Le français régional en Ile-de-France et dans l Orléanais - article ; n°1 ; vol.18, pg 126-136
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Description

Langue française - Année 1973 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 126-136
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marie-Rose Simoni-Aurembou
Le français régional en Ile-de-France et dans l'Orléanais
In: Langue française. N°18, 1973. pp. 126-136.
Citer ce document / Cite this document :
Simoni-Aurembou Marie-Rose. Le français régional en Ile-de-France et dans l'Orléanais. In: Langue française. N°18, 1973. pp.
126-136.
doi : 10.3406/lfr.1973.5635
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1973_num_18_1_5635Marie-Rose Simoni-Aurembou, C.N.R.S.
LE FRANÇAIS RÉGIONAL EN ILE-DE-FRANCE
ET DANS L'ORLÉANAIS *
L'Amas de V Ile-de-France et de l'Orléanais s'étend du sud de Beauvais
jusqu'à Tours et Gien. C'est dire qu'il est assez vaste, puisque le point (pt) 75
est à plus de 260 km de Paris.
Aussi avons-nous restreint pour cette étude le champ de nos observat
ions. Il aurait pu sembler facile, en effet, de trouver un français régional
pittoresque en Touraine ou dans le Perche, et nous avons décidé de ne pas
nous éloigner à plus de 100 km de Paris 2.
Précisons que les paysans que nous avons interrogés pour l'atlas —
nos « témoins » — sont tous âgés, les plus jeunes ayant toujours au moins
soixante ans. Pourtant, les observations que nous avons consignées ne
concernent pas seulement ces gens âgés, mais souvent aussi leurs enfants,
et quelquefois, bien que plus rarement, leurs petits-enfants.
Pour le lexique, nous avons délibérément laissé de côté les modificat
ions phonétiques qui altèrent la forme des mots mais n'en gênent pas la
compréhension (ex. : core = « encore », crocher ou crocheter = « accrocher »,
etc.). Pour dresser cette liste d'ex., nous n'avons retenu que les cas où la
communication n'a pas été possible, soit que le témoin ait mal compris les
termes employés par l'enquêteur, soit que l'enquêteur ait cru comprendre,
trop vite, ce que disait son interlocuteur.
Il en va différemment pour la morphologie et la syntaxe. Nous compre
nons nos témoins, une fois connues les particularités de Г« accent », et ils
nous comprennent. Mais cela ne simplifie pas la tâche de l'enquêteur.
Travaillant dans une zone française, il ne peut utiliser de questionnaire
pour la morpho-syntaxe sous peine de ne recueillir que des tournures de
1. Abréviations : ALCB = H. Bourcelot, Atlas linguistique et ethnographique
de la Champagne et de la Brie, Paris, C.N.R.S. (t. I, 1966; t. H, 1969); ALF = J. Gillié-
ron et E. Edmont, Atlas linguistique de la France, Paris, 1902-1910; D G = A. Hatzfeld
et A. Darmesteter, avec le concours d'A. Thomas, Dictionnaire général de la langue
française..., 2 vol., Paris, Delagrave, 1890-1893; FEW = W. von Wartburg, Franzô-
sisches etymolog isches Wôrterbuch..., Tubingen, puis Bâle-Paris, 1922 suiv. ; Furetière
= A. Furetière, Dictionnaire universel contenant généralement tous les mots français...,
3 vol., La Haye-Rotterdam, A. et R. Leers, 1690 (nouvelle édition, 4 vol., La Haye,
P. Husson, 1727); Huguet = E. Huguet, Dictionnaire de la langue française du
XVIe siècle, Paris, Champion, puis Didier, 1925 suiv.; Littré = É. Littré, Diction
naire de la langue française..., 4 vol. + 2 suppléments, Paris, Hachette, 1863-1877;
R Li R = Revue de linguistique romane, Paris, puis Lyon-Strasbourg, 1925 suiv.;
Romania = Romania. Recueil trimestriel consacré à l'étude des langues et des littératures
romanes..., Paris, 1872 suiv.
2. Précisons que Compiègne est à une vingtaine de kilomètres à l'ouest du point O,
et Beauvais à une trentaine de kilomètres au nord du point 1; Chartres se trouve entre
les points 24, 25 et 30, Montargis est à 12 km au nord du point 52, et Tours à 7 km
au sud du point 73.
D'autre part, voici la situation des points les plus proches de Paris : 4, Puiseux-
en-France, est à 25 km de Paris environ; 5, Ennery, à 2 km au nord de Pontoise, à
34 km de Paris; 6, Guerville, à 2 km au sud de Mantes, à 60 km de Paris; 13, Nozay,
à 6 km au nord de Montlhéry, à 20 km de Paris.
