Le débat Susskind-Smolin
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LE DÉBAT SUSSKIND–SMOLIN OU POURQUOI LE PRINCIPE ANTHROPIQUE EST UNE TOTALE MANIPULATION par Miles Mathis Incapables de répondre ou même de s’occuper des problèmes réels et immédiats, les physiciens théoriciens de pointe se sont maintenant cachés derrière des ésoté- rismes sans signification et des jeux philosophiques débiles. Un exemple du pre- mier cas est le débat Hawking–Penrose sur les trous noirs. Bien que j’aie démontré que nous ne savons pratiquement rien sur les mécanismes de notre propre système solaire et que nous ne pouvons même pas expliquer l’orbite lunaire de manière sensée, les plus célèbres physiciens trouvent plus pressant de bricoler des systèmes mathématiques abstraits dans du vide à zéro donnée. En fait, mon champ unifié rend déjà tous leurs débats contestables, car les maths avec lesquelles ils jouent dépendent d’une interprétation uniquement gravitationnelle du champ principal de Newton et d’Einstein. C’est toujours le danger quand on discute des points de LE DÉBAT SUSSKIND–SMOLIN M. Mathis détail d’une théorie incomplète : un simple changement dans les fondations font immédiatement s’écrouler toutes les tours que l’on avait bâties sur elles. Comme exemple du second cas, nous pouvons examiner le débat Susskind–Smolin de 2004, dont on continue toujours à discuter aujourd’hui.

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Publié le 07 juillet 2014
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Langue Français

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LE DÈBATSUSSKIND–SMOLIN O UP O U R Q U O I L EPR IN C IP EAN T H R O P IQ U E E S TU N ET O TA L EM A N IPU L AT IO N
parMiles Mathis
Incapables de rpondre ou mme de s’occuper des problmes rels et immdiats, les physiciens thoriciens de pointe se sont maintenant cachs derrire des sot-rismes sans signification et des jeux philosophiques dbiles. Un exemple du pre-mier cas est le dbat Hawking–Penrose sur les trous noirs. Bien quej’aie dmontr que nous ne savons pratiquement rien sur les mcanismes de notre propre systme solaire et que nous ne pouvons mme pas expliquer l’orbite lunaire de manire sense, les plus clbres physiciens trouvent plus pressant de bricoler des systmes mathmatiques abstraits dans du vide Ā zro donne. En fait,mon champ unifi rend djĀ tous leurs dbats contestables, car les maths avec lesquelles ils jouent dpendent d’une interprtation uniquement gravitationnelle du champ principal de Newton et d’Einstein. C’est toujours le danger quand on discute des points de
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M. Mathis
dtail d’une thorie incomplte : un simple changement dans les fondations font immdiatement s’crouler toutes les tours que l’on avait bties sur elles.
Comme exemple du second cas, nous pouvons examiner le dbat Susskind–Smolin de 2004, dont on continue toujours Ā discuter aujourd’hui.Smolin prtendque le Principe Anthropique est infalsifiable et Susskind argumente (plus ou moins) contre Smolin et, pour une raison ou une autre, normment de gens trouvent que ce dbat vaut la peine d’tre entendu. Ce n’est pas le cas. Le Principe Anthro-pique est plus qu’infalsifiable : c’est une manipulation, ce qui signifie que vous tes manipuls Ā la fois par Smolin et par Susskind (et Weinberg et tous les autres). Comme avec Hawking et Penrose, si vous coutez Susskind et Smolin, vous tour-nez autour du pot avec eux et vous n’essayez pas de rsoudre des problmes phy-siques rels. Comme d’habitude, nous pouvons le constater clairement en tudiant la prsentation sur Wikipdia. La dfinition d’ouverture est la suivante :
« Leprincipe anthropiqueestl’argument philosophiqueselon lequel les observations de l’universphysique doivent tre compatibles avec la vie conscientequi l’observe ».
