SIROËN
CERESA
Université Paris Dauphine
LE CINEMA, UNE INDUSTRIE ANCIENNE
DE LA NOUVELLE ÉCONOMIE
Mots-clés exception culturelle : Industrie du cinéma, différenciation des produits, discrimination des prix,
Key words : Cinéma Industry, Produit Différenciation, Price Discrimination, Culturel
Exception
La souveraineté culturelle, associée aux « externalités » de natures moral
e, politique ou éducative du cinéma, est apparue comme un problème
fondamental de politique internationale dès la confirmation du succès et
de l'expansion de cette industrie. Le cinéma est ainsi devenu un « enjeu » qui
a justifié les mesures restrictives adoptées à partir de la fin des années 1920,
notamment par les pays européens et, déjà, à rencontre du cinéma américain.
En 1926, avant même la diffusion du cinéma parlant et la crise économique
mondiale, un représentant de l'industrie publiait un essai qui soulignait la
nécessité d'une régulation internationale sous l'égide de la Société des Nations
(1). En 1946, l'industrie cinématographique sera d'ailleurs le seul secteur qui
fera l'objet d'un traitement particulier dans les accords du GATT (article IV :
Dispositions spéciales relatives aux films cinématographiques) qui autorise
des contingents à l'écran, par exception au principe du traitement national.
Néanmoins, cette disposition a été peu appliquée (à quelques exceptions près,
comme l'Espagne). En effet, immédiatement après la Seconde Guerre mond
iale, l'octroi de l'aide des États-Unis avait été conditionné à l'ouverture des
marchés à la production cinématographique américaine (Accords Blum-
Byrnes de 1946). Dans ces conditions, 1'« exception culturelle » a surtout été
mise en œuvre par des subventions à la production cinématographique natio-
(1) Seabury (1926), dirigeant de la National Association of the motion picture industry, écri
vait ainsi : « The motion picture definitely attained a power greater it had ever enjoyed
before, to influence the masses of the world for good or evil. ...The motion picture has
became and is today the greatest force and instrumentality in the world for the cultivation
and preservation of the world's peace and for the moral, intellectual and cultural deve
lopment of all people » (p. vii & ix).
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 91, 1er trimestre 2000 93 nale (ou réalisée sur le territoire national), puis par des quotas de diffusion sur
les chaînes TV (directive européenne « Télévisions sans frontières ») ou par
des restrictions aux prises de participation de sociétés étrangères dans les
firmes nationales de production ou de diffusion.
Depuis, ces mesures sont périodiquement mises en cause dans les relations
commerciales. L'« exception culturelle », revendiquée par les représentants de
l'industrie audiovisuelle et des médias (périodiques, édition,...), vise à maint
enir ces soutiens malgré les règles générales du multilatéralisme (clause de la
nation la plus favorisée, traitement national). Cette mobilisation a contribué à
retarder l'achèvement des négociations d'Uruguay (1993) et à faire échouer
l'Accord Mondial sur l'Investissement (AMI) discuté au sein de l'OCDE.
Le secteur joue, dans les négociations commerciales internationales, un rôle
qui, à première vue, paraît disproportionné par rapport à son importance éco
nomique. En France, par exemple, les dépenses de cinéma représentent
5,1 milliards de francs, soit 15 % des audiovisuelles et 5,4 % des
dépenses culturelles. Elles représentent environ 0,1 % des dépenses totales de
consommation (CNC) (2)... Les exportations américaines de films de cinéma
et de TV (6,1 milliards de dollars en 1997) ne représentaient, en 1997, que
2,6 % des exportations de services privés (3)... En France, les recettes d'ex
portation s'élevaient à 412 millions de francs en 1996 et, exceptionnellement,
à 820 en 1997 (source CNC).
Il est vrai que la production cinématographique pour les salles peut diffic
ilement être isolée de la audiovisuelle dans son ensemble. Elle al
imente ainsi les programmes télévisuels et exerce des effets d'entraînement sur
les autres secteurs (films publicitaires, documentaires, téléfilms, séries, pro
duits dérivés, etc.).
Cette importance politique du cinéma est d'autant plus paradoxale que l'i
ndustrie cinématographique est fréquemment considérée comme vouée à un
déclin inexorable. Le développement de la télévision puis de l'enregistrement
vidéo devait conduire à convertir l'industrie des films pour les salles de cin
éma en une industrie productrice de séries, de téléfilms et, au mieux, de films à
petits budgets. Cette évolution conduisait Henri Mercillon à écrire au début
des années 1990 dans /' Encyclopedia Universalis que « la confrontation avec
la télévision tourne au désastre ». Depuis une dizaine d'années, c'est pourtant
l'inverse qui est constaté aux États-Unis et dans plusieurs pays industriels.
L'industrie du cinéma est en expansion. Elle crée des emplois. Elle incorpore
(2) En 1997, sources CNC.
(3) II convient néanmoins d'ajouter 9,6 milliards de dollars de ventes réalisées à l'étranger par
des filiales de sociétés américaines. Source : US Department of Commerce, International
Trade Administration.
94 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 91, 1er trimestre 2000 techniques de pointe. La politique de soutien au cinéma ne peut donc plus des
s'inscrire aujourd'hui dans un contexte de crise du mond

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