Le féminisme en France depuis mai 68 - article ; n°1 ; vol.24, pg 55-68
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Description

Vingtième Siècle. Revue d'histoire - Année 1989 - Volume 24 - Numéro 1 - Pages 55-68
Feminism in France since May '68, Jane Jenson.
Recently much in heard of the end of feminism and post-feminism in France. Soixante-huitard women sense that their movement lives no more. Political, state and intelllectual institutions may be dominated by ex-gauchiste s, they are overwhelmingly male. The economy may be rebuilding, restructuring increases the wage gap between women and men. To understand this somewhat perverse conclusion, it is necessary to explore the history of the women's movement and document the way in which it has closely followed the changing fortunes of the Left.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 76
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jane Jenson
Le féminisme en France depuis mai 68
In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°24, octobre-décembre 1989. pp. 55-68.
Abstract
Feminism in France since May '68, Jane Jenson.
Recently much in heard of the end of feminism and post-feminism in France. Soixante-huitard women sense that their movement
lives no more. Political, state and intelllectual institutions may be dominated by ex-gauchiste s, they are overwhelmingly male.
The economy may be rebuilding, restructuring increases the wage gap between women and men. To understand this somewhat
perverse conclusion, it is necessary to explore the history of the women's movement and document the way in which it has
closely followed the changing fortunes of the Left.
Citer ce document / Cite this document :
Jenson Jane. Le féminisme en France depuis mai 68. In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°24, octobre-décembre 1989. pp.
55-68.
doi : 10.3406/xxs.1989.2185
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1989_num_24_1_2185LE FEMINISME EN FRANCE
DEPUIS MAI 68
Jane Jenson
Pour saisir le côté paradoxal d'une telle Qui, en dehors des cercles d'initiées,
connaît les mille et une variétés du f assertion, il faut montrer en quoi l'histoire
éminisme français des vingt dernières andu mouvement des femmes s'est coulée
nées ? Voici le point de vue d'une étroitement dans le sillage d'une gauche en
politologue canadienne, qui le mêle i pleine évolution. Surgi alors que se renforçait
ntimement à l'histoire de la gauche. Au la position de cette dernière dans les années
risque de susciter des controverses... 1970, le mouvement des femmes s'est affaibli
lorsque la crise et la restructuration éco
nomiques ont sérieusement entamé les forces Si, contrairement à certains de leurs
sociales anticapitalistes. Même durant sa pécamarades masculins, les femmes qui
riode de gloire, dans les années 1970, le ont « fait » Mai 68 ont de nos jours le
mouvement des femmes français était divisé sentiment que leur mouvement est éteint,
et particulièrement sectaire. Cette fragmentc'est qu'elles ne peuvent pas se référer avec
ation provenait en grande partie des rapnostalgie à la politique de leur jeunesse pour
ports du féminisme avec les diverses parties montrer en quoi toutes leurs actions préf
de la gauche, profondément divisées elles iguraient ce qu'on célèbre aujourd'hui — un
aussi. libéralisme à la Tocqueville et le dépassement
Nombre des caractéristiques du mouved'une politique « archaïque ». Les institu
ment des femmes renvoient à son ancrage tions politiques, étatiques et intellectuelles
dans l'extrême gauche. Moins réformiste que sont peut-être dominées par d'anciens mi
beaucoup d'autres mouvements du même litants d'extrême gauche, mais les militantes,
bord, il n'a pas visé à faire progresser la elles, y sont très minoritaires. Tandis que le
politique étatique. Mais l'extrême gauche n'a processus de restructuration de l'économie
pas été la seule base du féminisme. Un autre a accru l'écart salarial entre les hommes et
courant du mouvement considérait les rles femmes, et que la « flexibilité » tant vantée
éformes comme une étape importante, bien de la main-d'œuvre implique souvent un
que non exclusive, pour la vie des femmes, travail féminin à temps partiel et dans des
et visait un changement où l'Etat aurait eu emplois précaires, voilà qu'on dit le fémi
sa part. Un troisième courant, interne au nisme, dont l'objectif était de mettre fin aux
mouvement syndical des années 1970, atten- inégalités de pouvoir sur le plan social,
économique et politique, mort ou devenu
inutile 1 . dans Jolyon Ho worth, George Ross (eds), Contemporary France :