C’est exprim d’une faÇon tellement cucul la praline qu’il est difficile de savoir ce que Ça signifie, ou si Ça signifie quoi que ce soit. á premire vue, Ça rsonne encore plus fort que ce que c’est sens signifier (habituellement). C’est-Ā-dire que Ça ressemble beaucoup auprincipe subjectif, oueffet de l’observateur, qui a galement envahi la physique depuis les cinquante dernires annes. Si l’univers « doit tre compatible » avec l’observateur, alors on peut affirmer que l’observateur dtermine l’univers. Si nous interprtons le principe anthropique ce cette manire forte, non seulement il est falsifiable mais il est compltement faux. C’est tellement absurde que Ça ne vaut mme pas la peine de le falsifier. Comme d’habitude, c’est une inversion totale. En vertu de la simple logique, ce n’est pas l’univers qui doit tre compatible avec la vie consciente, c’est la vie consciente qui doit tre com-patible avec l’univers. C’est seulement dans une culture comme la nÔtre, qui est devenue tellement anthropomorphe et obsde par elle-mme, que l’ide selon laquelle nous dterminons d’une manire ou d’une autre l’univers peut paratre mme constituer une ide. C’est analogue Ā l’ide selon laquelle un poisson rouge tournant en rond dans son bocal dtermine la vie mentale de toute la maisonne parce qu’il la voit avec ses petits yeux.
Normalement, cependant, le principe anthropique est prsent et soutenu sous la forme d’une certaine variation de sa version dite «faible ».De nombreux par-tisans de cette variante faible admettent qu’elle est pratiquement indiscernable d’une tautologie, et personnellement, je dirais « absolument indiscernable ». selon Brandon Carter :
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« Nous devons tre prts Ā prendre en compte le fait que notre situation dans l’univers estnÉcessairementprivilgie, au point d’tre compatible avec notre existence en tant qu’observateurs ».
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Cette dclaration n’a aucun contenu. En ralit, elle amoinsde contenu qu’une tautologie. Cela revient Ā dire que notre situation est compatible avec notre exis-tence, ce qui revient Ā dire que nous existons ici. Ce n’est mme pas une tautologie, c’est juste un truisme. Une tautologie se prsenterait sous la forme A=A, mais ici nous avons juste A : « Nous existons ici ». Si notre situationn’Était pascompatible avec notre existence, nous n’existerions pas ici.
Si la variante faible du «principe »est moins qu’une tautologie, quelle est la va-riante forte? La variante forte est prsente sous les formes diverses suivantes :
« L’universest oblig, dans un certain sens, de voir la vie consciente finalement merger ». Ou : « Il existe un seul univers conÇu dans le but de gnrer et de maintenir des observateurs ». Ou bien : « Desobservateurs sont ncessaires afin d’amener l’univers Ā l’exis-tence ». En ce qui concerne la premire forme, nous pourrions nous demander : qui oblige l’univers ?Nous, les observateurs, nous ne pouvons pas l’obliger, puisque dans cette phrase nous, les observateurs, nous n’avons pas encore merg. omment la vie consciente, qui n’a pas encore merg, pourrait-elle s’obliger elle-mme Ā merger ?Selon quel mcanisme? Ceci est un « principe » physique qui est discut par des physiciens, mais ils ne semblent pas exiger que la moindre chose soit dfinie ou prsente dans des termes physiques. Pour ce qui est de la seconde forme, je dois poser la question : quelle sorte de scientifique peut penser qu’il s’agit d’une phrase scientifique? «ConÇu » ?Qui l’a conÇu ?Mais mme si nous enlevons ce mot, la phrase est toujours une bouillie totale. Et si nous la changions en «Il n’existe qu’un seul univers qui puisse gÉnÉrer des observateursPrsente sous cette forme, ne parlons-nous pas de» ? choses qui se trouvent au-delĀ de tout ensemble de donnes en notre possession, ou mme de tout ensemble possible de donnes? Les seules donnes fermes en notre possession qui puissent supporter cette phrase sont : donne : observateurs, donne : univers. Aucune de nos donnes ne tend Ā confirmer ni Ā infirmer cette phrase. Et vous ne pourriez possder un ensemble complet de donnes avant la fin des temps. Bien qu’infalsifiable, nous pouvons affirmer que c’est faux parce que c’est exclu. Cette phrase est sous une mauvaise forme pour une thorie ou un principe et ds lors elle est, dans un certain sens, fausse. En ce qui concerne la troisime forme, il s’agit clairement du principe subjectif dont je parlais ci-dessus. Elle est encore plus extravagante que la seconde forme,
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puisque ce n’est mme plus l’univers qui gnre des observateurs, c’est maintenant des observateurs qui gnrent l’univers. Ètudiez juste la forme de cette phrase. C’est une contradiction. Pour que des observateurs puissent amener l’univers Ā l’existence, ils devraient prcder l’univers. Puisque les observateurs font partie de l’univers par dfinition, ils ne peuvent pas le prcder. Cette phrase est logique-ment analogue Ā l’affirmation suivante :
« Lesbbs sont ncessaires afin d’amener les mres Ā l’existence, car sans bbs, les mres ne sont pas des mres ».
