Le facteur religieux et l intégration des étrangers en France, 1919-1939 - article ; n°1 ; vol.7, pg 103-116
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Vingtième Siècle. Revue d'histoire - Année 1985 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 103-116
The religious factor and the integration of foreigners in France (1919-1939), Ralph Schor.
In interwar France, two-thirds of the immigrant population came from strongly Catholic countries. Did the religious factor, under such conditions, play an important role in the processes of integration or rejection ? The great diversity of religious behavior among the indigenous and the newly arrived made diversity of situations the rule.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 46
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Ralph Schor
Le facteur religieux et l'intégration des étrangers en France,
1919-1939
In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°7, juillet-septembre 1985. pp. 103-116.
Abstract
The religious factor and the integration of foreigners in France (1919-1939), Ralph Schor.
In interwar France, two-thirds of the immigrant population came from strongly Catholic countries. Did the religious factor, under
such conditions, play an important role in the processes of integration or rejection ? The great diversity of religious behavior
among the indigenous and the newly arrived made diversity of situations the rule.
Citer ce document / Cite this document :
Schor Ralph. Le facteur religieux et l'intégration des étrangers en France, 1919-1939. In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire.
N°7, juillet-septembre 1985. pp. 103-116.
doi : 10.3406/xxs.1985.1185
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1985_num_7_1_1185LE FACTEUR RELIGIEUX ET
L'INTÉGRATION DES ÉTRANGERS
EN FRANCE (1919-1939)
Ralph Schor
« La prière devant les mêmes autels, En revanche, les Suisses, les Allemands,
les Britanniques, qui juxtaposaient des la communion à la même table », fac
éléments catholiques et protestants, ne teurs d'assimilation ? La question est
constituaient que 7,5 % de l'ensemble essentielle dans une France de l'entre-
des étrangers. Les 100 000 musulmans ne deux-guerres où les catholiques consti
formaient que 3,5 % de cette population, tuent les plus gros bataillons de la
les 72 000 Russes orthodoxes, 2,4 %. population immigrée. Et les réponses
Quant aux juifs étrangers, qui appartesont complexes, tant il est vrai que
naient à des nationalités très diverses, les chez les arrivants comme chez les
statistiques ne permettaient pas de les autochtones, de l'athéisme à la foi
dénombrer avec précision : en 1939, la ardente, les cas de figure étaient nom
communauté israélite groupait environ breux et les combinaisons, de ce fait,
300 000 personnes, françaises ou immigmultiples.
rées, soit 0,7 % de la population totale
alors présente en France. Au sein de la vague migratoire qui
Ainsi, la majorité des étrangers venaient déferla sur la France dans les
de pays européens possédant des affinités années de Pentre-deux-guerres, les
culturelles et religieuses avec la France. étrangers originaires de pays ayant con
Cette parenté semblait propre à faciliter servé une forte empreinte catholique occu
l'installation et l'intégration des nouveaux, paient de loin la première place. Au
venus. En fait, la réalité se révélait sous recensement de 1931, les quatre natio
un jour beaucoup plus complexe car des nalités les mieux représentées, Italiens,
situations fort diverses coexistaient dans Polonais, Espagnols et Belges, totalisaient
le pays d'accueil. Des étrangers ayant 66,2 % de la population immigrée totale.
conservé la foi pouvaient se trouver en
contact avec des Français indifférents ; le
Recensement de 1931 cas inverse, voisinage d'immigrés ayant
abandonné toute pratique, voire athées,
Italiens 808 000* 27,9:i et de Français pratiquants, se présentait Polonais 507 800 17,5
aussi. Autre facteur de diversité, les Espagnols 351 900 12,1
étrangers, même s'ils partageaient les Belges 253 700 8,7
croyances fondamentales de leurs hôtes, * Chiffres absolus. restaient souvent fidèles à des traditions :;::" % par rapport à la population étrangère totale.
