Le lexique en mouvement : création lexicale et production sémantique - article ; n°136 ; vol.33, pg 5-26
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Description

Langages - Année 1999 - Volume 33 - Numéro 136 - Pages 5-26
We're wondering about what could be a « lexical and grammatical semantics », through the examination of neological processes. It appears that the meaning of a lexical unit cannot be conceived without any references to the lexical system, which conditions the formation of neologisms, and cannot be apprehended out of its discursive actualisations whereas the grammatical meaning, conceived as determined by its category belonging, remains to be denned more meticulously.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 104
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

MME Fabienne Cusin-Berche
Le lexique en mouvement : création lexicale et production
sémantique
In: Langages, 33e année, n°136, 1999. pp. 5-26.
Abstract
We're wondering about what could be a « lexical and grammatical semantics », through the examination of neological processes.
It appears that the meaning of a lexical unit cannot be conceived without any references to the lexical system, which conditions
the formation of neologisms, and cannot be apprehended out of its discursive actualisations whereas the grammatical meaning,
conceived as determined by its category belonging, remains to be denned more meticulously.
Citer ce document / Cite this document :
Cusin-Berche Fabienne. Le lexique en mouvement : création lexicale et production sémantique. In: Langages, 33e année,
n°136, 1999. pp. 5-26.
doi : 10.3406/lgge.1999.2209
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1999_num_33_136_2209Fabienne CUSIN-BERCHE
Université Paris Sud
UPRES SYLED, CEDISCOR (Université Paris III)
LE LEXIQUE EN MOUVEMENT : CREATION LEXICALE
ET PRODUCTION SÉMANTIQUE *
Tout signe a simultanément un statut lexical (d'ordre différentiel : marcher,
errer, flâner. ..), un statut grammatical (nom, adjectif, verbe, préposition, adverbe,
conjonction, déterminant), et un statut syntaxique (sujet, objet, etc.), partiellement
lié au statut grammatical 2, susceptibles tous trois de subir des modifications en
fonction des actualisations et de participer à des degrés divers au sens du discours.
Concevoir, toutefois, une sémantique dite « lexicale et grammaticale » implique
d'identifier le type de relation entre ces deux éléments : soit le lexique et la gram
maire sont pensés comme indissociables, ce qui amènerait à considérer que le sens
d'une unité lexicale n'est fonction que de l'emploi qui en est fait :1, i.e de son cotexte ;
soit ces deux pôles sont envisagés séparément, ce qui aboutirait à spéculer sur ce que
serait un sens grammatical. Ce dernier pourrait être procuré par l'appartenance
catégorielle de l'unité soumise à examen (le statut grammatical déterminerait une
certaine manière de signifier 4), ce que corroborerait la partition entre unités
lexicales et unités grammaticales établie à partir d'un critère sémantique 5.
Cherchant à cerner les relations entre le lexique et la grammaire dans une
perspective sémantique, on considère que si les emplois d'une unité lexicale sont
révélateurs de son sens, le sens de cette unité est, et demeure, conditionné pour
partie par le système lexical. L'examen des procédures néologiques tendent, en effet,
à prouver que l'innovation morphologique et/ou sémantique qui se manifeste en
discours ne se construit pas ex nihilo, mais à partir d'un état de langue, de ce que l'on
pourrait appeler « une mémoire lexicale » et suivant des règles dont la mise en
application peut varier. Le système, par définition, est caractérisé par une perma
nence sur le plan des procédés sollicités, mais ceux-ci favorisent un mouvement
1. Je remercie chaleureusement D. Leeman pour ses remarques précises et stimulantes.
2. Par exemple, le statut d'épithète n'est assumable que par l'adjectif.
3. « Les unités lexicales [...] doivent être définies en termes d'emplois dans le cadre des phrases où elles
apparaissent » [Le Pesant D. & Mathieu-Colas M., 1998 : 6].
4. Ainsi J. Lyons [1980 : 69] fait remarquer que « la distinction entre nom et verbe, en anglais, est
corroborée par tout un ensemble de différences syntaxiques et flexionnelles qui font qu'on n'a aucun mal
à identifier snow comme forme verbale . . . ] et snotv comme forme nominale [. . . ] la distinction entre le verbe