Cela a l’air intelligent Ā premire vue, mais c’est faux. Les bbs n’amnent pas les mres Ā l’existence, ils amnentle mot« mre »Ā l’existence. En ce qui concerne le processus de gnration, la mre vient d’abord et ensuite le bb. La femme tait lĀ avant le bb et elle aurait continu Ā exister avec ou sans le bb. C’est la mme chose pour l’univers et les observateurs.
Donc Smolin a tort : le principe anthropique n’est pas juste falsifiable, il est faux. Je viens juste de le falsifier, dans les deux formes, forte et faible. Sous la forme faible, il est «faux »parce qu’il n’est pas un principe ni mme une tautologie. En tant que simple phrase, ce n’est pas falsifiable parce que c’est un truisme. Il se rduit Ā quelque chose comme : «L’univers nous permet de vivre ici». Oui, il le permet, comme nous pouvons le constater par le fait que nous vivons ici. Mais affirmer qu’il constitue une «thorie »physique est une exagration, pour tre poli. Je suppose que nous pourrions dire qu’il est prouvable, du fait qu’il se prouve de lui-mme; Ā part cela, il ne vaut pas la peine d’tre discut. Sous la forme forte, le principe anthropique n’est toujours ni une thorie ni un principe, mais nous pourrions l’appeler un «faussisme »puisque, exactement comme un truisme se prouve de lui-mme, le faussisme se rfute de lui-mme. La premire et la troisime formes sont des contradictions et la seconde forme est logiquement exclue.
Mais si Smolin a tort, Susskind a-t-il raison? Non, puisque Susskind affirme que le principe anthropique est vrai.
Smolin : le principe anthropique n’est pas falsifiable. Susskind : le principe anthropique est falsifiable et vrai. Rponse correcte : le principe anthropique sous sa forme forte est falsifiable et faux ;sous sa forme faible, le principe anthropique n’est pas falsifiable et vrai.
Alors, quand donc le dbat entre Susskind et Smolin devient-il intressant? R-ponse : jamais. Smolin doit avoir cru qu’il affirmait quelque chose de non contro-vers quand il disait Ā Susskind que le principe anthropique est infalsifiable mais, pour une raison ou une autre, Susskind dcide de devenir pointilleux. Nous consta-tons que Susskind n’est pas trop intress par le principe anthropique, car il l’aban-donne rapidement pour aller ailleurs. C’est pour cette raison que Susskind et Smo-lin finissent par se disputer. Du fait que, dans leur dbat sur edge.org, ils taient
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d’accord pour ne faire qu’une seule dclaration chacun, toute cette affaire n’est que du vent. Tout ce que nous tirons de ce dbat tel qu’il se prsente est que Suss-kind ressent de l’animosit envers Smolin, pour des raisons qui ne sont pas dites. Ce dont nous aurions besoin pour juger un tel dbat, ce n’est pas d’un physicien mais d’un psychologue.
Par exemple, Susskind est plus intress par une discussion sur l’opinion de Ste-ven Weinberg sur la constante cosmologique que par son opinion sur le principe anthropique. Intressons-nous donc Ā cette partie pour un instant :
«Steven Weinbergnote que la constante cosmologique possde une valeur remarquablement basse : quelques 120 ordres de magnitude plus petite que la valeur prvue par laphysique des particules(ce fut dcrit comme la “pire prdiction de la physique”). Cependant, si la constante cosmologique avait une valeur plus de environ 10 fois sa valeur observe, l’univers souffrirait d’uneinflationqui empcherait la formation des toiles et donc de la vie ».