et usages religieux particuliers, aban-
103 ARTICLES
relativisant, il ne faut pas sous-estimer
le rôle de l'émigration proprement dite obéissaient donnés parfois figure s'offraient, inconnus. de à longue une religion selon Enfin, date que largement plusieurs en les France allogènes cas major ou de
dans la baisse de la vitalité religieuse :
les soucis matériels, les préoccupations
professionnelles, la fréquente mobilité itaire comme le catholicisme, minoritaire
comme le protestantisme et le judaïsme, géographique des ouvriers étrangers,
ou pratiquement ignorée de la population l'obligation faite à quelques-uns d'entre
française comme l'orthodoxie et l'Islam. eux de travailler le dimanche, l'influence
De la sorte, le facteur religieux, considéré des partis et syndicats de gauche, l'is
olement de nombreux immigrés, séparés tant du côté étranger que du côté français,
ne pouvait engendrer un processus unique de leur famille restée pratiquante, tous
d'intégration ou d'isolement des nouveaux ces facteurs se liguaient pour orienter les
venus dans la société du pays d'accueil. nouveaux venus sur les chemins de l'i
Aussi convient-il d'analyser les diverses ndifférence.
situations qui s'offraient. L'intégration de ces étrangers dans la
société française, au sein de laquelle la
O INDIFFÉRENCE ET INTÉGRATION pratique reculait aussi, s'en trouvait-elle
facilitée ? Une remarque préalable s'im
De nombreux observateurs ont relevé, pose. En général, les derniers arrivés
depuis le 19e siècle, l'apparente indiffé s'adaptaient plus facilement quand leurs
rence religieuse et la faible pratique de comportements se trouvaient en confor
certaines communautés étrangères instal mité avec ceux de leurs hôtes et qu'ainsi
lées en France 1 . L'émigration et le déra ils désarmaient une part des critiques,
cinement ne constituaient pas les seules des craintes, de l'intolérance suscitées par
causes de cet affaiblissement du sentiment leur présence3. De la sorte, l'immigré
religieux. Les études effectuées par le qui, par son attitude extérieure d'indif
chanoine Boulard ont montré en effet férence religieuse, tranchait sur un milieu
que plusieurs régions de l'Europe méri français environnant resté pratiquant, ri
dionale connaissent de longue date des squait de heurter ce dernier. Il n'existe
taux de pratique modestes : l'Italie du pas d'étude globale sur cette question ;
centre et du Sud, avec la Sicile et la pourtant, les quelques témoignages dont
Sardaigne, le littoral méditerranéen fran on dispose confirment que l'étranger
çais, le Sud et l'Est de l'Espagne, la considéré comme un « mécréant » était
moitié méridionale du Portugal2. Ainsi, vu avec suspicion ou hostilité et se
avant même leur départ, certains immigrés trouvait fréquemment écarté des activités
originaires de ces régions avaient laissé sociales favorisant l'intégration, vie asso
se distendre ou se rompre leurs liens ciative, loisirs, rencontres amicales. Cette
avec l'Eglise. Cependant, tout en le sorte de quarantaine se révélait plus
rigoureuse dans les campagnes demeurées
1. G. Cholvy en donne de nombreux exemples in pratiquantes, là où les comportements L'immigration espagnole dans le département de l'Hérault an
20e siècle, 42e congrès de la Fédération historique du Languedoc « anormaux » par rapport à ceux de la
méditerranéen et du Roussillon, Montpellier, 1970 ; « Déra
cinement et vie religieuse : Italiens, Espagnols et Tziganes
dans le Midi de la France depuis 1830 », Recherches régionales,
janvier-mars 1982. 3. Cf. R. Schor, L'opinion française et les étrangers en 2. F. Boulard, J. Remy, Pratique religieuse urbaine et France, 1919-1939, Thèse de doctorat, Université de Provence,
régions culturelles, Paris, Les Editions ouvrières, 1968. Aix-Marseille I, 1980.
104 RELIGION ET INTEGRATION
majorité étaient plus aisément r bien que les comportements extérieurs
emarqués l. pouvaient recouvrir une réalité plus com
plexe. Tel mineur étranger, militant En revanche, une attitude commune
communiste notoire, avouait qu'il n'était de détachement à l'égard de la religion
jamais descendu dans la fosse sans invopouvait contribuer à rapprocher Français
quer la Vierge Marie3 ; un Italien, adhéet étrangers. Quand ces derniers se
rent de la CGT, déclarait : « Je ne livraient au militantisme politique ou
pratique pas, mais je suis catholique ; je syndical, dans des organisations hostiles
vais à la messe à Noël et quand je ou méfiantes face aux Eglises, l'intégration
peux » 4. Aussi convient-il d'envisager le était souvent accélérée. L'immigré dyna
cas des étrangers restés fidèles, à des mique et dévoué

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