an interdisciplinary review, Londres, Frances Pinter, 1989. Traduit
par Jacqueline Heinen, avec le soutien financier du Center for
1. Ce texte est une version abrégée d'un article publié International Affairs, Harvard University.
55 JENSON JANE
groupes exigeait non seulement que dans dait des syndicats qu'ils soient plus attentifs
aux spécificités sexuelles et sociales des tra leur pratique « révolutionnaire » les militants
s'efforcent de rassembler ouvriers et intelvailleurs. Ainsi, le féminisme français des
vingt dernières années a été traversé par lectuels, mais qu'ils s'en prennent également
trois courants principaux que l'on nommera, aux centres symboliques du pouvoir, par des
pour la facilité de l'exposé, le féminisme assauts de style militaire. Ainsi, la sortie en
révolutionnaire, le féminisme égalitaire et le 1970 du numéro de Partisans, « Libération
féminisme syndicaliste. des femmes : année zéro », et de nombreux
articles dans la presse d'extrême gauche ; les
attaques symboliques contre l'Arc de O LE FÉMINISME RÉVOLUTIONNAIRE
Triomphe (26 août 1970) et la prison
En 1970, la presse parisienne annonçait de la Petite Roquette au moment du procès
la naissance du Mouvement de libération d'Alain Geismar ; enfin, la spectaculaire of
des femmes (MLF) qui avait surgi là où des fensive organisée contre les « Etats géné
groupes de femmes aspiraient à discuter de raux » du magazine Elle. Ces trois
leur expérience de 1968 \ Elles cherchaient événements, qui constituent une part essent
d'abord à comprendre les bases sociales, ielle des traditions définissant l'identité du
politiques et psychologiques du silence des mouvement, reflétaient les conceptions de
femmes pendant les réunions politiques et l'action politique de l'extrême-gauche 3.
les insultes des camarades mâles2. Il leur Le principal point de rencontre des f
fallait plus généralement comprendre les éministes devint l'assemblée générale qui se
causes de l'oppression des femmes dans la réunit pour la première fois en octobre 1970
société. A l'automne 1970, l'existence d'une à l'Ecole des Beaux-Arts. Les premières
presse de l'extrême gauche permit aux réunions entraînèrent des divisions pro
femmes d'élargir leurs contacts au-delà de fondes. Dans le cadre d'un long débat pour
leurs cercles immédiats. savoir si le « féminisme » serait jamais r
L'influence de l'extrême gauche est claire évolutionnaire ou s'il était toujours réformiste
dans les perspectives et dans les actions et collaborationniste, trois positions centrales
initiales. Les groupes maoïstes, Vive la Ré émergèrent, le désaccord portant sur la façon
volution (VLR) ou la Gauche prolétarienne de comprendre l'oppression des femmes et
(GP), ont fourni plusieurs « féministes hi de faire de la politique. Le premier camp
storiques ». La politique ouvriériste de ces regroupait celles qui proposaient une théorie
essentialiste, se basant sur la notion de
1. J'utilise le sigle MLF comme un synonyme du féminisme différence, centrée sur la femme et définie
révolutionnaire, suivant en cela Françoise Picq, qui définit le par la sexualité. Elles justifiaient le séparaMLF comme composé de féministes pour qui la non-mixité
constituait un aspect essentiel de la pratique féministe. Le tisme politique, tout comme le fait de consti
second critère qu'elle utilise concerne l'adhésion à la transfo tuer une secte au sein du MLF. Le second rmation révolutionnaire, par le biais de changements sociaux,
plutôt que de réformes légales et institutionnelles. Cette défi camp incluait les femmes proposant d'obliger nition est très générale, mais elle différencie le MLF du courant toute la gauche à intégrer le féminisme dans féministe syndicaliste et du courant égalitaire. Françoise Picq,
ATP « Recherches sur les femmes et recherches féministes », ses analyses et ses pratiques. Elles dévelopParis, Institut d'histoire du temps présent, 1987, Annexe 1
paient une analyse de la différence comme (multigr.).
2. Au sein du mouvement maoïste de ces années-là, le construction sociale et acceptaient les alangage et les métaphores sexistes étaient très répandus. La
volonté de participer courageusement aux assauts contre les lliances avec d'autres formations politiques
centres symboliques du pouvoir constituait la preuve que les
jeunes intellectuels — femmes et hommes — « avaient des
couilles au cul ». La phrase

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