Grce Ā cette prsentation sur Wikipdia, vous pouvez commencer Ā voir le d-bat Smolin–Susskind avec un peu plus de clart, parce que Susskind est li Ā ces nombres inflationnaires. C’est son domaine, et il veut donc que les nombres infla-tionnaires soient laisss de cÔt, et il veut une constante cosmologique de zro ou trs proche de zro. Malheureusement, une fois de plus mon champ unifi anantit les deux cÔts. Pour commencer, le modle inflationnaire comme l’ide mme de constante cosmologique dpendent d’un modle uniquement gravitationnel, qui n’existe plus.J’ai dmontrqu’il n’existepas du toutde matire sombre, mais uni-quement de la charge. Ce qui signifie que la masse manquante est entirement remplie par les photons, qui psent plus que la matire baryonique dans un rap-port de 19 Ā 1. J’ai aussi montr que ces photons ont toujours t inclus dans les quations de champ puisque les quation gravitationnelles initiales de Newton incluaient la charge (cache Ā l’intrieur de G). Bien entendu, cela nous oblige Ā reformuler toutes les questions et Ā jeter toutes les rponses actuelles. Exactement comme il n’existe pas de matire sombre, il n’existe pas de constante cosmolo-gique. Le champ de charge remplace la constante cosmologique, et puisque les photons ne sont pas une constante mais ont une prsence relle dans le champ, ceci exige un rexamen total de toute chose. Pour commencer, l’quation de champ unifi varie Ā diffrents niveaux de taille, car les photons prennent moins de place dans le champ au niveau macroscopique qu’au niveau quantique. Ce qui signifie que l’quation de champ unifi est elle-mme une variable et est dpendante de la taille.
La thorie courante de l’inflation s’croule galement ds les fondations, car le champ unifi nous donne de nouvelles voies pour expliquer les dcalages de Hubble.
Ce que tout ceci signifie dans le contexte du dbat sur le principe anthropique est que tous ces paramtres qui sont utiliss pour impliquer une ncessit sont des
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faux paramtres. Un autre exemple : Dicke utilisa l’ge de l’univers et la squence principale afin de dmontrer que ces nombres taient prtablis d’une manire ou d’une autre. Mais puisque j’ai montr que nous possdons les mauvais nombres pour Ā peu prs tout, il est quelque peu difficile d’affirmer que les anciens nombres sont une ncessit. Non seulement ils ne sont pas ncessaires mais ils ne sont mme pas corrects. Les physiciens auraient dÛ le savoir avant mme que je n’entre dans l’arne, car l’estimation de l’ge de l’univers a chang depuis 1961, quand Dicke fit cette dclaration. Il est difficile de comprendre comment l’ge de l’univers pourrait tre une ncessit tout en tant une valeur qui change tout le temps.
La constante de structure fine est galement utilise comme l’un des paramtres qui sont « fixs » par la ncessit de produire de la vie consciente, maisj’ai montr que le statu quo ne sait mme pas ce qu’est la constante de structure fine. Et une fois de plus, je n’tais pas le premier Ā le montrer, car Feynman l’avait djĀ admis il y a longtemps. Comment pouvez-vous ne pas connatre la signification mcanique d’une constante et proclamer nanmoins qu’elle est ncessairement prtablie? Avant de dcider si une chose est un accident ou une ncessit, ne devriez-vous pas savoir ce qu’elle est?
Mais Susskind et Smolin ne sont pas encore satisfaits de toutes ces manipulations. Ils doivent manipuler un dbat qui manquait djĀ totalement de direction. Bien que ce dbat soit vendu comme un dbat sur le principe anthropique, et que les dclarations de Smolin s’y rapportent plus ou moins, Susskind ne prtend mme pas rester sur ce sujet. Il commence par attaquer l’ide de Smolin concernant une slection naturelle cosmique, et plus spcialement l’ide selon laquelle les univers tendent Ā favoriser la production. Quoique Susskind croie lui aussi Ā la slection naturelle cosmique, nous dit-il, l’ide d’une production maximalise ne peut tre vraie, parce que :
« Dans le cas d’une inflation ternelle, celle-ci conduirait Ā la prdiction que notre univers possde la constante cosmologique de valeur maxi-male possible, puisque le taux de production n’est rien d’autre que le taux d’inflation ».