126 PARIS
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français spontanées, jamais partie morpho-syntaxique été commun. relevées. souvent Aussi On si peu comprend est-il de différentes notre condamné atlas dès du lors ne français à sera que noter faite la courant presque au que vol de français des totalité qu'elles tournures région'ont de la
nal, ou qu'elle ne sera pas.
I. Lexique.
A. — Vocabulaire de la vie burale.
Il nous faut avouer qu'au début de nos enquêtes nous n'avons pas
prêté attention au français régional. Soucieuse de composer un question
naire aussi adapté que possible à notre domaine, et où le lexique de la vie
rurale avait la plus grande place, nous recherchions avant tout les techniques
locales et les mots patois, qui bien souvent étaient déjà sortis de l'usage
quotidien. Ce n'est que plus tard que nous avons pu constater que témoin
et enquêteur se comprenaient moins bien qu'ils ne le croyaient.
127 danger n'est pas grand quand le témoin emploie un mot inconnu Le
de l'enquêteur, qui n'a qu'à en demander le sens; il est plus grave que le
témoin ignore un mot que l'enquêteur — à tort — juge courant, et plus
grave encore que les deux interlocuteurs emploient les mêmes mots, mais
chacun avec un sens différent.
Nous ne donnerons que quelques ex. des erreurs que nous a fait com
mettre le français régional, ce français régional qui nous a gênée dans notre
enquête, dans des régions où l'on est trop souvent obligé de parler des
choses sans les voir, puisque trop souvent elles ont disparu.
1. L'enquêteur ignore le mot régional.
Fourche, broc, fourche-fière : Nous avons compris rapidement
qu'au sud du pt 6 on distinguait soigneusement la fourche du broc. La
fourche est l'ancienne fourche à faner en bois, à deux dents; c'est aussi la à fumier à trois ou quatre dents en acier. Le broc a deux dents en fer,
trois au plus, et un manche plus ou moins long, entre 1,50 m et 3 m. Il est
manié par les broqueteurs qui s'en servent pour broqueter, c'est-à-dire charger
les voitures, faire les meules, et débroqueter, décharger les voitures et défaire
les meules. Mais vérité en deçà de la vallée de la Seine, erreur au-delà 3.
Si les témoins près de Montlhéry, au pt 13, sont presque scandalisés que
l'on confonde fourche et broc, ceux du pt 5, près de Pontoise, ne connaissent
que la fourche et la fourfière : les formes issues de fourche-fiêre occupent
le nord de notre atlas.
2. Le témoin ignore le mot français.
Voie Lactée : Plusieurs de nos témoins ignorent non seulement les
dénominations mais même l'existence de cette nébuleuse (pts 8, 13, 16,
17, etc.); certains en ont une notion confuse : c'est quand il est venu des
fortes chaleurs, on voit des traînées (pt 27). Pour les autres, c'est le plus
souvent chemin qui fait partie du vocabulaire, chemin de saint Jacques,
de saint Roch, de saint Jean, du ciel, etc. Voie Lactée, expression littéraire,
n'a dû entrer que récemment dans les parlers ruraux.
Fils de la Vierge : Cette expression est souvent inconnue, mais
non ce qu'elle recouvre, car ces fils ont une certaine importance dans les
travaux agricoles : en octobre, ils sont un signe de beau temps et sont comme
l'annonce des grands travaux de l'automne, les semailles. On les nomme donc
la semence (pts 16, 24, 25, 31, 48), la couvraille (pts 30, 54), les réjouères
(pt 52 : c'est le temps de faire les blés, parce que faire les blés c'est refer). Ils
ont gardé également leur ancien nom, les filandres 4, et l'on admirera comme
se rejoignent, à trois siècles de distance, la définition de Furetière :
« Filandres [...] Certains fils blancs & longs, qui volent en l'air dans les
beaux jours d'Automne, & qui s'attachent aux hayes, au chaume, aux
herbes, etc. », et celle d'une vieille paysanne beauceronne du pt 46 : c'est
des filandes que j'appelons ça, quoi, nous, des fils qui volent dans la plaine;
on dit : ben il fait chaud, les filandes ont volé.
Balle de blé : Nous prendrons notre troisième ex. dans la réalité
quotidienne de la vie du paysan. Nous avons constaté que tout autour de
Paris (pts 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6,*8, 9, 13, 14, 26, 27, 28, 41, 42, 45) la balle (de
3. Cet emploi de broc s'interrompt tout aussi brusquement 

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