'snow' et le nom 'snow' ne peut se faire sur des bases purement sémantiques ». E. Benveniste [1966 : 152]
à propos de la distinction entre verbe et nom déclare qu'« une opposition entre 'procès' et 'objet' ne peut
avoir en linguistique ni validité universelle, ni critère constant, ni même sens clair ».
5. « Parmi les unités linguistiques, on distingue deux catégories, qui s'opposent par leur façon de faire
sens : d'une part, il y a des mots [...] qui, même en dehors de tout emploi dans un énoncé, évoquent une
réalité [...] D'autres mots [...] ne réfèrent pas » [Mortureux M. -F., 1997 : 10]. constant qui aboutit à des réaménagements morphologiques, statutaires et sémanti
ques susceptibles d'entraîner des conséquences grammaticales.
I. Le sens lexical n'est-il qu'une affaire d'emploi ?
Abordant la question du sens à partir de l'unité lexicale, donc en langue, on est
amené à écarter l'hypothèse qui consiste à appréhender le mot comme une unité de
discours définie exclusivement par son cotexte, au profit de celle qui envisage le mot
comme un signe dont les actualisations discursives sont susceptibles de mettre au
jour des sèmes virtuels induisant éventuellement des réaménagements sémantiques,
voire sémiotiques de l'unité. En effet, ne considérer le sens d'une unité lexicale qu'en
fonction de ses emplois favorise la description minutieuse de l'effet produit par le
cotexte sur l'interprétation d'une occurrence, mais revient à occulter l'inscription
de l'unité concernée au sein d'un système lexical 6 et à sous-estimer l'impact de son
fonctionnement sémiotique. Si l'étude des divers usages d'une unité, définis en
termes distributionnels et en termes syntaxiques, est incontournable pour appré
hender ses différentes acceptions ou valeurs, il n'en demeure pas moins que celles-ci
sont conditionnées également par les traits sémantiques constitutifs — d'ordre
morphologique ou actualisés lors d'emplois antérieurs — de cette unité et de celles
qui lui sont concurrentes. Par exemple, l'emploi (attesté, d'après le Nouveau Petit
Robert, depuis 1961) dans le domaine entrepreneurial de manageur a amplifié la
valeur du trait dirigeant moins saillant dans les usages (actualisés antérieurement)
sportif (équivalent à entraîneur) et artistique (correspondant à imprésario), mais le
sémantisme du terme se trouve corollairement contaminé, par rapport à son étymon
anglais, par le sème entraîneur/ animateur attaché aux emplois précédents. Simul
tanément, manageur, s'inscrivant dans le paradigme formé par décideur et direc
teur, prive ces deux derniers lexemes du trait entraîneur et corollairement se trouve
dépourvu du sème décisionnel 7. De même, la disparition de la « concurrence » est
susceptible de favoriser un glissement sémantique, comme l'illustre l'exemple ana
lysé par A. Martinet [1969 : 37] :
« tant qu'il y avait des voitures à chevaux, on parlait A"1 automobiles ;
aujourd'hui il n'y a plus, de nouveau, que des voitures »
qui suggère que voiture s'est chargé des sèmes précédemment attribués à automob
ile, et cette régulation interne au système justifie que l'apparition dans le même
champ d'un néologisme de signe contribue, par contamination, à l'émergence d'un
néologisme formel, comme le souligne J.-F. Sablayrolles [1996 : 35] :
« La machine à laver est devenu lave-linge avec l'introduction des lave-
vaisselle ».
6. L'activité grammaticale « suppose qu'on puisse attribuer des propriétés à une formation langagière
sans avoir aucun égard ni à celui qui la profère ni à son éventuel destinataire ni aux circonstances de la
profération. D'où il suit que certaines de ces propriétés seront hors circonstances, c'est-à-dire constantes »
[Milner J.-C.,1989:45].
7. Pour une démonstration plus détaillée se reporter à [Cusin-Berche F., 1998]. Ainsi le lexique évolue dans l'interaction constante entre langue et discours, ce qui
implique l'adoption d'une approche non seulement syntagmatique (in praesentia) ,
mais encore paradigmatique (i.e. in absentia) afin d'éviter une atomisation artifi
cielle et dispendieuse 8.
De ce fait, l'examen des procédures néologiques en tant que manifestations d'une
dynamique évolutive constitue un champ privilégié d'exploration du fonctionne
ment sémantique des unités. Notre objectif est de mettre au jour les proces

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