Ouah, voilĀ ce que j’appellerais une pense alambique! Pourquoi le taux de pro-duction ne serait-ilrien d’autreque le taux d’inflation? L’inflation concerne la taille, pas la densit, et donc l’univers pourrait produire n’importe quelle densit, quel que soit le taux d’inflation. Non seulement le taux de production n’est pas le taux d’inflation mais ces deux taux ne sont mme pas ncessairement des fonc-tions l’un de l’autre. C’est plus spcialement vrai dans une thorie telle que celle de Smolin, oÙ l’univers est capable d’une nouvelle production en tout point. Et pourquoi assumer une inflation ternelle? Pourquoi assumer une inflation tout court ?Susskind suppose juste diffrentes choses puis les empile dans le but de « rfuter » une production maximale. Mais pourquoi pas supposer le contraire ? Le modle inflationnaire de Susskind n’a pas t prouv, c’est juste une spculation extravagante.
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Ne comprenez pas de travers ce que je dis ; je pense que la thorie de production de trous noirs de Smolin est elle aussi une fantaisie. Comme pour tout ce que ces gens disent, elle est infalsifiable. Elle n’est que du vent, elle n’est base sur aucune don-ne. Mais les arguments de Susskind sont encore plus illogiques (et maladroits) que ceux de Smolin. Susskind ne semble mme pas dsirer que ses propos aient un sens. Il semble vouloir aller hors-sujet aussi rapidement qu’il le peut et changer de sujet Ā chaque nouveau paragraphe, de manire Ā ce que personne ne puisse tirer quoi que ce soit de cohrent de ce qu’il dit. Les deux personnages manipulent consciemment, mais Susskind est un matre dans cette sorte d’crits, et Smolin ne peut esprer tre Ā sa hauteur.
Comme exemple supplmentaire, pourquoi parlent-ils mme de slection natu-relle cosmique? Nous ne possdons pas la moindre donne sur ce sujet, dans un sens ou un autre; une fois encore, il s’agit d’un sujet prfabriqu. Si nous man-quions vraiment de solides sujets mcaniques dignes d’tre discuts, je pourrais comprendre que l’on perde quelques heures Ā se demander si le Darwinisme s’ap-plique au cosmos. Je ne pense pas que nous possdions suffisamment de donnes pour discuter intelligemment de ce sujet, mais videmment toute discussion n’a pas Ā tre scientifique ni mme intelligente. Nous faisons parfois des choses juste pour le plaisir. Ceci dit, nous ne manquons PAS de problmes mcaniques solides. Ds lors, que des physiciens de top-niveau semblent ne pas pouvoir se conduire comme des physiciens me tape sur les nerfs, et il devrait en tre de mme pour vous. Ils prfrent tre des philosophes en chambre et des ergoteurs superficiels que de faire de la physique ou de s’en tenir au sujet. Depuis que Bohr et Heisen-berg exclurent la mcanique il y a 80 ans, les physiciens n’essaient mme plus d’tre physiques. Ils se contentent de s’assoir en rond, de produire du vent, de jongler avec des quations et de vendre des modles informatiques.
Nous pouvons le voir trs clairement dans les dclarations de Susskind, vers le milieu, oÙ il dvie le sujet pour parler de trous noirs. C’est Ā cet endroit que le dbat Susskind–Smolin devient un sous-ensemble du dbat Hawking–Penrose, et Susskind–Smolin devient ds cet instantÀ la foisun jeu philosophique sentimental et une diversion sotrique insense. Le fond est djĀ atteint lorsque Susskind dit :
« Cequi amne la question : qu’est-ce exactement qu’un trou noir? L’une des plus profondes leÇons que nous avons apprises durant la der-nire dcennie est qu’il n’y a aucune diffrence fondamentale entre les particules lmentaires et les trous noirs. Comme ’t Hooft l’a rpt em-phatiquement[10][11][12], les trous noirs sont l’extension naturelle du spectre de la particule lmentaire. C’est encore plus clair dans la thorie des cordes, oÙ les trous noirs sont simplement des tats haute-ment excits de cordes. Est-ce que cela signifie que nous devrions voir chaque particule comme un trou noir? ».
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Susskind a besoin de trois notes de bas de page pour de telles balivernes? Il n’y a aucune diffrence fondamentale entre un lectron et un trou noir? Cela revient Ā dire qu’il n’existe aucune diffrence entre laMona Lisaet un ticket de loto (ce qui constitue galement une thorie moderne prminente). Aujourd’hui, rien n’est trop stupide pour que des gens clbres l’affirment. Je suis descendu en flammes chaque jour pour avoir des ides «non-standard »,mais ces physiciens de top-niveau dans leurs grandes universits affirment des choses pareilles et personne ne cille. Aucune diffrence entre un lectron et un trou noir? S’il n’y a aucune diffrence « fondamentale » entre un lectron et un trou noir, alors il n’y a aucune diffrence «fondamentale »entre quoi que ce soit, et nous pourrions tout aussi bien appeler n’importe quel objet ou vnement un « choson ».
Notez que Susskind comme Smolin se sont replis aussi rapidement qu’ils le pou-vaient sur des sujets comme les trous noirs et l’inflation, deux choses complte-ment thoriques et non-observables. PlutÔt que de s’obliger l’un l’autre Ā tre plus concret, comme le feraient de bons dbatteurs, ils s’encouragent l’un l’autre Ā tre de plus en plus abstraits. Le « dbat » est arrang de faÇon Ā ce qu’ils n’aient mme pas Ā se rpondre ; ils peuvent simplement rester lĀ et dbiter tout ce qui passe par leur cerveau, sans que cela doive avoir un sens quelconque.
Susskind le prouve de nouveau lorsqu’il termine une autre longue diversion sur les trous noirs, au cours de laquelle il se flicite lui-mme pour son fameux dbat avec Hawking et Gerard ’t Hooft. Il nous dit que le trio a djĀ rsolu la question de la communication Ā travers un horizon vnementiel. Comment l’ont-ils rsolue? Ont-ils obtenu plus de donnes de leurs tlescopes? Ces trois gentilshommes se sont-ils envols jusqu’au bord d’un trou noir et ont-ils jets un message Ā l’int-rieur ?Non, rien de tout cela. Ils sont juste rests assis lĀ et ont produit du vent, re-trafiqu quelques vieilles quations et jou Ā pile ou face sous la table. Mais une fois encore, du fait que j’ai dÛ rcrire des parties importantes des quations de champ d’Einstein, la plupart de leurs grands principes sont tombs Ā plat, y com-pris la singularit. Sans la singularit, environ deux-tiers de toutes les discussions ayant jamais eu lieu sur les trous noirs sont dsormais recouvertes de Tipex.
La lecture psychologique de ce «dbat »rvle que Susskind est vex parce que Smolin a affirm «que nous ne savons pratiquement rien sur une inflation ter-nelle ». Smolin a raison, nous ne savons rien sur une inflation ternelle, mais c’est un peu comme de dire Ā Platini qu’il ne sait rien sur le football. Susskind ne veut pas entendre cela, et du fait que Susskind est plus g et plus fameux que Smo-lin, il commence Ā l’intimider. Et Smolin le lui permet gracieusement. Cependant, Ça ne fait pas grand-chose comme contenu pour une conversation, n’est-ce pas? Franchement, c’est gnant Ā lire, et encore plus pour Susskind que pour Smolin. Nous arrivons Ā la fin de ce divertissement sans mme avoir lu une seule phrase physique ni une seule ide qui pourrait tre appele mcanique. Il est pathtique de constater que deux personnages connus peuvent trouver le temps de faire im-primer un tel paquet de rodomontades et qu’ils se mettent d’accord pour le faire
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publier. Afin de le dmontrer une fois encore, examinons la dernire dclaration de Suss-kind, oÙ sa maladresse atteint la pesanteur du trou noir. Il explique le cosmos en quatre courts paragraphes, le premier tant : « Dansle pass lointain, l’univers enfla jusqu’Ā une norme taille, de nombreux ordres de magnitudes plus grand que la partie que nous pouvons voir. La majorit de l’univers se trouve au-delĀ de l’horizon cosmique et ne peut pas tre directement dtect ». Il affirme qu’il ne connat personne qui ne soit pas d’accord avec Ça. Peut-tre que lui ne connat personne, mais je dirais que c’est justement le problme. Susskind, comme d’autres physiciens de top-niveau, est entour de gens comme Smolin, qui lui baisent les mains tout au long du jour, et il n’y a personne pour lui faire sa-voir qu’il n’est qu’un vieil imposteur fanfaron qui n’a jamais fait la moindre chose digne d’un physicien dans sa vie. La thorie des cordes n’est pas de la physique, c’est de la masturbation. Elle est infalsifiable et non-physique. Elle est tablie au milieu d’un trou noir de donne et elle prend grand soin d’viter tout contact avec le monde rel. Je respecte les thoriciens des cordes pratiquement autant que je respecte les critiques d’art. Les critiques d’art prtendent tre des artistes et les thoriciens des cordes prtendent tre des physiciens, mais aucun art ni aucune physique ne sont jamais raliss. La mme chose peut tre dite du modle infla-tionnaire, qui n’est rien d’autre qu’une poigne de maths jetes en l’air.J’ai dmoli les modles inflationnairesdepuis les fondations, dmontrant qu’elles ne sont ba-ses sur rien, sinon de pieux dsirs. Nous pouvons le voir rien qu’en examinant les deux phrases de Susskind ci-dessus. La deuxime phrase constitue l’exemple parfait de non-physique, puisqu’elle masque les donnes exprs. Si la majorit de l’univers ne peut pas tre dtecte, alors la grande partie de la preuve ou de la rfutation de la thorie est cache pour toujours. Ce qui est trs pratique pour les thoriciens, n’est-ce pas? La premire phrase ne vaut pas mieux, car c’est une hypothse sans preuve. Oui, le thoricien peut au minimum se baser sur certaines choses dans ce cas, mais ces choses sur lesquelles il se base peuvent rentrer dans un nombre presque infinid’autresthories. La seule rfrence du modle inflation-naire, ce sont les gens qui la promeuvent. Mais s’ils dcidaient demain de promou-voir quelque chose de compltement diffrent, cette nouvelle thorie serait grave dans le roc exactement comme l’actuelle et personne ne la remettrait en question, pour la mme raison. La question que vous devriez poser Ā ces physiciens clbres est pourquoi ils semblent ne pas pouvoir s’occuper de questions pour lesquelles nous possdons des donnes. Pourquoi sont-ils tellement attirs par les confins de l’univers, par les premiers milliardimes de secondes du temps et par l’intrieur des trous noirs? Je vais vous dire pourquoi. Parce qu’en l’absence de donnes, ils sont libres de concocter ces modles mathmatiques grandioses bass sur rien. Nietzsche disait : « Ilest plus facile d’tre un gant que d’tre beau». De mme, en physique il est
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plus facile de fabriquer des thories abstraites gantes que de rsoudre de simples problmes mcaniques. Ces gens ne dsirent pas examiner les trous dans les m-canismes orbitaux, dans le Lagrangien ou dans les quations de champ d’Einstein, parce que ces problmes exigent un degr de rigueur qu’ils ne sont pas capables de grer. Les physiciens de top-niveau prfrent exister dans une ralit virtuelle oÙ ils ont une complte libert de proposer tout ce qu’ils veulent, sans contrainte physique.
Mais pourquoi les laissons-nous faire? Des rels physiciens auraient depuis long-temps hu Hawking et Penrose et les auraient chasss de la scne. Des rels phy-siciens auraient lu cet change entre Susskind et Smolin et se seraient immdia-tement dbarrass d’eux comme les imposteurs qu’ils sont. Ne reste-t-il personne pour tre embarrass par ce que la physique et les physiciens sont devenus? Ne reste-t-il personne dans la science pour exiger qu’on s’occupe de science relle?
Dans l’introduction au dbat deEdge, on nous dit :
« Bien qu’il s’agisse ici d’une conversation crite par des physiciens pour des physiciens, les lecteurs deEdgedevraient nanmoins y trouver un grand intrt, car cette conversation s’inscrit dans le contexte des rela-tions pralables entreEdgeet les auteurs; elle est instructive quant Ā la question de savoir comment la science se fait et c’est ici un dbat qui clarifie et pas d’un dbat qui nuit ».
Je changerais cela en « elle est instructive quant Ā la question de savoir comment la sciencene parvient pasclarification »,». Et en ce qui concerne la «Ā se faire on se fiche de nous. Ces gens n’ont jamais clarifi quoi que ce soit durant leur vie. Tout ce qu’ils font est fait dans le but exprs d’embrouiller tous les arguments aussi rapidement et compltement que possible. Ètudiez donc le dbat : il s’agit d’une longue diversion dans des propositions de plus en plus abstraites et vagues. L’unique mthode pour juger un tel fatras est de garder le cheval sur lequel vous tes mont. Susskind, incroyablement, l’admet explicitement. Il dit :
« Tout ce que quelqu’un comme moi peut affirmer, c’est ceci : faites-moi confiance. Je sais ce que je fais et lui ne le sait pas. Et d’ailleurs un tel et un tel sont d’accord avec moi ».
En d’autres termes, la physique par rputation. «J’ai gagn plus de prix et je connais plus de gens fameux; ds lors, misez sur moi». Susskind continue donc en mentionnant « les incomparables Sidney Coleman et Frank deLuccia ». Mais il a raison : quand les arguments n’ont aucun contenu et que la physique se rsume Ā cette sorte de ballon mou rempli de vide, comment pourriez-vous juger les choses autrement ?Le dbat lui-mme ne peut mme pas tre dcrypt. Il ne vaut pas mieux que du charabia. Il vaut mieux faire comme Smolin et les diteurs deEdge: continuer Ā lcher les bottes de Susskind parce qu’il fait partie de plus de comits et a publi plus d’articles.
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LE DÈBATSUSSKIND–SMOLIN
Mais bien entendu Susskind a une rponse pour des gens comme moi, et il s’ar-range pour la placer Ā la fin de son discours, comme un avertissement. Que faire si quelqu’un affirmait que tout ce qui se rapporte Ā la physique moderne est infal-sifiable ?
« Vude notre perspective, nous nous moquerions probablement de ce pauvre gars qui se fait des ides. La justesse de l’ide est vidente et on s’en tape s’ils peuvent la falsifier ».
En d’autres termes, la physique par dcret et par la pression des pairs. «Pauvre petit mec qui se fait des ides. Nous n’avons pas Ā dmontrer quoi que ce soit. Nous sommes le top-niveau dans ce domaine. Tu dois nous croire, pas parce que nous possdons des preuves ou que Ça a un sens, mais parce que, si tu ne nous crois pas, nous nous moquerons de toi et nous ferons en sorte que tu ne sois pas publi ».
Vous pouvez constater que Susskind est exactement commeles diteurs de l’Ame-rican Journal of Physicsphysique en tant quequi veulent m’intimider avec leur « vrit vidente par elle-mme ». Ici, nous avons une physique en tant que quelque chose de « videmment correct ». Des choses qui sont videmment correctes pour des physiciens de top-niveau n’ont pas Ā contenir de donnes, Ā avoir une consis-tance interne ou Ā tre dmontrable. Ces ides sont correctes simplement parce qu’ils y ont pens.
Fondamentalement, Susskind nous dit « Je n’ai pas Ā obir Ā une rgle quelconque ni mme Ā me conformer Ā la dfinition de la physique, parce que je fais les rgles. La physique, c’est ce que les physiciens de top-niveau dcident ce qu’elle est. Si Ça ne vous plat pas, cassez-vous ».
Susskind le dclare clairement au cours mme de son dbat :
« Unebonne mthodologie scientifique n’est pas un ensemble abstrait de rgles dictes par des philosophes. Elle est conditionne par, et d-termine par la science elle-mme et par les scientifiques qui crent la science ».
« Lamthodologie scientifique est dtermine par les scientifiques qui crent la science ».Pourrait-on tre plus clair? Et tant pis pourla vision de Smolin sur la science et la dmocratie, n’est-ce pas? Et tant pis pour la dfinition classique de la science en tant que thorie appuye par l’exprience. Susskind est un porc autoritariste, et il vous le fait savoir bien en face, juste au cas oÙ vous ne l’auriez pas encore compris.
Mes lecteurs diront : «Attendez, n’avez-vous pas vous-mmeargument contre la dmocratie en science? N’avez-vous pas dclar que la science est une hi-rarchie ?». Oui, j’ai dit ces choses, mais je n’ai jamais dit que ceux qui sont au top-niveau dans le domaine devraient tre libres de bafouer toutes les rgles de la
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